Cincinnati, Ohio
Jeudi 6 novembre, 12 h 30

— Il a l’air si vieux, dit Faith en observant Jeremy par la vitre de la salle d’observation.

— Son accident de voiture l’a usé prématurément. D’un seul coup, sa carrière a été détruite et il a perdu son compagnon.

— Encore ces accidents, murmura-t-elle. Le grand type, c’est son compagnon actuel ?

— Oui. Voici Keith O’Bannion. Mari, assistant et garde du corps.

— Crandall a réussi à sortir la liste des propriétés de l’ex-femme de Jeremy ?

— Il s’en est occupé. Je te la transmettrai. Alors, prête à lui parler ?

— Je crois. Après tout, ça ne fait guère que vingt-trois ans qu’on ne s’est pas vus.

Conscient de la nervosité de Faith, il lui serra brièvement la main.

— Tu seras parfaite.

A leur entrée dans la salle d’interrogatoire, les deux hommes se levèrent d’un bond. Faith s’attarda un instant sur le seuil, le regard rivé à celui de Jeremy.

— Oncle Jeremy ? Je suis Faith, la fille de Maggie.

Elle tendit la main et Deacon vit combien elle tremblait.

Jeremy la dévisagea, avec un mélange de tristesse et de mélancolie, puis serra la main tendue de Faith avec sa main gauche.

— Je t’aurais reconnue n’importe où, Faith. Tu es le portrait de ta mère.

On entendit Faith avaler sa salive.

— Toutes mes condoléances pour la perte de ton fils.

— Merci, répondit Jeremy, tout bas.

— Merci à toi d’avoir accepté de venir me parler. Mes déplacements sont limités aux endroits où je ne risque pas de faire tuer quelqu’un. On peut s’asseoir ?

Deacon choisit une position d’où il pouvait observer le visage de Jeremy et surveiller Keith en même temps. Il n’avait encore aucune certitude quant à l’innocence des deux hommes et il n’allait pas permettre qu’il arrive quoi que ce soit d’autre à Faith.

Jeremy prit place près d’elle, puis examina la coupure qu’elle avait au front.

— Comment t’es-tu fait ça ?

— J’ai donné un coup de volant pour éviter quelqu’un sur la route, lundi soir. Arianna Escobar. Elle était détenue dans la cave de la vieille maison. Elle a été enlevée en même temps que Corinne, la femme à qui Marcus a sauvé la vie. D’ailleurs, nous lui en sommes tous très reconnaissants.

— Cette femme a aussi envoyé Stone à l’hôpital, maugréa Keith.

Jeremy soupira.

— Il l’a plus ou moins cherché. Ce garçon n’a pas deux sous de cervelle… Que puis-je faire pour toi, Faith ?

Elle prit une inspiration avant de se lancer.

— Je crois que l’homme qui a tué ton fils a aussi tué ma mère.

Jeremy fronça les sourcils, visiblement soucieux, comme s’il la croyait dérangée.

— Ta mère est morte dans un accident de voiture, mon petit.

Elle lui adressa un sourire triste.

— Je dois te raconter une histoire. Je ferai vite mais, je t’en prie, ne m’interromps pas avant la fin.

Elle lui parla des disputes familiales, du départ de son père en voiture, de la découverte de sa mère se balançant au bout d’une corde. Il l’écouta avec stupéfaction, mais garda le silence jusqu’au moment où elle expliqua qu’elle l’avait vu couper la corde qui soutenait le cadavre.

— C’est insensé ! Je n’étais même pas là.

— Je le sais, maintenant. Mais… l’homme qui tenait la corde te ressemblait. Ses cheveux étaient coiffés comme les tiens. Il avait une moustache. Même ses vêtements… c’était ton style.

— C’était Jordan, dit-il lentement. Forcément, ça ne peut être que lui.

— C’est aussi ce que je crois. Maintenant. Mais pendant vingt-trois ans, chaque fois que je revoyais ce moment dans mes cauchemars, c’était toi qui tenais la corde. En revanche, c’est Jordan qui est venu dans ma chambre plus tard, pour me dire que vous aviez mis en scène le faux accident de voiture. Et que le corps de maman avait été brûlé.

