Mount Carmel, Ohio
Mercredi 5 novembre, 13 h 5

— Ce n’est qu’une maison, murmura Faith.

Elle venait d’entrer dans le salon de sa grand-mère, où les équipes de la scientifique avaient été très actives. Tous les draps avaient été enlevés, révélant le mobilier massif d’acajou dont le souvenir avait marqué son enfance. De la poudre à empreintes noires couvrait les murs et presque toutes les autres surfaces.

Tout ça m’appartient, songea-t-elle, mais cette pensée ne lui apportait aucune joie. En revanche, elle éprouvait le sentiment grandissant, presque suffocant, qu’un destin lugubre la menaçait. Au moins, tous ces trucs rapporteront un peu d’argent, une fois mis aux enchères. Ces fonds pourraient être utiles à son père. Mais aussi à la veuve et aux enfants de Gordon Shue. Et à ceux de l’agent Pope. Tant d’existences ont été changées à jamais.

— Docteur Corcoran ? demanda Kimble à mi-voix.

Elle le regarda presque avec surprise.

— Désolée. Je pensais aux familles des victimes. Même si je vends tout ce que contient cette maison, il n’y en aura pas assez pour offrir une compensation à tout le monde.

Kimble écarquilla les yeux, décontenancé.

— C’est déjà quelque chose que vous y pensiez. La plupart des gens n’auraient pas cette attitude.

— J’espère ne pas être comme la plupart des gens.

Je vais devoir être plus forte que la plupart des gens.

Le cauchemar ne faisait que commencer. Sa vie, sa famille, le lien avec la fondation Joy… Tout ça allait faire les gros titres des médias. La presse savait qu’on avait découvert des cadavres ici, mais les journalistes en ignoraient encore le nombre. Ils connaissaient l’existence de Roza, mais pas celle de la mère de la petite.

Qui pourrait être encore enterrée en bas. Faith serra les dents pour contenir une terrible envie de s’enfuir à toutes jambes.

— Dépêchons-nous d’y aller avant que j’aie trop la trouille.

Elle traversa la cuisine d’un pas décidé, puis s’arrêta à la porte de la cave. Devant elle, les marches semblaient tanguer. Elle étouffa un cri quand une main lui prit l’épaule.

— Respirez, dit Kimble, derrière elle. Vous devez respirer, sinon vous allez vous évanouir.

— D’accord.

Elle l’avait déjà fait. Je peux y arriver encore. Mais ses pieds refusaient de bouger. La fois précédente, la présence de Deacon lui avait facilité les choses. Soudain, elle regretta de ne pas avoir attendu qu’il puisse l’accompagner. Mais il y avait du travail. Elle ferma les yeux, imagina que Deacon se tenait derrière, lui chuchotant des encouragements à l’oreille de sa voix apaisante, et descendit la première marche. C’est la première. Et d’une !

Elle ressentit le besoin absurde d’éclater de rire, mais le réprima. Les yeux étroitement fermés, elle força ses pieds à descendre les neuf marches restantes. Voilà, ça y est. Il n’y en a plus que dix, maintenant. Elle avança la jambe, pensant trouver le sol, mais son pied ne rencontra que le vide. Surprise, elle plongea vers l’avant.

Tentant de reprendre l’équilibre, elle lança instinctivement ses mains en avant pour amortir sa chute. Kimble tenta de la rattraper par les bras, mais il était trop tard. Les mains de Faith heurtèrent le mur et elle se reçut sur les genoux. Le souffle coupé par la douleur, elle resta agenouillée, un instant, attendant que le premier choc se dissipe.

— Vous allez bien ? demanda Kimble, manifestant ce qui semblait être une réelle inquiétude.

Le sol vibra sous les genoux de Faith alors que Tanaka courait vers elle.

— C’est quoi ce… Docteur Corcoran, que s’est-il passé ?

Elle laissa les deux hommes l’aider à se remettre debout, parce que c’était plus simple que de leur dire non. Et aussi parce que ses mains et ses genoux semblaient avoir été arrosés d’huile bouillante. Parce que tu as eu un accident de voiture, il y a deux jours, espèce d’idiote. Et que, après ça, elle avait grimpé un talus rocailleux.

