Cincinnati, Ohio
Jeudi 6 novembre, 8 h 45

— Des jumelles ? Qui ?

Deacon entra dans la salle de conférences, avec du café et des viennoiseries sur un plateau.

— Qu’est-il arrivé à la table ?

— Les candidatures des boursiers de la fondation, expliqua Bishop.

Elle poussa une pile de dossiers et dégagea un espace où il put poser son plateau.

— J’imagine que c’est Roza, dit-il en jetant un coup d’œil au tableau.

Bishop eut un demi-sourire triste.

— Avec un zed.

— Parce que sa mère était de Vancouver, précisa Faith d’un ton bizarre.

— Que se passe-t-il, Faith ? s’inquiéta Bishop.

Elle ne leva pas les yeux, continuant à fixer la première page du dossier.

— Hier, le commandant m’a dit que le vrai nom de Roza était Firoza, que sa mère était Amethyst Johnson, que sa mère et sa tante avaient été enlevées au même moment, et qu’elles étaient mortes toutes les deux. Amethyst ne figurait pas sur la liste, mais nous avons trouvé Jade.

— Firoza est une espèce de turquoise, expliqua Isenberg. Faith a cherché des noms de pierres précieuses dans la liste.

— C’est malin, approuva Bishop, à travers une bouchée de pain aux raisins. Alors, c’est le dossier de Jade ?

— Oui, répondit Faith. La fondation a accordé une bourse complète pour une école d’art à Chicago.

— Crandall a exhumé le dossier de Jade aux personnes disparues, hier, continua Isenberg. Elle a disparu de l’école, ainsi que sa sœur enceinte, Amethyst, qui était venue de Vancouver pour lui rendre visite.

Faith continuait à parcourir le dossier.

— Selon le formulaire de la fondation, Jade souffrait d’une forme rare de leucémie, du même type que celle qui a tué Joy. Mais le traitement a été efficace sur Jade et elle était considérée comme guérie.

— Et tout ça pour mourir aux mains d’un sadique, marmonna Deacon.

— Peut-être pas, dit Faith en sortant la photo accrochée au dossier par un trombone. Derrière, c’est écrit « Jade et Amy, 2001 ». Ça vous dit quelque chose, lieutenant Bishop ?

Bishop s’empressa de poser son café pour saisir la photo.

— Incroyable ! C’est elle. La dame mystérieuse de Maguire, affirma-t-elle en tenant la photo près du portrait-robot. Je crois que vous pourrez faire meilleure figure que prévu à votre conférence de presse. On doit lancer un avis de recherche, tout de suite.

Deacon se figea. Non, ce n’est pas possible. Non, bordel, non. Il arracha la photo à Bishop.

— On n’a pas besoin d’avis de recherche. J’ai déjà vu cette femme. Mardi matin. Elle se fait appeler Mary.

Il croisa le regard de Faith et ne le lâcha pas.

— C’est la gouvernante de Jordan, ajouta-t-il.

Faith blêmit.

— Non.

Deacon tira une chaise et la fit s’asseoir d’un geste tendre.

— Désolé, chérie.

Elle secoua la tête.

— C’est impossible. Il n’a pas pu tuer toutes ces femmes. Il n’a pas pu tenter de me tuer. Il n’a même pas la bonne taille. Le type qui est passé par ma fenêtre était costaud. Comme Combs. Et l’homme qui nous a tiré dessus depuis une chambre de l’hôtel d’en face était carré, lui aussi. Ça se voyait très bien sur les images de la vidéosurveillance. Tu l’as dit toi-même. C’est tout simplement impossible.

Il s’accroupit derrière la chaise de Faith.

— Mais l’homme qui a emmené Roza correspondait à la morphologie de tes oncles.

— Stone et Marcus ont échangé leurs places pour tromper les fédéraux qui suivaient Stone, ajouta Bishop. Marcus a une vingtaine de kilos en moins, mais il a mis une veste rembourrée. De loin, il a pu passer pour son frère. Ton oncle a dû faire la même chose.

Deacon laissa Faith se remettre du choc initial, sachant que son déni ne résisterait pas à l’examen des faits. Il lui fallut d’ailleurs moins de temps qu’il ne l’avait imaginé. Il comprit qu’elle avait déjà envisagé cette éventualité. En revanche, jusqu’à présent, elle avait été incapable d’y croire.

— Arianna a dit qu’il était mou, quand elle l’a frappé, murmura-t-elle, réfléchissant à haute voix.

— Tu as raison, j’avais oublié ce détail.

— Et, s’il portait un rembourrage, ses mouvements étaient peut-être plus raides. Comme un bonhomme Michelin. Ou un robot, comme l’a décrit la petite amie de Combs.

