Cincinnati, Ohio
Jeudi 6 novembre, 5 h 25

Deacon la retrouva effectivement dans son lit, roulée en boule, le visage enfoui dans un oreiller. Elle pleurait comme si elle avait le cœur brisé, mais en silence. Son propre cœur se serra. Il la prit dans ses bras et alla s’installer dans un fauteuil à bascule au rembourrage douillet, relégué dans un coin de la chambre.

Faith tentait d’étouffer ses sanglots, ses doigts crispés avaient empoigné le T-shirt de Deacon.

Bishop lui avait arraché une vérité qu’elle ne voulait pas révéler. Cette pièce essentielle venue s’ajouter à leur puzzle pouvait s’avérer cruciale pour résoudre cette affaire. Mais, pour Faith, c’était bien autre chose qu’un rouage de l’enquête. La vérité sur la journée la plus traumatisante de sa vie avait été révélée. Exposée en pleine lumière.

— Tu n’en avais jamais parlé ? demanda-t-il à voix basse. A personne ?

— Non, chuchota-t-elle. Je ne pouvais pas. On l’aurait répété à mon père. Je t’en prie, ne lui en parle pas.

Il ne pouvait le promettre, car il ne savait pas ce qui serait rendu public, surtout si un des oncles était responsable de tous les meurtres.

Par ailleurs, il préférait s’abstenir de prendre le moindre engagement à ce sujet. Pour avoir gardé ce secret, Faith avait payé un prix qui lui semblait exorbitant. La souffrance, les cicatrices émotionnelles. Et une partie de lui tenait à ce que le père le sache.

Il l’embrassa sur le sommet du crâne.

— Chuuut. Tu vas finir par te rendre malade.

Elle tenta de cesser de pleurer, sans succès. Son corps était parcouru de longs frissons. Deacon lui saisit le menton, releva son visage et l’embrassa. Avec rudesse, sans faire de quartier. Au bout de quelques secondes, elle lui rendit son baiser avec la même intensité, puis s’ouvrit à lui, lorsqu’il lui lécha les lèvres. Plus question d’exploration charnelle, cette fois, mais d’un duel de langues et de dents. Les ongles de Faith se plantèrent dans sa poitrine, tandis qu’un déchaînement de colère l’emportait comme une crue subite. Il en sentit la puissance exploser en elle, mais il ne tenta pas de la calmer. Au contraire, il la laissa empoigner cette fureur. La combattre.

Il contint la réponse instantanée de son propre corps, ignorant le besoin dévorant qu’il avait de la posséder, de la jeter sur le lit, de s’enfoncer dans la chaleur moite de son corps. Au lieu de cela, il la laissa prendre ce dont elle avait besoin.

Brusquement, elle le laissa aller et posa mollement la tête sur son épaule. Comme si le feu en elle s’était éteint de lui-même, après avoir épuisé tout l’oxygène disponible.

Elle gémit doucement.

— J’ai affreusement mal à la tête.

— Ça ne m’étonne pas.

Il lui massa l’arrière du crâne et l’entendit avec satisfaction pousser un soupir d’aise en se blottissant contre lui. Il mit le fauteuil en mouvement, le doux bercement du siège venant interférer dans la guerre qui faisait maintenant rage en lui. Impossible de dissimuler le fait qu’il était dur comme la pierre, mais elle ne cherchait pas à se dérober. Il effleura sa propre lèvre du bout de la langue, sentit le goût du sang et s’étonna. Ça n’aurait pas dû l’exciter à ce point.

— Ça va mieux, maintenant ? murmura-t-il.

— Beaucoup mieux.

Du bout des doigts, elle lui caressa le torse à l’endroit où elle l’avait griffé.

— Pardon. Je t’ai fait mal.

Il dut prendre un moment avant de répondre, sachant qu’il ne pourrait pas contrôler sa voix tant cette tendre caresse le rendait fou.

— Ça va. Je m’inquiète plus pour toi.

