Cincinnati, Ohio
Lundi 3 novembre, 21 h 55

Quand Faith se réveilla en sursaut, elle perçut une odeur de cèdre et une voix masculine au timbre de basse.

Désorientée, elle écarquilla les yeux et fut prise de panique. Son corps plongea en avant, mais fut brutalement ramené contre le dossier, fermement maintenu par la ceinture de sécurité. Un élancement douloureux lui traversa le bas du dos, le brouillard s’éclaircit. Ah, ouais. Je suis rentrée dans un arbre.

Et elle avait trouvé la fille. Arianna. Un frisson d’épouvante chassa la douleur. Elle me connaît.

Elle tourna la tête. Novak était en pleine communication sur son portable. Les phares des voitures qui les croisaient soulignaient la blancheur de ses cheveux et le contraste avec sa peau tannée. Elle se demanda si c’était sa couleur naturelle ou s’il était un adorateur du soleil. Bref, des réflexions qui n’avaient rien de pertinent.

C’était un flic. Une dangereuse espèce de flic. Un qui lui inspirait l’envie de lui faire confiance.

D’ailleurs, elle s’était effectivement fiée à lui, plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Ou alors, elle s’était endormie sur le trajet parce qu’elle était plus éprouvée qu’elle ne le pensait. La dernière chose dont elle se souvenait était l’autoroute, ils roulaient maintenant en ville.

— Merci de me rappeler aussi vite, disait-il à son correspondant, à mi-voix. Tu es là, ce soir ?

La réponse n’avait pas dû être celle qu’il attendait, car sa bouche se pinça, dévoilant sa frustration.

— Désolé, chuchota-t-il. J’ai oublié. Peux-tu être là ce soir ?

Son front se détendit, il était visiblement soulagé.

— Merci. Je te dois une fière chandelle… D’accord, tout un chandelier, si tu veux. J’ai besoin que tu examines un témoin. Elle a eu un accident de voiture, ce soir… Quelques points de suture. Peut-être une commotion cérébrale.

Je n’ai pas de commotion cérébrale, eut envie de rétorquer Faith, mais elle retint sa remarque acerbe, car l’expression de Novak s’était brusquement tendue, pendant qu’il écoutait son correspondant.

— Dis-lui que nous aurons une conversation demain matin avant son départ pour l’école. Et aussi de laisser ses devoirs en évidence sur la table de la cuisine. D’ailleurs, il ferait bien de s’assurer qu’on voit clairement qu’il a travaillé. Merci, Dani.

Faith tiqua. Ecole ? Avait-il un fils ? Une épouse ? Ou peut-être une petite amie ? Et qui était Danny ? Le baby-sitter ? Non, parce que, apparemment, il venait à l’hôpital pour lui faire des points de suture à la tête. Donc, il était sans doute médecin. L’amant de Novak ? Novak était-il gay ?

Et alors ? Qu’est-ce que ça peut faire ? Cela n’avait aucune importance, bien sûr. D’ailleurs, cela ne la regardait pas.

Novak écouta Danny, puis soupira avec lassitude.

— Non, ça va. Je vais y aller. Tu t’en es chargée toutes les autres fois, alors c’est mon tour… Non, ne lui en parle pas. Laisse-le croire que c’est toi qui iras. Il faut le déstabiliser, sinon on sera cuits avant même d’avoir commencé.

Les commissures de ses lèvres se retroussèrent pour composer un sourire ironique en réaction à ce que venait de dire Danny. Faith fut troublée.

Novak était un bel homme mais, lorsqu’il souriait, il était irrésistible.

— Tu sais que je connais l’endroit, dit-il avec amusement.

Puis, il haussa ses sourcils blancs.

— Elle est encore là ? Bon sang, j’y crois pas. Je pensais qu’elle était morte et enterrée, depuis longtemps. J’imagine que ce sont seulement les meilleurs qui meurent jeunes.

Il jeta un coup d’œil vers Faith, constata qu’elle était réveillée, et son expression se durcit.

— Il faut que j’y aille, Dani. A tout à l’heure, conclut-il, avant de glisser le téléphone dans sa poche. Désolé, pour le coup de fil.

Faith savait qu’elle aurait dû se taire, mais quelque chose dans le sourire de Novak la rendait stupide. Elle voulait savoir s’il avait un fils. Et une épouse. Par pure curiosité. Rien de plus.