Les yeux verts étaient pleins de larmes, qui sillonnaient son visage pâle.

— Pourquoi Jade n’a-t-elle rien dit à ma grand-mère ? Elle s’occupait de Gran, elles étaient seules la plupart du temps. Gran l’aurait aidée.

— Il séquestrait Roza, rappela Deacon. Jordan s’assurait de l’obéissance de Jade en la menaçant de s’en prendre à sa nièce.

— Ça explique pourquoi il n’a jamais laissé la mère de Roza dire au revoir à sa « défunte sœur », dit Bishop, ulcérée. Il ne l’a pas tuée. Il la gardait en otage, à la vue de tous.

— Vous ne l’avez jamais rencontrée, Faith ? voulut savoir Isenberg. Au cours d’aucune de vos visites ?

— Non. Quand je venais voir Gran, Jordan lui donnait des jours de congé. D’ailleurs, je dormais dans sa chambre.

— Alors, où gardait-il Jade ? demanda Deacon.

Faith secoua la tête, perplexe.

— Dans la cave ?

— Dans ce cas Roza l’aurait vue, dit Deacon, qui songea ensuite à la danseuse orientale en rose. Sinon, il y a l’appartement au-dessus de la galerie d’art. C’est peut-être là qu’il retient Roza en ce moment. Nous avons largement ce qu’il faut pour obtenir une commission rogatoire.

— Je m’en charge, fit Bishop. On va retourner son appartement jusqu’à ce qu’on trouve quelque chose qui nous mettra sur la piste de l’endroit où il détient Roza.

— Hier, on a posté des voitures banalisées à l’extérieur de sa propriété en ville et de la galerie, rappela Deacon.

Il se leva pour continuer à organiser le planning avec Bishop.

— Jade est encore à l’intérieur de la maison de ville et Jordan n’est pas rentré à la maison la nuit dernière. Il n’est pas allé travailler, non plus, mais ajoute la galerie à la commission rogatoire.

En quelques minutes, ils avaient défini la logistique. Quand Deacon se tourna vers Faith, elle se tenait devant le tableau d’affichage, visiblement en pleine réflexion.

— Qu’est-ce que c’est que cette liste ? demanda-t-elle.

— Une liste de maladies dont les séquelles pourraient empêcher un homme d’éjaculer, dit-il. Le kit de viol d’Arianna n’a donné aucun résultat en ce qui concernait les fluides, alors qu’il ne portait pas de préservatif.

— Je me rappelle… Arianna s’en était inquiétée, murmura-t-elle, puis elle montra le deuxième élément de la liste. Cancer des testicules. Jordan était atteint de cette maladie, à dix-sept ans.

— Je croyais qu’il avait eu une leucémie, dit Deacon.

— C’était Joy. Jordan, c’était différent, expliqua-t-elle en fronçant les sourcils. Je me souviens d’une conversation entre mes parents. Ma mère se plaignait parce que Jordan était trop gâté par leur mère. Ce qui était d’ailleurs vrai. Gran ne tenait jamais rigueur à Jordan pour quoi que ce soit. Mais si n’importe lequel d’entre nous faisait un pas de travers… tous aux abris ! Bref, mon père disait que Gran se sentait coupable d’avoir causé le cancer de Jordan.

— Comment ? demanda Bishop. Ce type de cancers n’est pas provoqué par un facteur précis.

— Je ne sais pas. Je peux appeler mon père et lui demander.

Elle se retourna pour examiner encore les photos des victimes, un bras pressé contre son estomac, comme si elle avait mal. De l’autre main, elle désignait la photo d’une blonde souriante.

— La disparition de Melinda Hooper a été signalée le lendemain de la lecture du testament de Tobias.

Deacon échangea un regard circonspect avec Bishop.

— Le jour de la mort de ta mère, dit-il avec prudence.

Elle prit une brève inspiration.

— Oui… Lieutenant Bishop, pour répondre à votre question, non, il n’y avait pas de chaise visible. Mais la pointe des pieds de ma mère ne touchait pas le sol, quand elle se balançait. Comment a-t-elle pu faire ça sans grimper sur quelque chose ?

— A votre avis, Faith ? glissa Bishop à voix basse.

Deacon retint son souffle, alors que Faith ne quittait pas des yeux la photo de Melinda Hooper.

— A mon avis, c’est une drôle de coïncidence que Melinda ait été torturée dans la cave le jour même où ma mère s’y est pendue.

Elle regarda tour à tour Bishop et Deacon.

— Vous étiez déjà arrivés à la même conclusion, tous les deux, pas vrai ?