— Jordan a poussé la gentillesse jusqu’à lui montrer des photos du corps calciné, ajouta Deacon, d’un ton sarcastique.

Jeremy parut horrifié.

— Il te les a montrées ? Mais pourquoi ?

— J’imagine qu’il voulait me persuader que personne ne douterait qu’elle était morte dans cet accident. Que son suicide resterait notre petit secret.

Il ouvrit la bouche, mais Faith leva la main.

— Encore une chose. La bagarre de la veille, après la lecture du testament ? Entre mon père et toi ?

— Ton père m’a cassé le nez, dit-il amèrement.

— Et ma mère t’a brisé le cœur parce qu’elle ne t’a pas défendu.

— Ton père était un vrai fanatique. Ils savaient déjà que j’étais gay, à ce moment-là. C’était devenu public la semaine précédente, continua-t-il en secouant la tête. A cause de Jordan. De toute façon, ton père pensait que tous les homos étaient des pervers. En revanche, j’ai eu du mal à accepter que ta mère pense une chose aussi horrible à mon propos.

— C’était ma faute, dit Faith, entre la confusion et la culpabilité. J’avais dit à mes parents que tu me regardais et que tu me touchais d’une manière qui me mettait très mal à l’aise. Et, quand tu as essayé de me réconforter le jour de la lecture du testament de Tobias, ils ont tous les deux interprété ton geste à travers le filtre de ce que je leur avais rapporté, à propos de la « dernière fois » que tu m’avais touchée.

L’horreur réapparut dans le regard de Jeremy.

— Mais je n’ai rien fait de tel.

— Quelqu’un avec une moustache, une coupe de cheveux et des vêtements comme les tiens l’a fait.

La surprise et le choc creusèrent les traits de Jeremy.

— Oh ! mon Dieu. Faith. Toutes ces années ?

Les lèvres de Faith tremblèrent.

— Je suis désolée. Je suis désolée que la famille t’ait détesté par ma faute.

Jeremy lui tapota la main, d’un air absent. Deacon remarqua qu’il utilisait sa main gauche. La droite restait dans sa poche. S’il feignait son handicap, il était particulièrement prudent.

— J’apprécie que tu aies éclairci les choses.

— Un instant, intervint Keith. D’où sort cette histoire de meurtre ? Vous avez parlé de suicide, non ?

— C’est ce que je croyais. C’est peut-être vrai, mais…

Elle parla à Jeremy des boursières disparues et des dates de leurs enlèvements. Puis elle le laissa tirer ses propres conclusions.

— Tous ces corps. Dans la cave ? Tu en es certaine ?

— On en a trouvé dix-huit, indiqua Faith. Et encore plus ces derniers mois, alors qu’il tentait de m’assassiner.

— Parce que tu as hérité de la maison ?

— Tant qu’on n’avait pas trouvé ce qui était caché sous le sol, l’héritage semblait une raison logique de s’attaquer à moi. Mais, même après la découverte des corps, quelqu’un continuait à attenter à ma vie et ça ne paraissait plus du tout logique. Pourquoi me tuer, alors que l’existence des victimes avait été rendue publique ? Peut-être par vengeance, mais dans ce cas il aurait pu attendre que je quitte la planque et que je recommence à marcher dans les rues. Il a pris de très gros risques pour s’attaquer à moi. La seule chose qui restait à protéger était le faux accident de voiture pour « maquiller » le suicide de ma mère. Mais ce n’est toujours pas un motif suffisant pour vouloir ma mort.

— En revanche, s’il s’agit de couvrir le meurtre de ta mère, le mobile devient beaucoup plus plausible, dit Jeremy. Elle a peut-être vu la victime qui a disparu ce jour-là, et qui était probablement détenue dans la cave ?

— Peut-être. Nous exhumons son corps pour avoir une certitude. J’ai besoin de savoir.

— Je comprends. J’aimerais le savoir aussi, dit-il en lui tapotant de nouveau la main. Maintenant, je dois aller retrouver Marcus et Stone.

Faith soupira.

— Je suis désolée, je m’y prends mal. Non seulement tu étais impliqué, il y a vingt-trois ans, mais tu es encore impliqué, maintenant.

— Je sais. Le lieutenant Bishop m’a dit hier que les sutures des victimes avaient été pratiquées par un professionnel. Et, bien sûr, je sais que ma cabane a été utilisée.