— Elle m’a abandonnée, Deacon. Elle était malheureuse avec mon père, mais elle s’est toujours comportée comme si elle m’aimait. En réalité, ce n’était pas le cas. Ce n’était pas assez pour qu’elle reste avec moi.

Il résista à l’envie de lui faire part de ce que Bishop et lui soupçonnaient — la mort de sa mère n’était pas un suicide — et il tint sa langue. Si ce n’était pas vrai, il risquait de bouleverser encore son existence, cette fois sans raison.

— Je suis navré, ma douce. Navré que tu aies dû porter le fardeau d’un secret pareil pendant si longtemps. Navré que nous ayons dû te l’arracher de cette manière.

— C’était sans doute la seule façon efficace de me faire parler, j’en ai peur. De nombreux thérapeutes s’y sont cassé les dents pendant des années. Ils devraient suivre les cours de Scarlett Bishop.

— Quels thérapeutes ?

Comme elle ne répondait pas, il lui imprima une légère secousse.

— Faith ?

Elle céda avec un soupir.

— Après la mort de ma mère, mon père et moi avons connu une véritable descente aux enfers. Il s’accusait de l’avoir bouleversée au point de lui faire perdre le contrôle de la voiture. Quant à moi, je me sentais coupable de lui cacher la vérité. Il s’est mis à boire et la situation a tourné au cauchemar. Je me suis occupée de la maison en m’arrangeant pour que personne ne le sache. Je gardais l’espoir qu’il finirait par réagir, mais ça ne faisait qu’empirer… Et j’ai fini par craquer. Une dépression nerveuse m’a envoyée à l’hôpital pendant quelque temps.

Le cœur de Deacon se serra. Il hésita, mais posa la question cruciale.

— As-tu essayé d’en finir ?

— Non. Je suis tombée dans une espèce d’état catatonique. Je restais assise, à me balancer sur place, pendant des heures. Ça m’arrive encore, lorsque je suis sous pression.

— Je sais. J’ai remarqué.

Elle avait réagi de cette façon quand Vega lui avait appris la mort des deux victimes dans l’accident de son ancienne voiture.

— Que s’est-il passé, Faith ?

— J’ai suivi une thérapie. Tous ceux à qui j’ai eu affaire ont compris que quelque chose n’allait pas. Mais, de mon côté, ne rien dire était devenu une compulsion. Comme pour les anorexiques qui exercent une forme de contrôle en refusant la nourriture.

Voilà qui expliquait beaucoup de choses.

— Je comprends pourquoi ça a été aussi pénible pour toi, ce soir.

— Les vieilles habitudes ont la peau dure. En fin de compte, mon hospitalisation a eu une conséquence positive. Mon père s’est repris en main et a suivi une cure de désintoxication. C’est à cette époque que j’ai passé deux ans chez Gran. Elle a refusé de me laisser partir avant qu’il ait prouvé sa sobriété. Et, depuis, il n’a pas touché une goutte d’alcool.

— Et tu as gardé le secret.

— Jusqu’à ce soir. Je suis contente que ce soit le seul iceberg qui rôdait sous la surface. Je ne pense pas être capable de revivre l’épreuve de cette nuit de sitôt.

Il lui embrassa le front et la berça un peu plus vite.

— Il y a au moins un point positif dans tout ça. Ce salopard de Combs ne pourra plus te faire de mal, maintenant. Je regrette qu’il ait eu l’occasion de poser ses sales pattes sur toi.

— Moi aussi, dit-elle en lui tapotant la poitrine. Mais, d’une certaine manière, ça a été utile.

— Alors, là, je suis perdu.

— Eh bien, ça nous a mis au pied du mur, Charlie et moi. Le jour où Combs m’a agressée, les flics ont essayé de prévenir Charlie, mais il ne répondait pas à son téléphone. Finalement, son partenaire leur a avoué que Charlie était chez sa petite amie.

— Ouch ! lâcha-t-il à mi-voix.

— Sa petite amie d’à peine dix-huit ans, enceinte.

— Quel connard !

Elle eut un petit rire.

