Cincinnati, Ohio
Jeudi 6 novembre, 16 h 15

Faith arpentait le périmètre de la salle de conférences, les mains plongées dans les poches pour s’empêcher de les tordre nerveusement. Bishop, Tanaka et Isenberg, penchés au-dessus d’une carte, tentaient de déterminer l’endroit où se situait la fameuse maison. Derrière son écran d’ordinateur, Crandall lançait des recherches successives dans les registres de propriété. Si Jordan possédait une autre maison, ce n’était pas sous son nom, et c’était précisément ce renseignement qui leur faisait cruellement défaut.

Jordan détenait Dani et Greg. C’est moi qu’il veut. Il essaiera de les échanger contre moi. Mais il ne laissait aucun témoin derrière lui. Donc, même si elle se livrait, il les tuerait. Où les a-t-il emmenés ?

Tous les autres étaient occupés et elle marchait de long en large. Je suis en pleine panique. Je ne réfléchis pas.

Alors réfléchis, Faith. Elle s’arrêta brusquement et se laissa tomber sur un des cartons de la fondation. Les yeux fermés, elle pensa à Jordan, à ce qu’elle avait appris sur la famille O’Bannion et ses multiples tourments. Jordan haïssait Joy. Il haïssait Jeremy et Maggie. Il haïssait sa propre mère. Mais celui qu’il haïssait peut-être encore plus passionnément était son père.

Pourquoi ? Parce que Tobias l’avait battu, ridiculisé et lui avait répété qu’il était inutile. Parce qu’il l’avait engendré pour servir de réserve de pièces détachées. Il l’avait chassé de la fondation. Il avait préféré Joy à tous ses autres enfants.

Elle s’immobilisa soudain.

— Il les a volés. Il les a tous volés.

Bishop, Isenberg et Tanaka se tournèrent vers elle du même mouvement.

— Qui Jordan a-t-il volé ? demanda Bishop.

— Pas Jordan. Tobias. Tobias a volé ma grand-mère. Il lui a pris ses terres. Il a usurpé le patrimoine qui lui venait des Corcoran pour maintenir les apparences face à ses pairs. Jeremy a dit que le chagrin qu’éprouvait Tobias pour Joy était plus grand que l’amour qu’il avait pour eux. Que ce soit par désespoir ou par pur égoïsme, il a volé l’héritage de la famille de Barbara. Ces terres auraient dû revenir à ma mère, à son vingt et unième anniversaire.

— Mais Tobias s’en est servi pour doter la fondation, dit Tanaka.

— Un instant, dit Isenberg en levant la main. Pourquoi Jordan voulait-il les terres de sa mère ? Ce domaine était destiné à votre mère, après tout. Ce n’est pas son héritage qui a été volé, mais celui de Maggie.

— C’est vrai.

Faith parcourait le tableau des yeux, à la recherche de l’inspiration… Et finit par la trouver. Presque toutes les cases étaient reliées à Joy.

— D’abord, cet héritage était celui de Joy, mais elle est morte. Ensuite…

Elle se tut un bref instant, interrompue par une bouffée de rage, comme elle pensait à sa mère, puis se reprit.

— Ensuite, il a tué ma mère. Si son père ne l’avait pas vendu, le domaine lui serait revenu. En principe, il aurait dû partager les terres des O’Bannion avec Jeremy. Mais, comme Jeremy avait été renié, Jordan savait qu’il récupérerait aussi tout l’héritage de Tobias.

— Il voulait tout, dit Isenberg. Très bien. Vous avez dit que ces terres des Corcoran se trouvaient près de Liberty Township, c’est bien ça ? Mais tout ça est couvert de lotissements, maintenant. Jordan a peut-être acheté une de ces baraques.

— C’était une immense propriété, souligna Faith. Des milliers d’hectares. Au moins mille trois cents ou mille cinq cents hectares.

Tanaka effectua quelques calculs sur son téléphone et, quand les résultats s’affichèrent, il voûta les épaules.

