Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 20 h 45

— Novak, réveille-toi, dit Bishop en tapant sur l’épaule de Deacon. On est arrivés.

Deacon ouvrit les yeux. Il lui fallut une seconde pour se repérer. Arrivés où ? Oh ! d’accord. Le manoir qu’il avait sous les yeux était un premier indice. Ils étaient arrêtés devant la propriété de Jeremy O’Bannion, à Indian Hill, une banlieue chic de Cincinnati. Même si l’endroit se trouvait à moins d’une demi-heure du centre-ville, c’était une zone que la famille de Deacon n’avait jamais eu de raison de fréquenter.

Bishop stoppa la voiture et désigna la demeure historique de style colonial qui s’élevait au bout de l’allée, où une Bentley et une Rolls-Royce étaient garées.

— C’est ça.

Deacon remarqua la berline sombre, stationnée un peu plus bas dans la rue, où était posté l’agent affecté à la surveillance du manoir de Jeremy — parfaite illustration d’une opulence mâtinée de simplicité et de modestie.

— On dirait qu’être banni du testament de grand-mère O’Bannion n’a pas empêché Jeremy de réussir dans la vie. Le peu que j’ai trouvé sur lui disait que son ex-femme est riche. Elle s’appelle Della Yarborough.

Bishop siffla.

— Les Yarborough, très vieille fortune de Cincinnati.

— Comme le mari d’Alda Lane ?

— Prends le revenu net de Lane et ajoutes-y quelques zéros, indiqua Bishop. Je ne sais pas combien Jeremy a récupéré après son divorce ni combien il a gagné en pratiquant la chirurgie mais, quelles que soient les proportions respectives, il a visiblement très habilement investi son argent. Quoi d’autre ?

— Faith se souvient qu’il la « regardait » quand elle était petite fille.

— Oh ! non, souffla Bishop. Dis-moi qu’il n’a pas fait ce à quoi je pense.

— Selon elle, il ne l’a jamais touchée. Mais son père n’appréciait guère Jeremy, et ne permettait pas qu’elle reste seule dans une pièce avec lui. Faith a fait une enquête non officielle sur Jeremy, il y a quelques années.

— Hum. Rien de surprenant. J’imagine qu’elle n’a rien trouvé ?

— Apparemment, rien n’indiquait qu’il ait jamais fait l’objet de la moindre plainte. Il s’occupe d’œuvres de charité de la ville, a fait partie de Médecins sans frontières. Il a commencé à enseigner après un accident de voiture qui lui a fait perdre l’usage de sa main droite, il y a des années.

— Les accidents de voiture sont fréquents dans cette famille, fit observer Bishop.

— Très juste. Ecoute ça, Scarlett, j’ai interrogé Faith sur la mort de sa mère. La famille a forgé l’histoire de l’accident parce qu’ils étaient « plus catholiques que le pape » et, le suicide n’est pas un simple péché. C’est le grand péché.

— A l’époque, les suicidés n’avaient même pas droit à un enterrement à l’église, murmura Bishop.

— Exactement. J’ai essayé d’obtenir d’autres détails, mais elle était si bouleversée que j’ai préféré laisser tomber.

Bishop leva un sourcil sarcastique.

— Tu vires fleur bleue, Novak.

Il leva les yeux au ciel.

— Bon, si on se mettait au boulot ?

Le soleil était couché depuis deux heures, mais cela ne l’empêcha pas de s’armer de ses lunettes noires, juste au cas où il aurait besoin de déstabiliser Jeremy. Bishop et lui marchèrent jusqu’à la porte d’entrée, à travers un jardin méticuleusement entretenu.

— Il y a un petit pavillon à l’arrière, chuchota Bishop. Je l’ai repéré sur Google Earth. Ça a l’air assez grand pour y loger deux otages.

— Quand on aura terminé, on pourra peut-être faire une petite balade dans le coin, répondit Deacon en sonnant.

Une blonde d’environ vingt-cinq ans leur ouvrit.

— Bonsoir, que puis-je faire pour vous ?