— Comme ça, vous avez des devoirs à vérifier. Ceux de qui ?

Il marqua un instant d’hésitation, puis haussa les épaules.

— Ceux de mon frère. Il est en première année au lycée.

Ce n’est pas son fils. Ses yeux s’agrandirent comme elle achevait le calcul.

— Waouh. Ça a dû être une sacrée surprise pour votre mère. Vous avez pas mal d’années d’écart.

Son frère devait avoir quatorze ou quinze ans, et lui semblait avoir trente ou trente-cinq ans.

Un autre sourire ourla les lèvres de Novak. Si celui-ci était triste, l’effet restait tout aussi ravageur.

— Oui, en effet.

— Si je comprends bien, votre frère a des ennuis ?

Novak soupira.

— Il s’est bagarré, parce que c’est un petit emmerdeur rebelle.

— C’est le cas de la plupart des adolescents, fit-elle gentiment remarquer.

Un grognement d’agacement roula dans sa gorge.

— La plupart ne sont pas renvoyés temporairement de l’école deux fois en autant de mois.

Son côté de la conversation commençait à être plus compréhensible.

— Vous êtes convoqué chez la principale.

— C’est ça. Et je ne suis pas particulièrement impatient d’y être.

Elle retint un sourire.

— Vous y avez passé pas mal de temps, dans son bureau, pas vrai ?

Il lui glissa un regard circonspect.

— Précisez « pas mal ».

Elle gloussa, charmée en dépit de ses préventions.

— Si je dois quantifier ledit temps, ça répond à la question.

A cet instant, un détail de la conversation prit une nouvelle signification.

— Vous avez fréquenté la même école que votre frère ? demanda-t-elle brusquement.

Il avait souri en entendant le petit rire de Faith mais, en entendant la question, son expression se nuança d’une curiosité neutre.

— Qu’est-ce qui vous fait penser ça ?

Une fois de plus, il avait évité de répondre. La déception serra la gorge de Faith. Elle espérait vraiment qu’il serait différent. Tu es complètement idiote, ma pauvre fille.

— Peut-être parce que la même principale est toujours en poste ? Vous savez, si vous ne vouliez pas me donner le nom d’un avocat de la défense, il suffisait de le dire. Vous n’aviez pas besoin de me raconter que vous veniez d’arriver ici et que vous n’en connaissiez pas. Mon Dieu. Je continue à espérer que j’ai tort, mais vous êtes vraiment tous les mêmes. Vous mentez sur les petites choses et ensuite vous vous étonnez que les gens ne veuillent pas vous confier leur vie.

Il garda un long silence, puis finit par laisser échapper un profond soupir.

— Je ne vous ai pas menti. J’ai grandi à Cincinnati, à Norwood, plus précisément, puis nous avons vécu à Clifton. Entrez mon nom dans Google, si vous voulez vérifier. Lors de ma dernière année de lycée, j’ai atteint la finale de l’Etat dans les épreuves de course et il y a même eu un article dans le journal. Vous devriez pouvoir le retrouver dans les archives. Mais, pendant mes années d’université, je ne revenais que pour les vacances et les anniversaires. Après mon diplôme, je me suis engagé au Bureau et j’ai travaillé à travers tout le pays. Et puis, j’ai été transféré ici, il y a un mois. J’ai dit que mon affectation était récente. D’un point de vue professionnel, je suis nouveau, mais pas dans la région. Je n’avais pas l’intention de vous tromper.

— Je vois.

Elle en avait appris plus qu’elle ne s’y attendait. La voix de Novak avait résonné d’une certaine rudesse, qui l’amenait à s’interroger sur les raisons qui avaient poussé un jeune homme à ne rentrer chez lui que pour les anniversaires et les vacances. Par ailleurs, ses justifications avaient fait naître en elle un sentiment de soulagement dont l’intensité la déconcertait. Elle n’avait pas simplement espéré qu’il serait différent. Elle voulait qu’il le soit. Et elle ne savait que faire de cette découverte.

— Acceptez mes excuses, agent Novak.

— Tout va bien.

Il s’arrêta à un feu rouge et fixa Faith, arquant un de ses sourcils blancs.

— Je peux comprendre que vous ayez fait des suppositions en vous fondant simplement sur mes antécédents.

Il ne m’a pas ratée. Ses joues flambèrent et, à voir le pli amusé des lèvres de Novak, lui aussi avait remarqué.