En réalité, elle avait oublié.

— Juste une erreur d’appréciation.

Elle jeta un regard fulminant au bas de l’escalier, qui s’achevait maintenant quarante centimètres plus bas que la veille.

— Vous avez dégagé les deux dernières marches. Je ne m’y attendais pas. J’aurais dû deviner. Je suis désolée.

— Vous voulez repartir au central ? demanda Kimble. Je peux vous ramener, si vous en avez besoin.

Faith carra les épaules.

— Non. L’escalier a toujours été la partie la plus difficile.

C’était un mensonge, mais ça sonnait juste et, à cet instant, elle était prête à mentir comme une arracheuse de dents pour en finir au plus tôt avec cette épreuve.

— Mouais, dit Tanaka dont le regard faisait la navette entre Kimble et elle. Que faites-vous ici, docteur Corcoran ? Je croyais que l’agent Novak ne voulait pas que vous veniez ici sans lui.

— Je lui ai demandé de nous aider à trouver des caches où le tueur aurait pu entreposer des souvenirs, dit Kimble.

Tanaka haussa les sourcils.

— D’ac-cord. Bon. Eh bien, faites attention où vous mettez les pieds. Nous avons placé des plots de signalement par terre, à plusieurs endroits, et je ne voudrais pas que… Bon, vous voyez, quoi…

Au ton bien intentionné de Tanaka, Faith sentit ses joues flamber.

— Que je trébuche, marmonna-t-elle. Parce que je suis tellement gracieuse. Je serai prudente, sergent.

Elle prit un instant pour découvrir les changements intervenus depuis sa dernière visite. Sous ses chaussures enrobées dans des chaussons de protection, le sol n’était plus fait de dalles de linoléum, mais de planches.

La gorge nouée, elle songea à ce qui avait rempli l’espace entre ces planches et l’ancien carrelage. Dix cadavres. Dix femmes à qui on avait volé leur vie.

— Vous avez trouvé ces planches en enlevant les corps ? Ou alors, les avez-vous posées pour protéger ce qui est dessous ?

— Nous les avons trouvées sur place, répondit Tanaka. Qu’est-ce qu’il y avait avant ?

— Du ciment. Avez-vous soulevé quelques-unes de ces planches ?

Il acquiesça.

— Il n’y a que de la terre, là-dessous.

— Alors, il a enlevé le ciment, constata-t-elle.

Un frisson parcourut l’échine de Faith lorsqu’elle pensa aux raisons qui avaient motivé ces travaux. Elle se força à se tourner, jusqu’à ce que son regard tombe sur le mur à droite de l’escalier. Elle dut s’éclaircir la gorge avant de reprendre la parole.

— Ce mur n’était pas là. Savez-vous ce qu’il y a derrière ?

— Pas encore… Et vous ? demanda-t-il après une légère hésitation.

Oui ? Des chaussures qui se balancent. Des tennis rouges avec des lacets blancs qui se balancent paresseusement d’avant en arrière. D’avant en arrière. Comme si tout allait bien.

— Non, répondit-elle à voix basse. Je ne sais plus.

L’expression de Tanaka s’adoucit.

— Il a pu cacher des trucs, là-derrière, mais il ne les y a pas mis quand il a pris la fuite lundi, parce que le plâtre est intact et que nous n’avons détecté aucun joint.

— Donc, ce ne sont sans doute pas les bocaux qu’Arianna l’a entendu emballer, dit Faith.

— Vous avez raison. Cela dit, c’est le premier mur qu’on a prévu de démolir, dès qu’on aura fini de scanner la cave.

Scanner la cave pour y retrouver d’autres corps. Faith ne put se résoudre à lui demander ce qu’il avait déjà trouvé.

— Vous ne pouvez pas scanner aussi les murs ?

— Pas encore. L’appareil à rayons X que j’ai demandé n’arrivera que demain.

— Sergent ?

