Cincinnati, Ohio
Mercredi 5 novembre, 1 h 20

Faith pénétra dans la salle de conférences, libérant le passage pour Deacon. Il s’arrêta net sur le pas de la porte.

— Bordel, marmonna-t-il.

Tammy se tenait devant Jim, dont les grosses mains couvraient les épaules de sa femme avec une douceur que ne laissait pas imaginer sa mine renfrognée. Greg se tenait de l’autre côté du bureau de Deacon, poings serrés.

Isenberg se rembrunit.

— Agent Novak, débrouillez-vous pour régler vos petites histoires de famille en dehors de mes locaux, dit-elle d’un ton sévère. Tout de suite.

Puis, elle entra dans son bureau, dont elle referma la porte avec un petit claquement sec.

— Excusez-moi, Faith, dit Deacon d’un ton las.

Il se dirigea vers son bureau à si grandes enjambées que Faith eut du mal à le suivre. Pas question que je manque un mot de cette histoire, songea-t-elle. En tout cas, pas après avoir remarqué l’air tourmenté de Greg. Elle n’était pas convaincue que le garçon disait la vérité en affirmant qu’il n’était pas maltraité par son oncle.

Adam fermait la marche et surprit Faith en allant se poster près de l’aîné de ses cousins.

— De quoi s’agit-il ? demanda Deacon avec calme.

— Nous sommes venus chercher Greg, répondit son oncle, encore plus renfrogné, d’une voix forte.

Greg secoua la tête.

— J’ai dit non. Je veux rester avec toi, Deacon. Je ne veux pas y retourner.

— Tu ne peux pas rester avec Deacon, intervint la tante, d’un ton implorant. Rentre à la maison, Greg, je t’en prie.

Curieusement, c’était la dernière chose que Faith s’attendait à les entendre dire. Elle pensait, au contraire, qu’ils avaient l’intention de jeter Greg dehors, à cause de ses ennuis au lycée.

— Tu ne peux pas rester avec ton frère, sa maison n’est pas sûre, répéta l’oncle, qui jeta un regard froid à Deacon. Il doit revenir à la maison jusqu’à ce que tu règles ce problème.

— Je t’en prie, D. Laisse-moi rester avec toi. Je ne te causerai aucun problème, je te le jure.

Deacon se redressa, puis s’adressa à sa tante.

— Assieds-toi, je t’en prie, tante Tammy. Tu peux prendre le fauteuil de Bishop. Comment avez-vous su que Greg était ici ? demanda-t-il en regardant Adam d’un œil inquisiteur.

Son cousin se contenta de secouer la tête.

Entre-temps, Tammy s’était affalée dans le fauteuil.

— C’est Dani qui nous l’a dit quand on l’a appelée, expliqua-t-elle en regardant Deacon, les yeux rouges et gonflés. Nous avons vu ta maison aux infos. Quelqu’un a été tué là-bas. Et tu ne nous as rien dit.

Sa voix se brisa.

— Tu ne nous as même pas dit que Greg était sain et sauf, ajouta-t-elle dans un souffle.

Deacon se passa la main sur le front.

— Désolé. Tu as raison. J’aurais dû te prévenir.

Adam vint au secours de Deacon.

— Il a été un peu occupé, maman, dit-il à voix basse.

Tammy foudroya son fils du regard.

— Je ne te permets pas de me parler pour l’instant, Adam, chuchota-t-elle avec véhémence. Ça fait un mois que tu n’es pas passé à la maison et que tu n’as pas appelé. J’ai passé des semaines sans savoir si tu étais mort ou vif. Alors, ne t’avise pas de t’adresser à moi, maintenant.

Adam hocha la tête, subissant la colère de sa mère d’un air stoïque. Un muscle de sa mâchoire tressaillait, seul signe qu’il en était affecté.

— Moi aussi, je suis désolé, maman. Je n’avais pas l’intention de t’inquiéter.

Des larmes sillonnaient le visage de Tammy, ses mains presque diaphanes montèrent jusqu’à sa bouche.

— Eh bien, je me suis fait du souci. Je me suis inquiétée et je m’inquiète encore. Je me suis inquiétée tous les soirs pendant quarante-cinq ans. Tous les soirs, j’ai eu peur que ton père ne rentre pas à la maison et de devoir l’enterrer dans son uniforme. Et maintenant c’est à votre tour, mes garçons.