— Touché, dit-elle. Pour mémoire, je reconnais mes torts. Je suis navrée.

L’expression ironique de Novak s’effaça, son regard singulier se fit plus intense. Même si elle en avait eu l’intention, Faith n’aurait pas pu détourner les yeux.

— Merci, docteur Corcoran. Et, pour mémoire, je ne vous ai pas menti une seule fois de toute la soirée.

Le regard de Faith se nuança de défi.

— Certes, mais vous avez omis des informations. Comme ce que vous avez réellement trouvé dans la cave de la maison. Ce que je continue à vouloir savoir, d’ailleurs.

— J’en suis conscient, répondit-il avec calme. Et je vous dirai ce que je pourrai, quand je le pourrai. Quant aux omissions, rien ne m’empêche de vous retourner la remarque. Mais j’imagine qu’il s’agissait de protéger votre sécurité personnelle.

La gorge serrée, Faith songea à son ancien patron. Elle avait le sang de Gordon sur les mains, au propre comme au figuré. Elle pensa à son père, dont le cœur ne pourrait supporter le stress de la savoir menacée. A tous les gens de son ancien immeuble, qui devaient s’estimer heureux d’être sortis vivants de l’incendie.

— La sécurité des autres est aussi en jeu, ajouta-t-elle.

Novak fronça les sourcils, mais le feu passa au vert et il reporta son attention sur la circulation.

— Vous avez récemment découvert d’autres jeunes femmes à moitié mortes ?

— Non. Mais j’ai tout l’air d’être un aimant pour la violence.

— Vous me parlerez de cette violence plus tard, dit-il avec sévérité.

De toute évidence, ce n’était pas une requête, mais Faith n’en prit pas ombrage. Il y avait des vies en jeu, juste comme cela avait été le cas à Miami.

— Bien sûr.

Ils bifurquèrent et les lumières vives de l’hôpital apparurent devant eux, lui rappelant la conversation téléphonique qu’elle avait surprise à son réveil.

— Qui est Danny et pourquoi lui avez-vous demandé de venir me raccommoder alors qu’il a une soirée de repos ?

— Qu’elle a une soirée de repos. Danika est un des médecins traitants du Cincinnati General.

Qu’elle. Danika était donc une femme. Ce qui n’était pas un problème en soi. Sauf que le retour de Novak ne datait que d’un mois et qu’il n’avait pas encore constitué de réseau professionnel.

— Vous la connaissez depuis longtemps ? demanda-t-elle avec circonspection.

Un ombre de sourire joua sur les lèvres de Novak.

— Oh ! ça remonte à très longtemps, je vivais encore ici à l’époque. Ne vous inquiétez pas. C’est un très bon médecin.

Avec horreur, Faith sentit monter une flambée de jalousie qu’elle dut s’empresser de réprimer, de crainte de se laisser totalement submerger.

— Je n’ai jamais voulu suggérer le contraire. Mais je suis étonnée de bénéficier d’un traitement de faveur. J’imaginais passer au tri et patienter deux ou trois heures en salle d’attente.

Les lèvres de Novak se crispèrent en une ligne mince.

— Nous ne disposons pas de deux ou trois heures. Il nous faut trouver Corinne Longstreet avant qu’elle ne finisse comme Arianna. Ou pire.

En imaginant que ce ne soit pas déjà le cas, songea tristement Faith.

— Ou pire, répéta-t-elle à voix basse.

— Dani ne sait pas exactement quand elle pourra s’occuper de vous, mais elle fera au plus vite. Bien sûr, si un patient en danger de mort se présente, il aura la priorité, mais elle n’est pas de service ce soir, elle sera donc plus rapidement disponible pour vous que les autres médecins.

Il engagea le SUV dans le parking des urgences.

— On va vous installer dans une salle d’examen privée, et nous allons discuter.

— Une salle privée ? Pas la salle d’attente ?

— Ça fait partie du plan. Je ne sais pas combien de temps ça risque de durer, mais je ne crois pas qu’il soit prudent de vous garder en salle d’attente pendant des heures. Arianna aussi est hospitalisée ici et je sais qu’il y aura des journalistes dans le coin. Il ne leur faudra pas bien longtemps avant d’apprendre ce qui se passe dans votre maison. Avec les projos, l’endroit est plus éclairé que la surface de ce putain de soleil. Si l’un d’eux vous voit avec moi, il lui suffira d’additionner deux et deux pour que vous fassiez la première page des infos. A mon avis, avoir votre visage en ligne n’est pas le meilleur moyen d’échapper au radar de votre harceleur.