— Oh ! oui. Il m’utilisait comme prétexte pour ne pas épouser cette fille. Tu sais, la vieille excuse, « ma femme refusera de divorcer ». Je l’aurais fait sans problème. Je restais avec lui uniquement à cause de mon père.

— Parce que le divorce aussi est un péché ?

Deacon n’avait pu s’empêcher de prendre un ton acide. Le père de Faith lui plaisait de moins en moins.

— Oui. Mais, pour lui rendre justice, je dois préciser que mon père n’appréciait guère Charlie. Quand je lui ai dit que Charlie m’avait trompée, il a soutenu ma décision à cent pour cent. Je déteste devoir l’admettre, mais Charlie n’était pas le seul à se trouver des excuses. De mon côté, je me servais de ma crainte de faire souffrir mon père pour justifier mon inaction. Je n’aime pas le changement. J’aime que les choses soient en ordre. Le divorce m’apparaissait comme une perspective effrayante. Et, pour être complètement honnête, ça ne m’arrangeait pas. Si Combs ne m’avait pas envoyée à l’hôpital, je n’aurais peut-être jamais découvert l’infidélité de Charlie. L’adultère et la brutalité étaient les deux seules choses susceptibles de me pousser à me bouger les fesses et à franchir la porte d’un cabinet d’avocats.

Une fois encore, Deacon ne put s’empêcher de l’interroger.

— Tu l’aimais ?

— Non, je ne l’aimais plus depuis des années. Je ne l’avais peut-être jamais aimé. Au début, j’aimais l’homme que je voyais en lui. De son côté, il a peut-être aimé la femme qu’il a cru voir en moi.

— Comment le voyais-tu ?

— Comme un type bien, qui prenait soin des autres. Un héros. Pas un super-héros, bien sûr. Il n’avait ni le manteau de cuir ni les lunettes de soleil trop cool.

Ça réchauffa le cœur de Deacon.

— Et lui, que voyait-il en toi ?

— Une femme docile et malléable.

Il laissa échapper un petit ricanement de dérision.

— Alors, non seulement ton ex est un connard, mais en plus c’est un abruti.

Elle gloussa.

— C’est assez vrai. A sa décharge, j’étais assez timide à l’époque. Je venais d’entrer à l’université et j’étais terriblement jeune. Au début, nous étions heureux. Du moins, je l’étais. Quand quelqu’un vous trompe, on ne sait plus que croire de ce qu’il a pu dire ou faire pendant votre histoire.

— Je sais.

Deacon songea à Brandi, à la fille qu’elle avait été. Et aussi au garçon qu’il avait été.

Les doigts de Faith s’immobilisèrent.

— Qui était-ce ?

Après tout ce qu’elle venait de lui confier, il aurait été égoïste de ne pas lui rendre la pareille. Mais il hésita, un bref instant, puis finit par se lancer.

— Brandi était mon ex-femme.

Elle recula pour l’observer avec stupéfaction.

— Tu as été marié ?

— J’avais dix-huit ans et ça a bien dû durer six mois.

— Oh ! dit-elle, puis elle se mordit la lèvre. Greg est ton fils, Deacon ?

Il sursauta et faillit la faire tomber, la rattrapant de justesse, alors qu’elle commençait à glisser de ses genoux.

— Non, dit-il d’un ton ferme. Non, non, non. Mon Dieu, non.

Il secouait la tête en cadence, tout en la réinstallant confortablement sur ses genoux.

— Non.

— D’accord, d’accord. J’ai compris que la réponse est non. Alors, que s’est-il passé avec Brandi ?

— A vrai dire, c’est un enchaînement de mauvaises décisions de ma part. Mais Greg a failli y rester, alors ce n’est ni une époque ni une version de moi dont j’aime me souvenir. Quand Bruce et ma mère sont morts, j’ai touché le fond et Brandi a été là pour me soutenir. Mais elle était ce qu’on pouvait appeler « une adolescente à problèmes ». Mon oncle Jim lui donnait d’autres sortes de noms. Il la détestait. Il disait qu’il connaissait son « genre » et que je devais rester loin d’elle. A l’entendre, tant que je vivais sous son toit, je devais obéir à ses règles.