— Oui, répondit-il. Tu as retrouvé pas mal de souvenirs, la nuit dernière. On s’est dit que ça pourrait attendre que tu sois plus reposée et que tu aies eu le temps d’analyser les derniers événements.

— J’analyse, j’analyse, murmura-t-elle. Jeremy était debout, là, il tenait la corde. Quand j’ai commencé à hurler, il a lâché la corde et il m’a attrapée. Il a mis sa main sur ma bouche et mon nez. Et si ma mère l’avait surpris pendant qu’il assassinait cette femme ? Et s’il l’avait tuée pour l’empêcher d’en parler ?

— Ce que vous dites peut être tout à fait juste, dit Bishop. Quelqu’un persiste à tenter de vous tuer. Comme s’il voulait vous réduire au silence avant que la mémoire vous revienne ou avant que vous finissiez par assembler toutes les pièces du puzzle.

— Eh bien, je commence à avoir une bonne idée générale, dit-elle avec une pointe d’hystérie. Qu’est-ce que je peux faire ? Comment être sûre de ce qui s’est passé ?

Deacon lui caressa les cheveux, dans l’espoir de l’apaiser. Pour alléger le chagrin qu’elle ne pourrait manquer de ressentir après ce qu’il s’apprêtait à dire.

— On peut exhumer le corps de ta mère. Il nous faut ton autorisation. Mais il sera sans doute possible de déterminer la cause de la mort.

Elle le regarda avec des yeux d’enfant.

— Elle ne m’a pas abandonnée, dit-elle à voix basse, sans relever sa suggestion d’exhumation.

Elle avait de nouveau neuf ans et devait examiner de nouveau vingt-trois années d’une existence qui lui était apparue derrière une lentille déformante. Mais ils devaient revenir rapidement au présent.

— Non, je ne crois pas qu’elle t’ait laissée, chuchota-t-il à son tour.

— Oh ! mon Dieu…

Les mots étaient à peine audibles, hachés par son souffle précipité, mais elle continua, malgré sa voix brisée :

— Toutes ces années passées à la haïr. Alors qu’elle ne m’a pas abandonnée. Et, pendant toutes ces années, je n’ai pas dit un mot et il s’en est sorti.

Elle détourna les yeux et laissa échapper un bref sanglot.

— Il m’a volé ma mère. Il a brisé le cœur de mon père et il s’en est sorti.

Le menton levé, elle croisa le regard de Deacon, ses yeux verts étincelaient de fureur.

— Il s’en est sorti. Et puis il en a tué tellement.

Des larmes de colère roulèrent le long de ses joues.

Bishop lui glissa un mouchoir dans la main.

— Ecoutez, Faith, nous avons besoin de votre aide, maintenant. Je sais à quel point le moment est difficile, mais nous avons besoin que vous soyez concentrée pendant un petit moment. Vous pouvez faire ça pour nous ?

Faith se sécha les joues et lui adressa un signe de tête mal assuré.

— Oui.

Elle se laissa tomber en douceur sur une chaise.

— Vous voulez exhumer le corps de ma mère. Pouvez-vous le faire sans en parler à mon père ?

— Vous avez une procuration ? demanda Bishop.

— Oui, depuis son attaque. Lily aussi en a une. Mais… sera-t-il possible de trouver quelque chose, au bout de tant d’années ? demanda-t-elle après une légère hésitation. Le corps était… complètement carbonisé. J’ai vu les photos. Je ne l’oublierai jamais.

Deacon grinça des dents.

— Qui t’a montré la photo de l’accident, Faith ?

Ses épaules s’affaissèrent encore plus.

— Jordan. Il voulait que je voie par moi-même que personne ne saurait jamais qu’elle s’était suicidée. Il m’a menti. Bien sûr qu’il m’a menti. C’est un tueur. Deacon, je les ai laissés faire ça à ma mère. Je les ai laissés l’emmener, la mettre dans une voiture et la brûler.

— Tu n’étais qu’une enfant, Faith. Neuf ans. Tu ne l’as rien laissé faire du tout.

Elle secoua vigoureusement la tête.

— Eux. Ils étaient là tous les deux, ce jour-là. Jeremy et Jordan.

Deacon soupira.

— Je ne crois pas, ma chérie. Stone a dit qu’il se souvenait du jour de la lecture du testament de ton grand-père. Jeremy était rentré, complètement effondré, parce que ton père l’avait accusé de t’avoir molestée et que ta mère l’avait laissé faire. Stone a déclaré que, le lendemain, ils étaient allés en famille passer la journée à Kings Island. Jeremy, son ex-femme, Stone et Marcus.

