Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 1 h 25

Isenberg avait quitté la pièce depuis une minute entière, mais ni Deacon ni Faith n’avaient prononcé un mot. S’il avait eu le moindre doute sur son innocence, il n’en avait plus. Les larmes de Faith n’avaient pas été délicates ni jolies. Le chagrin qui l’avait consumée était farouche et dévorant. Il avait été incapable de se retenir de la toucher. De la réconforter. Et ce, malgré le regard scrutateur d’Isenberg qui ne les avait jamais quittés.

Isenberg n’était pas stupide. Elle avait décelé son attirance pour Faith Corcoran. Mais elle n’avait émis aucune remarque, lui donnant des instructions qui allaient prolonger le contact quand elle aurait dû lui ordonner de permuter avec Bishop, ce qui lui aurait fait dans les mêmes circonstances.

Mais Isenberg n’en avait rien fait. Soit elle lui faisait confiance pour agir comme il le fallait et limiter sa relation avec Faith au plan professionnel, soit elle lui tendait un piège pour le pousser à la faute. Ce qui semblait peu probable. Isenberg lui semblait trop franche pour orchestrer une telle manœuvre. Cependant, il n’était pas à l’abri d’une forme de test.

C’était certainement l’attitude la plus intelligente à adopter compte tenu de la situation.

— Merci, murmura Faith, interrompant le fil de ses pensées. Si je ne me suis pas effondrée, c’est bien grâce à vous.

— Vous n’êtes pas responsable de ces morts.

— Bien sûr que si. Je savais qu’il connaissait ma voiture. J’aurais dû me dire qu’il tenterait quelque chose de ce genre. Mais ce qui est fait est fait, je ne peux rien y changer. Je ne peux agir que sur ce qui va arriver. Que pouvons-nous faire pour retrouver cette plaque ?

Nous. Il appréciait trop ce que lui évoquait ce « nous ».

— Je peux vous montrer plusieurs logos de plaques représentant des soleils et vous plonger dans une légère hypnose qui vous aidera à stimuler votre mémoire. Mais il faut que vous y soyez disposée. Je devrai prendre ce ton de voix apaisant auquel vous ne paraissez guère sensible.

— A vrai dire, je suis plutôt agacée de constater que ça fonctionne sur moi. Vous avez été formé à pratiquer l’hypnose ?

— Oui. Et aussi à déchiffrer les expressions du visage. Je n’aimerais pas que vous pensiez que j’utilise ces méthodes pour vous piéger.

Elle le regarda droit dans les yeux.

— Loin de moi cette idée ! Mais essayons si vous le voulez bien.

— Accordez-moi quelques minutes pour me préparer et détendez-vous en attendant.

Elle lui adressa un sourire fragile.

— Il faut que je trouve un endroit où je me sente bien, c’est ça ?

— Si vous pouvez. Sinon, respirez tout simplement.

Il s’obligea à la quitter du regard, baissa les yeux sur sa tablette et se connecta à sa messagerie. Vega avait tenu parole et lui avait déjà envoyé une série de mails, de grosses pièces jointes. Chacun des documents était accompagné de quelques mots, décrivant brièvement l’incident dont il était question dans le rapport. Deacon ouvrit le dossier qui relatait l’affaire du pont. Dès les premières phrases, il dut combattre l’envie d’exprimer sa mauvaise humeur.

Ils avaient soumis Faith à un alcootest. Suggéraient que la détonation qu’elle avait entendue provenait du pot d’échappement du fourgon. La décrivaient comme une pauvre femme sujette à des accès de délire, peut-être atteinte mentalement.

La méfiance que Faith avait manifestée à son égard n’avait rien de surprenant.

Deacon se mit en mémoire la date, le trajet de Faith et les conditions de circulation, puis effectua une recherche sur les plaques d’immatriculation comportant des soleils. Faith avait raison : il y en avait des tas.

— Est-ce que la police vous a montré des exemples de plaques, le soir de l’incident du pont ?

— Non, répondit-elle avec amertume. Ils n’ont pas eu vraiment l’air de prendre ma plainte au sérieux.

— Ce n’est pas le cas de Vega. Ni le mien. Il faudra vous en contenter pour l’instant.

Elle prit une brève inspiration et bougea un peu les épaules.