— Une vraie déclaration de guerre pour un ado.

— Ouais. Jim détestait Brandi, et moi je haïssais Jim. A la mort de mon père, nous avions déjà vécu chez lui, une première fois. Ma famille et moi habitions la maison voisine, qui lui appartenait et qu’il nous louait. Mais, à la mort de mon père, ma mère ne pouvait plus payer le loyer, Jim nous a donc expulsés.

— Je sais. Dani m’en a parlé. Elle m’a dit que ça avait été particulièrement difficile pour toi.

— Dani dormait avec maman. Je partageais la chambre d’Adam et la fenêtre donnait sur mon ancienne chambre. C’était dur de regarder dehors et de voir quelqu’un d’autre occuper la pièce où j’avais toujours vécu. Jim disait que ce n’était « qu’une maison ». Mais, pour moi, c’était le foyer que j’avais toujours connu. J’avais oublié tout ça depuis longtemps, mais ça m’est revenu lundi soir, quand je suis allé voir Greg. La chambre d’Adam est devenue la sienne. Il m’a demandé pourquoi je regardais toujours par la fenêtre quand je venais lui rendre visite. Je n’avais pas pensé à cette époque depuis des années.

— Ça arrive beaucoup ces temps-ci, lança-t-elle d’un ton sarcastique. Et Brandi ?

— J’y viens. Mon mépris pour Jim a atteint des sommets après la mort de Bruce et de ma mère, parce qu’il ne voulait pas vraiment prendre Greg. Il…

Deacon se tut et soupira.

— Pour commencer, Jim n’approuvait pas le fait que ma mère ait eu des enfants. Tu as dit que Greg t’avait parlé de notre syndrome ?

— Waardenburg, avec deux a. Et alors ?

— Eh bien, c’est génétique. C’est héréditaire. Dans notre famille, c’est transmis par les femmes. Certains enfants l’ont et d’autres s’en sortent sans problème. Ma mère l’avait, mais pas Tammy. Alors Adam allait bien, mais pour Dani et moi… ce n’était pas le cas.

Elle se raidit, ses mains se refermèrent en poings.

— Tu es mieux que bien, Deacon Novak.

— Si seulement tu avais été là pour me défendre, à l’époque.

Il n’avait rien trouvé de mieux que cette petite pirouette pour masquer son émotion.

— Quoi qu’il en soit, Jim n’approuvait pas les grossesses de maman et il le lui avait dit pendant qu’elle était enceinte de Greg. Alors, quand Bruce et maman sont morts et que tante Tammy a insisté pour prendre Greg, Jim est monté sur ses grands chevaux. Il nous avait déjà accueillis une fois et, maintenant, il devait encore réparer les « erreurs » de ma mère.

Faith fronça les sourcils.

— Il considérait vraiment Greg comme une « erreur » ?

— C’est ce qu’il a dit. Mais, avec Jim, difficile de distinguer la vérité du bluff. L’autre chose qui l’avait mis en colère, c’était d’apprendre que Bruce nous avait laissé sa maison. Jim avait décrété que nous devions la vendre et emménager avec eux. Je m’y suis opposé. C’était notre foyer et il m’avait déjà viré de chez moi une première fois. Bien sûr, je n’avais aucune idée de ce qu’étaient une hypothèque ou des impôts, mais je voulais que Dani et Greg continuent à vivre dans la maison de Bruce. Si nous devions vivre chez Jim et Tammy, je voyais ça comme un arrangement provisoire. J’avais prévu de finir le lycée et d’obtenir mon diplôme, puis de trouver un boulot pour payer les factures. Ensuite, Dani, Greg et moi pourrions vivre dans notre maison. Avec le recul, c’est si irréaliste que c’en est embarrassant.

— Tu voulais réunir ta famille. C’est un joli rêve. Tu étais simplement trop jeune.

Deacon lui sourit.