Elle lança un regard furibond à Deacon, qui reçut aussi sa part de reproches.

— Et toi ? C’est aux infos que j’ai appris qu’on t’avait tiré dessus. Alors, oui, j’ai appelé Dani. Dieu merci, elle a plus de bon sens que vous tous réunis. Elle nous a dit que Greg avait besoin de rester quelque part, jusqu’à ce que tu puisses récupérer ta maison.

Le regard paniqué et suppliant de Greg se riva à celui de Deacon.

— Je ne peux pas aller là-bas. Tu sais ce qui va se passer, ajouta-t-il, les dents serrées. Ils ne savent pas, eux.

Faith comprit soudain que Greg était confronté à un cruel dilemme, mais visiblement cette fâcheuse situation échappait encore à Deacon. Elle lui tapota l’épaule.

— Puis-je vous dire un petit mot ? chuchota-t-elle. C’est important.

— C’est une affaire de famille, protesta Jim en voyant Deacon tourner les talons et repartir avec Faith.

Deacon soupira.

— Jim, personne n’a envie de se disputer, ce soir. Sois un peu patient, s’il te plaît.

Il l’emmena dans la salle de conférences, où Tanaka et Bishop arboraient des mines embarrassées. Faith avait une idée très précise de leur état d’esprit.

Après avoir refermé la porte, il s’appuya contre le battant. Soudain, il ressemblait tout simplement à un homme qui n’avait pas dormi depuis deux jours.

— Quoi ? demanda-t-il d’un ton las.

— Votre tante et votre oncle ne sont pas au courant de ce qui s’est passé au lycée de Greg, c’est ça ?

En guise de réponse, il se contenta d’un geste négatif de la tête. Faith continua :

— Alors, ils ignorent que Dani a été menacée. Greg pense toujours avoir attiré l’assassin de Pope chez vous. Il ne peut pas leur en parler, parce qu’il ne leur a rien dit à propos de Dani. S’il rentre avec eux, il est persuadé de mettre leur vie en danger. Si vous savez avec certitude que Pope a été tué à cause de moi, il faudrait prendre Greg à part et le lui dire. Ne le laissez pas plus longtemps sur le gril, s’il vous plaît.

— Vous avez raison. Merci, dit-il en se passant les mains sur le visage. Je crois que j’ai eu un passage à vide en voyant Jim. Je n’avais plus l’esprit clair.

Deacon rejoignit Greg. Un nouveau poids s’ajouta à ceux qui pesaient déjà sur le cœur de Faith. Alors, c’était bien à cause de moi, pas de Greg. Pope a été tué pour m’attirer à l’extérieur.

Par la porte ouverte, elle vit Deacon prendre Greg à part, les mains posées sur les épaules du garçon. Il se pencha en avant, de manière à ce que seul Greg puisse voir sa bouche. Il s’adressa à lui sans émettre aucun son audible, il articulait les mots en silence et son frère lisait sur ses lèvres.

Le visage tourmenté de Greg se détendit et il se mit à pleurer. Deacon l’étreignit et le serra contre lui. Juste comme il a fait avec moi. Elle sentit son cœur se briser une fois encore.

Avec la soudaine impression d’être une intruse, Faith referma la porte de la salle de conférences, puis s’installa près de Bishop et de Tanaka, toujours assis à la table. Après s’être laissée tomber sur une des chaises de plastique rigide, elle baissa ses paupières lasses, la tête posée sur ses bras croisés. Elle avait dû somnoler, parce que le bruit de la porte qui s’ouvrait la tira brusquement de son assoupissement.

Elle leva la tête et cilla plusieurs fois, désorientée. Puis elle distingua Isenberg.

— Oh ! commandant. Je suis désolée. Je sors immédiatement.

Elle ébaucha un geste pour se lever, mais Isenberg lui fit signe de ne pas bouger.

— La petite réunion de famille ne devrait pas tarder à s’achever, dit-elle avec humeur. Pour votre bien, il vaut probablement mieux que vous restiez ici, jusqu’au départ de Jim Kimble.

