Mount Carmel, Ohio
Dimanche 2 novembre,
18 h 20
Dès que Faith atteignit la route goudronnée, elle commença à enregistrer une liste de tâches sur son téléphone. Ses listes lui avaient permis de conserver sa santé mentale et d’effectuer toutes les démarches nécessaires pour quitter Miami sous l’identité de Faith Corcoran et laisser Faith Frye derrière elle. Le tout en un délai prodigieusement court.
La magie des listes lui était apparue après la mort de sa mère, quand son père avait commencé à puiser du réconfort dans la bouteille. A neuf ans, elle avait dû apprendre à tenir leur petite maisonnée. Etablir des listes avait été sa planche de salut.
Demain, elle passerait voir l’avocat de sa grand-mère pour récupérer la bonne clé, puis appellerait les fournisseurs concernés pour faire rebrancher l’eau et l’électricité. Il lui faudrait aussi une ligne fixe, vu la fiabilité du réseau mobile…
Oh ! non. Elle eut un coup au cœur en se rendant compte de ce qu’elle avait oublié. L’abonnement du mobile. Bon sang ! Incrédule, elle fixa l’appareil qu’elle tenait en main. Elle avait changé son nom, son adresse, son permis de conduire et ses cartes de crédit, mais pas son numéro de portable.
L’irritation la saisit. Mince alors, comment avait-elle pu oublier le téléphone ? Non seulement il était encore à son ancien nom, mais c’était surtout une vraie balise de géolocalisation.
Elle arrêta la jeep au milieu de la route et déconnecta la puce de l’appareil. Dès le lendemain, elle se procurerait un nouveau téléphone. Un modèle intraçable, comme ceux dont ses patients ex-détenus étaient équipés.
Ensuite, une fois qu’elle aurait tout organisé, elle retournerait à cette maison entamer ce qui s’annonçait comme un gigantesque nettoyage. Rectification. Ce n’est pas « cette » maison, c’est « ta » maison. Si tu t’habitues à le dire, ce sera peut-être beaucoup plus facile d’y entrer la prochaine fois.
On se détend. Peter Combs est derrière toi, à Miami. Personne ne va te harceler. Personne ne cherche à te tuer. Tu n’as rien à craindre, ici.