Cincinnati, Ohio
Mercredi 5 novembre,
11 h 30
— Merci de nous recevoir aussi rapidement, dit Faith.
La secrétaire venait de les introduire dans le bureau de Herbert Henson senior.
Installé dans son fauteuil, Henson les regarda entrer et leur fit signe de s’asseoir.
— Le véhicule banalisé garé devant ma maison n’était pas indispensable, agent Novak. Si vous souhaitiez me parler, il suffisait de venir sonner à ma porte. Vous avez effrayé mon épouse.
— J’en suis désolé, monsieur. Ce n’était certainement pas mon intention. Mon intention était de m’entretenir avec votre petit-fils. J’attendais son appel, hier, mais je n’ai pas eu de nouvelles. Il devrait être rentré de chez son client, non ?
Henson parut mal à l’aise.
— Non, il n’est pas revenu.
Ça ne joue pas vraiment en faveur de Herbie Trois, songea Faith.
— Nous avons la preuve qu’il ne surveillait pas les travaux de maintenance semestriels de la maison O’Bannion, dit Deacon. Un témoin l’a vu laisser la clé chez Maguire and Sons, avant de partir jouer au golf. C’est assez éloigné d’un comportement qu’on puisse qualifier d’« intégrité inattaquable ».
Henson pinça les lèvres.
— Je le rappellerai, agent Novak. Y a-t-il autre chose ?
— Oui, dit Faith. Nous sommes ici à propos d’autre chose. J’aimerais avoir la liste de tous les bénéficiaires des bourses d’études octroyées par la fondation, depuis le début.
— Pourquoi ?
— Avez-vous entendu parler de l’étudiante de l’université locale qui a été trouvée près de la maison ? En réalité, elle y était séquestrée. Son amie n’a toujours pas été retrouvée. La femme disparue s’appelle Corinne Longstreet et elle était bénéficiaire d’une bourse d’études de la fondation Joy O’Bannion.
Henson blêmit.
— Vous ne suggérez tout de même pas que l’enlèvement de Mme Longstreet est lié à la fondation Joy ? Ou que je serais suspect ? C’est pour cette raison que vous avez posté cette voiture banalisée devant chez moi ?
— L’agent Novak a envoyé cette voiture chez vous parce qu’il pèche par excès de prudence. Si Mme Longstreet était votre fille, ne voudriez-vous pas qu’il agisse de même ?
— Oui, j’imagine que je le souhaiterais, dit Henson avant de déglutir péniblement.
— C’est ce que je pensais. Puis-je avoir la liste ?
— Oui, bien sûr. Je vais vous en imprimer un exemplaire.
Pendant que l’avocat recherchait le document dans son ordinateur, Faith pressa le genou de Deacon.
— Vous avez raison, dit le vieil homme avec accablement, comme s’il avait espéré qu’elle avait tort. Mme Longstreet est en effet bénéficiaire d’une bourse de la fondation Joy.
Une imprimante s’éveilla en ronronnant.
— Qui d’autre a accès à cette liste ? demanda Deacon pendant que les pages s’imprimaient.
— Uniquement ma secrétaire. Le conseil approuve les candidatures sans connaître le nom des postulants. Les membres ne lisent que les lettres de motivation, afin de minimiser les risques de partialité.
— Je sais que Gran signait les chèques destinés aux candidats, mais qui était chargé de les expédier ? demanda Faith. Ces personnes devaient aussi avoir leur nom.
— Mme Lowell s’occupe des envois en personne, mais j’imagine que quiconque vérifierait le compte connaîtrait aussi l’identité des bénéficiaires. Ainsi que tous ceux à qui ces personnes auraient pu parler. Voici la liste.
Le cœur de Faith se serra. Il y avait des pages et des pages.
— Combien de noms y a-t-il ? demanda Deacon d’un air sombre.
Elle feuilleta la liasse, de plus en plus découragée.
— Des centaines.