Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 14 h 55

Des voix. Il y a quelqu’un. Soudain pleinement réveillée, Faith leva la tête avec prudence. Sa main se glissa sous l’oreiller de Novak et se referma sur la crosse de son arme. Elle distinguait une voix de femme, forte et énervée, et celle d’un homme, plus étouffée, plus calme. Aucun rapport avec les agents du FBI. Et ce n’était pas non plus Novak. Ça, c’était une certitude.

Après avoir descendu l’escalier, son bras armé plaqué le long du corps, elle jeta un coup d’œil dans le salon et s’immobilisa, surprise. Dani était en pleine discussion avec un grand jeune homme costaud, qui ressemblait à la fois à elle et à Novak. Les cheveux de l’ado, aussi noirs que ceux de Dani, étaient également traversés d’une mèche blanche aussi large, mais il avait choisi la courte coupe hérissée de Novak.

C’était sans doute le Greg qui avait des ennuis. Et qui était sourd, à en juger par leur conversation en langue des signes. L’échange houleux était ponctué de jurons prononcés à haute voix. Quoi qu’ait fait Greg, ça semblait grave. Les joues de Dani étaient sillonnées de larmes, son visage exprimait un mélange de peur et de colère. Surtout de peur, songea Faith, sans savoir comment leur venir en aide.

Où était Novak ? Pourquoi n’était-il pas là pour arbitrer le conflit ?

Finalement, Dani leva les mains en un geste de frustration, avant de jeter les bras autour de Greg et de l’étreindre de toutes ses forces.

— Espèce de stupide petit imbécile, dit-elle d’une voix hachée. Je t’aime.

Elle recula, lui prit le visage entre les mains et continua, un peu plus calme :

— Pourquoi as-tu fait une chose pareille ? Pourquoi as-tu mis ton avenir en jeu, de cette manière ? Ça se serait bien passé pour moi.

Il se libéra et signa sa réponse. Dani sanglota encore plus fort. Puis Greg prit sa sœur dans ses bras et tous les deux s’étreignirent longuement, en se berçant l’un l’autre, se consolant l’un l’autre.

La scène fit monter les larmes aux yeux de Faith. Ils étaient visiblement très proches et comptaient l’un sur l’autre pour se soutenir. Ils formaient une famille. Mais où est Deacon ?

Avec l’impression d’être une intruse, ce qui n’était que la réalité, Faith recula. Une intruse armée, qui plus est, songea-t-elle. Novak serait certainement irrité de découvrir qu’elle avait menacé la sécurité de sa famille en se glissant près d’eux avec une arme.

Elle remonta donc l’escalier sur la pointe des pieds jusqu’à la chambre, puis glissa son pistolet dans son sac.

— Je peux vous procurer un autre holster, si vous voulez, dit Novak, à voix basse, derrière elle.

Elle pivota. Et resta bouche bée. Il se tenait sur le seuil de la salle de bains attenante, uniquement vêtu d’une serviette. Les cheveux humides étaient encore plus hérissés et des gouttes d’eau s’accrochaient encore à l’extrémité des poils blancs de son torse.

Ces poils dont elle connaissait déjà la douceur.

Les jambes ne le cédaient en rien à la poitrine, la peau tout aussi bronzée que le reste du corps, les cuisses aussi solides que des troncs d’arbre. Elle pensa à la photo qui le représentait avec Dani, ados, souriant tous deux à l’objectif sur leurs vélos. Manifestement, c’était un sport qu’il avait continué à pratiquer.

— Je ne voulais pas vous surprendre, dit-il, d’une voix unie, comme pour apaiser un animal sauvage.

Elle regarda le lit à la dérobée, les draps devaient avoir gardé la chaleur de son corps. Cela faisait à peine une minute qu’elle l’avait quitté. Deux, tout au plus. Qu’il ait pénétré dans la chambre pendant qu’elle dormait ne l’ennuyait pas. En revanche, savoir qu’elle n’avait pas détecté sa présence lui semblait bien plus inquiétant.

