Cincinnati, Ohio
Mercredi 5 novembre, 22 h 30

Deacon ne sut pas comment il était arrivé jusqu’à la salle de bains, tant son sexe était rigide. Il régla l’eau tiède, puis se tourna vers Faith.

— J’ai envie de toi, tout de suite.

Il souleva l’ourlet du chemisier et le fit passer par-dessus la tête de Faith, puis laissa son regard s’attarder sur la peau nue.

— Tu es terriblement belle.

Elle l’était. Elle avait les seins parfaitement adaptés à ses mains, à sa bouche. Le corps souple et ferme. Il l’attira vers lui, en faisant un pas pour la rencontrer à mi-chemin.

Lentement, avec douceur. Pas comme les autres fois. Mais son cœur battait si fort, qu’il ne percevait rien d’autre. Il lui effleura la bouche d’un baiser et l’entendit soupirer.

— Tu embrasses si bien, Deacon. Embrasse-moi encore.

Il obéit, essayant de conserver le même mode léger, mais elle lui donna un petit coup de langue sur la lèvre qui entama sérieusement sa résolution. Il écarta les mèches qui voilaient le visage de Faith, lui embrassa gentiment le front, avant de glisser l’index sous son menton et de lui soulever légèrement la tête. Elle lui sourit.

— Je ne céderai pas, Deacon.

Non, elle ne céderait pas. Elle plierait et trouverait tous les moyens de tirer le meilleur parti de situations que d’autres trouveraient insupportables. Mais elle ne céderait pas.

— Je sais, dit-il.

Et il put voir qu’elle comprenait le sens de ses paroles.

— Merci, chuchota-t-elle.

Elle déploya les doigts en éventail sur son torse, réveillant le feu qui couvait en lui. Elle joua avec la toison qui couvrait ses pectoraux, les derniers poils de son corps à avoir blanchi. Mais elle ne paraissait pas s’en soucier. Elle l’examinait avec attention. Intriguée. Excitée.

— Touche-moi, je t’en prie, plaida-t-elle. J’ai l’impression d’avoir attendu une éternité que tu me touches de nouveau.

Il inspira profondément et pria pour reprendre le contrôle de ses actes.

— Dans ce cas, enlève ton jean et entre dans cette douche, parce qu’une fois que je t’aurai touchée je ne pourrai pas m’arrêter.

Avant qu’il n’ait eu le temps de cligner des yeux, elle s’était débarrassée de son jean et de son slip du même geste et les avait projetés par la porte de communication dans la chambre d’où elle était venue.

— Prem’s…  !

Elle sauta dans la cabine de douche et son visage se para d’une expression extatique en pénétrant dans l’atmosphère chaude et humide. Elle gémit et offrit son visage au jet.

— Oh ! mon Dieu ! C’est délicieux.

Il resta figé sur place, incapable de quitter du regard ses courbes et ses longues jambes superbement nerveuses. Les fois précédentes, il avait été si pressé d’être en elle qu’il n’avait pas pris le temps de la contempler. Alors, il en profitait, savourant la vision de chaque centimètre carré de la peau de Faith.

Elle lui fit face, les cheveux trempés. L’eau striait sa peau, courait le long de son corps, ruisselait sur ces beaux seins, le long de son estomac et au cœur de ce buisson de boucles rouge sombre au parfum si délicieux. Je commencerai par là, décida-t-il.

— Tu as changé d’avis ? le taquina-t-elle.

— Jamais.

Deacon desserra sa ceinture, sortit la bande de préservatifs de sa poche, puis laissa tomber son pantalon et son boxer sur le carrelage. Toujours sans la quitter des yeux, il arracha une des capotes.

— Je réfléchis juste à ma stratégie.

Elle éclata de rire.

— Je mérite une stratégie ? Je ne suis pas si complexe.

La poitrine de Deacon se serra si durement qu’il dut inspirer avec effort, juste pour donner à son cœur un peu de place pour battre.

— Tu es magnifique quand tu ris.

Mais cela allait plus loin. La voir rire, savoir qu’il la rendait heureuse au milieu de ce chaos et de toute cette souffrance…

Il éprouvait l’envie ridicule de hurler : « Je suis le roi du monde ! » mais il n’allait pas y céder. Elle le regarda avec méfiance, tandis qu’il pressait le flacon de shampooing et recueillait au creux de sa paume dix fois plus de produit qu’il n’en aurait jamais besoin. Méfiance qui se mua en surprise en le voyant tendre la main vers sa tête.

— Tu vas me laver les cheveux ?

— Bien sûr, dit-il, puis il se pencha pour lui chuchoter à l’oreille. Je vais te laver partout.

Elle eut un long frisson.

— Je me demande pourquoi ça a l’air si coquin ?

