Est du Kentucky
Lundi 3 novembre,
21 h 55
Le coup de feu fit tressaillir Corinne. Son cœur battait à grands coups, si fort que c’en était douloureux. Elle avait entendu la portière claquer. Puis plus rien, jusqu’à cette unique détonation.
Il va nous tuer. La fille et elle. Il va nous abattre.
Mais pourquoi ne l’avait-il pas déjà fait ? Pourquoi attendre ? Elle l’ignorait et craignait de deviner la réponse. Une seule chose était sûre, elle n’avait pas eu assez de temps pour couper ses cordes. Il lui avait fallu une éternité pour arriver à ouvrir le canif du vieil homme et trouver la position adéquate pour s’attaquer à la corde enroulée autour de ses poignets sans se faire mal.
Quant à trancher ses liens ? Terriblement plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé.
Corinne était couverte de sueur, au bord de l’épuisement. En admettant qu’elle parvienne à se libérer, elle serait hors d’état d’affronter son ravisseur. Et, même si par miracle elle s’en sortait, se sauver en courant lui serait impossible. Elle avait les jambes trop douloureuses, les articulations trop enflées. Encore un peu de temps, songea-t-elle en continuant le va-et-vient frénétique de la lame contre la corde. Juste un tout petit plus de temps.