— Stone ment. Ou alors il se trompe. J’ai vu Jeremy dans la cave. Je l’ai vu. Je ne suis pas folle.

— Evidemment que vous n’êtes pas folle, dit Bishop avec fermeté. Mais Stone ne ment pas et il ne se trompe pas. Je suis passée voir l’ex-femme de Jeremy, tôt ce matin, après notre conversation. J’ai interrogé Della Yarborough à propos de cette journée à Kings Island.

Deacon ne cacha pas sa surprise.

— T’as fait ça ?

Bishop haussa les épaules.

— J’avais envie de croire Marcus, il s’est conduit comme un héros. Et il a confirmé l’histoire de Stone. Donc, je suis allée voir leur mère. Je pensais devoir attendre son réveil, parce qu’il était vraiment tôt, mais elle ne dormait pas. La gouvernante m’a fait monter dans la chambre de Mickey. Della était assise sur le lit, l’air perdu. Quand je lui ai demandé de me parler de Jeremy, elle m’a dit la même chose que Stone et Marcus. Jeremy est un type bien. Elle m’a aussi raconté la même histoire que ses fils à propos de leur journée à Kings Island. Mais elle a ajouté un détail. A l’époque, elle était enceinte d’Audrey et elle avait tellement marché ce jour-là que le travail s’est déclenché le lendemain matin. Ils ont fait des vidéos, Faith. Elle m’a donné la cassette. Sur les images, elle était aussi grosse qu’une maison. On y voit aussi Jeremy. Il a même un œil au beurre noir après la bagarre avec votre père.

— La vidéo a pu être falsifiée, dit-elle avec obstination.

— C’est possible, convint Bishop. Comment savez-vous que c’était Jeremy dans la cave ?

— Il avait une moustache et une raie dans les che…

Faith laissa sa phrase en suspens, puis :

— Vous pensez que Jordan se faisait passer pour Jeremy ? Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ?

— Pour se forger un bouc émissaire ? suggéra Deacon. Tu as dit que Jeremy te regardait parfois d’une manière qui te mettait mal à l’aise ? Comment savais-tu que c’était lui ?

— De la même manière. Oh ! mon Dieu ! dit-elle, alors que de nouvelles larmes lui emplissaient les yeux. J’ai pu me tromper. Toutes ces années, il a été banni de la famille à cause de ce que j’ai dit.

— Tu étais une enfant, insista Deacon. Je ne dis pas que Jeremy est innocent mais, quand il est question de ces deux-là, il n’est pas facile de savoir auquel on a affaire. Tu les voyais souvent ?

— Pas très souvent. Seulement quand je rendais visite à Gran.

Elle se passa les mains sur le visage, essuyant les larmes, puis se secoua un peu.

— Très bien. Prenons les choses dans l’ordre. D’abord, l’exhumation de ma mère. J’ai besoin de savoir ce qui s’est réellement passé.

— J’ai préparé le formulaire, annonça Bishop. Il ne manque plus que votre signature.

— Très bien. J’aimerais aussi parler à Jeremy.

Deacon n’était pas enthousiaste.

— Pourquoi ? Qu’espères-tu obtenir ?

— Je veux voir son visage quand je lui dirai que ma mère a été assassinée. Et, s’il est innocent de toutes les choses que j’ai pensées toutes ces années, je veux lui présenter des excuses.

Deacon secoua la tête.

— Son absence le jour de la mort de ta mère ne l’innocente pas nécessairement pour le reste. Rien ne nous prouve que Jordan et lui ne travaillaient pas ensemble.

— Et comment pourrais-je espérer distinguer la culpabilité de l’innocence, alors que Jordan m’a menée en bateau pendant si longtemps ?

Deacon retint sa grimace.

— Oui, dit-il simplement. Tu n’es pas objective.

Elle acquiesça une fois.

— Je veux bien l’entendre. Mais est-ce que ça ne te plairait pas d’observer son expression de l’autre côté de la vitre quand je lui parlerai de ma mère ? lui lança-t-elle avec défi.

Deacon laissa échapper un soupir.

— Oh que si. Mais tu ne quittes pas le bâtiment.

— Je lui demanderai de passer ici, proposa Bishop. Il était ému en apprenant que vous avez tenu tête à Isenberg, hier, et insisté pour lui permettre de se rendre au chevet de Marcus. Je lui dirai que c’est pour assurer votre sécurité, ainsi, il n’aura pas l’impression de venir subir un interrogatoire.

Deacon chercha le regard de Faith.

— Maintenant, nous allons partir fouiller les propriétés de Jordan. Ne parle pas à Jeremy avant mon retour.

— D’accord, c’est promis.

Sur tes traces
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