— Vous avez raison. Je m’échauffe et ça risque de bloquer votre hypnose.

Elle ouvrit un œil et glissa un regard vers l’écran de la tablette.

— J’ai fait la même recherche, reprit-elle. J’ai examiné chaque plaque une centaine de fois, mais rien ne m’est revenu.

Il ne s’étonna pas qu’elle ait essayé. Cependant, si elle était ne serait-ce que moitié moins tendue qu’en cet instant, son échec n’avait rien d’étonnant.

— Nous allons réessayer ensemble, mais d’une manière différente.

Elle soupira d’un air las.

— Vous voulez que je revive cette nuit-là, sur le pont. C’est bien ça ?

— Oui, mais d’abord un peu de relaxation. Vous êtes encore trop tendue.

Sous sa direction, elle effectua les exercices de respiration qui démarraient sa procédure, observant la manière dont elle se détendait petit à petit. Il lui demanda de se souvenir d’un endroit où elle avait été heureuse, en paix. Dans son for intérieur, il se demanda quel souvenir elle avait choisi.

— Où alliez-vous, ce soir-là, Faith ?

— A mon appartement.

Pas « à la maison ». Juste son appartement.

— D’où veniez-vous ?

Les épaules de Faith retombèrent tristement.

— J’étais à l’hôpital.

Il contrôla la soudaine bouffée d’inquiétude qui l’envahissait et s’appliqua à garder son ton apaisant.

— Pourquoi ?

— A cause d’Ivy.

— Qui est Ivy ?

— Une de mes patientes, répondit-elle, d’un ton toujours aussi abattu. Elle n’avait que treize ans.

Oh ! non.

— Pourquoi étiez-vous avec elle ?

La gorge de Faith eut un mouvement spasmodique, alors qu’elle déglutissait avec effort.

— Elle avait pris tous les comprimés qui se trouvaient dans l’armoire à pharmacie. Puis elle m’a appelée pour demander de l’aide. Mais j’étais en séance. J’ai laissé le répondeur prendre l’appel.

La voix de Faith se fêla, tout comme un morceau du cœur de Deacon.

— Quand j’ai entendu son message, il était déjà trop tard, ajouta-t-elle. Elle est morte dans la nuit.

Deux larmes perlèrent, échappèrent aux cils de Faith et roulèrent le long de ses joues, sans qu’elle semble y prendre garde.

Il aurait aimé les essuyer, lui caresser les cheveux, mais cela pourrait altérer la concentration de la jeune femme.

— Vous avez donc quitté l’hôpital. De jour ou de nuit ?

— De nuit. Il était tard. Après minuit.

— Vous êtes fatiguée, murmura-t-il. Et tellement triste. Où êtes-vous ?

— Dans ma voiture. Je conduis. Mais j’ai du mal à voir la route.

— Parce qu’il fait noir ?

— Non, à cause de l’humidité.

— Il pleut ?

Il savait déjà que ce n’était pas le cas. D’après le rapport, la nuit était claire et la route sèche.

— Non, chuchota-t-elle.

— Vous pleuriez ?

Elle hocha la tête, d’un geste à peine visible.

— Où êtes-vous, maintenant, Faith ?

Ses lèvres crispées frémirent, trahissant sa concentration.

— Toujours au volant.

— Voyez-vous quelqu’un ?

— Non. Je suis seule.

Je suis seule. Le sentiment de solitude qui se dégageait de ces quelques mots le frappa de nouveau, aussi durement qu’un coup.

— Et le fourgon ?

— Il est sorti de nulle part, dit-elle, d’une voix empreinte de panique.

— Il devait être quelque part, fit-il, apaisant. Qu’y avait-il dans votre rétroviseur ?

Le visage de Faith se crispa une nouvelle fois, puis elle prit une brève aspiration.

— Sur le bas-côté, avant le pont. J’avais oublié. Il m’attendait.

— Bon, il s’engage sur le pont. A quelle vitesse roule-t-il ?

— Vite. Ça m’a étonnée. Il s’est mis à hauteur. Je croyais qu’il allait me dépasser.

— Mais il ne l’a pas fait.

— Non. Il est resté sur la voie de gauche. A contresens. Je pensais que c’était des gamins. Des gamins qui s’amusaient bêtement.

