Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 1 h 50

Deacon suivit Isenberg dans la salle d’observation adjacente, puis s’arrêta net. Devant la glace sans tain, Bishop et Adam observaient Faith, qui avait détourné le visage du miroir.

Elle a droit à un peu d’intimité, se dit-il en regrettant de ne pas pouvoir l’emmener sur-le-champ. Parce que, même s’il ne pouvait pas voir ses traits, ses épaules minces étaient agitées de mouvements spasmodiques. Elle pleurait encore et ça lui crevait le cœur. Elle en a assez bavé.

Au prix d’un gros effort, il la quitta du regard. L’expression d’Adam était indéchiffrable, mais le visage de Bishop trahissait sa compassion. Isenberg les jaugeait tous.

— Vous avez du nouveau ? demanda encore Deacon.

Adam parla le premier.

— Nous avons relevé des empreintes de pneus entre la piste de terre et la maison où les victimes ont été retenues. Le revêtement des pneus concorde avec ceux d’un fourgon. J’ai des agents en uniforme qui ratissent la Route 52 en essayant de rassembler tout ce qu’on peut trouver comme images de vidéosurveillance disponibles.

Deacon avait conscience qu’Adam partageait des informations importantes mais, tout ce qu’il pouvait entendre, c’était son cousin le traitant de phénomène de foire. Deacon évacua les paroles cruelles d’Adam et se concentra. Pour Corinne et Arianna. Et pour Faith.

Il hocha la tête.

— Avec un peu de chance, cet idiot utilise le même fourgon. Il avait un complice sur le pont. Je demanderai à Vega de convoquer une nouvelle fois la petite amie pour l’interroger.

— En ce qui concerne la logistique, Corcoran a raison sur un point, fit remarquer Bishop. Combs aurait eu du mal à faire l’aller et retour d’ici à Miami, tout en ayant le temps de saboter la vieille voiture de Corcoran, d’enlever Arianna et Corinne. Sans compter qu’il a infligé toutes ces blessures à Arianna. D’après le chirurgien, certaines de ces plaies datent de plusieurs jours. D’autres d’hier. D’autres encore ne remontaient qu’à quelques heures.

— Alors, il s’est trouvé dans la maison chaque jour, au moins une partie du temps, dit Deacon.

Bishop acquiesça d’un signe de tête.

— Il a prendre l’avion. Je ne vois pas d’autre explication logique. On devrait vérifier les listes de passagers des aéroports dépendant de Miami et de Cincinnati.

Enfin, Deacon eut l’impression de reprendre une forme de contrôle sur l’affaire.

— On pourrait employer un logiciel de reconnaissance faciale pour vérifier les portes des aéroports avant et après les vols. Je veux une chronologie de ses déplacements pendant les quatre derniers jours. Si Combs a pris l’avion quelque part le week-end dernier, nous devons le savoir.

— Crandall peut s’en occuper, dit Isenberg. Je vais le rappeler.

— C’est un sacré paquet d’infos à démêler pour un seul homme, fit remarquer Deacon, dubitatif. Des heures de vidéosurveillance de plusieurs aéroports. Je devrais demander du renfort au Bureau.

Le lieutenant donna son accord d’un signe de tête peu enthousiaste.

— Passez les appels nécessaires.

Deacon fut soulagé de la voir aussi raisonnable. Il n’avait aucune envie de se retrouver au milieu d’une guerre de territoire.

— Je m’en occupe. Ensuite, dès que j’aurai conduit le docteur Corcoran à son hôtel, je repartirai à la maison. Je vais poster des agents en uniforme sur le parking.

Adam étudiait Faith à travers la vitre.

— Il aurait pu la tuer, hier. Il avait l’occasion idéale quand elle se tenait près de la grille du cimetière, seule et inconsciente de sa présence. Pourquoi ne l’a-t-il pas tuée ?

