Cincinnati, Ohio
Mercredi 5 novembre,
2 h 30
— Waouh…
Debout devant la baie vitrée, Deacon regardait la ville à ses pieds. La « planque » d’Adam était un penthouse au sommet d’un gratte-ciel qui surplombait le fleuve. Apparemment, l’endroit appartenait à un gros bonnet des affaires, actuellement en mission dans le Sud-Est asiatique. La fille de l’homme avait été enlevée et c’était Adam qui l’avait ramenée à la maison et avait fait traduire le ravisseur en justice. Heureux d’avoir retrouvé sa fille saine et sauve, l’homme d’affaires avait mis son appartement à la disposition du département, lors de ses absences. Adam avait contacté l’homme qui avait accepté de laisser Faith y séjourner.
Deacon s’arracha aux lumières de la ville et se tourna vers Faith. Elle était assise, les épaules basses, la tête mollement penchée en avant. Ses cheveux roux retombaient comme une cascade, voilant son visage marqué par le chagrin. Les mains sagement croisées sur ses genoux, elle n’avait pas bougé un muscle depuis qu’il l’avait guidée jusqu’au divan, dix minutes plus tôt.
Elle se cachait de lui, là, en pleine vue.
Adam sortit de la cuisine.
— Le frigo est plein. Il y a des produits de toilette dans chaque salle de bains. Tout ce qui n’est pas sous clé est à votre disposition, précisa-t-il en tendant un trousseau de clés à Deacon. L’ascenseur est programmé pour ne desservir que cet étage, on y monte directement en partant du parking du sous-sol. Personne ne devrait vous déranger. Isenberg a posté un agent en uniforme près de l’ascenseur et un autre près de la cage d’escalier. En cas de besoin.
Deacon détacha le regard de Faith pour rencontrer les yeux noirs de son cousin.
— Merci, Adam. Dis-moi, ça va mieux entre toi et moi ? On est raccord ?
Adam déglutit avec effort, trahissant son émotion.
— Ouais. J’ai agi comme un connard et je suis désolé. Je ne sais pas quoi dire.
— C’est oublié.
Deacon l’attira contre lui et le serra avec force en lui claquant le dos.
— Rentre chez toi. Passe voir ta mère. Et, si tu veux me parler de ce qui est arrivé, je suis dans le coin.
— Je suis content que tu sois rentré. Tu nous as manqué, à Dani et à moi. A demain matin.
Adam jeta un regard à Faith puis continua en baissant la voix :
— Il y a des sachets de glaçons dans le congélateur, pour son visage.
Sans attendre de réponse, il trottina jusqu’à la porte et quitta l’appartement.
Pendant un instant, il n’y eut que le silence, lourd et tendu.
— Un sachet de glaçons, ce serait effectivement pas mal, murmura Faith, dissimulée derrière son rideau de cheveux. Je dois avoir l’air horrible.
Deacon lui en apporta un de la cuisine, puis, avant qu’elle ait le temps de protester, il la souleva dans ses bras et les installa tous les deux au coin du divan, le corps de Faith niché contre le sien. Il glissa sa main en coupe autour des fesses rondes pour la maintenir au plus près. Son propre corps réagit immédiatement à cette proximité, malgré cela, elle ne s’écarta pas. Il lui releva le menton, mais elle se couvrit le visage avec la poche de glace. Sans se démonter, il lui embrassa le sommet du crâne.
— Tu pleures parce que ça te touche. Comment pourrais-je voir autre chose que de la beauté en toi ?
Elle posa la tête contre son épaule.
— J’ai mal à la tête. Et aussi au cœur.
— Je sais.
Il tira doucement le sachet de glaçons pour l’éloigner du visage de Faith.
— Tu vas finir par attraper des engelures, se moqua-t-il, bientôt récompensé par un petit hoquet de rire. Tu es la plus jolie femme que j’ai jamais vue, alors, je t’en prie, laisse-moi te regarder.
Elle scruta son visage.
— Qu’allons-nous faire, Deacon ?
— Pour l’instant, nous allons dormir. Je suis si fatigué que je n’arrive même plus à penser et je sais que tu es à peu près dans le même état. Viens avec moi.