Une femme aux cheveux blonds retenus en une longue queue-de-cheval sortit de la pièce dans laquelle ils avaient trouvé le premier cadavre enterré dans son cercueil en plexiglas. Elle portait un sweat-shirt des Philadelphia Flyers et un pantalon de treillis, dont les poches débordaient d’outils et de… Faith plissa les yeux pour mieux voir. De longues lanières de bœuf séché. Etrange.

La femme s’arrêta abruptement en découvrant Faith et Kimble.

— Désolée de vous interrompre, sergent Tanaka, mais je vous ai entendu parler d’un scanner à rayons X. J’en ai un avec moi, alors si vous avez un mur à scanner, je peux le faire.

Le regard de Tanaka s’illumina à cette proposition.

— Je n’avais pas imaginé que vous en aviez un.

— Ça fait partie de notre équipement.

La femme s’adressait à Tanaka, mais elle regardait directement Faith en les rejoignant.

— Je m’appelle Sophie Johannsen. Je suis archéologue légale.

Ah, oui. La femme figurait sur la photo où Deacon contemplait les tombes éparses fraîchement creusées, sur ce flanc de colline en Virginie-Occidentale.

— Je m’appelle Faith Corcoran. C’est la maison de ma grand-mère. Et voici le lieutenant Kimble. Nous sommes ici pour chercher des endroits où le tueur aurait pu dissimuler ses souvenirs. Comment procédez-vous pour scanner les murs ? Et, en ce qui concerne les indications, de quel degré de précision avez-vous besoin ?

— Nous travaillons sur des surfaces de la taille d’un plat à tarte. Chaque exploration prend pas mal de temps et consomme beaucoup d’énergie. Un mur entier épuiserait le générateur. Avez-vous un endroit précis en tête, docteur Corcoran ?

— Appelez-moi Faith, murmura-t-elle en levant les yeux vers le plafond. La cuisine est au-dessus de nos têtes, mais elle a été aménagée à la fin des années 1970. La cuisine d’origine datant de 1859 était située à l’arrière de la maison. Presque directement au-dessus de la pièce à la table d’autopsie.

Elle rassembla son courage pour pénétrer dans la chambre de torture. Du coin de l’œil, elle se rendit compte que la table avait disparu, la vaste pièce était maintenant vide, si l’on exceptait les grands buffets fixés au mur de gauche. Les portes des meubles étaient ouvertes sur leurs étagères vides. De l’autre côté s’ouvrait autrefois la porte qui avait été murée. Mais elle ne distinguait aucune rupture sur la surface du mur, pas d’ouverture magique, pas de plâtre manquant, pas de joint.

— Ma mère avait l’habitude de me raconter un tas d’histoires sur cette maison, dit-elle, consciente que Kimble, Tanaka et Sophie Johannsen venaient d’entrer dans la pièce. Après la mort de Joy, elle était devenue l’aînée des enfants survivants, et elle allait hériter de la maison. Elle me disait de bien écouter ces histoires, qui faisaient partie de mon patrimoine. Mon héritage. Maintenant, le seul héritage qui reste, c’est ce qu’un monstre a fait subir à ses victimes.

Chaque fois qu’elle tentait de regarder le mur de gauche, là où étaient fixés les buffets, Faith était saisie d’un malaise profond mais inexplicable. C’était déjà arrivé la première fois, lorsque Deacon l’accompagnait. Elle avait été à peine capable de poser les yeux sur ce mur sans sentir monter la nausée.

Elle regarda droit devant elle, essayant de s’orienter dans l’espace et de retrouver la précédente disposition des lieux. Tentant de ramener à sa mémoire les anecdotes de sa mère. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas volontairement essayé de se rappeler un mot de ce que lui avait dit sa mère.

Parce qu’elle avait aussi dit qu’elle m’aimait, mais elle a menti. Elle m’a laissée. Volontairement. La thérapeute adulte en elle comprenait que le suicide de sa mère n’était pas aussi simple, mais l’enfant en souffrait encore.

— Ma mère me racontait qu’une fois elle était restée prisonnière à l’intérieur du mur, quand elle avait essayé de monter par le vieux monte-plats de l’ancienne cuisine. Ma grand-mère a prétendu que l’histoire était fausse et l’a grondée pour m’avoir menti. Par la suite, ma mère a affirmé que Gran avait dit cela pour m’empêcher d’essayer le monte-plats à mon tour.