L’angoisse comprima les poumons de Faith en chassant l’air, lorsqu’elle imagina que Peter Combs pourrait connaître son nouveau lieu de résidence.

— Non, en effet.

Elle se tut, le temps d’évaluer longuement Novak du regard.

— Merci. Je ne m’attendais pas à ça.

— A quoi ?

Elle haussa les épaules, gênée.

— A de la prévenance de la part d’un flic. Vous êtes très gentil.

— J’en tire aussi un avantage. Un endroit privé garantit également que notre conversation ne sera pas entendue.

Il coupa le moteur, puis s’adossa confortablement et la considéra d’un œil inquisiteur mais troublé.

— Miami est une grande ville. Vous devez bien avoir connu quelques flics décents.

Il avait révélé quelques détails sur lui-même. Ça semblait juste de lui rendre la pareille.

— Je pensais que celui que j’avais épousé l’était.

Novak se figea, son regard se durcit et il serra les mâchoires.

— Il vous a fait du mal ?

— Pas comme vous pourriez le penser, s’empressa-t-elle de préciser. Si notre divorce a été loin d’être courtois, Charlie n’était pas un homme violent. Mais j’imagine que colporter des ragots à mon sujet auprès de ses amis devait lui faire du bien, parce qu’il ne s’en est pas privé.

Le visage de Novak avait revêtu l’expression du début de la soirée, lorsqu’il l’étudiait comme si elle était exposée dans un bocal à spécimen. Maintenant, elle le soupçonnait d’user de cette attitude pour jouer sur les nerfs de ceux qu’il interrogeait.

— C’est à cause de ça que vous n’aimez pas les flics ?

— C’est une des raisons.

— J’ai hâte d’entendre les autres, dit-il d’un ton sec.

Il sortit du SUV et fit le tour pour lui ouvrir la portière, avant de lui tendre la main.

— Vous devez être moulue après le choc avec cet arbre, reprit-il. Je ne tiens pas à vous voir tomber une fois de plus. Permettez-moi de vous aider.

Elle lui prit la main avec précaution, s’étonnant de la délicatesse du geste de Novak. C’était un des aspects qui la surprenaient le plus chez lui, qu’il soit capable d’autant de douceur. Dès que ses pieds furent solidement posés au sol, il la lâcha, restant assez proche pour la retenir si elle perdait l’équilibre. Mais assez loin pour ne pas la paniquer.

Il apprenait vite.

— Merci…

Les mots moururent sur les lèvres de Faith. Mâchoires crispées, il fixait sa gorge. Elle savait ce qui avait attiré son attention. Pendant qu’elle s’extrayait du SUV, le col boule de son pull avait bougé, dévoilant la cicatrice que Peter Combs lui avait laissée en souvenir. Soudain gênée et agacée de l’être, elle tira sur une mèche de cheveux pour recouvrir la cicatrice.

— Non, dit-il, le regret épaississant sa voix.

D’un geste attentionné, il repoussa la mèche et la remit derrière l’épaule de Faith.

— Inutile de la cacher. Je vous présente mes excuses, Faith. Quand les gens me dévisagent, j’ai horreur de ça et je viens juste de vous infliger le même traitement.

— Ne vous inquiétez pas, fit-elle avec sincérité. J’y suis habituée.

— Moi aussi. Mais je n’apprécie pas pour autant. C’est Peter Combs qui vous a fait ça ?

Elle acquiesça en ramenant la mèche au-dessus de la cicatrice.

— Oui. Entre autres.

— Il faudra que vous m’en parliez.

Il tira une écharpe de laine de la poche de son manteau de cuir et la drapa autour du visage de Faith, cachant sa bouche et son nez. Mais également sa gorge.

— De cette façon, si un journaliste prend une photo, personne ne pourra vous identifier.

Une fois encore, elle fut touchée par sa prévenance.

— Merci.

Il leva les sourcils d’un air moqueur.

— C’est compris dans le service bon flic. Tenez, une des infirmières nous fait signe, du côté de la porte latérale. Il est temps d’y aller.