Il se leva, puis la laissa lentement glisser à terre, le long de son corps, jusqu’à ce qu’elle reprenne contact avec le sol. Il n’était pas assez égoïste pour espérer qu’ils feraient l’amour après tout ce qu’elle avait vécu. Néanmoins, il tenait à ce qu’elle sache quel effet elle avait sur lui. Puis il passa le bras autour de ses épaules et l’emmena dans la chambre où Adam avait posé le nécessaire Hello Kitty.
— Lève les bras, lui dit-il avec vivacité.
Il entreprit de la dépouiller de ses vêtements, ne lui laissant que son slip. Réprimant son désir, il repoussa la couverture sur le côté.
— Au lit.
Il s’apprêta à la border, mais ne put résister à l’envie de caresser la peau soyeuse de son dos, avant de remonter les couvertures jusqu’à son cou. Malgré tout, il restait déterminé à prendre ses quartiers dans la chambre voisine, pour la nuit. Sinon, il ne pourrait s’empêcher de la toucher.
Un petit gémissement s’échappa de la gorge de Faith.
— C’est bon. Tu pourrais recommencer ?
— Bien sûr.
Je suis un putain de saint, songea-t-il en serrant les dents. Après avoir enlevé ses chaussures du bout du pied, il grimpa sur le lit et passa par-dessus le corps de Faith. Lorsque son érection presque douloureuse frôla les fesses rebondies, il connut un instant de délicieuse torture. Puis, il repoussa la couverture vers le bas et lui massa lentement le dos, malaxant les muscles en profondeur, attentif à ses soupirs d’aise.
Le souffle de Faith s’apaisa peu à peu, son corps s’immobilisa, elle finit par s’endormir. Serrant les dents, il la recouvrit jusqu’à la nuque et quitta le lit avec précaution, prenant garde à ne pas la réveiller.
— Où tu vas ? marmonna-t-elle, juste au moment où il atteignait la porte.
Il ne se retourna pas.
— Dormir dans ma propre chambre.
— Pourquoi ? Ne pars pas. Reste, s’il te plaît.
Il entendit le froissement des draps et l’image de toute cette belle peau nue et crémeuse s’imposa à son esprit.
— Dors ici. Avec moi, insista Faith.
— Je ne peux pas. Je ne peux pas être aussi près de toi sans te toucher.
— Je sais. Viens te coucher avec moi, Deacon.
Son pantalon tomba sur le plancher dans un tintement de pièces. Il ne se souvenait même pas du moment où il avait descendu sa braguette, mais il entra dans le lit, uniquement vêtu du boxer en soie noire, frappée de petites flammes, qu’il avait enfilé plus tôt dans la journée. Quand il avait accepté le réconfort qu’elle offrait. Il la serra contre sa poitrine et lui passa un bras autour de la taille.
L’instant suivant, il oublia comment on respirait, captivé par le geste de Faith, qui venait de lui prendre la main pour la poser sur un de ses seins. Son cœur battait si fort qu’il ne percevait aucun autre son. Il se pencha pour regarder le visage de Faith, au creux de l’oreiller. De ses lèvres entrouvertes sortait un souffle profond et régulier. Elle était presque endormie, il saisit l’occasion de la regarder, tout simplement. Quelle beauté.
Il ne sut pas combien de secondes s’étaient écoulées pendant qu’il la regardait dormir. Elle est enfin apaisée. Enfin, elle n’a plus peur. Son front lisse n’exprimait plus la culpabilité ou le chagrin. Il aspirait à ce qu’il en aille de même pendant ses heures de veille, voulait qu’elle soit totalement débarrassée de toute frayeur. Il devait impérativement arrêter ce monstre. Avant qu’elle ne fasse quelque chose de stupide comme de se livrer au criminel. Isenberg avait raison. Si trop de nouvelles victimes pesaient sur sa conscience, Faith se livrerait, juste pour faire cesser le massacre.
Pas tant que tu seras sous ma garde. Il trouverait une solution. Il le devait. Elle venait juste de débarquer dans sa vie. Je ne peux pas te perdre, maintenant. Après avoir posé un baiser sur son épaule, il se nicha derrière elle et laissa son esprit se débrancher.