— En imaginant que les maisons se répartissent sur des lots d’une superficie moyenne de mille six cents mètres carrés, ça nous donne au moins dix mille maisons.

— Et il ne l’aurait pas achetée sous son propre nom, précisa Crandall.

— Que savons-nous d’autre ? insista Isenberg.

— Nous savons qu’il a demandé à Jade de se faire passer pour la réceptionniste de Maguire and Sons, dit Bishop. Le propriétaire désigné de la compagnie est John Maguire. Essaie ça.

Crandall lança la recherche.

— Ça ne donne rien.

— Il n’aurait pas utilisé Maguire and Sons, dit Faith. Si les corps étaient découverts, les membres de la société seraient les premiers sur la liste des suspects. D’ailleurs, quand il a pris le petit déjeuner avec Deacon et moi, il a tenté de nous orienter sur cette piste. Monsieur Crandall, pouvez-vous projeter une carte de ce qui se trouve au nord de Millikin Road ?

La carte apparut sur le mur.

— Merci. Voici la zone en question. Ma mère m’y a emmenée une fois et m’a montré une maison toute neuve. Elle a dit que c’était l’emplacement de la vieille maison, qui a été détruite au début des années 1980, quand on a déboisé pour construire les lotissements. Mais impossible de me rappeler où ça se trouvait. Pouvez-vous chercher un titre de propriété au nom de Corcoran ?

— Rien, répondit Crandall, après un nouvel échec. Incroyable. On devrait pourtant retrouver la trace d’une propriété pareille dans un registre quelconque, non ?

— Sans doute, répondit Faith d’un air pensif. Mon père le sait peut-être. Veuillez m’excuser un instant. Je vais l’appeler.

Elle composa le numéro de son père et attendit qu’il décroche en tapant du pied.

— Faith ? Tu vas bien ?

— Oui oui, je vais bien, mentit-elle. Ecoute, papa, je fais des recherches sur les anciennes propriétés de la famille et j’essayais de trouver où vivait la famille de Gran avant son mariage. Tu t’en souviens ?

— Oh ! oui. Je me rappelle très bien. C’était au nord de la ville, il n’y avait que des terres cultivées, des champs vallonnés et des arbres. Ta mère et moi y sommes allés pour la première fois le jour de son vingt et unième anniversaire.

En entendant le sourire triste dans la voix de son père, Faith sentit enfler son propre chagrin et elle redouta encore plus d’avoir à dire la vérité. De devoir admettre qu’elle avait gardé un secret aussi longtemps. Il semblait si fatigué.

— C’est ce soir-là qu’elle a découvert que ça ne lui appartenait plus. Tu étais en route et ta mère avait un tas de projets. Elle savait que je ne possédais pas grand-chose, mais elle avait cette maison et nous aurions un endroit où élever notre enfant. Elle n’était pas revenue dans ce lieu depuis longtemps. Lorsqu’elle a essayé d’ouvrir avec sa clé, ça n’a pas marché.

Faith songea à dimanche après-midi. A son soulagement lorsque la clé n’avait pas ouvert la porte.

— C’est ainsi qu’elle a appris que son père avait vendu la propriété ?

— En réalité, c’est le nouveau propriétaire qui le lui a dit, lorsqu’il nous a accueillis avec son fusil. Il nous a menacés d’appeler la police si nous ne quittions pas sa propriété. Elle lui a expliqué qu’il devait certainement s’agir d’une erreur et il lui a proposé de lui montrer l’acte de propriété. Il avait acheté les terres à Tobias O’Bannion. Je crois qu’il a été touché par la détresse de ta mère, continua-t-il d’une voix tremblante. Il a baissé son fusil et il nous a invités à entrer. Ton grand-père lui avait vendu le domaine, et lui l’avait cédé à son tour à un promoteur. Beaucoup d’argent avait changé de mains. Ce soir-là, j’étais furieux. Ta mère était totalement effondrée. Elle se sentait trahie.

— Où se trouvait la maison ?

— Elle n’existe plus, tu ne peux pas la visiter.