— Et je crois que, si Jim l’avait dit comme ça, j’aurais peut-être écouté. Mais ce n’était pas le cas et on n’arrêtait pas de se disputer… Et il y avait Brandi. J’avais dix-huit ans et elle était sexy. Et elle adorait complètement l’image que je m’étais créée.

— Le manteau de cuir, les cheveux et les lunettes.

— Ouais. Pour un gamin de mon âge, à l’époque, avoir une fille pareille, au moment où mon univers venait de s’écrouler, c’était complètement irrésistible. Mais, comme je l’ai dit, Jim détestait vraiment ce genre de filles. Alors, quand il a décrété que Brandi n’était pas la bienvenue sous son toit, je me suis dit : Va te faire voir, j’ai un toit qui m’appartient. Je l’ai épousée dans un élan de défi et nous avons emménagé chez moi.

— Je croyais que Jim t’avait obligé à vendre la maison.

Deacon eut une petite grimace de dépit.

— Eh bien, tout cela est arrivé dans l’intervalle de quelques semaines. La négociation avec l’acheteur n’était pas encore conclue. J’imaginais que, si j’étais marié et que je m’occupais de l’entretien, ils ne pourraient pas m’obliger à partir. J’ai donc mis mon plan à exécution. Comme je le disais, après la mort de maman, j’ai pris une série de mauvaises décisions. Jim ne cessait de me traiter d’imbécile, mais Tammy était plutôt partisane de me laisser vivre mes caprices jusqu’au bout. En comprenant que je ne pourrais pas régler l’échéance de l’hypothèque quand elle arriverait, je me rangerais aux raisons de Jim et j’abandonnerais toute cette histoire d’installation et de maison pour aller à l’université, comme elle le souhaitait.

— Et ton mariage ?

Il haussa les épaules.

— A mon avis, Tammy ne l’a pas vraiment pris au sérieux. Pour elle, ce n’était qu’une histoire de paperasse qui serait facilement réglée, le moment venu. Je voulais leur prouver à tous les deux qu’ils se trompaient.

— Comment ça a pu presque tuer Greg ?

Il haussa les épaules.

— Une fois, Tammy m’en a laissé la garde pendant quelques heures, après l’école. Brandi prenait un peu de drogue au lycée, mais elle m’avait juré que c’était terminé. Comme un crétin, je l’ai crue, dit-il en soupirant. Elle disait aussi qu’elle m’aimait et, comme un crétin, j’ai cru ça aussi.

— « Comme un crétin » est peut-être trop rude, dit Faith avec gentillesse. Tu n’étais qu’un jeune homme, ta mère et Bruce te manquaient. Tu voulais créer un foyer comme celui que tu avais perdu.

Un nœud serré se défit dans le cœur de Deacon. Faith avait vu juste. La facilité avec laquelle elle avait décrypté la situation… Je pourrais aimer cette femme. Peut-être était-il déjà en bon chemin pour ce faire.

— Peut-être, dit-il d’un ton bourru. Il y a eu cette horrible journée. Greg a fouillé dans le sac de Brandi. Heureusement, elle avait sniffé toute la coke qui y était planquée. Il ne restait que la poussière, mais c’était suffisant pour plonger un gamin de un an dans un état critique pendant plusieurs jours. Jim m’en a rendu responsable, il m’a dit que Brandi devait s’en aller et il avait raison sur les deux tableaux. Je l’ai engueulée, et elle s’est mise à pleurer. Elle m’a joué le grand air de la repentance pour que je la laisse rester un jour de plus. En rentrant à la maison le lendemain, après être allé rendre visite à Greg à l’hôpital, j’ai trouvé Brandi et son dealer en train de se faire des lignes de coke dans le lit de Bruce et de ma mère. Là, c’en était trop. J’ai appelé la police. Evidemment, Jim était en patrouille et il s’est pointé pour faire l’arrestation. Et il ne s’est pas gêné pour faire tout un cirque en détaillant mes décisions stupides devant tout le monde. Après, j’ai abandonné la partie. Je l’ai laissé garder Greg. Je l’ai laissé vendre la maison. Je suis parti à l’université.