Il gloussa et lui massa le crâne, lui arrachant de nouveaux gémissements d’aise.

— Parce que, si les choses se passent selon mes plans, c’est ce que j’ai prévu. J’adore tes cheveux, Faith.

Elle ferma les yeux.

— J’aime aussi les tiens. On dirait le lac Erié.

Ses mains s’immobilisèrent, comme il essayait de saisir la métaphore, de l’eau savonneuse baigna le visage de Faith qui crachota et protesta :

— Deacon, attention.

Il reprit sa tâche.

— En quoi mes cheveux ressemblent-ils au lac Erié ?

— Mmm… C’est vraiment délicieux.

En voyant un sourire rêveur jouer sur ses lèvres, il décida que, dorénavant, c’est lui qui lui laverait les cheveux. Ne serait-ce que pour revoir cette expression de félicité sur son visage.

— Un hiver, mon père, ma belle-mère et moi sommes allés rendre visite à la famille de Lily, à Buffalo. Nous sommes passés en voiture près du lac, qui était gelé. Mais ce n’était pas plat comme du verre. Les vagues avaient gelé. On aurait dit que Iceman était passé par là, dit-elle, avant d’ouvrir un œil. Tu connais Iceman, n’est-ce pas ?

— J’ai Iceman, affirma-t-il. Volume un. Un cadeau de Noël de Dani. Ça ne valait pas grand-chose, mais elle n’était qu’une gamine quand elle me l’a acheté, alors ça voulait dire beaucoup. Elle était Malicia et j’étais Iceman. Ce n’était qu’une blague, mais ça nous a aidés à passer un cap difficile.

Il se mit en devoir de rincer les cheveux de Faith, qui ferma de nouveau les yeux.

— Dani m’a expliqué que vous avez dû vivre avec votre oncle pendant quelque temps, après la mort de votre père. C’était à ce moment-là ?

— Oui.

D’ordinaire, l’évocation de cette époque lui laissait un goût amer mais, ce soir, il était sous la douche avec une magnifique femme nue. L’amertume n’était pas la bienvenue, ici, il chassa donc ces souvenirs de son esprit.

— Le lac Erié, donc ?

— Je trouvais que le lac avait l’air magique, comme si on l’avait fouetté et instantanément congelé. Papa disait que c’était parce que les vagues continuaient à déferler et venaient se geler par-dessus ce qui était déjà congelé, mais j’aimais mieux l’explication de la magie. Quand je t’ai vu sur la scène de crime d’Arianna, lundi soir…

Il sentit son cœur se serrer.

— Tu croyais que j’étais magique ?

— Je croyais que tu étais un super-héros.

Elle dégagea les mèches qui lui collaient aux joues et ouvrit les yeux, le visage soudain grave. Elle passa un doigt sur sa lèvre supérieure, puis continua :

— Je n’étais pas tombée trop loin.

L’émotion l’envahit avec la puissance d’une avalanche. Il saisit le visage de Faith et l’embrassa avec une force qui l’amena au seuil de la douleur, mais elle répondit à son ardeur et lui rendit son baiser. Il fit courir les mains le long de ses courbes, mit les paumes en coupe autour de ses seins, les pouces agaçant ses tétons, les tordant légèrement jusqu’à ce qu’elle hoquette contre sa bouche. Il recula brusquement, prêt à présenter des excuses, mais elle ne semblait pas avoir mal.

Elle paraissait affamée.

— Dépêche-toi, Deacon. J’ai besoin de toi.

Il se mit du savon sur les mains et entreprit de la laver, progressant lentement vers le bas de son corps. Elle le regardait faire, les yeux mi-clos. Impatiente. Il porta une attention particulière à ses genoux et à ses pieds, où les griffures et les écorchures gagnées en escaladant un talus rocailleux pour sauver une jeune femme inconnue étaient sans doute encore douloureuses. Il en eut la preuve en entendant un léger gémissement sortir de sa gorge, quand il toucha un endroit sensible sur un de ses pieds.

— Deacon, s’il te plaît, dit-elle en l’empoignant par les épaules pour essayer de le remettre debout. Dépêche-toi.

— Je ne veux pas me presser cette fois.

Il lui repoussa gentiment les mains et se mit à lui laver les jambes en remontant, l’entendant gémir lorsqu’il lui caressa l’intérieur des cuisses de ses pouces. De ses doigts glissants de savon, il explora les replis intérieurs encore plus glissants, sans pour autant accentuer la pression. Trop tôt. Lorsqu’il la rinça, elle avait les jambes tremblantes.

— Je t’en prie, murmura-t-elle. Ou je le ferai moi-même.

A cette évocation, le désir investit Deacon.

— La prochaine fois. Je veux te regarder.

Elle eut un petit rire et lui tira les cheveux d’un geste taquin.