— Ouais, il ne m’apprécie guère.

Isenberg posa un dossier sur la table et se mit à passer des photos en revue.

— Jim Kimble est un flic à l’ancienne.

Bishop leva les yeux au ciel.

— Nom de code pour « Néandertalien ».

— Mais ses opinions sont très répandues, poursuivit Isenberg. Je dois admettre qu’à certains moments de ma carrière je pensais comme Adam et son père.

— Moi aussi, dit Faith à mi-voix.

— Je le crois volontiers… Au fait, je me suis toujours demandé un truc. Avez-vous déjà traité des délinquants sexuels dont vous pensiez vraiment qu’ils n’allaient pas récidiver ?

— Oui. J’en ai rencontré quelques-uns qui m’ont semblé capables de rester dans le droit chemin. La plupart des gens de ce pays pensent que la récidive est un fait accompli. Je ne partage pas forcément cet avis. D’après les statistiques, ils ne sont que quinze pour cent à recommencer, douze pour ceux qui suivent une thérapie.

— On peut concevoir une étude spécifique pour obtenir les résultats désirés, souligna Tanaka, d’un ton moqueur.

— Bien d’accord avec vous. Ces statistiques supposent que toutes les récidives sont signalées et ne prennent en compte que les récidivistes qui se sont fait prendre. La vérité doit se trouver entre quinze et cent pour cent. J’ai travaillé avec des violeurs pendant des années et je peux compter sur les doigts de mes deux mains ceux dont j’étais sûre qu’ils ne molesteraient plus un autre enfant. Et, parmi eux, plusieurs étaient tout simplement trop vieux. S’ils avaient été jeunes et en bonne santé, ils seraient repartis rôder, à la recherche de proies sans défense.

— Exactement comme l’homme que nous recherchons.

Isenberg épingla une des photos qu’elle examinait sur le côté gauche du tableau d’affichage, intitulé « victimes ». Faith éprouva une nouvelle bouffée de désespoir en reconnaissant l’agent Pope sur le cliché, dont elle ne put détourner les yeux. Tant que ce salaud vivra, personne ne sera en sécurité autour de moi.

Deacon et Adam revinrent dans la salle de conférences et reprirent leur place, le visage las.

— Désolé, Lynda, dit Deacon. Nous avons tous fini par convenir qu’il valait mieux que Jim et Tammy emmènent Greg, pour l’instant. S’il reste avec moi, il risque d’attirer l’attention du tueur.

Parce que Deacon va rester avec moi. Et que le tueur me consacre toute son attention. J’en ai de la chance !

Faith leva les yeux, regardant instinctivement le côté droit du tableau, où l’affichette portait la mention « suspects ». Sans surprise, elle identifia son oncle Jeremy. Après tout, elle les avait dirigés droit sur lui. Mais elle découvrit avec stupeur le cliché épinglé dessous.

— Vous soupçonnez mon cousin Stone ?

— Il ressemble à Combs, dit Deacon. Leur taille, leur poids, leur couleur de cheveux sont similaires. Vous auriez pu les confondre, la nuit où le tueur est passé par votre fenêtre. Par ailleurs, son comportement n’est pas clair.

— Des détails dont vous n’aviez pas l’intention de me parler, marmonna Faith.

Puis elle s’interrompit, abasourdie de reconnaître Henson Trois, dont elle avait vu le portrait dans le hall du cabinet de l’avocat.

— Vous croyez que le petit-fils Henson pourrait être impliqué ?

En y réfléchissant, elle découvrit un enchaînement logique qui la mit mal à l’aise.

— Bien sûr, il aurait pu savoir que j’allais hériter de la maison avant même la mort de ma grand-mère, dit-elle avec calme. Et il avait accès à la maison. Pendant des années. A-t-il eu lui aussi un comportement suspect ?

— Et comment ! répondit Bishop, d’un ton sec.

— Pourquoi ne l’a-t-on pas encore interrogé ? voulut savoir Adam.

— Parce qu’on ne peut pas mettre la main dessus, lui répondit Bishop, d’un air lugubre. Ni chez lui ni au bureau. A l’heure où je vous parle, il aurait pu avoir quitté le pays. Est-ce que Crandall a pu trouver des images vidéo de la femme mystérieuse à qui Herbie Trois a remis la clé ?