— Je crois que je n’aime pas beaucoup ton oncle.

— Je n’aime pas beaucoup les tiens non plus, dit-il d’un ton sarcastique. Jim n’est pas un sale type. Il est juste persuadé d’avoir toujours raison et c’est assez souvent exact pour le rendre odieux. Pendant mes études, je revenais voir Greg et Dani le week-end, puisque ce n’était pas très loin. Ensuite, j’ai été recruté par le Bureau et mes visites se sont espacées. Quand Greg est entré dans le secondaire, il est venu vivre avec moi dans le Maryland. Ça a duré quelques années. Au début tout s’est bien passé, ensuite il est devenu agressif et s’est fait renvoyer de son école pour sourds. Jim a décrété que l’expérience avait échoué et, puisqu’il avait toujours la garde de Greg, il l’a repris une fois de plus. Dani vivait aussi à Cincinnati, mais elle faisait son internat et n’avait pas beaucoup de temps à lui consacrer. C’est à ce moment que j’ai demandé mon transfert. Ça a été une période frustrante, parce que Greg était malheureux, mais les rouages du Bureau tournent lentement. Greg accumulait les ennuis, la plupart du temps pour des bagarres. Ensuite, Tammy a eu une crise cardiaque et même si Jim n’a jamais dit un seul mot en ce sens, je sais qu’il en tient Greg pour responsable. Quand Greg s’est fait virer de l’établissement spécialisé qu’il fréquentait ici, je voulais si désespérément rentrer que j’étais prêt à démissionner du Bureau et à prendre un autre boulot. Je devais trouver une nouvelle école à Greg et je tenais à être présent quand il ferait sa rentrée.

— C’était une école classique ?

— Oui. Je ne voulais pas le laisser faire sa rentrée seul dans un nouveau lycée avec uniquement des gamins entendants, sans personne pour le soutenir.

— Il s’en sort très bien, je parie.

— De toi à moi, en cours, ce n’est pas terrible. Et à la cafèt’, au déjeuner ? On aurait pu tout aussi bien l’installer à une table pour un avec un gros projo braqué sur lui. Non, il fallait que je sois présent. Adam m’a aidé à obtenir ma mutation. Maintenant, je suis bien déterminé à devenir pour Greg ce que Bruce a été pour moi, la meilleure figure masculine possible. Je refuse de le laisser tomber.

— En d’autres termes, vous formez un lot, tous les deux, dit Faith, à mi-voix.

— Oui.

Il retint son souffle.

— Ça ne me fait pas peur. J’aime bien Greg.

Elle sourit en l’entendant relâcher sa respiration, puis ajouta :

— Eh bien, nous voilà au bout du deuxième jour. Quelle aventure excitante y a-t-il au programme de la troisième journée ?

— Débusquer l’enfoiré qui cherche à te tuer, dit-il laconiquement.

Le sourire de Faith s’effaça.

— Laisse-moi t’aider, je t’en prie. Laisse-moi continuer à analyser la liste de la fondation. Ça au moins, je peux m’en charger.

— Uniquement si tu restes dans un endroit où je te sais en sécurité. C’est tout ce que je demande, Faith.

— C’est promis. J’irai au central et j’y resterai toute la journée.

Elle l’embrassa au coin de la bouche avec tendresse, prenant soin d’éviter la petite coupure de sa lèvre inférieure.

— C’est moi qui ai fait ça ?

Le corps de Deacon réagit instantanément.

— Oui, mais j’aime bien quand tu es sauvage.

Elle écarquilla les yeux en sentant l’érection de Deacon se renforcer, pressant contre sa cuisse.

— On ferait mieux de se rendormir. Mais, tout à coup, je ne suis plus aussi fatiguée.

Il lui adressa un lent sourire.

— Comment pourrait-on s’y prendre pour se fatiguer un peu ?

En un clin d’œil, elle changea de position et le chevaucha.

— J’ai bien quelques idées.

— J’espérais bien que tu dirais ça.

Sur tes traces
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