Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 21 h 5

Keith passa un bras protecteur autour des épaules de Jeremy.

— Laisse tomber, je t’en prie, souffla-t-il. Ne leur donne pas l’occasion de te faire encore du mal.

— A quel jour faites-vous allusion, docteur O’Bannion ? demanda Deacon.

— A une journée qui remonte à vingt-trois ans, répondit Jeremy, comme si sa réponse expliquait tout.

— Etait-ce à la mort de votre père ?

Jeremy leva les yeux, fronçant légèrement les sourcils.

— Non, ça s’est passé quelques jours plus tard.

Deacon sentit les poils de sa nuque se hérisser.

— Le jour où la mère de Faith est morte.

— Non. La veille, dit Jeremy en déglutissant avec peine. J’aimais ma sœur. Mais elle a pris leur parti, pas le mien. C’est le dernier souvenir qu’il me reste d’elle.

— Jeremy, dit Keith d’un ton désespéré. Tu n’as pas à t’infliger ça.

— S’infliger quoi ? murmura Bishop. Je ne comprends pas.

— Moi non plus, je n’ai pas compris, dit Jeremy. Et je ne comprends toujours pas.

Keith laissa échapper un soupir qui siffla entre ses dents serrées.

— Ils l’ont traité comme un… Comme un pédophile. Simplement parce qu’il avait fini par révéler à son père sa vraie nature.

— La vraie nature de votre père ? demanda Deacon, jouant les naïfs.

Jeremy eut un demi-sourire sarcastique, comme si cette ruse était vraiment trop transparente.

— Non, agent Novak. Ma vraie nature. Ce que je suis.

— Homosexuel, précisa Deacon d’un ton neutre. A l’époque, ce n’était pas un sujet très facile à aborder dans une famille catholique.

— En effet. Et ça reste vrai dans de nombreux cas, mais c’était vraiment terrible, à l’époque.

Jeremy prit une profonde inspiration, qu’il rejeta en un long soupir, avant de continuer son récit.

— Ça s’est passé la veille de la mort de Maggie. Le jour de la lecture du testament de mon père.

— Vous avez été déshérité, dit Deacon.

— Pas seulement moi. Nous tous. Hormis ma mère, bien sûr. Mais même elle a été injustement traitée, précisa-t-il avec un sourire amer. Mon père n’avait aucune bonté. Il était dur. « Qui aime bien châtie bien », telle était sa devise, surtout la deuxième partie.

— Il vous brutalisait physiquement ? s’enquit Bishop.

— Physiquement, émotionnellement. Sur tous les plans. Quand j’étais enfant, je croyais qu’il avait un sale caractère parce que nous étions pauvres. Après tout, c’est ce que répétait ma mère.

Deacon l’interrompit, intrigué.

— Pauvre ? J’étais persuadé que la famille avait toujours confortablement vécu des revenus du domaine.

— Ça a été le cas. Avant notre naissance, il y avait beaucoup d’argent dans la famille. Mais mes parents ont dépensé des millions pour soigner Joy.

— Elle a eu une leucémie, rappela Deacon.

— Oui. Mes parents ont désespérément cherché un traitement efficace. Malheureusement, rien de ce qu’ils ont essayé n’a fonctionné. Après sa mort, il ne restait plus de quoi entretenir les terres, la maison et payer les impôts. Il aurait été bien plus facile de tout vendre, mais mon père ne voulait pas en entendre parler. C’était la terre des O’Bannion. Le patrimoine des O’Bannion, insista Jeremy en levant les yeux au ciel. Tu parles ! Ce serait plutôt la malédiction des O’Bannion.

— Et comment a-t-il sauvé ce fameux patrimoine ? s’enquit Deacon.

— Je n’avais que cinq ans à la mort de Joy. Mais, d’après ce que j’en sais, il aurait cédé d’autres biens de la famille et investi à bon escient les sommes tirées de la vente. Et, bien sûr, il possédait quelques talents personnels. C’était un génie de la publicité. Certes, il avait cessé de travailler pendant la maladie de Joy mais, après sa mort, il a très bien gagné sa mort en vantant les produits des autres. En moins de dix ans, il avait de nouveau rempli les coffres de la famille. Quand il est mort, il avait réintégré le clan des riches.

Un court silence souligna le sourire caustique de Jeremy.

— Bien sûr, il a su favoriser son ascension financière. Figurez-vous qu’après la mort de Joy il n’a plus jamais dépensé son argent pour ses enfants. Mais je m’égare. Comme disait ma mère, l’eau a coulé sous les ponts, depuis. Vous me parliez donc du jour où j’ai compris que j’avais perdu ma famille.

Il est particulièrement amer, songea Deacon.

— Oui, le jour de la lecture du testament de votre père.

— Oui. A sa mort, mon père a tout légué à la fondation.

— Tout ? releva Bishop en haussant les sourcils. Il n’a rien laissé à sa famille ?