— Couvre-toi la bouche, indiqua-t-il. Ne fais pas de bruit. Bishop a l’ouïe fine.

Puis il posa sa bouche sur elle. Le gémissement étouffé de Faith était un des sons les plus érotiques qu’il lui ait jamais été donné d’entendre. Sur sa langue, le goût du savon se mêlait à celui de la chair. Il lapa et lécha de tout son cœur, jusqu’à ce que les genoux de Faith se dérobent. Il la prit alors par les hanches et la poussa contre le carrelage du mur pour la maintenir debout.

Elle était tout près de basculer. Il le sentait. En levant les yeux pour la regarder, il plongea sa langue en elle. Le corps de Faith se cambra comme un arc tendu. Les épaules pressées contre le mur, la tête rejetée en arrière, elle se mordait la lèvre pour contrôler son cri. Puis elle s’affaissa, sans force. Hébétée, elle cillait lentement.

Il se leva et chercha à l’aveuglette la capote qu’il avait laissée à l’extérieur de la cabine. Il tremblait maintenant, ses mains fébriles ne parvenaient pas à déchirer l’emballage. Elle le relaya, les gestes lents mais assurés.

— Je voudrais te faire la même chose, marmonna-t-elle. Mais j’ai trop envie de t’avoir en moi.

Elle glissa le préservatif sur son sexe, tout en continuant à lui caresser les testicules.

— Non. Je ne pourrai pas résister, dit-il d’une voix rauque. Si tu me touches, je vais jouir tout de suite.

Elle écarta immédiatement les mains et les leva comme si elle était victime d’un braquage.

— Dépêche-toi, Deacon.

— Je veux prendre mon temps.

Il la souleva et lui plaça les jambes autour de ses hanches.

— Je veux que ça dure à l’infini, reprit-il.

— Je vais te frapper, menaça-t-elle. Je jure que je vais te frapper si…

Le reste de la phrase se perdit dans un gémissement étranglé, quand il commença à entrer en elle.

— Oui. S’il te plaît, dit-elle en arquant le dos, le faisant pénétrer un peu plus. C’est bon. C’est si bon. Encore. Donne-moi plus.

Il s’efforçait à la retenue, mais elle saisit ses hanches et l’attira vers elle, brisant le peu de contrôle qui lui restait. En laissant échapper un grognement sourd, il la pénétra jusqu’à la garde d’une seule poussée, tout en lui couvrant la bouche avec la sienne pour absorber un hoquet de plaisir. Il se mit à bouger, son esprit lui commandait la mesure, mais son corps l’entendait autrement. Il se surprit à la pilonner, la danse de ses hanches s’accordait au rythme de plus en plus rapide de l’incantation sensuelle de Faith.

Ses encore, encore, encore devinrent des oui, oui, oui, puis s’essoufflèrent en presque, presque. Elle était si belle, sa voluptueuse déesse aux yeux verts. Qui me désire. Aussi ardemment que je la désire.

Son orgasme se libéra, une explosion détona dans ses reins et se répandit à travers tout son corps, tel un torrent furieux. Il enfouit le visage au creux de l’épaule de Faith pour étouffer ses cris. Sa jouissance déclencha celle de Faith, qui se mordit la lèvre pour retenir ses cris, alors qu’elle ruait et se cabrait contre lui.

Deacon frissonnait, ses membres semblaient avoir pris la consistance du caoutchouc.

— Oh ! mon Dieu. Je ne tiens plus debout.

De peur de finir sur les fesses et d’entraîner Faith dans sa chute, il se cala dans la douche, un pied contre un des murs, le dos contre celui d’en face.

Une main contre le carrelage, l’autre soutenant Faith, il se retira, avec l’impression de perdre quelque chose. Il l’aida ensuite à s’asseoir sur le bord de la baignoire, puis se débarrassa du préservatif et coupa l’eau.

Le regard de Faith s’attarda sur son entrejambe et elle se lécha les lèvres. Son pénis frémit avec espoir, mais elle secoua la tête.

— Je prendrai ma revanche une autre fois, dit-elle. Je n’ai plus une once d’énergie. Je ne suis même pas certaine d’arriver jusqu’au lit.

Après l’avoir aidée à sortir de la douche, il la sécha aussi lentement qu’il l’avait lavée. Quelques minutes plus tard, elle se nicha contre lui en cuillère, les bras de Deacon serrés autour d’elle, et s’endormit rapidement. Il prit un instant pour graver cet instant dans sa mémoire. Il était heureux. En paix.

Demain, il faudrait continuer à identifier des victimes. Mais, jusque-là, il laisserait son corps et son esprit au repos. Il ne manquerait pas cette occasion de savourer la sensation de tenir contre lui une femme magnifique, gentille et courageuse, qui le prenait pour un super-héros.

Sur tes traces
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