— Pouviez-vous voir par la vitre ?

— Non. Elle était teintée. Mais la vitre est descendue un peu. Et une arme est apparue.

Deacon fronça les sourcils. Le fait qu’elle ait vu l’arme ne figurait pas dans le rapport. Ça changeait la donne.

— C’était un fusil ou une arme de poing ?

Elle se mordit la lèvre.

— Une arme de poing. J’ai vu le canon.

— Bien.

Très bien.

— Et ensuite ?

— Il m’a tiré dessus, ajouta-t-elle, après un instant de silence chargé de tension.

Deacon fit appel à toute sa concentration pour empêcher sa colère de transparaître dans sa voix.

— Vous a-t-il touchée ?

— Non, il a manqué son coup, dit-elle en fronçant les sourcils. Il a fait un écart, puis il a commencé à se rapprocher en essayant de me pousser hors du pont.

Le souffle court, elle semblait prise d’une panique qui augmentait à chaque phrase.

— Je me suis arrêtée.

— Vous vous êtes arrêtée ?

— J’ai pilé. Et, lui, il a continué.

— C’était très malin, Faith. Vous êtes en sécurité, maintenant. Il ne vous a pas touchée. Vous n’avez pas été blessée. Maintenant, regardez le fourgon. Il s’éloigne en roulant vite. Mais pendant une seconde vous pouvez le voir, droit devant. De quelle couleur est le soleil ?

— Rouge.

Elle se figea quelques secondes, comme frappée par la foudre. Puis, elle ajouta à voix basse :

— Mon Dieu. Il était rouge avec des rayons, des rayons jaunes. Un soleil levant.

— Vous êtes formidable, Faith, déclara-il d’une voix rassurante. Pouvez-vous distinguer des lettres ?

Tout en parlant, il triait les résultats de ses recherches pour sélectionner les soleils levants.

— Non, je suis navrée, répondit-elle avec une crispation des paupières.

— Vous vous débrouillez très bien.

Deacon voulait l’encourager, même s’il lui paraissait évident qu’elle se laissait envahir par la tension, essayant instinctivement de prendre ses distances avec l’instant qu’elle revivait.

— S’il vous plaît, Faith, j’aimerais que vous respiriez profondément. Voilà… Bien. Maintenant, pensez au fourgon. Vous avez pilé et vous pouvez le voir devant vous, pendant qu’il s’éloigne. Il fait sombre dehors et ses feux arrière sont rouges. Sont-ils rectangulaires ou carrés ?

Elle fronça les sourcils.

— Rectangulaires.

— Vous voyez des portières ?

— Oui. C’est une portière à double battant. Côte à côte. Il n’y a pas de vitres.

— Où est le fourgon, maintenant ?

— Il ralentit, répondit-elle, le souffle de plus en plus précipité. Il a fait demi-tour.

La peur de Faith était palpable. Deacon avait l’impression de la voir sur ce pont, seule et terrifiée. Il fit passer toute son envie de la réconforter dans sa voix apaisante. Caressante.

— Que faites-vous, en ce moment, Faith ?

— Je pleure. J’ai les mains qui tremblent.

Comme en écho, ce tremblement issu du passé s’empara de ses mains croisées sur ses cuisses, puis de tout son corps.

— Il revient à la charge, continua-t-elle, la voix hachée. Je voulais faire demi-tour, mais il était trop tard.

Faith prit une profonde inspiration, leva le menton et carra les épaules.

— Alors, je l’ai chargé, conclut-elle.

Deacon fut fort impressionné par cette démonstration de courage, même s’il avait le cœur battant en mesurant les risques qu’elle avait pris. Elle avait joué à la poule mouillée avec un tueur.

— Que s’est-il passé ?

— Au dernier moment, il a donné un coup de volant.

— A droite ou à gauche ?

— Il est passé à ma gauche. Je l’ai croisé à toute vitesse, dit-elle en ouvrant les yeux et en soutenant son regard. Après j’ai filé.

— Bravo. Vous n’aviez pas dit à la police que vous aviez vu l’arme.

— Je croyais l’avoir fait.

Elle fronça les sourcils pendant qu’elle réfléchissait à la question, puis il vit son regard s’animer lorsqu’elle comprit ce que signifiait la présence de cette arme.

