Est du Kentucky
Mercredi 5 novembre, 15 heures

Dans le périmètre de la cabane de l’ex-femme de Jeremy se trouvaient assez de représentants des forces de l’ordre pour gouverner un petit pays, songea Deacon. Accompagné de Bishop, il remontait une longue file de voitures stationnées le long de la route. Quelques policiers s’étaient rassemblés autour du véhicule garé au plus près de la maison — une Porsche grise aux lignes racées.

— Marcus a dû venir avec, dit Bishop. Stone et lui ont échangé leurs voitures au bar, la nuit dernière, et la Corvette de Stone se trouve toujours devant le manoir de Jeremy, exact ?

— Exact. D’après les agents aucun des véhicules n’a bougé de l’allée après le retour de Marcus avec la Corvette. A qui appartient la Porsche ?

— Elle est enregistrée au nom d’Audrey O’Bannion, leur indiqua un des policiers.

— Marcus a emprunté la voiture de sa sœur après avoir fait sortir Jeremy et Keith dans la Range Rover, dit Bishop. Tu n’as jamais pensé à conduire un de ces joujoux, Novak ?

— Ça m’est arrivé une fois, admit-il d’un ton pince-sans-rire. Il a fallu m’en extraire avec un levier.

Bishop gloussa, mais reprit rapidement son sérieux quand un homme chauve en costume et cravate noirs les accueillit à la porte.

— Bishop et Novak, annonça-t-elle d’un ton vif.

— Agent spécial Hudgins, dit-il en tenant la porte grande ouverte. Mon bureau est le plus proche de la scène, j’ai été appelé pour la sécuriser pour vous. Mais je dois vous dire que je ne m’attendais pas à ça, quand j’ai reçu l’appel qui m’a envoyé ici.

— A quoi vous attendiez-vous ? demanda Deacon.

Il enleva ses lunettes noires pour mieux découvrir l’intérieur de la cabane. L’endroit était en désordre. Le contenu de tiroirs était éparpillé par terre, un tas de terre s’empilait près d’une tombe ouverte. Quatre visages le regardaient du fond d’un trou peu profond, trois âgés et un beaucoup trop jeune. Mikhail Yarborough, le fils de Jeremy.

— Quand j’ai découvert la Porsche devant la maison, j’ai cru que j’allais trouver un labo de méth, des montagnes de pilules d’oxy, voire une plantation d’herbe. Pas quatre cadavres sous le plancher et un bocal rempli d’yeux.

Deacon se tourna vers Hudgins, qui cilla une fois.

— Des yeux normaux… pas comme les vôtres.

Bishop toussota, mais conserva une expression grave.

— Corinne avait parlé de ce bocal.

— Où sont ces yeux « normaux » ? demanda Deacon.

— Regardez sous le lit. Nous n’avons encore rien déplacé.

Deacon écarta les pans de son manteau et s’accroupit. Bishop se baissa également.

Il éclaira le dessous du lit et vit le bocal couché. Au moins une dizaine d’yeux opaques flottaient dans un liquide sombre.

— On dirait l’accessoire minable d’un train fantôme encore plus minable, murmura Bishop.

Mais Deacon l’entendit à peine, son esprit se repassait un fragment d’une conversation qui avait eu lieu la veille.

Des étagères avec des bocaux, avait dit Faith d’un ton distrait. Essentiellement des confitures et des gelées. La cuisinière de ma grand-mère faisait des conserves à l’époque. Elle avait froncé les sourcils. Et des olives.

Il avait été surpris. La cuisinière de votre grand-mère faisait ses propres conserves d’olives.

Non, évidemment, avait-elle répondu, comme s’il était stupide. Les olives étaient déjà dans leurs bocaux.

— Faith a vu ce bocal, dit-il à mi-voix. Ou un qui lui ressemblait. Elle se tenait probablement derrière le muret qui montait à mi-hauteur devant l’ancienne porte de la cave. Elle a dit que c’était l’endroit où elle enlevait ses bottes, lorsqu’elles étaient boueuses.

Il contint à grand-peine un frisson en songeant à ce qui aurait pu arriver si le tueur l’avait surprise dans ces circonstances.

— Elle se souvient avoir vu des bocaux d’olives dans la cave, ajouta-t-il.

— Je comprends comment elle a pu arriver à cette conclusion. Parfois l’esprit ne permet pas de traiter ce que l’on voit, surtout si on est très jeune et que l’image est particulièrement traumatisante. Quel âge avait-elle ?

— Je l’ignore. Moins de neuf ans, sans doute. Au moment où sa mère est morte, elle avait déjà peur de la cave. C’est pour ça qu’elle comptait les marches. Elle les descendait les yeux fermés. Ça voudrait dire qu’il tue depuis bien plus longtemps qu’on ne l’imaginait.

