Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 2 h 45

J’ai changé d’avis. Deacon arrêta son SUV derrière le véhicule de patrouille garé devant l’hôtel de Faith. Les dernières paroles qu’il avait prononcées continuaient à résonner dans son esprit. Les raisons qui l’avaient poussé à dire une chose pareille à Faith restaient confuses. En revanche, il savait qu’il aurait dû s’abstenir d’en parler. Voire de changer d’avis.

Mais elle le fascinait… son courage, sa vulnérabilité. Son visage. Et ce décolleté, dont il avait saisi un aperçu intrigant dans la petite salle d’examen de l’hôpital, avait sans doute joué un petit rôle dans sa décision.

Cependant, il restait un problème, Faith était toujours un témoin. Et il avait encore un boulot à terminer.

— Le détachement affecté à votre hôtel est déjà sur place.

Il avait injecté dans cette phrase une brusquerie toute professionnelle, qui lui râpa la gorge comme du papier de verre. Secouant légèrement la tête, il s’apprêta à sortir du SUV, mais elle se pencha en avant et alluma le plafonnier. Merde.

— Pourquoi ? demanda-t-elle en scrutant son visage. Ne faites pas semblant de ne pas avoir compris. Et, je vous en prie, ne vous cachez pas derrière votre façade désinvolte. Je veux simplement une réponse honnête. Vous avez renoncé à me confier au lieutenant Bishop. Pourquoi avez-vous changé d’avis ?

— Je ne sais pas, répondit-il à voix basse.

— C’est parce que je vous fais pitié ?

— Non !

Il maîtrisa sa voix et contrôla l’expression de son visage avant de reprendre la parole.

— Je respecte les risques que vous avez pris pour venir en aide à ces victimes, à Miami. Je respecte ce que vous avez fait pour Arianna et Corinne, cette nuit.

— Le respect, c’est bien beau, mais votre travail n’est pas de me materner, agent Novak.

Deacon, eut-il envie de grommeler. Je m’appelle Deacon. Mais il ne pouvait pas dire une chose pareille. Il avait déjà assez pris les devants.

— Je connais mon travail. Je ne suis pas ici pour vous materner. Je suis ici pour assurer votre sécurité.

Elle lui adressa un sourire mal assuré.

— Les policiers que vous avez affectés ici peuvent s’en occuper.

Non, c’est moi qui vous protégerai. C’est ça, mon boulot. Mais il serra les dents et ne dit rien.

Le sourire de Faith vacilla, mais elle s’efforça de le maintenir.

— Si vous avez besoin d’autres informations, n’hésitez pas à m’appeler. Si je vois Combs ou si je pense qu’il n’est pas loin, j’appelle le 911 et ensuite je vous préviens.

Elle tendit la main vers la poignée de la portière, mais il fut plus rapide et se pencha pour lui saisir le poignet.

— Stop. Attendez, je vais faire le tour pour vous couvrir.

— Vous avez raison, dit-elle, l’air désemparé. Je ne sais pas ce que j’avais en tête. Je suis navrée.

Il savait que cet embarras n’avait pas de rapport avec le petit manquement à la sécurité qui venait de se produire. En réalité, Faith s’en voulait d’avoir surinterprété son changement d’attitude. Sauf qu’elle aurait dû se fier un peu plus à son jugement, car elle avait fort bien compris ses paroles, exactement comme il les avait prononcées.

Bien sûr, il aurait dû lui libérer le poignet, mais ne pouvait s’y résoudre. A cause de la peau douce, du pouls qui palpitait sous ses doigts. D’un geste léger, son pouce caressa l’intérieur du poignet de Faith.

— Je ne suis pas certain de mes sentiments actuels, mais je peux vous jurer que ce n’est pas de la pitié.

Elle leva les yeux, accrochant son regard.

— Est-ce assez honnête pour vous ? ajouta-t-il.

Il regarda les joues de Faith devenir encore plus rouges que ses cheveux.

— Oui. Pour l’instant.

Il s’obligea à la lâcher.

— Pas seulement pour l’instant. Mais jusqu’à ce que l’affaire soit close. Vous êtes un témoin, dit-il, tâchant d’adopter un ton ferme. Toute relation plus intime ne serait pas éthique.

— Non, j’imagine que ce ne le serait pas.

Elle soutenait son regard. Les yeux verts brillaient soudain d’une lueur de provocation. Il y lisait de l’excitation, une invitation sensuelle et pleine d’audace.

— Cela dit, je ne suis pas exactement l’incarnation de la déontologie, n’est-ce pas ?

Pendant un instant, il ne put la quitter des yeux, le souffle coupé. Et il regretta qu’ils ne soient pas seuls. S’ils avaient été en tête à tête, il aurait pu découvrir si la bouche de Faith avait le goût délicieux qu’il imaginait. Il se jura de lui faire oublier chacun des horribles cauchemars que Combs lui avait infligés. Mais, pour commencer, il devait attraper ce salopard.

L’idée que Combs était encore libre ne fut pas le seau d’eau froide qu’il espérait. En revanche, l’idée que Faith se voyait comme une « incarnation » de l’amoralité eut l’effet escompté.

C’était comme si elle se considérait comme une marchandise de second choix. Elle semblait penser que son désir pour elle n’était motivé que par l’attrait du fruit défendu. Parce qu’elle n’était pas une option honorable. Qui avait pu lui mettre pareille idée en tête ?

— Il semble que vous m’ayez mal compris, dit-il. Je voulais dire que votre déontologie ne posait aucun problème. Mais quand nous serons ensemble, si ça arrive, ce sera parce que je vous respecte, que vous me plaisez et que je vous désire. Pas parce que vous offrez un plaisir facile ou que vous auriez le goût du fruit défendu.

Une lueur de surprise traversa le regard de Faith.

— Je ne peux pas vous plaire. Vous ne me connaissez même pas.

Mais elle lui plaisait. Et c’était bien le problème.

— J’en sais assez. Je verrai le reste au fur et à mesure, conclut-il.

Puis, il descendit du SUV avant de faire quelque chose de stupide comme de répondre à ses avances, par exemple.

Sur tes traces
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