— L’implication de Jordan est fort probable, mais il n’a pas une formation de chirurgien. En revanche, c’est ton cas. Donc, soit vous êtes complices tous les deux, soit il s’est débrouillé pour te faire passer pour le coupable. Compte tenu de ce que je sais, la deuxième solution me semble la plus logique. T’es-tu demandé pourquoi ton fils a été tué ?

— Il était au mauvais endroit, au mauvais moment. Il avait fugué après avoir découvert que son père n’était pas un riche homme d’affaires russe, mais un « homo estropié ». Ce sont ses mots, pas les miens.

— Il n’était pas au mauvais endroit. Il avait tous les droits d’être là-bas. C’est le tueur qui ne l’avait pas.

— Je ne peux pas croire que Jordan a tué mon fils. Mickey était son neveu. Il n’aurait pas tué sa propre chair, son propre sang.

— Je suis sa nièce et il a essayé de me tuer… Combien de fois, agent Novak ?

— Huit en tout. Dont sept, le mois dernier. En essayant d’atteindre Faith, il a descendu douze personnes, y compris un enfant et un agent fédéral. Votre fils était sur sa route. Je suis désolé, monsieur.

— Et Jordan ignorait que Mickey était ton fils, lui rappela Keith, avec douceur.

Jeremy crispa les mâchoires.

— Où est-il ?

— Nous ne savons pas, dit Faith. Mais, où qu’il soit, il a un otage.

— La fillette de onze ans que le lieutenant Bishop a mentionnée, hier, c’est bien ça ?

— Roza, précisa-t-elle. S’il suit son schéma habituel, il tentera d’orienter les soupçons sur toi. Il a choisi la cabane de ton ex-femme pour enterrer certaines de ses victimes. Il pourrait choisir une autre de ses propriétés pour se cacher. Nous voulons le retrouver avant qu’il soit trop tard. Je sais que tu veux être auprès de Marcus et Stone, mais pourrais-tu jeter un coup d’œil à cette liste qui regroupe les biens immobiliers de ton ex-femme et nous indiquer ceux qu’il pourrait vraisemblablement choisir ?

Jeremy grinça des dents et les muscles de ses mâchoires se crispèrent.

— Espèce de salopard, chuchota-t-il. Il a tué mon fils et, en plus, il essaye de me mettre ses crimes sur le dos ? Montre-moi donc cette liste.

Il ne fallut qu’une minute.

— Celle qui se trouve près de Woodland Mound, en aval de la rivière. La sortie de la 275 ne se trouve qu’à cinq minutes de là. La propriété est équipée de capteurs qui lui permettront de savoir si quelqu’un arrive. La maison est aussi située en haut d’une colline, alors il vous verra bien avant que vous n’ayez une chance de l’apercevoir. Avez-vous besoin d’autre chose ?

— Accordez-moi une minute, s’il vous plaît.

Deacon rédigea un SMS destiné à Isenberg, pour lui indiquer la localisation de la maison. Une unité tactique pourrait être mobilisée, mais n’interviendrait que si la voie était libre. Si Jordan retenait Roza dans cet endroit, il n’était pas question de débouler en trombe, au risque de la faire tuer. Il envoya le message et revint à Jeremy.

— Puisque Jordan semble s’être fait passer pour vous à plusieurs reprises, pouvez-vous nous donner une information qui nous permette de vous distinguer l’un de l’autre ?

— J’ai une cicatrice au-dessus de la lèvre depuis mon enfance. C’est pour ça que je porte la moustache, indiqua Jeremy, puis il hésita. Quant à Jordan, il…

— Il n’a qu’une couille, compléta Keith sans mâcher ses mots.

— Il a eu un cancer, à dix-sept ans, expliqua Jeremy. Il est stérile.

Faith pencha la tête, étonnée.

— Comment le savez-vous, Keith ?

Il haussa les épaules.

— C’est mon boulot de savoir tout ce qui menace Jeremy.

— Keith est très consciencieux et il a bonne mémoire. Nous nous connaissons tous depuis le lycée, mais Jordan n’était gentil avec aucun d’entre nous. Les problèmes avec ma famille se sont enflammés deux semaines avant la mort de mon père.