L’anecdote sembla amuser Sophie.

— Et vous l’auriez fait.

— Et comment !

Faith baissa la tête et fixa le sol pour ne pas avoir à regarder le mur, se concentrant plutôt sur les repères que Tanaka l’avait prévenue d’éviter. Elle en dénombra environ une douzaine, placés par groupes de deux et séparés par de larges espaces.

Il lui fallut un moment pour se rendre compte que les plots de signalement n’étaient pas rangés par deux, mais par quatre. Chaque groupe délimitait grossièrement une surface d’environ un mètre sur un mètre quatre-vingts. C’est alors qu’elle comprit.

— Oh ! mon Dieu, chuchota-t-elle.

Des tombes. Quatre autres tombes. Quatre victimes supplémentaires étaient enterrées sous ses pieds.

— Je les piétine, c’est ça ? s’écria-t-elle, emportée par une bouffée d’hystérie. Je ne peux pas les piétiner comme ça !

— Faith, dit Sophie Johannsen d’un ton pragmatique en s’approchant d’elle. Elles sont mortes et depuis un certain temps. Elles se fichent pas mal que vous marchiez sur leur tombe, parce qu’elles ne le savent pas. En revanche, elles ont des familles qui attendent de leurs nouvelles depuis tout ce temps.

— Des familles qui attendent qu’elles rentrent à la maison ! s’écria Faith.

Puis elle puisa dans le flegme de l’autre femme et continua plus posément :

— Très bien. Je ne suis pas très douée pour estimer les distances, mais le monte-plats devrait se trouver de l’autre côté de ces meubles de rangement.

— L’espace entre les deux murs est trop étroit pour abriter un monte-plats, fit remarquer Sophie. Vous êtes sûre de vous, Faith ?

— Plus ou moins. J’ai vu la porte, mais jamais le monte-plats lui-même. Quand j’ai été plus âgée, ma mère a essayé de me le montrer une fois. Elle disait qu’un jour la maison serait à moi et je devais tout savoir. Elle m’a donc montré la porte, mais c’était fermé par un cadenas. Elle a conclu que Gran l’avait fait poser pour que je ne risque pas de me blesser.

Faith fixa de nouveau le plancher et progressa en posant un pied devant l’autre, prenant soin de rester dans l’étroite allée qui séparait les tombes. Elle ne leva les yeux qu’en arrivant devant les meubles.

— Cette pièce était différente à l’époque. Il n’y avait pas de meubles à cet endroit, seulement des étagères en bois. Mais je crois que c’était ici.

Kimble inspecta les buffets et imprima au côté droit une traction expérimentale.

— Solidement fixé au mur.

En répétant son action de l’autre côté, il obtint le même résultat. En revanche, lorsqu’il tira sur la section centrale, il trébucha en arrière, décollant un meuble entier.

— Eh bien, qu’avons-nous là ? fit Sophie d’un ton sarcastique.

— Il n’est pas fabriqué dans le même matériau que les deux autres, dit Kimble. Celui-ci est bien plus léger.

Il le détacha complètement du mur, pour révéler de grosses tiges d’acier qui dépassaient de chaque coin à l’arrière du meuble et s’ajustaient à des trous correspondants dans le mur.

— C’est astucieux, reconnut-il.

Et pratique. Car, dans l’espace dégagé, ils voyaient une porte dans le mur.

— C’est ça, dit Faith. Y compris le cadenas.

— Je vais chercher mon coupe-boulons, annonça Tanaka.