— Quelle femme mystérieuse ? s’enquit Faith.

— On l’a vue dans le bureau de la société que votre avocat a engagée pour la maintenance de votre maison et elle a reçu la clé des mains de Herbie Trois, lui expliqua Bishop. Demain, j’enverrai un dessinateur au témoin.

Femme mystérieuse. Merde, la mère de Roza.

— Deacon, savez-vous si une des victimes a donné naissance à un enfant ? demanda Faith. Arianna a dit que Roza avait refusé de l’accompagner, parce qu’elle ne pouvait pas abandonner sa mère qui était là. Je viens juste de m’en souvenir. C’est une des choses qu’elle a déclarées avant l’arrivée du lieutenant Bishop dans la chambre. Soit sa mère a été emmenée ailleurs vivante, soit elle est déjà morte. Est-ce qu’une des victimes était assez âgée pour avoir une fille de douze ans ?

— Seulement si elle avait été une mère de douze ans, dit Bishop.

— Quand Sophie va-t-elle commencer ses recherches sous le sol de la cave ? demanda Deacon à Tanaka.

— Demain matin, répondit Tanaka. Je lui signalerai qu’il nous manque peut-être une victime.

Deacon consulta sa liste des tâches.

— D’accord, les gars. Finissons-en pour rentrer rapidement et dormir un peu. J’ai plusieurs choses sur ma liste. Découvrir comment il a eu le couteau du gamin. Localiser Henson Trois. Faire des portraits de la femme mystérieuse et de Roza, énuméra-t-il en consultant ses notes. Est-ce que Crandall a établi l’inventaire des propriétés de Jeremy O’Bannion ?

— C’est fait, répondit Isenberg. Officiellement, Jeremy ne possède que la maison d’Indian Hill.

— Mince, marmonna-t-il. Une autre question importante, comment notre tueur a-t-il fait l’aller-retour entre Cincinnati et Miami samedi, pour saboter l’ancienne voiture de Faith. Le Bureau a effectué des recherches d’identification faciale, le visage de Combs n’est apparu nulle part. J’ai ajouté Jeremy, Stone et Herbie Trois à la liste des visages à rechercher.

Il s’interrompit et soupira profondément, avant de conclure :

— Et nous avons besoin de commencer à avertir les familles des victimes.

— J’organiserai ça, dit Isenberg. Nous partagerons le fardeau.

— Merci, fit Deacon à mi-voix.

Adam s’éclaircit la gorge.

— Je me charge de trouver une nouvelle planque à Faith.

Autour de la table, l’étonnement était manifeste. Tu t’en charges ? semblait être la question présente dans toutes les têtes. Par ailleurs, l’appréhension tangible qui émanait de Deacon n’aidait pas à alléger l’atmosphère.

— Tu n’es pas obligé de faire ça, dit-il. Je peux m’en occuper.

— J’ai travaillé aux homicides pendant des années, dit Adam d’un ton posé. Je peux trouver un abri sûr pour une personne. D’ailleurs, j’ai déjà un endroit en tête. Il ne me reste qu’à m’assurer qu’il n’est pas utilisé en ce moment.

— Très bien, concéda Deacon. On rentre et on va dormir. Demain matin, tout le monde fait ce qui est prévu au programme et on se retrouve à 9 heures précises.

Bishop se leva et rassembla ses affaires.

— Lynda, comment allez-vous avertir la famille de Roxanne Dupree ? Nous pourrions demander à Vega de…

Le cœur de Faith manqua un battement.

— Attendez. Vous avez bien dit Roxanne Dupree ? De Miami ?

— Oui, dit Bishop en échangeant un regard perplexe avec Deacon. Vous la connaissez ?

Non, non. Pourvu que ce ne soit pas elle. Les mains tremblantes, Faith courut vers le tableau d’affichage et arracha la photo étiquetée Roxanne Dupree. Elle fixa le cliché d’un regard vide. Roxanne est morte.

— C’est la mienne, chuchota-t-elle.

Oh ! Dieu. Non. Non. Ses genoux se dérobèrent.

— C’est une des miennes.

Sur tes traces
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