— Parce que Jordan a révélé votre homosexualité, au moment où vous vous apprêtiez à dire à votre père qu’il détournait l’argent de la fondation.

— J’en ai effectivement parlé à mon père et la stratégie de Jordan a échoué. Il s’est avéré que notre père pouvait à la fois me détester parce que j’étais gay et écouter mes accusations. Il a mené son enquête et découvert les détournements. Père a dit à Jordan qu’il ne travaillerait jamais plus pour la fondation. Jordan était livide. Il m’en a terriblement voulu, a juré qu’il se vengerait.

— Quel genre de vengeance ? demanda Faith.

— Les trucs habituels. Il m’a promis de me ruiner. De me faire regretter d’être né ! Ce genre de choses.

Jeremy baissa les yeux sur le bureau.

— Il a réussi, à présent. Mon fils est mort.

— Vingt-trois ans plus tard, dit Faith, à mi-voix. Mais qu’a-t-il fait, à l’époque ?

— Il est allé voir Della et lui a révélé la vérité sur moi. Il espérait qu’elle me flanquerait dehors. Qu’elle m’humilierait.

— Mais votre ex le savait déjà, dit Deacon. Stone nous a dit qu’elle le savait depuis le début.

Un hochement de tête las.

— Quand Della et moi nous sommes rencontrés, j’étais encore en premier cycle universitaire. Elle avait trente ans. Elle se sentait seule et venait de divorcer d’un coureur de dot, le père de Stone et Marcus. Elle en avait assez qu’on la veuille pour son argent. J’en avais assez que ma famille me veuille pour les pièces détachées. Nous avons bien accroché.

Faith le regarda, interdite.

— C’est une drôle de manière de s’exprimer, oncle Jeremy. Pour les pièces détachées ?

Jeremy la fixa avec attention.

— Qu’est-ce que tu sais de Joy, Faith ?

— Pas assez, manifestement.

— Joy a eu une leucémie. Ça s’est passé à la fin des années 1960 et il y avait peu de traitements à l’époque. Les transplantations de moelle n’avaient été tentées que sur des jumeaux identiques. Et puis, en 1968, on a effectué une transplantation entre des frères et tout le monde était excité par cette avancée. Mais ta mère n’était pas compatible avec Joy.

— C’est pas vrai…, dit Faith. Tu vas dire que Gran vous a conçus pour votre moelle épinière ?

— Oui. Je ne l’ai appris qu’à l’âge de huit ans. Jordan avait fait une bêtise et père était furieux, comme toujours. Dans sa rage, il a crié que nous étions inutiles. Que Joy aurait dû être encore en vie. C’est difficile à admettre quand on a huit ans. Ça l’est encore à quarante-quatre ans.

— Jordan était en colère après avoir appris qu’il avait été conçu pour sa moelle épinière ?

Jeremy confirma d’un signe de tête.

— Oh ! oui. Surtout quand il a eu le cancer, lui-même. Savez-vous ce qu’est la DES ?

— Non.

— C’était un médicament qui était administré aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches. On ne l’utilise plus maintenant. Mère a frôlé la fausse couche à trois reprises. Elle voulait désespérément mener sa grossesse à terme.

— A cause de Joy, murmura Faith. Elle avait besoin de votre moelle épinière.

— Exactement. Le médecin a prescrit de la DES à mère pour sauver sa grossesse. Cette molécule est liée à de nombreux cancers qui frappent les filles qui y ont été exposées in utero. Pour les garçons, on soupçonne un rapport avec le cancer des testicules. Je ne crois pas un instant que mère ou le médecin aient été informés des éventuels effets secondaires, à l’époque. Mais quand Jordan a été atteint… mère s’est sentie responsable de sa maladie et culpabilisait d’autant plus que notre naissance n’avait pas aidé Joy.

— C’est horrible à tous les niveaux, déclara Faith.