— Je suis l’agent spécial Novak et voici ma partenaire, le lieutenant Bishop. Nous aimerions parler au Dr O’Bannion.

— Il n’est pas disponible.

La jeune femme commença à refermer la porte.

D’une main Bishop exhiba sa plaque, et de l’autre elle retint le battant.

— Il est ici, dit-elle d’un ton neutre. Dites-lui de venir à la porte, s’il vous plaît.

Un éclair de panique traversa le visage de la jeune femme.

— A quel sujet, je vous prie ?

— C’est entre nous et le Dr O’Bannion, répondit Bishop. Pouvons-nous entrer ?

— Non, vous ne pouvez pas entrer, répliqua la jeune femme.

Une voix masculine interrompit leur échange.

— Hailey ? Que se passe-t-il ?

— Vous avez de la visite, docteur O’Bannion, annonça Hailey, en baissant la tête, tout en continuant à le regarder directement.

Lorsque l’homme apparut, Deacon ne prêta plus attention à la jeune femme. C’était Jordan O’Bannion, mais pas tout à fait. Jeremy et Jordan se ressemblaient, trait pour trait. Avaient la même façon de bouger. Hormis la moustache qui ornait la lèvre de celui-ci, ils étaient pareils. Des jumeaux.

— On savait qu’ils étaient jumeaux ? murmura Deacon, au seul bénéfice de Bishop.

— Je l’ignorais, répondit-elle sur le même ton. Faith n’a pas pensé à le mentionner ?

Deacon se remémora leur conversation près du cimetière familial. Juste avant qu’il ne la tienne contre lui pour la première fois. Jordan et Jeremy. Ils sont jumeaux, à vrai dire.

— Elle l’a fait, mais elle n’a pas précisé qu’ils étaient identiques.

Jeremy s’arrêta dans l’embrasure de la porte, sa main gauche se posa sur l’épaule de la jeune Hailey, en un geste qui semblait plus paternel que romantique.

— Y aurait-il un problème, lieutenants ?

Le regard de Deacon passa du visage de l’homme à ses mains. Des gants. Jeremy portait des gants couleur chair qui semblaient faits de cuir fin.

— C’est un agent spécial, dit Hailey à voix basse, en montrant Deacon.

— Je vois.

Jeremy s’était exprimé d’une manière qui signifiait clairement à Deacon combien il était sensible à son apparence. Sans doute une tactique pour le déstabiliser.

— J’ai appelé hier, dit Deacon. Nous aimerions vous parler d’une situation critique qui s’est présentée.

— Oh. Eh bien, je dois avouer que je n’ai pas eu votre message en personne. Mon compagnon relève ma boîte vocale pour moi. Que s’est-il passé ?

Deacon se retint de le contredire. Non seulement Jeremy avait reçu son message, mais il y avait répondu.

— Pourrions-nous entrer ? Je préférerais ne pas aborder ce genre de sujets sur le pas de votre porte.

— Conduis-les dans le salon, Hailey. Et propose-leur un rafraîchissement.

A la suite de leur escorte, ils traversèrent le hall d’entrée. Deacon reconnut immédiatement l’escalier incurvé et le motif du papier peint. L’intérieur de la maison avait été décoré d’après la maison de Mount Carmel. Il échangea un regard avec Bishop, qui avait aussi noté la ressemblance.

Jeremy s’installa dans un fauteuil rembourré et, de la main gauche, leur fit signe de s’asseoir sur le divan. Puis, il glissa sa main droite, également gantée, dans sa poche.

— Vous avez évoqué une situation critique.

Bishop et Deacon prirent place et Deacon s’appliqua à garder une expression aimable.

— En effet. Le problème tourne autour de votre propriété familiale de Mount Carmel, dit-il.

Le regard de Jeremy se fit instantanément glacial.

— Vous faites erreur. Voici ma maison de famille. Nous y sommes.

— Jeremy ? Tout va bien ?

La question avait été posée par un homme d’une petite quarantaine d’années qui venait de faire irruption dans la pièce, comme s’il s’attendait à devoir sauver Jeremy, sans doute de Bishop et Deacon.