Sur tes traces
titlepage.xhtml
part0000.html
part0001.html
part0002_split_000.html
part0002_split_001.html
part0002_split_002.html
part0002_split_003.html
part0002_split_004.html
part0002_split_005.html
part0003_split_000.html
part0003_split_001.html
part0003_split_002.html
part0003_split_003.html
part0003_split_004.html
part0003_split_005.html
part0004_split_000.html
part0004_split_001.html
part0004_split_002.html
part0004_split_003.html
part0004_split_004.html
part0005_split_000.html
part0005_split_001.html
part0005_split_002.html
part0006_split_000.html
part0006_split_001.html
part0006_split_002.html
part0007_split_000.html
part0007_split_001.html
part0007_split_002.html
part0007_split_003.html
part0007_split_004.html
part0007_split_005.html
part0008_split_000.html
part0008_split_001.html
part0008_split_002.html
part0009_split_000.html
part0009_split_001.html
part0009_split_002.html
part0009_split_003.html
part0010_split_000.html
part0010_split_001.html
part0010_split_002.html
part0011_split_000.html
part0011_split_001.html
part0011_split_002.html
part0011_split_003.html
part0011_split_004.html
part0012_split_000.html
part0012_split_001.html
part0012_split_002.html
part0012_split_003.html
part0012_split_004.html
part0013_split_000.html
part0013_split_001.html
part0013_split_002.html
part0013_split_003.html
part0013_split_004.html
part0013_split_005.html
part0013_split_006.html
part0014_split_000.html
part0014_split_001.html
part0014_split_002.html
part0014_split_003.html
part0015_split_000.html
part0015_split_001.html
part0015_split_002.html
part0015_split_003.html
part0015_split_004.html
part0015_split_005.html
part0016_split_000.html
part0016_split_001.html
part0016_split_002.html
part0017_split_000.html
part0017_split_001.html
part0017_split_002.html
part0017_split_003.html
part0017_split_004.html
part0018_split_000.html
part0018_split_001.html
part0018_split_002.html
part0018_split_003.html
part0019_split_000.html
part0019_split_001.html
part0019_split_002.html
part0019_split_003.html
part0019_split_004.html
part0020_split_000.html
part0020_split_001.html
part0020_split_002.html
part0020_split_003.html
part0021_split_000.html
part0021_split_001.html
part0021_split_002.html
part0021_split_003.html
part0021_split_004.html
part0022_split_000.html
part0022_split_001.html
part0022_split_002.html
part0022_split_003.html
part0023_split_000.html
part0023_split_001.html
part0023_split_002.html
part0023_split_003.html
part0023_split_004.html
part0023_split_005.html
part0023_split_006.html
part0023_split_007.html
part0024_split_000.html
part0024_split_001.html
part0024_split_002.html
part0024_split_003.html
part0025_split_000.html
part0025_split_001.html
part0025_split_002.html
part0025_split_003.html
part0025_split_004.html
part0026_split_000.html
part0026_split_001.html
part0027_split_000.html
part0027_split_001.html
part0027_split_002.html
part0027_split_003.html
part0028_split_000.html
part0028_split_001.html
part0028_split_002.html
part0028_split_003.html
part0028_split_004.html
part0028_split_005.html
part0029_split_000.html
part0029_split_001.html
part0029_split_002.html
part0029_split_003.html
part0029_split_004.html
part0029_split_005.html
part0029_split_006.html
part0029_split_007.html
part0030_split_000.html
part0030_split_001.html
part0030_split_002.html
part0030_split_003.html
part0030_split_004.html
part0031_split_000.html
part0031_split_001.html
part0031_split_002.html
part0031_split_003.html
part0032_split_000.html
part0032_split_001.html
part0032_split_002.html
part0032_split_003.html
part0032_split_004.html
part0033_split_000.html
part0033_split_001.html
part0033_split_002.html
part0033_split_003.html
part0033_split_004.html
part0033_split_005.html
part0033_split_006.html
part0033_split_007.html
part0034_split_000.html
part0034_split_001.html
part0034_split_002.html
part0034_split_003.html
part0034_split_004.html
part0035_split_000.html
part0035_split_001.html
part0035_split_002.html
part0035_split_003.html
part0036_split_000.html
part0036_split_001.html
part0036_split_002.html
part0036_split_003.html
part0036_split_004.html
part0036_split_005.html
part0037_split_000.html
part0037_split_001.html
part0037_split_002.html
part0037_split_003.html
part0037_split_004.html
part0037_split_005.html
part0037_split_006.html
part0037_split_007.html
part0037_split_008.html
part0037_split_009.html
part0038.html
part0039.html