— Elle l’a peut-être pris par surprise, dit Deacon. D’autant plus qu’elle avait changé de véhicule. Il pensait peut-être qu’elle était encore à Miami. Il a peut-être même entendu parler de l’accident et s’est dit qu’il avait enfin réussi à la tuer.

— C’est possible. A moins qu’il n’ait aussi mis un traceur sous la jeep.

Deacon jura.

— Je demanderai à la scientifique de vérifier. Mais je ne crois pas qu’il savait quel type de véhicules elle conduisait ou qu’elle a quitté la Floride. Elle a roulé pendant trente-deux heures et il n’a rien tenté.

— S’il ne l’a pas tuée, c’est peut-être parce qu’il ne l’a pas vue, dit Adam d’une voix sèche. Il était occupé à enlever et torturer Arianna et Corinne.

— Très juste, convint Isenberg. Que viennent faire Arianna et Corinne dans cette histoire ? Pourquoi s’attaquer à elles ?

— Ça n’a aucun sens, reprit Adam. A moins que Faith ne les connaisse. Si elle ne ment pas et ne les connaît effectivement pas, alors elles ne servaient pas d’appât pour l’attirer ici.

Deacon réfléchit aux arguments d’Adam et dut admettre qu’il était d’accord avec son cousin.

— Mais je ne pense pas qu’il ait voulu attirer Faith ici, il ne veut pas de sa présence. N’oublions pas qu’il a tenté de la tuer avant qu’elle ne quitte la Floride.

— Juste, concéda Adam, à contrecœur. S’il l’avait pu, il l’aurait tuée, nous devons donc imaginer qu’elle l’a surpris ou qu’il n’a pas vu qu’elle était là.

— Et s’il ne savait pas qu’elle était là, dit Bishop, il n’aurait pas pu anticiper qu’elle ait appelé Earl Power. Nous savons que Ken Beatty l’a surpris. Il y a des traces de lutte.

— Nous savons qu’il a traîné Beatty, précisa Deacon. Nous avons trouvé les traces. A un certain moment, le serrurier est arrivé et Arianna s’est échappée. Là, il y a un blanc dans le scénario.

Il grimaça.

— Sacré blanc, grommela Adam.

— Je sais. Espérons qu’Arianna pourra le remplir à son réveil. Entre-temps, je veux savoir ce que fait Combs ici. Et, pour commencer, pourquoi a-t-il pris la maison de Faith ?

— C’est pour mieux te voir, mon enfant, lança Bishop.

Elle laissa paraître son embarras en se rendant compte qu’Adam et lui la fixaient. Puis elle haussa les épaules, d’un air gêné.

— Ce sont ses cheveux qui m’y ont fait penser.

— Ça m’est aussi venu à l’esprit, avoua Isenberg avec un sourire en coin. Faith allait à la maison de sa grand-mère. Combs est arrivé là-bas avant elle et s’y est installé.

Bishop réfléchissait à haute voix :

— Le loup a mangé la grand-mère parce qu’il avait faim et qu’elle était disponible. Combs a peut-être enlevé Arianna et Corinne pour la même raison. Elles rentraient dans leurs résidences en revenant de la bibliothèque. Selon l’étudiante blogueuse qui a interpellé l’administration de l’université à propos des problèmes de sécurité, c’est une zone qui n’est pas couverte par la vidéosurveillance. Les allées étaient désertes. C’était la nuit d’Halloween et il y avait des soirées étudiantes partout. Il s’est peut-être ennuyé en attendant Corcoran, ou il a eu un besoin désespéré de nourrir sa perversion. Corinne et Arianna étaient peut-être des proies de convenance.

Isenberg secoua la tête.

— Ça pourrait expliquer les enlèvements, mais ça ne règle pas le problème de la raison qui l’a d’abord poussé à s’emparer de la maison. Il n’a pas tenté d’enlever Faith pour la torturer. Il a directement essayé de la tuer. Pourquoi prendre la peine de s’installer dans la maison de Faith, s’il ne veut pas qu’elle soit ici ?

Dans l’esprit de Deacon, les pièces se mettaient en place.