— La mère de Faith est morte il y a vingt-trois ans, murmura Bishop. Ça change la donne…

Elle se tourna vers Hudgins.

— C’est le seul bocal ? lui demanda-t-elle.

— Jusqu’à présent, nous n’en avons pas trouvé d’autres. Cela dit, quelque chose était entreposé dans le placard. La poussière a été dérangée. L’objet mesurait environ quatre-vingt-dix centimètres sur un mètre vingt.

— Le reste de sa collection, suggéra Deacon à mi-voix en se redressant de toute sa taille. Latent ?

Une femme qui couvrait de poudre la poignée d’une porte de placard se retourna.

— Oui, agent Novak ?

— Pouvez-vous relever les empreintes sur ce bocal, en priorité ? Merci, dit-il, avant de s’adresser à Bishop. Voyons si nous pouvons mettre de l’ordre dans tout ça. Lundi soir, le tueur a amené deux hommes morts et deux filles vivantes dans cette cabane. Il avait fui de son terrain de jeux, une maison de Mount Carmel, Ohio.

Cette dernière précision était destinée à Hudgins.

— Je me disais en effet qu’il pouvait y avoir un rapport entre les deux affaires. Nous avons reçu l’avis de recherche pour le technicien de Earl Power et le serrurier. Et le garçon ?

— C’est le fils de la propriétaire de la cabane, Della Yarborough, dit Bishop. Il a fugué et s’est réfugié ici. Sa présence a sans doute surpris le tueur. Je comprends pourquoi le mur de derrière est éclaboussé de sang.

— Ouais. Vers la bonbonne de gaz. Le robinet était fermé.

— Pour l’attirer à l’extérieur, dit Deacon, d’un air sombre. La spécialité de notre tueur. Ensuite, il enterre le garçon avec les deux hommes.

Deacon projeta le rayon de sa Maglite sur le lit défait. Plusieurs cheveux noirs étaient visibles sur l’oreiller, deux longueurs de corde traînaient sur les draps froissés. Les cordes avaient été cisaillées par un canif.

— Roza était ici. Où se trouvait Corinne ?

— Il y a un silo à l’arrière, expliqua un des autres techniciens. Nous y avons trouvé quelques cheveux blonds et des fragments de cordes coupées, juste comme celles qui sont sur le lit.

— D’accord.

Deacon réfléchit, reconstruisant les événements dans son esprit.

— Il a flanqué Corinne dans le silo et a laissé Roza, ici, attachée au lit. Corinne s’est évadée avec un couteau suisse. Ensuite, elle est venue dans la cabane et a libéré Roza.

A chaque nouvelle découverte, la combativité de la jeune femme l’impressionnait davantage.

— Selon Arianna, Roza savait qu’elle serait punie pour l’avoir aidée à s’échapper de la cave. Il aurait même pu aller jusqu’à la tuer. Alors, elle s’est droguée.

— Courageuse, la petite, lança Hudgins.

— Vous n’avez même pas idée ! dit Bishop. Corinne a dû rassembler quelques provisions. Elle nous a dit qu’elle avait des couteaux de cuisine et une pelle pour se défendre. Elle a peut-être fouillé le placard, vu une caisse, soulevé le couvercle et sorti un des bocaux. En se rendant compte de ce qu’elle tenait, elle l’aura laissé tomber et il a roulé sous le lit.

Hudgins laissa échapper un soupir.

— Ça paraît logique. Moi aussi, je l’aurais peut-être laissé tomber.

Deacon éclaira une boîte de soupe vide posée à terre.

— Elles ont dû manger un peu et puis Corinne a sorti Roza de là. Nous pensons que la personne qui est arrivée ensuite à la cabane était Stone O’Bannion, un autre des fils de la propriétaire de la cabane. Il cherchait Mikhail, son petit frère. Il nous a dit qu’il a trouvé tout ça, qu’il a vu le tas de terre à l’intérieur et le sang dehors, et qu’il a commencé à creuser.

Bishop prit le relais.

— En découvrant le corps de Mikhail, il a paniqué et il a foncé à Cincinnati pour le dire à Jeremy. Là-dessus, on lui est tombé dessus parce qu’on venait d’interroger son père. Stone ne nous a rien dit, de crainte que nous n’accusions Jeremy. Au lieu de ça, il est revenu ici pour essayer de trouver la fille en espérant apprendre ce qui s’était réellement passé, de manière à pouvoir protéger Jeremy. Mais Corinne et Roza étaient parties. Il a suivi leur piste à travers bois, mais Corinne a supposé qu’il était celui qui avait enlevé et torturé Arianna, alors elle l’a frappé avec le couteau de cuisine et l’a cogné avec la pelle.

— Bravo à elle ! dit Hudgins.