— Il avait un passager.

— Je crois que vous avez raison, dit-il, avant de faire glisser la tablette vers elle. Laquelle de ces plaques correspondrait le mieux à ce dont vous vous souvenez ?

Elle examina l’écran, puis désigna une image, la bouche crispée en une moue de sombre satisfaction.

— Celle-ci.

— Bien. Accordez-moi une minute, s’il vous plaît.

Il appela le central et modifia son précédent avis de recherche.

— Un fourgon Ford blanc, doubles portes. Plaques du Tennessee. Vitres teintées.

Faith attendit qu’il ait raccroché avant de dire :

— Mais, même s’il est ici et s’il est impliqué dans votre affaire, croyez-vous vraiment qu’il aurait gardé les mêmes plaques d’immatriculation ? Il avait prémédité ce qu’il a fait sur le pont. Il était prudent. Ce serait idiot de garder les plaques.

— Vous pourriez avoir raison, mais ça ne coûte rien d’essayer. Il persiste à s’attaquer à vous, ce qui montre un niveau de désespoir grandissant. Les gens désespérés commettent des erreurs stupides.

— Alors, s’il est ici, j’espère qu’il est vraiment idiot, murmura-t-elle. Pour le bien de Corinne.

Pas pour le sien. A ce moment, Deacon sut qu’il allait prendre soin de Faith Corcoran. Il allait s’assurer qu’elle reste saine et sauve.

La porte de la salle d’interrogatoire s’ouvrit.

— Novak, tu avais raison, lança Isenberg, un éclat triomphant dans le regard.

Faith regarda le miroir, visiblement mal à l’aise.

— Vous étiez là ?

— La majeure partie du temps. J’avais entendu parler des talents d’interrogateur de Novak et je voulais le voir en action.

Deacon se doutait qu’Isenberg pourrait l’observer, mais il détestait l’idée que l’intimité de Faith avait été envahie, une fois de plus.

— Qu’est-ce que vous avez, lieutenant ?

Le sourire d’Isenberg incarna soudain la férocité.

— Une correspondance balistique. Vous aviez raison. L’arme qui a tué Gordon Shue est aussi l’arme qui a tiré chez le docteur Corcoran, hier après-midi.

Ouais. Deacon lui adressa un sourire tout aussi carnassier.

— Ça avait peu de chances de marcher.

— D’accord, mais ça a payé, rétorqua Isenberg. J’apprécie de plus en plus votre instinct.

— Oh ! mon Dieu, chuchota Faith.

Le large sourire de Deacon disparut abruptement. Faith, bouche bée, arborait une expression horrifiée.

— Vous aviez raison. C’est moi qui l’ai amené ici.

Deacon se rendit compte que, jusqu’à cet instant, elle n’avait jamais vraiment cru à la simple possibilité que Combs soit responsable du rapt de Corinne et Arianna. Pourtant, elle lui avait dit tout ce qu’il voulait savoir, au risque de perdre son autorisation d’exercer. Son gagne-pain. Tout ça pour deux inconnues.

— Il vous a peut-être suivie ici, dit Isenberg. Mais ce n’est pas votre faute. Agent Novak, j’ai quelques autres points à vérifier avec vous. Si vous voulez bien nous excuser, docteur Corcoran.

Deacon se leva, son cœur se fêla un peu plus en voyant la mine de Faith.

— Je reviens dès que possible et je vous conduirai à votre hôtel.

Il hésita, puis lui pressa légèrement l’épaule.

— Vous n’êtes pas responsable de tout ça, Faith, ajouta-t-il. Vous avez fait tout ce qui était en votre pouvoir pour l’éviter.

Elle hocha la tête en silence. Il la laissa seule devant la table, les yeux brillants de larmes nouvelles.