— Pas le moindre sou. Ma mère a reçu la maison et les terres, bien sûr. Après tout, il ne pouvait pas la jeter à la rue. Il a également mis en place un fonds en fidéicommis pour assurer ses dépenses quotidiennes, jusqu’à sa mort. Mais pour le reste d’entre nous… pas un sou. Je n’en avais pas besoin. A l’époque, j’étais marié à Della. Mais Jordan l’a très mal pris. Quant à Maggie, elle a été très perturbée par la nouvelle. Je crois qu’elle comptait sur cet argent. Rick, le père de Faith, était furieux qu’elle soit aussi bouleversée. L’argent des O’Bannion ne l’a jamais intéressé. J’ai l’impression que c’était un sujet de querelle récurrent entre eux. Ce jour-là, la dispute a été particulièrement violente et Faith s’est mise à pleurer.

Jeremy prit une expression peinée.

— J’ai toujours aimé Faith. C’était une gamine intelligente et drôle. Je voulais simplement la réconforter, je le jure. Au moment où j’ai passé mon bras autour de ses épaules, elle s’est transformée en furie et m’a griffé. L’instant d’après, Rick m’a sauté à la gorge en menaçant de me couper les couilles, si je la touchais encore une fois. D’abord, je me suis défendu en pensant que Maggie interviendrait pour l’arrêter. Mais ensuite je l’ai vue, blottie contre le mur avec Faith dans ses bras. Ma propre sœur me regardait comme si… comme si elle croyait son mari. Voilà le dernier souvenir que je garde d’elle.

Troublé, Deacon dut se souvenir qu’au début de l’entretien il considérait Jeremy, peut-être pas comme leur tueur, mais au moins comme un tordu. De toute évidence, l’homme était capable de masquer ce qui avait été une vile tentative de toucher sa propre nièce derrière un rideau de fumée qui le dépeignait comme la victime.

Cependant, le simple fait d’avoir des doutes à propos de Jeremy le perturbait.

— Qu’avez-vous fait ensuite, docteur O’Bannion ? demanda Bishop.

— J’étais effondré. Je savais que Rick n’avait jamais été très à l’aise en ma présence, mais il n’avait jamais laissé clairement paraître son aversion pour moi. Pas comme ce fameux jour. Et Maggie… Je croyais qu’elle m’aimait, mais elle avait l’air de vouloir me voir mort. C’est Faith qui a empêché son père de me tabasser. Elle a couru lui attraper le bras et l’a supplié de ne pas me faire de mal. Rick m’a jeté dehors, il m’a dit qu’il ne voulait plus jamais me revoir près de sa fille. Maggie n’a pas levé le petit doigt pour me défendre. Ensuite, j’ai quitté cette maison et je n’ai jamais regardé en arrière.

— Et votre mère ? demanda Bishop à voix basse.

Jeremy serra de nouveau les mâchoires.

— Elle avait déjà cessé de me parler.

Le bras de Keith serra plus étroitement les épaules de Jeremy.

— Disons que le père O’Bannion n’a pas très bien pris le coming out de Jeremy. Et sa mère l’a accusé d’avoir causé l’attaque cardiaque de Tobias, comme si le vieux ne s’empiffrait pas de gras, ne fumait pas comme un pompier et n’avait pas un tempérament explosif. Elle n’a jamais pardonné à Jeremy, jusqu’au jour où c’est son misérable cœur, à elle, qui a fini par céder.

— Pourtant vous espériez encore qu’elle vous léguerait la maison ? demanda Bishop avec compassion.

Jeremy haussa les épaules.

— Ce domaine a toujours appartenu aux O’Bannion. Je me suis imaginé qu’elle le laisserait à l’un de nous. Elle l’a légué à Faith et c’était son droit. Comme je l’ai dit, je n’ai pas besoin de l’argent que je pourrais tirer de la vente.

— Vous auriez vendu ? voulut savoir Deacon.

— Je n’aurais certainement pas vécu là-bas, dit Jeremy en frissonnant. Une baraque pleine de courants d’air. Probablement infestée de rats.

— Que faites-vous du domaine qui a toujours appartenu aux O’Bannion ? demanda Bishop, levant un sourcil inquisiteur.

Il haussa les épaules.

— Vendre la propriété aurait été mon ultime revanche sur mes parents. J’aurais cédé l’endroit à des promoteurs et je me serais endormi chaque soir avec le sourire en les imaginant en train de se tourner et de se retourner dans leur tombe à deux places, comme des poulets embrochés dans une rôtisserie. Cela dit, j’ai du mal à faire le rapport entre ces vieilles histoires de famille et la sécurité actuelle de Faith.

— Quelqu’un ne veut pas qu’elle prenne possession de la maison, dit platement Deacon. Si ni vous ni Jordan ne la voulez, qui voudrait l’avoir ?

— Qui a dit que Jordan ne la voudrait pas ? intervint Keith d’un air belliqueux. Ce salopard a besoin de fric.

— Keith, je t’en prie, murmura Jeremy, s’empressant de dissimuler l’éclat qui avait brièvement fait étinceler son regard.

