Cincinnati, Ohio
Lundi 3 novembre, 23 h 55

>>SuzyQ253 : Ce qu’il t’a fait était le mal à l’état pur. Dis-le à quelqu’un. Demande de l’aide.

>>Jen1394 : Tu ne comprends pas. Je peux en parler à personne. Je peux pas en parler à ma prof. Elle préviendra les flics. Et je peux vraiment pas en parler à ma mère. Elle me foutra dehors. Elle l’a déjà fait avec ma sœur. Mais il est toujours là. Ma mère ne lui demandera jamais de partir.

Deacon fronça les sourcils quand le texte disparut de l’écran, remplacé par le signal d’un appel entrant. Il avait été captivé par ces posts de victimes exposant leur angoisse devant leurs pairs dans un forum. Des vraies victimes qui avaient été traitées par une thérapeute appelée Faith.

Il sortit en marche arrière de l’allée de Tammy et prit la direction de la ville.

— Novak.

— C’est Bishop. Je suis toujours à King’s College. On a fini par avoir la vidéo. Le grain des images est assez grossier, mais on a localisé l’endroit où les filles ont disparu. C’est sur le trajet entre la bibliothèque et les résidences. Une section qui n’est pas couverte par la vidéosurveillance.

— On aurait pu s’y attendre. Sabotage délibéré, problèmes techniques ordinaires ou mauvaise organisation ?

— Deux et trois, à mon avis. J’ai parlé à une étudiante qui a évoqué les problèmes de sécurité du campus sur son blog, pour que l’administration agisse en conséquence. Elle a publié une liste de tous les endroits qui se trouvent en dehors des champs des caméras, à titre d’avertissement pour les autres étudiants.

— Ou de mode d’emploi pour le ravisseur.

— Exactement. J’ai sécurisé la zone et j’ai posté des agents. Tanaka a réquisitionné tous les projos pour la maison de Corcoran, alors nous devrons attendre demain matin pour analyser la scène. Mais l’enlèvement remonte déjà à quelques jours et c’est un lieu public, donc je ne suis pas sûre qu’on trouve des preuves, mais on regardera quand même.

— Et leurs chambres, leurs amis ?

— J’ai fouillé les chambres et j’ai demandé à la scientifique d’emballer leurs affaires pour les emporter au labo. Pour l’instant, je n’ai trouvé personne proche de Corinne Longstreet. Elle est plus âgée que les autres étudiants et assez réservée, semble-t-il. Selon la compagne de chambre d’Arianna, aucune des deux filles n’avait l’habitude de sortir. Corinne est une ancienne de l’armée, mais elle n’a fait que la moitié de son temps en Afghanistan, avant d’être réformée pour raisons de santé. J’ai demandé son dossier et, à première vue, ce n’est pas pour des motifs psychiatriques. J’ai trouvé des flacons de médicaments prescrits et des vitamines. Assez pour remplir une putain de pharmacie.

— Des antidouleurs ?

— Non. Attends, je te donne la liste. Il y a du Prednisone, de l’Endoxan, du Rituxan, du Méthotrexate, du Bactrim et du Fosamax. Plus un gros flacon de vitamines B9 et d’autres vitamines en vente libre. J’espère que l’arrêt de son traitement ne mettra pas sa vie en danger.

— Envoie-moi cette liste par SMS et je poserai la question au toubib des urgences, quand elle aura fini de recoudre Corcoran. Elle pourra peut-être nous donner le nom de la maladie dont souffre Corinne. Si on se fonde juste sur le Prednisone, ça pourrait être une maladie immunodépressive ou encore de l’arthrite. Quoi qu’il en soit, elle a peut-être manqué d’énergie pour s’opposer à son ravisseur et se sauver comme Arianna.

— Ou elles ont peut-être pu s’évader toutes les deux, mais Corinne n’a pas pu aller aussi loin qu’Arianna. C’est bien ce que j’ai pensé en découvrant tous ces flacons de médocs. Kimble a dit qu’ils n’avaient trouvé aucune trace d’elle.

— Et Arianna. Que t’a dit sa colocataire ?

— La coloc s’appelle Lauren Goodwin. C’est une première année, comme Arianna. D’après elle, Arianna et Corinne se sont rencontrées en cours d’art et sont devenues tout de suite les meilleures amies du monde. Quand Arianna n’est pas rentrée le vendredi soir, Lauren a pensé qu’elle était partie avec Corinne pour le week-end. C’est seulement ce soir qu’elle s’est inquiétée en constatant qu’Arianna n’était toujours pas là. Il s’avère que les parents de Lauren ont adopté Arianna, ils ont été appelés à l’hôpital. En revanche, Corinne n’a aucune référence familiale sur son dossier de l’université. J’espère que son dossier de l’armée sera plus complet. Voilà ce qu’on a jusqu’à présent. Et toi, comment tu as trouvé notre Bon Samaritain ?