— Je sais. Jordan haïssait Joy. Il me haïssait parce que je n’étais pas en colère et parce que je n’avais pas été malade. Dans son esprit, des jumeaux étaient censés tout faire de la même façon. Il détestait Maggie parce qu’elle et moi étions proches. Il détestait mère, père et tout le personnel. Jordan était difficile à vivre. Il lui arrivait de rentrer dans des colères épouvantables et, quelques heures plus tard, de se montrer de très bonne humeur. Invariablement, on retrouvait quelque chose de cassé. Ou quelque chose de mort. Un oiseau, le chat. Mon chien. Nous n’avons jamais pu prouver qu’il était responsable et mère ne nous aurait pas crus. Père s’en fichait. Il avait en quelque sorte fermé la boutique, à la mort de Joy. Maintenant, je comprends qu’il souffrait de dépression. Son chagrin après la mort de Joy était simplement plus fort que l’affection qu’il avait pour nous.

— Je savais que Jordan ne t’aimait pas, mais je n’ai jamais compris qu’il détestait ta mère ou la mienne.

— Parce qu’il était très habile à dissimuler ses sentiments. Il se lâchait au moment où on s’y attendait le moins et en employant des moyens qui ne le mettaient jamais en cause directement. Lorsque je me suis rendu compte qu’il siphonnait les comptes de la fondation, je n’ai rien dit avant d’avoir des preuves incontestables.

— Qui étaient ?

— Des relevés bancaires, il avait un compte secret. Il dissimulait les documents, mais je l’ai espionné et j’ai découvert sa cachette. J’ai fait des copies de ses relevés ainsi que de ceux de la fondation. J’ai tout remis à notre père, quinze jours avant sa mort. Une semaine plus tard, Jordan était viré de la Fondation.

— Une semaine ?

Deacon sut que Faith pensait à la victime qui avait été enlevée à ce moment-là et à celle de la semaine suivante, lorsque Jordan avait compris qu’il n’aurait rien.

— Presque jour pour jour. Quand père m’a renié, en réalité, j’étais soulagé. Notre famille était désespérément malheureuse et j’avais hâte de quitter la maison. J’ai fondé ma propre famille avec Della et maintenant avec Keith. J’aime mes enfants comme mes parents ne m’ont jamais aimé. Et maintenant j’en ai perdu un.

Un bref instant, le chagrin prit possession du visage de Jeremy, mais il se reprit et continua ses explications.

— Je détestais ma mère de m’avoir conçu uniquement pour être une réserve de pièces détachées, mais maintenant je sais ce qu’elle ressentait. Je ferais presque n’importe quoi pour ramener Mickey à la vie. J’imagine que je ne peux pas trop en vouloir à ma mère d’avoir tout tenté pour sauver Joy.

Il se leva avec lassitude.

— J’aimerais retrouver mes enfants et Della. Elle ne va pas bien en ce moment.

— J’ai du mal à imaginer ce qu’elle doit traverser.

— Je crois que tu en as une petite idée, répondit Jeremy. Tu as perdu ta mère.

Faith déglutit avec effort, la gorge nouée par l’émotion.

— Ça remonte à vingt-trois ans.

— Mais, jusqu’à présent, tu ignorais la vérité. La douleur est fraîche et forcément tu dois souffrir. Exactement comme nous souffrons de la perte de Mickey.

Il posa la main gauche sur l’épaule de Faith.

— Tu es tout ce qui me reste de ma sœur, je crois que le moment est venu d’oublier le passé. As-tu mon numéro ?

— Non, je vais l’enregistrer dans mon téléphone.

Lorsqu’elle en eut terminé, elle lui adressa un sourire triste.

— Prends soin de toi, Jeremy.

Deacon demanda à un agent de raccompagner les deux hommes dans le hall, puis se tourna vers Faith.

— Je file à la propriété dont il nous a parlé. L’équipe du SWAT va sécuriser tous les accès.

— Tu crois encore qu’il est impliqué ?

— En tout cas, je n’en ai pas envie. J’ai envie de l’apprécier. D’après Bishop, il tient sincèrement à ses fils. Si c’est le cas, il n’aurait jamais pu faire de mal à Mickey. Et en admettant qu’il ait travaillé avec Jordan ? Eh bien, je doute qu’il ait continué.

— Comment en être sûrs ?

— Je ne sais pas encore, mais on le découvrira. Reste…

— Reste ici, reste en sécurité. Ouais, ouais, dit-elle, avant d’attirer son visage vers elle pour un baiser rapide sur la bouche. File ! Trouve Roza. Et, toi aussi, fais attention. Tu es également sur sa liste.

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Sur tes traces
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