Les mots lui venaient avec moins d’aisance, il commençait à fatiguer. Elle devait lui faire dire ce qu’il savait avant qu’il ne soit trop épuisé.

— Je sais, mais je fais quelques recherches généalogiques, improvisa-t-elle en se disant que ce n’était pas si éloigné de la vérité. J’ai vraiment besoin de connaître l’emplacement de la vieille maison.

— C’est une belle idée, ma chérie, mais je ne peux pas me rappeler exactement où elle était, dit son père, légèrement exaspéré. Il y avait un ruisseau pas loin. Et, quand on se tenait sur la pelouse de devant, on pouvait voir une école à classe unique. Ta mère aimait bien ça. Elle disait que l’endroit avait été restauré pour devenir un monument historique, donc ça doit encore se trouver là.

— Près d’un ruisseau et d’une vieille école, répéta Faith, au bénéfice de Crandall et des autres. Tu te souviens du nom du type qui a acheté la maison à Tobias ?

— Grands dieux, non ! Ça remonte à plus de trente ans, Faith.

— D’accord. Eh bien, merci, papa. Tu as l’air fatigué. Je t’ai gardé trop longtemps. Je te laisse tranquille.

— Un instant, dit-il avec une sécheresse qui la surprit. Tu comptes me dire ce qui passe ?

— Euh, pardon ? fit-elle comme si elle ne comprenait pas.

Son père laissa échapper un soupir.

— On parle de la vieille maison de ta grand-mère partout aux infos, Faith. Les journalistes racontent qu’on a trouvé des cadavres dans la cave. Tu espères vraiment me faire croire que tu fais des études généalogiques au milieu de tout ça ? Accorde-moi un peu de crédit, ma chérie.

Elle soupira.

— Je peux te promettre de t’en parler plus tard ? Pour l’instant, les choses sont un peu mouvementées par ici.

— Es-tu en sécurité ?

— Totalement. Je suis au central.

— Dans ce cas, d’accord. Est-ce que Jordan t’a procuré un téléphone, comme je le lui ai demandé ?

Elle ravala une bouffée de colère, à la mention de son oncle.

— J’ai récupéré mon ancien numéro aujourd’hui. Tu peux de nouveau me joindre directement.

— Bien. Je déteste être obligé de passer par lui pour te contacter.

— Quand l’as-tu eu au téléphone ?

— Dimanche soir, avoua-t-il. Tu nous avais dit que tu appellerais en rentrant à l’hôtel, mais nous n’avons pas eu de nouvelles et je me suis inquiété. La route qui part de chez ta grand-mère est traîtresse quand il fait noir. J’ai appelé la réception, mais ils ont dit que tu n’étais pas chez eux.

— Parce que je m’étais enregistrée sous le nom de Corcoran.

Ça semblait remonter à des millions d’années.

— Et je cherchais Faith Frye. Ça paraît logique maintenant, mais à minuit j’étais dans tous mes états en attendant près du téléphone. J’ai fini par appeler Jordan et lui demander de passer là-bas pour s’assurer que tu allais bien.

En imaginant son père se rongeant les sangs près du téléphone, Faith ressentit un pincement de culpabilité et de tristesse mêlées. Jusqu’à ce qu’elle réfléchisse à ce qu’il venait de dire.

— Alors, Jordan savait à quel hôtel j’étais descendue.

Isenberg, Bishop et Tanaka la fixaient, dans l’attente.

— Bien sûr. Je pensais que tu lui avais dit. A une certaine époque, vous vous entendiez comme larrons en foire.

— Ouais, dit-elle calmement. C’est vrai. Je te rappelle dès que possible, papa. Je t’aime.

— Je t’aime aussi, bébé. Fais attention.

Elle raccrocha.

— Jordan a trouvé mon hôtel grâce à mon père, qui lui a donné l’adresse. C’est ainsi qu’il a su où se poster. Il a probablement attendu mon départ lundi matin, puis il m’a filée jusqu’à la banque.

