27.
Chimère était mort. C’était terminé, Dieu soit loué.
Je n’avais aucune idée de ce que Coombs avait voulu me dire, mais j’ai eu envie de lui recracher ses paroles au visage. Une dernière surprise... Quoi qu’il en soit, Chimère n’était plus de ce monde. Il ne pouvait plus faire de mal à personne.
J’espérais que ça ne signifiait pas qu’il avait laissé une dernière victime derrière lui, avant de mourir.
— Allez, viens, lieutenant, m’a marmonné Jacobi.
Il m’a relevée avec douceur.
Soudain, mes jambes m’ont lâchée. Comme si j’avais perdu le contrôle du bas de mon corps. J’ai vu l’air alarmé de Warren.
— Tu es blessée, m’a-t-il dit, ouvrant de grands yeux.
J’ai baissé la tête vers mon flanc. Jacobi a soulevé ma veste et j’ai aperçu une estafilade rouge et humide sur mon ventre, à droite. Tout à coup, ma tête s’est mise à tourner. Et j’ai eu un accès de nausée.
— On a besoin d’aide par ici, a crié Jacobi à l’infirmière.
Cappy et lui m’ont reposée avec de grands ménagements sur le sol.
Je me suis retrouvée à regarder Coombs alors que l’infirmière qui avait arraché la chemise du mort se précipitait vers moi. Bon Dieu, tout était si irréel. On m’a ôté ma veste, on m’a plaqué un brassard pour me prendre la tension. C’était comme si tout ça arrivait à quelqu’un d’autre.
Mon regard demeurait fixé sur le tueur, cette ordure de Chimère. Il y avait quelque chose d’un peu étrange, quelque chose qui ne collait pas. Qu’est-ce que c’était ?
Je me suis dégagée de l’emprise de Jacobi.
— Il faut que je vérifie quelque chose...
Il m’a retenue.
— Tu ne dois pas bouger, Lindsay. Une ambulance arrive.
J’ai repoussé Jacobi. Je me suis levée et dirigée vers le cadavre. L’uniforme de policier de Coombs ne lui couvrait plus ni la poitrine, ni les bras. Des blessures à vif lui criblaient le torse. Mais quelque chose manquait ; quelque chose clochait complètement. Mais quoi ?
— Ah, mon Dieu, Warren, ai-je chuchoté. Regarde.
— Que je regarde quoi ? m’a dit Jacobi en fronçant le sourcil. Qu’est-ce qui te prend ?
— Warren... il n’a pas de tatouage.
J’ai effectué mentalement un flash-back. Claire avait retrouvé des pigments du tatouage du tueur sous les ongles d’Estelle Chipman.
J’ai glissé mes mains sous les épaules de Coombs et je l’ai fait basculer légèrement. Il n’avait rien non plus dans le dos. Aucun tatouage, nulle part.
J’avais l’esprit en ébullition. C’était inimaginable, et pourtant, Coombs ne pouvait pas être Chimère.
Je me suis alors évanouie.