— Parce qu’il a essayé de la tuer à de multiples reprises. Il ne cesse de la manquer ou elle lui échappe d’une manière ou d’une autre, mais il pouvait voir son agenda. Il savait qu’elle devait venir ici pour la lecture du testament de sa grand-mère.

— La plupart des gens voudraient visiter une maison dont ils viennent d’hériter, dit Bishop. Il ne savait pas qu’elle détestait cette maison. Il s’attendait donc à la visite de Faith plus tôt.

Mais cette théorie ne tournait pas rond non plus, un trou dans leur logique que Deacon ne parvenait pas à cerner. Il passait en revue tout ce que Faith lui avait dit. Brusquement, il identifia ce qui lui avait échappé jusque-là.

— La chronologie n’est pas cohérente. Il y a plus de quinze jours, il ne pouvait savoir qu’elle avait hérité de la maison, puisque l’acte de propriété n’a été rédigé qu’il y a deux semaines.

— Il est installé dans cette cave depuis plus de deux semaines, souligna Adam d’un air sinistre. A mon avis, il est là-dessous depuis plusieurs mois, au moins. Bien longtemps avant la mort de la grand-mère.

— Exact, dit Deacon. La chronologie ne fonctionne que s’il connaissait le contenu du testament. Il a tenté de la tuer après la mort de la grand-mère. Donc, soit ce n’est pas Combs, soit il avait des infos sur le testament. Ça élargit la liste des suspects à l’avocat de la grand-mère, ainsi qu’à ses collaborateurs, sans oublier les autres héritiers.

— Et les déshérités, ajouta Adam. Ils savent que quelqu’un a la maison et que ce n’est pas eux.

— Son oncle Jeremy, dit Deacon.

— C’est l’oncle à qui son père ne faisait pas confiance quand elle était une petite fille, expliqua Adam à Isenberg et Bishop. Ce type la mettait assez mal à l’aise quand elle était enfant pour qu’elle ait éprouvé le besoin de le surveiller une fois adulte.

— Et où se trouve cet oncle ? s’enquit Isenberg, sourcils froncés.

— Dans sa « propriété » d’Indian Hill, indiqua Adam avec une trace de sarcasme. Sans doute entouré d’un essaim d’avocats.

— Nous connaissons son adresse, fit remarquer Deacon. Nous ne savons pas s’il est là. J’ai contacté les deux oncles, mais aucun d’eux ne s’est manifesté jusqu’à présent. Demain matin, à la première heure, nous irons leur rendre visite à tous les deux, ainsi qu’à l’avocat de la grand-mère.

— Il a toujours une captive, rappela Adam. Demain matin, ce sera trop tard. Nous devrions aller frapper chez eux tout de suite.

Deacon secoua la tête.

— Pour dire quoi ? « Est-ce que Corinne Longstreet est menottée dans votre cave ? Non ? Désolés pour le dérangement. »

— Non, nous pourrions leur demander où ils se trouvaient vendredi à 23 heures, grommela Adam à travers ses dents serrées.

— Nous n’avons pas de quoi les convoquer pour un interrogatoire. Si l’un d’eux la retient, tout ce que nous arriverons à faire, c’est à le faire basculer. Si Corinne est encore vivante, il pourrait la tuer.

— Si elle est encore vivante, il la torture, rétorqua Adam.

Deacon scruta le visage de son cousin, et saisit un éclair de désespoir dans le regard d’Adam.

— Je sais, dit-il gentiment. Mais, jusqu’à ce que nous ayons une piste solide, je ne veux pas risquer sa vie ou celle de quelqu’un d’autre. Celui qui a enlevé Corinne et Arianna a déjà tué trois personnes à Miami en tentant d’assassiner Faith. En supposant que le préposé à l’électricité et le serrurier sont morts, il y a deux victimes de plus, cette nuit. Il n’hésitera pas à tuer Corinne aussi. J’ai posté des véhicules banalisés devant la propriété de Jeremy. S’il s’en va, nous le saurons. Ensuite, nous pourrons le suivre en espérant qu’il nous mène jusqu’à Corinne.