Deacon et Bishop marquèrent leur approbation, d’un bref hochement de tête.

— Bien, d’accord, dit Bishop. Stone s’est évanoui. A son réveil, il a prévenu son frère Marcus, qui avait déjà fait sortir Keith et Jeremy du manoir en douce, par-derrière, sous le nez de trois agents fédéraux, postés en surveillance.

— Inutile de remuer le couteau dans la plaie.

Les protestations de Deacon manquaient un peu de conviction. Les fédéraux avaient royalement foutu la surveillance en l’air.

— Hé, je dis ce que je vois, dit-elle. Marcus était avec sa mère et Jeremy, qui savaient à ce moment-là que Mikhail avait disparu et commençaient à s’inquiéter. Marcus est parti à la recherche de Mickey, puis il a reçu le SMS de Stone et a emprunté la Porsche de sa sœur. En arrivant ici, il a trouvé les quatre cadavres. C’est pourquoi il m’a appelée, anonymement.

Intrigué, Deacon fronça les sourcils.

— Attends. C’est important. Stone n’a vu que trois cadavres. Marcus en a vu quatre, ce qui signifie que le tueur est revenu entre-temps pour enterrer Elise Lasker.

— Quand a-t-elle été déclarée disparue ? demanda Hudgins.

— Elle a été vue pour la dernière fois un peu avant 5 heures, indiqua Bishop. Le tueur l’a probablement éliminée pour lui prendre son pick-up. S’il lui est tombé dessus à 5 heures, il a dû arriver ici à 7 heures. A ce moment-là, il découvre que Corinne et Roza sont parties. Il a dû enterrer Mme Lasker et a recouvert de nouveau les cadavres avec les lattes du plancher. Ensuite, il part chercher Corinne et Roza. Marcus arrive dans la forêt, trouve Stone blessé et le charge dans sa Subaru. Puis il vient ici, déterre de nouveau les corps et me prévient, anonymement.

— Pendant que le tueur erre dans le coin en essayant de mettre la main sur Corinne et Roza, dit Deacon. Est-ce que ça paraît logique qu’on puisse les trouver en une heure, alors que le tueur a vagabondé pendant six heures ?

Bishop haussa les épaules.

— C’est une vaste forêt. Il est concevable que Marcus et le tueur se soient croisés sans se rencontrer, surtout s’ils se déplaçaient discrètement à pied tous les deux. Quand bien même on pourrait croire qu’ils ont chacun entendu le moteur de l’autre. Dès qu’on aura établi les faits et gestes de tous ceux qui sont sur notre tableau des suspects, entre 4 heures et midi, on aura une idée plus claire des événements.

— En admettant que le tueur soit resté ici pendant tout ce temps, dit Deacon.

— A quoi penses-tu ? demanda Bishop.

Il pensait ce à quoi il ne voulait pas penser.

— Je pense que ce psychopathe est à l’œuvre depuis au moins vingt-trois ans. Et que Jordan a vraiment insisté pour voir Faith, ce matin.

— Tu crois qu’il voulait établir un alibi ?

— Peut-être. J’espère qu’il voulait sincèrement nous livrer des informations sur le jardinier de la Société historique, mais je dois m’en assurer. Faith lui fait confiance.

— Je vois. J’ai eu Isenberg en venant ici. Ils sont passés chercher le jardinier et il patiente au central, dans une salle d’interrogatoire. D’après le commandant, Keith attendait devant la maison de l’ex-femme de Jeremy dans la Range Rover, visiblement dans un état de « colère froide », parce que Jeremy était à l’intérieur avec son ex. Isenberg leur a appris la mort de Mikhail, puis elle a amené Jeremy et Keith chez nous pour les interroger. Elle a dit que la colère de Keith s’est évaporée dès que Jeremy s’est montré.

— Alors, Keith est toujours en tête de liste en termes de comportement suspect, mais il n’a tiré ni sur Marcus ni sur Corinne. Ce n’est pas la bonne silhouette et Isenberg est son alibi.

— On devrait se voir avec le reste de l’équipe, dit Bishop.

Au moment où elle prenait son téléphone dans sa poche, l’appareil se mit à sonner.

— En parlant du loup…

Elle tendit l’écran à Deacon pour lui montrer le nom de son correspondant, puis décrocha.

— Quoi de neuf ? dit-elle, puis elle battit des paupières. Non, je ne quitte pas.

Quelques secondes plus tard, le téléphone de Deacon sonna à son tour. Isenberg, aussi. Elle les appelait en mode conférence, ce qui signifiait qu’elle ne voulait pas se répéter.

— Oui, répondit-il en sentant l’angoisse s’installer entre ses épaules. Dites-moi que Faith va bien et que Corinne est encore en vie. S’il vous plaît.