Sur tes traces
titlepage.xhtml
part0000.html
part0001.html
part0002_split_000.html
part0002_split_001.html
part0002_split_002.html
part0002_split_003.html
part0002_split_004.html
part0002_split_005.html
part0003_split_000.html
part0003_split_001.html
part0003_split_002.html
part0003_split_003.html
part0003_split_004.html
part0003_split_005.html
part0004_split_000.html
part0004_split_001.html
part0004_split_002.html
part0004_split_003.html
part0004_split_004.html
part0005_split_000.html
part0005_split_001.html
part0005_split_002.html
part0006_split_000.html
part0006_split_001.html
part0006_split_002.html
part0007_split_000.html
part0007_split_001.html
part0007_split_002.html
part0007_split_003.html
part0007_split_004.html
part0007_split_005.html
part0008_split_000.html
part0008_split_001.html
part0008_split_002.html
part0009_split_000.html
part0009_split_001.html
part0009_split_002.html
part0009_split_003.html
part0010_split_000.html
part0010_split_001.html
part0010_split_002.html
part0011_split_000.html
part0011_split_001.html
part0011_split_002.html
part0011_split_003.html
part0011_split_004.html
part0012_split_000.html
part0012_split_001.html
part0012_split_002.html
part0012_split_003.html
part0012_split_004.html
part0013_split_000.html
part0013_split_001.html
part0013_split_002.html
part0013_split_003.html
part0013_split_004.html
part0013_split_005.html
part0013_split_006.html
part0014_split_000.html
part0014_split_001.html
part0014_split_002.html
part0014_split_003.html
part0015_split_000.html
part0015_split_001.html
part0015_split_002.html
part0015_split_003.html
part0015_split_004.html
part0015_split_005.html
part0016_split_000.html
part0016_split_001.html
part0016_split_002.html
part0017_split_000.html
part0017_split_001.html
part0017_split_002.html
part0017_split_003.html
part0017_split_004.html
part0018_split_000.html
part0018_split_001.html
part0018_split_002.html
part0018_split_003.html
part0019_split_000.html
part0019_split_001.html
part0019_split_002.html
part0019_split_003.html
part0019_split_004.html
part0020_split_000.html
part0020_split_001.html
part0020_split_002.html
part0020_split_003.html
part0021_split_000.html
part0021_split_001.html
part0021_split_002.html
part0021_split_003.html
part0021_split_004.html
part0022_split_000.html
part0022_split_001.html
part0022_split_002.html
part0022_split_003.html
part0023_split_000.html
part0023_split_001.html
part0023_split_002.html
part0023_split_003.html
part0023_split_004.html
part0023_split_005.html
part0023_split_006.html
part0023_split_007.html
part0024_split_000.html
part0024_split_001.html
part0024_split_002.html
part0024_split_003.html
part0025_split_000.html
part0025_split_001.html
part0025_split_002.html
part0025_split_003.html
part0025_split_004.html
part0026_split_000.html
part0026_split_001.html
part0027_split_000.html
part0027_split_001.html
part0027_split_002.html
part0027_split_003.html
part0028_split_000.html
part0028_split_001.html
part0028_split_002.html
part0028_split_003.html
part0028_split_004.html
part0028_split_005.html
part0029_split_000.html
part0029_split_001.html
part0029_split_002.html
part0029_split_003.html
part0029_split_004.html
part0029_split_005.html
part0029_split_006.html
part0029_split_007.html
part0030_split_000.html
part0030_split_001.html
part0030_split_002.html
part0030_split_003.html
part0030_split_004.html
part0031_split_000.html
part0031_split_001.html
part0031_split_002.html
part0031_split_003.html
part0032_split_000.html
part0032_split_001.html
part0032_split_002.html
part0032_split_003.html
part0032_split_004.html
part0033_split_000.html
part0033_split_001.html
part0033_split_002.html
part0033_split_003.html
part0033_split_004.html
part0033_split_005.html
part0033_split_006.html
part0033_split_007.html
part0034_split_000.html
part0034_split_001.html
part0034_split_002.html
part0034_split_003.html
part0034_split_004.html
part0035_split_000.html
part0035_split_001.html
part0035_split_002.html
part0035_split_003.html
part0036_split_000.html
part0036_split_001.html
part0036_split_002.html
part0036_split_003.html
part0036_split_004.html
part0036_split_005.html
part0037_split_000.html
part0037_split_001.html
part0037_split_002.html
part0037_split_003.html
part0037_split_004.html
part0037_split_005.html
part0037_split_006.html
part0037_split_007.html
part0037_split_008.html
part0037_split_009.html
part0038.html
part0039.html