Sur tes traces
titlepage.xhtml
part0000.html
part0001.html
part0002_split_000.html
part0002_split_001.html
part0002_split_002.html
part0002_split_003.html
part0002_split_004.html
part0002_split_005.html
part0003_split_000.html
part0003_split_001.html
part0003_split_002.html
part0003_split_003.html
part0003_split_004.html
part0003_split_005.html
part0004_split_000.html
part0004_split_001.html
part0004_split_002.html
part0004_split_003.html
part0004_split_004.html
part0005_split_000.html
part0005_split_001.html
part0005_split_002.html
part0006_split_000.html
part0006_split_001.html
part0006_split_002.html
part0007_split_000.html
part0007_split_001.html
part0007_split_002.html
part0007_split_003.html
part0007_split_004.html
part0007_split_005.html
part0008_split_000.html
part0008_split_001.html
part0008_split_002.html
part0009_split_000.html
part0009_split_001.html
part0009_split_002.html
part0009_split_003.html
part0010_split_000.html
part0010_split_001.html
part0010_split_002.html
part0011_split_000.html
part0011_split_001.html
part0011_split_002.html
part0011_split_003.html
part0011_split_004.html
part0012_split_000.html
part0012_split_001.html
part0012_split_002.html
part0012_split_003.html
part0012_split_004.html
part0013_split_000.html
part0013_split_001.html
part0013_split_002.html
part0013_split_003.html
part0013_split_004.html
part0013_split_005.html
part0013_split_006.html
part0014_split_000.html
part0014_split_001.html
part0014_split_002.html
part0014_split_003.html
part0015_split_000.html
part0015_split_001.html
part0015_split_002.html
part0015_split_003.html
part0015_split_004.html
part0015_split_005.html
part0016_split_000.html
part0016_split_001.html
part0016_split_002.html
part0017_split_000.html
part0017_split_001.html
part0017_split_002.html
part0017_split_003.html
part0017_split_004.html
part0018_split_000.html
part0018_split_001.html
part0018_split_002.html
part0018_split_003.html
part0019_split_000.html
part0019_split_001.html
part0019_split_002.html
part0019_split_003.html
part0019_split_004.html
part0020_split_000.html
part0020_split_001.html
part0020_split_002.html
part0020_split_003.html
part0021_split_000.html
part0021_split_001.html
part0021_split_002.html
part0021_split_003.html
part0021_split_004.html
part0022_split_000.html
part0022_split_001.html
part0022_split_002.html
part0022_split_003.html
part0023_split_000.html
part0023_split_001.html
part0023_split_002.html
part0023_split_003.html
part0023_split_004.html
part0023_split_005.html
part0023_split_006.html
part0023_split_007.html
part0024_split_000.html
part0024_split_001.html
part0024_split_002.html
part0024_split_003.html
part0025_split_000.html
part0025_split_001.html
part0025_split_002.html
part0025_split_003.html
part0025_split_004.html
part0026_split_000.html
part0026_split_001.html
part0027_split_000.html
part0027_split_001.html
part0027_split_002.html
part0027_split_003.html
part0028_split_000.html
part0028_split_001.html
part0028_split_002.html
part0028_split_003.html
part0028_split_004.html
part0028_split_005.html
part0029_split_000.html
part0029_split_001.html
part0029_split_002.html
part0029_split_003.html
part0029_split_004.html
part0029_split_005.html
part0029_split_006.html
part0029_split_007.html
part0030_split_000.html
part0030_split_001.html
part0030_split_002.html
part0030_split_003.html
part0030_split_004.html
part0031_split_000.html
part0031_split_001.html
part0031_split_002.html
part0031_split_003.html
part0032_split_000.html
part0032_split_001.html
part0032_split_002.html
part0032_split_003.html
part0032_split_004.html
part0033_split_000.html
part0033_split_001.html
part0033_split_002.html
part0033_split_003.html
part0033_split_004.html
part0033_split_005.html
part0033_split_006.html
part0033_split_007.html
part0034_split_000.html
part0034_split_001.html
part0034_split_002.html
part0034_split_003.html
part0034_split_004.html
part0035_split_000.html
part0035_split_001.html
part0035_split_002.html
part0035_split_003.html
part0036_split_000.html
part0036_split_001.html
part0036_split_002.html
part0036_split_003.html
part0036_split_004.html
part0036_split_005.html
part0037_split_000.html
part0037_split_001.html
part0037_split_002.html
part0037_split_003.html
part0037_split_004.html
part0037_split_005.html
part0037_split_006.html
part0037_split_007.html
part0037_split_008.html
part0037_split_009.html
part0038.html
part0039.html