21.
L’assassin nous avait fait tourner en bourrique. Personne dans ce quartier ne savait rien ni n’avait de rapport avec la fourgonnette volée. On l’avait abandonnée là, à dessein, pour qu’on se couvre de ridicule. Même quand l’équipe de Clapper a entrepris de l’examiner point par point, je savais qu’elle ne révélerait que dalle. J’ai observé l’autocollant en étant certaine d’avoir vu la même chose à Oakland. L’une des têtes était celle d’un lion, l’autre semblait celle d’une chèvre, la queue évoquait celle d’un reptile. Mais, bon Dieu, quelle signification en tirer ?
— On a appris au moins une chose, a plaisanté Jacobi. Que cet enfoiré a le sens de l’humour.
— Ravie d’apprendre que tu es l’un de ses fans, lui ai-je rétorqué.
De retour au palais, j’ai dit à Lorraine :
— Je veux connaître la provenance de cette fourgonnette ; je veux savoir à qui elle appartient, qui y avait accès, tous les contacts qu’a eus son propriétaire pendant le mois qui a précédé son vol.
J’étais folle furieuse. On avait un assassin pervers lâché dans la nature mais aucun indice sur ce qui l’animait. S’agissait-il de crimes racistes ou d’un accès de folie meurtrière ? D’un groupe organisé ou d’un loup solitaire ? On savait avoir affaire à quelqu’un d’intelligent. Ses coups avaient été bien préparés et si l’ironie faisait partie de son mode opératoire, abandonner le véhicule qui lui avait permis de s’échapper là où il l’avait fait, c’était vraiment le bouquet.
Karen m’a informée par interphone qu’elle avait Ron Vandervellen en ligne. Le flic d’Oakland gloussait littéralement de joie.
— On raconte que vous vous êtes débrouillée pour neutraliser une dangereuse menace pour la société qui se faisait passer pour le chien de garde juridique de la Ligue Anti-Diffamation.
— Je crois que ça nous met à peu près à égalité dans nos enquêtes respectives, Ron, ai-je rétorqué.
— On se calme, Lindsay, je n’appelle pas pour retourner le couteau dans la plaie, m’a-t-il dit en changeant de ton. En fait, j’ai pensé que mon coup de fil vous mettrait de bonne humeur.
— Je ne chipoterai pas, Ron. Au point où l’on en est, n’importe quoi ou presque peut nous être utile. Qu’est-ce que vous avez pour nous ?
— Vous saviez qu’Estelle Chipman était veuve, hein ?
— Vous nous l’aviez précisé, je crois.
— Eh bien, au cours de l’enquête de routine sur ses liens de famille, on a lui trouvé un fils à Chicago. Il va venir récupérer le corps. Étant donné la situation, j’ai pensé que ce qu’il nous a appris était une coïncidence trop belle pour ne pas la prendre en compte.
— À savoir, Ron ?
— Son mari est mort, il y a cinq ans. Crise cardiaque. Devinez ce que faisait le bonhomme pour gagner sa croûte ?
J’avais le sentiment grandissant que Vandervellen allait nous révéler le pot aux roses.
— Le mari d’Estelle Chipman était flic à San Francisco.