Captivée, Bishop se pencha en avant.

— Jordan a besoin d’argent ? Vraiment ? Et pourquoi ?

Keith se pencha à son tour vers Bishop.

— Sa galerie est toujours en déficit, lui glissa-t-il, comme en confidence. Il est obligé de coucher avec des femmes riches pour s’en sortir. Généralement des femmes riches mariées.

Des petites danseuses orientales gymnastes en rose.

— Et comment le savez-vous ? voulut savoir Deacon.

Keith haussa les épaules.

— C’est mon boulot. Je m’occupe de la sécurité de Jeremy.

Pourquoi un professeur de médecine aurait-il besoin de quelqu’un pour s’occuper de sa sécurité ? Deacon se retourna vers Hailey, qui traînait à l’entrée de la pièce.

— Et vous, Hailey, quel est votre boulot ?

— Hailey est ma gouvernante, dit Jeremy. Elle n’a aucun rapport avec votre affaire. Maintenant, puis-je faire autre chose pour vous ?

— En fait, oui. Nous aimerions parler à votre fils Stone. Est-il ici ?

Jeremy se figea une fraction de seconde, puis sourit tristement.

— Non. Il n’est pas ici. Je n’ai pas vu Stone depuis des mois. A ma connaissance, il couvre des émeutes en Turquie. Ou est-ce en Grèce, Keith ?

— C’est en Turquie, dit Keith d’un ton définitif, avant de se lever. Je vous raccompagne, lieutenants.

Turquie, mon cul. Ils mentaient. L’agent de surveillance avait consigné dans son rapport que Stone avait quitté la maison à 23 heures pour y revenir à 4 h 15. Pourquoi s’étaient-ils sentis obligés de mentir ?

Jeremy se leva aussi.

— Transmettez mon bon souvenir à Faith. C’était une si jolie petite fille. Je suis certain qu’elle est devenue une belle jeune femme.

— C’est le cas, répondit Deacon. Je m’assurerai de lui transmettre vos amitiés.

Sur le seuil du salon, il se retourna vers Jeremy.

— J’ai encore une question, monsieur. Pourquoi avez-vous choisi ce moment pour révéler votre homosexualité à votre père ? Vous étiez marié, vous aviez deux fils. Selon mes calculs, votre ex-femme était enceinte de votre fille. Qu’est-ce qui a bien pu vous décider à parler à votre père ?

Jeremy pinça les lèvres.

— Je n’ai rien « décidé ». J’ai été balancé par mon frère. Une manœuvre préventive de sa part. Jordan savait que j’étais sur le point de révéler à notre père qu’il avait détourné de l’argent de la fondation. Quand j’ai tenté d’expliquer à notre père que Jordan avait parlé de moi uniquement pour faire diversion, ça n’a rien changé. Tobias m’a jeté dehors et m’a dit qu’il ne voulait plus jamais me revoir. Et c’est ce qui est arrivé. Quand j’ai remis les pieds à la maison, c’était le jour de son enterrement. Quant à ma dernière visite, c’était à l’occasion de la lecture de son testament. Je suis mort pour ma famille, depuis longtemps. Le sentiment était réciproque.

— Vous auriez pu nier, fit observer Deacon.

Jeremy haussa une épaule.

— J’ai été pris au dépourvu. Et puis, je n’ai jamais été doué pour le mensonge.

Ce qui est effectivement le cas, se dit Deacon en silence. Le mensonge de Jeremy sur l’endroit où se trouvait Stone était cousu de fil blanc. L’impression de Deacon fut encore renforcée lorsque son téléphone bourdonna, un instant plus tard. Le message provenait de l’agent de surveillance, posté dans la rue. Après avoir consulté l’écran d’un bref coup d’œil, il occulta la décharge d’adrénaline qu’avait déclenchée le SMS.

Stone O’Bannion se dirige vers le pavillon.

— Nous devons y aller. Un impératif, dit-il. Merci de nous avoir consacré du temps. Lieutenant Bishop ?

Bishop, qui avait consulté son propre téléphone, remercia les deux hommes d’un signe de tête.

Un Keith à la mine renfrognée leur ouvrit la porte, puis la claqua sur leurs talons.

Deacon avança dans le jardin, simulant une conversation téléphonique pour pouvoir s’éloigner mine de rien vers le coin de la maison. Ils y arrivèrent juste à temps pour voir Stone O’Bannion disparaître dans le pavillon, situé à l’arrière. Deacon remarqua que les chaussures et les ourlets du pantalon de l’homme étaient maculés de boue. Il n’avait pas plu récemment. Il n’y avait de boue nulle part dans les environs.

Où es-tu allé traîner tes guêtres, Stone ? T’aurais pas creusé quelques tombes, par hasard ? Espèce de salopard.

— Je prends à gauche, murmura Bishop.

Deacon acquiesça d’un air sombre. Ils sortirent leurs armes et s’élancèrent derrière lui.

Sur tes traces
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