Bree ordonna la mise en alerte de toutes les voitures de patrouille disponibles dans l’agglomération. J’appelai moi-même Sampson pour lui dire de rester joignable. Je voulus ensuite parler à Kitz pour savoir s’il était possible de localiser la source d’un e-mail au moment de son envoi, mais je tombai sur sa boîte vocale, et n’eus pas davantage de chance avec sa secrétaire. Je répondis aux appels du surintendant Davies, du bureau du préfet, du cabinet du maire, et de Nana elle-même. Comme nous pouvions nous y attendre, la petite missive de SW était déjà sur toutes les ondes. Pour lui, il s’agissait d’attiser le feu partout où il le pouvait.
À en croire les collègues du rez-de-chaussée, une armée de journalistes nous attendait déjà dans la rue, et l’attroupement ne cessait de grossir. Rien ne se passait comme nous l’aurions voulu, et tout indiquait que cela n’allait pas changer de sitôt.
Finalement, Bree et moi cessâmes de répondre aux appels. Murés dans nos bureaux, nous attendions, conformément à la volonté de l’autre salopard. Nous nous concentrions sur le dernier mail, en quête d’un double sens, d’un élément susceptible de nous renseigner sur l’état d’esprit du tueur, de tout ce qui aurait pu nous être utile et nous empêcher de foncer une fois de plus tête baissée dans la mauvaise direction.
Le mode opératoire n’avait guère changé. Ces messages électroniques n’étaient qu’une autre forme de déguisement, et témoignaient d’un même narcissisme. Nous avions affaire à un individu profondément perturbé, qui éprouvait un indéniable plaisir à faire le mal. Il était méthodique et intelligent, et en avait conscience.
Quinze heures trente.
Seize heures.
Dix-sept heures.
De toute évidence, il jouait avec nos nerfs pour bien nous faire comprendre qu’il tenait les commandes. Nous commencions à nous demander si ce deuxième mail allait vraiment arriver.
Il tomba à dix-sept heures trente.
Le message que nous attendions tant ne comptait que huit mots.
Ce fameux sens de l’efficacité.
19e Rue Sud-Est et Independence Avenue. Maintenant.