— Faith va bien, dit Isenberg. Corinne est encore au bloc. Il ne s’agit pas d’elles. Adam, Vince et Carrie Washington participent aussi à la conférence. Carrie ? Allez-y.

— Nous avons trouvé la balle dans le corps de l’agent Pope, dit le médecin légiste. Elle ne provenait pas d’un neuf millimètres. C’est une balle de fusil, semblable à celle que nous avons extraite du portier de l’hôtel, lundi soir.

Deacon prit une brève aspiration silencieuse.

— Alors, il n’a pas surpris Pope. Il occupait une position dominante quelque part dans mon voisinage.

Son estomac chavira lorsqu’il envisagea les possibilités et les probabilités.

— Il faudra faire du porte-à-porte. Je doute que le tueur ait été assez courtois pour choisir une maison vide et il ne laisse jamais ses victimes en vie.

— Je suis d’accord, dit Isenberg. Et votre supérieur est du même avis. D’ailleurs, j’ai eu Zimmerman, il a déjà bouclé le voisinage, à la recherche d’Antonio Renzo, le gars qui a harcelé votre frère et votre sœur.

— Pope était l’un d’entre nous, dit Deacon. Les gars de l’antenne locale ont passé la vitesse supérieure, quand je leur ai appris qu’il avait d’abord été blessé par balle. Depuis, ils ne sont plus après le gamin, mais après le tireur. Cela dit, ils ont toujours plusieurs agents qui recherchent Renzo en espérant que le gamin pourra les conduire… Oh ! bordel.

Il ne laisse jamais ses victimes en vie. Le sens des mots qu’il venait de prononcer le frappa soudain.

— Si Renzo est arrivé assez près du tueur pour qu’il lui prenne son couteau, alors nous devons supposer qu’il est mort, lui aussi.

— Zimmerman est arrivé à la même conclusion, dit Isenberg. Autre chose. Adam, votre angle d’attaque par les vétos a porté ses fruits. Nous avons identifié la femme agressée dans le parking de la supérette. Elle s’appelle Delores Kaminsky. Elle tient un refuge pour chiens. J’ai envoyé une voiture de patrouille à son domicile et j’ai émis un avis de recherche pour son véhicule. Monospace Nissan, couleur grise.

Monospace Nissan, gris ? Merde. Le pouls de Deacon accéléra sa course.

— Je l’ai vu. Le monospace Nissan gris. Mardi matin, il était garé en face de chez moi. Je n’y ai pas fait attention sur le moment. C’est un arrêt de bus scolaire. Les parents s’y arrêtent pour attendre leurs enfants.

— Et la plupart des mères conduisent des monospaces, fit Isenberg d’une voix lugubre. Merde, il était à notre portée.

— Bordel, siffla Deacon. Je n’ai pas pris la peine de vérifier. Mais pourquoi ?

— Et pourquoi Pope et Colby ne l’ont pas fait, à ton avis ? demanda Bishop d’un ton raisonnable. Vous êtes probablement arrivés à la même conclusion. Que c’était une mère de famille qui attendait le bus.

— Résultat, Pope est mort, dit Deacon d’un ton sinistre. Merci, mais je ne me sens pas mieux pour autant. On a des nouvelles de notre côté, Lynda. On a mis la main sur une partie de sa collection, un bocal rempli d’yeux qui avait roulé sous le lit. Il semble qu’il ait emporté une caisse plus grande avec lui.

— Pour l’instant, Latent relève les empreintes sur le bocal, ajouta Bishop. Alors vous les recevrez bientôt.

— Nous avons trouvé beaucoup plus de bocaux dans la maison, dit Adam. Plus d’une quarantaine, remplis d’yeux, de langues, de cœurs et d’autres trucs. La plupart étaient étiquetés avec le nom des victimes.

— Vous avez trouvé son stock ? demanda Deacon, soulagé.

Désormais, Faith n’avait plus besoin d’aller là-bas. Elle pouvait rester à l’abri au central, jusqu’à ce qu’il vienne la chercher pour l’emmener à la planque.

— En tout cas, une de ses caches, dit Adam. Maintenant nous pouvons commencer à identifier certaines des victimes.

— Nous avons d’autres nouvelles, intervint Tanaka. Aucune d’entre elles n’est bonne. Sophie a trouvé sept cadavres de plus.

— Je préparerai la morgue pour les nouvelles victimes, précisa Carrie avec un soupir.

Le soulagement de Deacon s’évapora. Sept de plus. Sans compter Mme Lasker. Il se dirigea vers la porte de la cabane.

— Je vais rentrer chez moi et aider aux recherches. Je dois au moins ça à mes voisins.

— Je me doutais que vous voudriez faire ça, dit Isenberg. Zimmerman vous attend.

Sur tes traces
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