— Où il a mis un mouchard sous votre jeep, dit Bishop. Vous préféreriez sans doute que votre père ne le sache pas.

— Je ne suis pas certaine que ce sera vraiment possible, dit Faith. Est-ce que cette information a pu vous aider, monsieur Crandall ?

— Oui et non. J’ai le ruisseau et j’ai l’école. Mais ça me laisse quand même des centaines de maisons à trier et il ne reste peut-être plus beaucoup de temps à la famille de Novak.

— Je ne pense pas qu’il les ait déjà tués, répliqua Faith en espérant de toutes ses forces qu’elle disait vrai. Il veut s’en servir comme monnaie d’échange, contre moi.

— Ça n’arrivera pas, déclara Isenberg avec fermeté. Nous ne faisons pas d’échange, Faith.

Elle se contenta de hocher la tête. Ce n’était pas le moment d’en discuter.

— Monsieur Crandall, avez-vous trouvé une trace de la vente de la maison proprement dite ? D’après mon père, la personne qui a acquis le domaine l’aurait conservée. Joy est morte en 1975 et la fondation a été créée en 1976. La vente devrait se situer quelque part entre les deux.

— Entendu. Mais la recherche ne va pas être simple. Les registres de propriété sont classés par adresses, par noms ou par parcelles et nous n’avons aucun de ces renseignements. Sans compter qu’un tas d’anciens registres n’ont pas été téléchargés sur le site.

— Le vendeur aurait été Barbara O’Bannion.

Crandall testa ce nouveau critère de recherche.

— Non, je n’ai rien.

Faith se laissa tomber sur une chaise, frustrée.

— Nous savons qu’il dispose de cette maison depuis une dizaine d’années, parce qu’il a emmené Jade là-bas. On sait aussi qu’il l’a tabassée après qu’elle a essayé d’interroger Gran sur la cave de la maison de Mount Carmel. D’autre part, les premiers faux dossiers remontent à quinze ans. C’est à ce moment que la femme de Henson junior a commencé à détourner de l’argent. Si Jordan puisait aussi dans les fonds, ses revenus ont dû augmenter, ce qui lui aurait permis d’acquérir cette nouvelle maison.

— Ça restreint le champ de recherches, dit Crandall. Cinquante ventes ont eu lieu dans la zone comprise entre le ruisseau et la vieille école.

Il recula pour permettre aux autres de voir l’écran de sa machine.

— Phillip Smith, Alan Robinson, énuméra Bishop à mi-voix. Theodore Davidson, Edward Saugh, David Florentino, Victor Shafer, Nathaniel Molyneaux, Shannon Bodine… Est-ce qu’un de ces noms vous inspire quelque chose ?

— Oh ! mon Dieu ! Je crois que mes années en école catholique viennent enfin de trouver une utilité. Là, dit Faith en montrant l’écran. Edward Saugh. E. Saugh.

Crandall leva les yeux au ciel.

— Esaü. Esaü qui s’est fait voler son héritage dans la Bible.

Il cliqua sur le nom et une adresse apparut.

— Voilà, commandant.

— Bishop, partez en avant, dit Isenberg. J’envoie l’équipe du SWAT sur les lieux. Ensuite, j’appelle Novak, il nous rejoindra là-bas. Faith…

— Je sais. Rester ici. Rester à l’abri. J’ai compris. Allez-y, allez !