Deacon se raidit légèrement. Si le visage du nouveau venu ne ressemblait en rien à celui de Combs, pour le reste, la similitude physique était troublante. Même taille, même silhouette. Un autre balèze venait de s’ajouter à la liste des suspects potentiels.

— Je vais bien, Keith. Je t’en prie, installe-toi donc avec nous, dit Jeremy en tapotant l’accoudoir de son fauteuil. Ces officiers sont venus m’interroger à propos du vieux domaine des O’Bannion.

Keith fixa Deacon.

— C’est vous qui avez appelé hier soir. Je m’attendais à ce que vous rappeliez pour prendre rendez-vous. Le Dr O’Bannion est très occupé.

C’était donc Keith qui avait laissé le message vocal, comprit Deacon.

— De mon côté, j’attendais que le Dr O’Bannion me rappelle lui-même, étant donné qu’il s’agissait de la sécurité de sa nièce.

— Faith ? Que lui est-il arrivé ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? reprocha-t-il à Keith.

— Parce que je n’en ai rien à faire de Faith ni de cette bande de charognards qui prétend être ta famille, cracha Keith d’une voix grinçante. Je n’avais pas réalisé que c’était urgent.

— Je crois pourtant avoir utilisé le mot « urgent » dans mon message, souligna Deacon d’un ton égal.

Les joues de Keith se teintèrent d’un rouge sombre qui trahissait sa colère.

— Je suis navré, Jeremy. J’espérais pouvoir m’occuper de la police à ta place.

Il a mauvais caractère, songea Deacon. C’est bon à savoir.

Quant à Bishop, elle arborait une parfaite neutralité et adopta le ton qui correspondait à l’expression de son visage.

— Eh bien, nous sommes là, maintenant. Et vous êtes, M…  ?

Jeremy leva légèrement le menton.

— Voici mon compagnon, Keith O’Bannion. Il est au courant de toutes mes affaires. Il peut entendre tout ce que vous avez à me dire. Qu’en est-il de la sécurité de Faith ?

— Elle ne fait pas partie de ta famille, siffla Keith.

Jeremy lui tapota le genou, tentant de l’apaiser.

— Je sais, je sais, dit-il à voix basse. Mais elle n’était qu’une enfant quand tout ça est arrivé. Elle n’a rien à voir dans cette histoire.

— Mais elle a la maison, Jeremy, protesta Keith à mi-voix. Le domaine aurait dû te revenir.

Jeremy se tourna vers Keith et s’adressa à lui comme s’ils étaient seuls dans la pièce.

— En effet, elle a la maison. Et, ça aurait dû se passer autrement, en effet. Mais, si elle m’avait été léguée, je serais entré en conflit avec Jordan pour la garder. Donc, tout est pour le mieux. Nous n’avons pas besoin de cette maison, Keith. Pas plus que de l’argent.

— Ce n’est pas le problème, insista Keith. Ils t’ont insulté, maltraité, et maintenant que ta nièce a besoin de ton aide ils reviennent vers toi.

Intéressant, nota Deacon. Faith avait mentionné que Jordan avait dit qu’il aurait eu à s’opposer à Jeremy pour garder la maison, s’il en avait hérité, et maintenant Jeremy disait la même chose de son frère. En faisant ce legs à Faith, grand-mère O’Bannion avait peut-être cherché à empêcher ses fils de se déchirer.

— Qu’est-il arrivé à Faith, agent Novak ? demanda Jeremy. A-t-elle besoin de mon aide ?

Il avait l’air réellement soucieux, mais d’une manière qui semblait un rien trop sincère.

— Hier en fin de journée, une jeune femme a été découverte sur la route qui mène au vieux domaine de votre famille, dit Deacon en choisissant ses mots avec soin. Elle avait été agressée et a survécu de justesse.

Les deux hommes le regardaient fixement.

— Faith a été agressée ? demanda Jeremy, horrifié mais calme.

— Non. Faith a trouvé la victime. Elle se rendait à la maison quand elle a vu la femme sur la route. En donnant un coup de volant pour l’éviter, elle a dévalé un talus et heurté un arbre.