— Différent de ce à quoi je m’attendais, répondit Deacon d’un ton réservé. Le type qui la harcèle s’appelle Peter Combs. Au fil de l’année dernière, elle a déposé trente plaintes contre lui. J’ai demandé à la police de Miami de me les transmettre mais, jusqu’à présent, nada. Apparemment, ce Combs la haïssait assez pour avoir essayé de la tuer au moins deux fois.

Bishop poussa un sifflement grave.

— Merde. Et pourquoi ?

Parce que c’est moi qui ai commencé à l’épier la première.

— J’allais justement le découvrir quand la toubib est arrivée pour lui faire des points de suture. Si j’ai bien compris, elle n’a pas accepté Peter Combs ou les autres délinquants en thérapie parce qu’elle le souhaitait ou qu’elle croyait à leur réinsertion. A l’entendre, elle a accepté parce que les seuls soins auxquels les victimes avaient accès étaient ces thérapies ordonnées par le tribunal.

— J’imagine que ça se défend, même si la logique est franchement tordue. Cela dit, on n’a que sa parole là-dessus.

Deacon ne manqua pas l’avertissement qui sous-tendait la dernière remarque de Bishop.

— Je sais. Et le gars en question pourrait se trouver à Miami et n’avoir aucun lien avec l’affaire d’Arianna et Corinne. Mais quelque chose me dit qu’ils sont tous connectés.

— Ton fameux instinct ?

Bishop avait emprunté le ton de la plaisanterie, sans se moquer pour autant. Leur association ne datait que d’un mois, mais l’instinct de Deacon avait déjà prouvé son efficacité. Il se trompait rarement sur les gens.

— Un truc dans ce genre-là. Tu as prévu autre chose ?

— Je retourne au labo jeter un coup d’œil sur ce que nous avons collecté dans les chambres. Je tomberai peut-être sur un élément qui m’indiquera si ces filles avaient un petit ami, ou prévu de rejoindre quelqu’un. Et toi ?

— Quand Corcoran aura fini de se faire soigner, je la raccompagne à son hôtel. Au cas où mon instinct me raconte n’importe quoi, je vais poster une voiture de patrouille devant, mais je ne pense pas qu’elle soit directement impliquée. Ensuite, je vais repartir pour la maison. Tanaka travaille là-bas depuis six heures. Je veux voir ce qu’il a trouvé.

Le téléphone de Deacon vibra.

— Ne quitte pas, j’ai un SMS qui vient d’arriver. Il faut que je trouve un endroit où m’arrêter.

— Moi aussi, je viens d’en recevoir un. Le tien vient d’Adam ?

Deacon jeta un coup d’œil à son téléphone pour vérifier.

— Ouais. Lis-le-moi, répondit-il, soulagé que son cousin ait choisi de lui envoyer un message plutôt que de lui passer un coup de fil.

Il n’était pas prêt à communiquer directement avec Adam. Pas encore.

— Aucune trace de Longstreet, mais ils ont trouvé la route que le ravisseur a empruntée pour fuir. Une piste dont l’entrée était cachée par des buissons. Elle débouche sur Kellogg Avenue, le long du fleuve.

— Ce qui veut dire qu’il peut se trouver n’importe où, dit Deacon. Où sont les caméras de surveillance de la circulation ?

— Sur ce tronçon de la 52, il y a une station-service près de l’entrée de l’autoroute.

— Bien sûr, ça ne va pas servir à grand-chose tant qu’on n’aura pas une marque et un modèle de véhicule, mais je préfère prévoir. Il ne reste qu’à espérer qu’Arianna sera en mesure de nous donner une description de son ravisseur et du véhicule à son réveil.

— Il faudrait savoir s’ils ont vérifié les endroits où on a accès au fleuve, dit Bishop. Comme l’a souligné ton Bon Samaritain, notre criminel est parti avec trois victimes. Le type de l’électricité, Corinne et peut-être le serrurier, s’il était au rendez-vous. Il y a de bonnes chances qu’il ait balancé les cadavres à l’eau. Attends, je reçois un autre SMS.

Bishop grommela un juron indistinct.

— Le serrurier était bien là-bas, reprit-elle plus calmement. Adam vient de trouver son véhicule.

— Merde. Je passerai voir sa famille en retournant à la maison O’Bannion.

— Et si on lançait une recherche sur le harceleur de Corcoran ? suggéra Bishop.

— C’est déjà fait. D’un autre côté, je n’ai eu personne de Miami. J’ai laissé un message à leur bureau pour demander à la personne chargée du dossier de Faith de m’appeler.

Bishop laissa passer un bref temps de silence, avant de se décider.

— Et Faith ne t’a pas dit qui était chargé de son affaire ?

Deacon réprima son mouvement d’humeur instinctif. A la place de Bishop, il aurait posé la même question.

Il se rendit compte que, même si cela ne remontait qu’à quelques heures, à ses yeux, Faith Corcoran n’était plus une suspecte ni même un témoin. Il la considérait comme quelqu’un qu’il avait la responsabilité de protéger.

Et, ça, ça n’allait pas du tout.

— Non, elle ne l’a pas fait. Pas encore. Quand j’aurai reçu les rapports, je te les transmettrai. Appelle-moi si tu as quelque chose de nouveau.

Sur tes traces
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