Sur tes traces
titlepage.xhtml
part0000.html
part0001.html
part0002_split_000.html
part0002_split_001.html
part0002_split_002.html
part0002_split_003.html
part0002_split_004.html
part0002_split_005.html
part0003_split_000.html
part0003_split_001.html
part0003_split_002.html
part0003_split_003.html
part0003_split_004.html
part0003_split_005.html
part0004_split_000.html
part0004_split_001.html
part0004_split_002.html
part0004_split_003.html
part0004_split_004.html
part0005_split_000.html
part0005_split_001.html
part0005_split_002.html
part0006_split_000.html
part0006_split_001.html
part0006_split_002.html
part0007_split_000.html
part0007_split_001.html
part0007_split_002.html
part0007_split_003.html
part0007_split_004.html
part0007_split_005.html
part0008_split_000.html
part0008_split_001.html
part0008_split_002.html
part0009_split_000.html
part0009_split_001.html
part0009_split_002.html
part0009_split_003.html
part0010_split_000.html
part0010_split_001.html
part0010_split_002.html
part0011_split_000.html
part0011_split_001.html
part0011_split_002.html
part0011_split_003.html
part0011_split_004.html
part0012_split_000.html
part0012_split_001.html
part0012_split_002.html
part0012_split_003.html
part0012_split_004.html
part0013_split_000.html
part0013_split_001.html
part0013_split_002.html
part0013_split_003.html
part0013_split_004.html
part0013_split_005.html
part0013_split_006.html
part0014_split_000.html
part0014_split_001.html
part0014_split_002.html
part0014_split_003.html
part0015_split_000.html
part0015_split_001.html
part0015_split_002.html
part0015_split_003.html
part0015_split_004.html
part0015_split_005.html
part0016_split_000.html
part0016_split_001.html
part0016_split_002.html
part0017_split_000.html
part0017_split_001.html
part0017_split_002.html
part0017_split_003.html
part0017_split_004.html
part0018_split_000.html
part0018_split_001.html
part0018_split_002.html
part0018_split_003.html
part0019_split_000.html
part0019_split_001.html
part0019_split_002.html
part0019_split_003.html
part0019_split_004.html
part0020_split_000.html
part0020_split_001.html
part0020_split_002.html
part0020_split_003.html
part0021_split_000.html
part0021_split_001.html
part0021_split_002.html
part0021_split_003.html
part0021_split_004.html
part0022_split_000.html
part0022_split_001.html
part0022_split_002.html
part0022_split_003.html
part0023_split_000.html
part0023_split_001.html
part0023_split_002.html
part0023_split_003.html
part0023_split_004.html
part0023_split_005.html
part0023_split_006.html
part0023_split_007.html
part0024_split_000.html
part0024_split_001.html
part0024_split_002.html
part0024_split_003.html
part0025_split_000.html
part0025_split_001.html
part0025_split_002.html
part0025_split_003.html
part0025_split_004.html
part0026_split_000.html
part0026_split_001.html
part0027_split_000.html
part0027_split_001.html
part0027_split_002.html
part0027_split_003.html
part0028_split_000.html
part0028_split_001.html
part0028_split_002.html
part0028_split_003.html
part0028_split_004.html
part0028_split_005.html
part0029_split_000.html
part0029_split_001.html
part0029_split_002.html
part0029_split_003.html
part0029_split_004.html
part0029_split_005.html
part0029_split_006.html
part0029_split_007.html
part0030_split_000.html
part0030_split_001.html
part0030_split_002.html
part0030_split_003.html
part0030_split_004.html
part0031_split_000.html
part0031_split_001.html
part0031_split_002.html
part0031_split_003.html
part0032_split_000.html
part0032_split_001.html
part0032_split_002.html
part0032_split_003.html
part0032_split_004.html
part0033_split_000.html
part0033_split_001.html
part0033_split_002.html
part0033_split_003.html
part0033_split_004.html
part0033_split_005.html
part0033_split_006.html
part0033_split_007.html
part0034_split_000.html
part0034_split_001.html
part0034_split_002.html
part0034_split_003.html
part0034_split_004.html
part0035_split_000.html
part0035_split_001.html
part0035_split_002.html
part0035_split_003.html
part0036_split_000.html
part0036_split_001.html
part0036_split_002.html
part0036_split_003.html
part0036_split_004.html
part0036_split_005.html
part0037_split_000.html
part0037_split_001.html
part0037_split_002.html
part0037_split_003.html
part0037_split_004.html
part0037_split_005.html
part0037_split_006.html
part0037_split_007.html
part0037_split_008.html
part0037_split_009.html
part0038.html
part0039.html