Malgré ses mâchoires crispées, Adam hocha la tête.

— Très bien.

Deacon se tourna vers Faith.

— La maison elle-même pourrait nous dire ce que nous avons besoin de savoir. Tanaka n’a pas encore terminé de l’analyser et Latent a encore des mètres carrés de relevés d’empreintes à faire.

— C’est quoi l’histoire avec la maison, Deacon ? demanda Bishop. A part que c’est un parfait décor pour film d’horreur, bien entendu. Quand on était là-bas, plus tôt dans la soirée, elle regardait la maison comme si elle était vivante.

— Elle la terrifie, admit Deacon. Apparemment une histoire de mauvais souvenirs, parce que c’est dans cette maison qu’elle a appris la mort de sa mère. Mais j’ai l’impression qu’il y a autre chose là-dessous. Elle a dit que sa mère était morte dans un accident de voiture, mais les circonstances ne semblaient pas proportionnelles à sa réaction. Chaque fois que j’ai mentionné la maison, elle a fait une crise d’angoisse. Ma mère est morte dans un accident de voiture. Je me souviens du moment où je l’ai appris, jusqu’au plus petit détail. Cela dit, je ne redoute pas l’endroit où j’ai appris la nouvelle.

— Ce n’était qu’une petite fille, à l’époque, fit remarquer Bishop. Quel âge avais-tu ?

— Dix-huit ans, répondit-il en chœur avec Adam.

— Et, à l’époque, tu as quitté le droit chemin, lui rappela Adam.

Deacon se souvenait de cette nuit-là. Il se souvenait d’Adam, assis près de lui, plein de compassion, essayant de lui communiquer sa force. Cela ne rendait pas moins douloureuses les paroles cruelles que son cousin lui avait adressées quelques heures plus tôt, mais cela rappelait à Deacon que l’homme qui les avait prononcées avait été son ami le plus proche et le plus loyal. Et il en vint à se demander une fois encore ce qui avait déclenché la fureur qu’Adam avait tant de mal à canaliser.

— Elle trouve peut-être cette maison terrifiante à cause de la mort de sa mère, dit Deacon. Mais la maison est au centre de toute cette histoire. Si difficile que ça puisse être pour elle, je pense qu’elle a besoin de faire la seule chose que Combs et un éventuel complice ont essayé d’empêcher. Elle doit entrer dans cette maison.

— Je suis d’accord, dit Bishop à contrecœur.

Isenberg hocha la tête.

— Amenez-la là-bas demain matin. Maintenant, qu’en est-il de la scène de crime à King’s College ? A quel endroit les filles ont-elles été enlevées ? Où en est-on, là-dessus ?

— Il fait trop noir pour s’en occuper, répondit Bishop. Les bois sont si denses que, même avec les projecteurs, on pourrait manquer quelque chose. Il y a une route d’accès utilisée par le département de l’entretien. Elle débouche sur la Sixième Ouest, par un portail secondaire. Il n’aurait pas fallu plus de quelques minutes à quelqu’un pour attraper les deux filles, les fourrer dans un fourgon et s’en aller sans être vu.

— Vous avez sécurisé la scène ? s’enquit Isenberg.

Bishop prit un air offensé.

— Bien sûr. J’ai demandé toutes les images de la vidéosurveillance, y compris toutes les caméras qui couvrent ce portail secondaire. Malheureusement, c’est aussi l’endroit où les étudiants se livrent à des « activités extrascolaires ». Donc les caméras sont souvent sabotées. J’ai fait un peu de porte-à-porte pour essayer de trouver des témoins, mais personne ne se livrait à quoi que ce soit, ce soir.

— Retrouvons les types de la scientifique à l’aube, pour voir ce qu’on trouve à King’s College. D’ici là, je ramènerai Faith à son hôtel. Ensuite, je veux retourner jeter un coup d’œil dans la maison.

Sur tes traces
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