Jeremy pâlit légèrement. Etrange réaction.

— Est-elle gravement blessée ?

— Non, répondit Deacon. Juste quelques égratignures. Elle a réussi à gravir le talus et à appeler le 911.

— Si elle n’est pas blessée, j’aimerais savoir ce que vous faites ici ? s’enquit Jeremy.

Deacon observait tour à tour le visage des deux hommes.

— Nous avons la preuve que la jeune femme a été retenue prisonnière dans la cave de votre ancienne maison.

Le vernis de courtoisie de Jeremy disparut pour laisser miroiter une sombre fureur.

— Pourquoi est-ce à moi que vous venez parler de ça ? J’ai quitté cette maison et cette famille depuis presque vingt-cinq ans. Je n’ai jamais regardé en arrière. J’ai créé un nouveau foyer et une nouvelle famille.

— Je vous en parle parce que quelqu’un a tenté de tuer votre nièce à six reprises au cours du mois dernier.

— Les attaques ont commencé une semaine après qu’elle a hérité de la maison, ajouta Bishop. La dernière a eu lieu ce matin. Un tireur d’élite, cette fois. Il l’a manquée, mais un innocent a été blessé. Alors, nous avons besoin de savoir où vous étiez entre 2 heures et 4 heures, ce matin.

— Vous accusez Jeremy, gronda Keith, qui ne semblait plus pouvoir desserrer les dents.

— Non, répondit Deacon. Mais, comme vous l’avez si justement souligné, la maison aurait dû revenir au Dr O’Bannion. S’il ne figurait pas sur notre liste de suspects, nous ne ferions pas notre travail. Docteur O’Bannion, nous sommes ici pour recueillir vos déclarations, pour vous éliminer de notre liste. Pouvons-nous donc savoir où vous vous trouviez ?

— J’étais à la maison, endormi dans mon lit, dit Jeremy. Avec Keith. Et, non, nous ne pouvons pas le prouver.

L’agent posté à l’extérieur avait confirmé, mais Jeremy et Keith n’avaient nul besoin de le savoir.

— Nous avons aussi interrogé votre frère, embraya Bishop.

Visiblement irrité, Jeremy serra les mâchoires.

— J’imagine aisément ce qu’il a pu raconter.

— Il nous a donné son alibi pour la nuit dernière, indiqua Bishop. Et, ensuite, il nous a recommandé de venir vous parler.

Elle marqua une hésitation exagérée et jeta un coup d’œil à Deacon. Celui-ci entra dans son jeu et lui adressa une petite grimace embarrassée et un léger hochement de tête qui semblaient lui donner le feu vert. Bishop reprit donc la parole, comme à regret.

— Il a suggéré que vous pourriez aimer les très jeunes femmes.

— C’est un mensonge ! s’écria Keith, hors de lui. Un ignoble mensonge. Jeremy, appelle ton avocat !

— C’est exactement mon intention, répondit Jeremy, d’un ton égal, mais sa main visible tremblait.

C’est le moment. Ils sont tous les deux ébranlés et vulnérables. Deacon enleva ses lunettes et croisa le regard de Jeremy, laissant ses propres yeux exprimer tout le mépris qu’il ressentait pour son interlocuteur.

Jeremy se raidit mais soutint son regard, sans vaciller. En revanche, près de lui, Keith tressaillit. Puis, à la surprise de Deacon, Jeremy ferma les yeux et ses épaules retombèrent, trahissant un désespoir las.

— Que vous a dit Faith, exactement, agent Novak ?

— Pourquoi pensez-vous qu’elle m’ait dit quoi que ce soit ?

Deacon était intrigué par la réponse de l’homme. Il l’avait senti troublé, non par la couleur singulière de ses yeux, mais par le sentiment qui s’y lisait.

— Parce que votre regard ressemble à celui de mon père. C’est ainsi qu’ils m’ont tous regardé, ce jour-là. Ça ne m’était plus jamais arrivé. Jusqu’à aujourd’hui.

Sur tes traces
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