— Comment êtes-vous entré ? J’étais juste là. Je vous aurais entendu si vous aviez pris une douche. Je me serais réveillé.

— J’ai utilisé la douche de la chambre de Dani, mais j’ai oublié de prendre un boxer, expliqua-t-il en rougissant. J’allais demander à Dani d’aller me le chercher, mais je vous ai vue descendre. Je me suis dit qu’elle vous présenterait à Greg et que vous bavarderiez un moment, ce qui me laissait le temps de m’habiller et de repartir avant votre retour.

Il haussa les épaules d’un geste gauche. Craquant, songea-t-elle.

— Mais vous êtes revenue trop vite, continua-t-il. Et vous étiez armée. J’ai pensé qu’il valait mieux ne pas vous faire sursauter avant que vous n’ayez posé ce flingue.

Elle tentait de ne pas détailler le corps de Novak et d’éviter surtout cette serviette, nouée si bas sur les hanches. Parce qu’elle avait senti ce que dissimulait le tissu-éponge. De très près et très intimement. Elle s’éclaircit la gorge mais, quand elle reprit la parole, sa voix était encore voilée.

— Il est vrai que, se faire tirer dessus deux fois dans la même journée, ce serait vraiment nul.

Il ne sourit pas.

— Oui, ce serait vraiment nul. Pourquoi avez-vous quitté la chambre avec une arme ?

— J’ai entendu des voix.

— Vous êtes donc allée enquêter, malgré les recommandations des agents qui vous ont demandé de rester dans cette chambre ?

— Evidemment, dit-elle avec légèreté, espérant le faire sourire.

Mais, lorsqu’elle regarda de nouveau le visage de Novak, elle détecta une lueur de souffrance dans les yeux dépareillés. Elle avança d’un pas vers lui, puis s’arrêta. Si elle approchait trop, elle se retrouverait au creux de ces bras solides. Et, cette fois, elle n’était pas certaine d’avoir assez de volonté pour s’arrêter.

— Que s’est-il passé, Deacon ?

— A l’école ou à la morgue ?

Elle expira longuement.

— Vous êtes allé à la morgue ?

— Ouais.

Il ouvrit un tiroir et en sortit un boxer en soie noire, ponctuée de petites flammes rouges.

— C’est d’ailleurs pour ça que j’ai dû rentrer prendre une douche et me changer.

Il disparut dans son dressing, et Faith s’assit lentement au bord du lit, songeant aux cadavres qu’ils avaient trouvés sous le carrelage du sous-sol. Sous du plexiglas.

Elle avait songé avec compassion au travail des médecins légistes, mais elle n’avait pas imaginé que l’enquête de Deacon l’amènerait à examiner les cadavres de si près. Pourtant, elle aurait dû le savoir. Il n’aurait laissé cette tâche cruciale à personne d’autre.

La photo de Novak qui illustrait cet ancien article s’imposa à l’esprit de Faith. Il avait souffert pour les victimes qu’il venait de voir à la morgue, comme il avait souffert pour celles qui étaient enfouies sur ce flanc de colline en Virginie-Occidentale.

Il émergea de la penderie, vêtu d’un pantalon et d’une chemise boutonnée jusqu’en haut. Une cravate pendait à l’index de chaque main.

— Bleu ou rouge ?

Elle se leva sur des jambes flageolantes, mais se força à sourire en l’approchant. Après avoir pris les cravates, elle les souleva, lui encadrant le visage.

— La bleue. Elle est assortie à vos yeux.

Sans un mot, il prit la cravate qu’elle avait choisie et commença à la nouer. Il semblait tendu. Sur les nerfs. Son tigre faisait les cent pas derrière les barreaux d’une cage invisible.

Mon tigre ? Oui. Il était son tigre, que ça soit raisonnable ou pas.

Elle attendit qu’il ait ajusté la cravate sous son col, puis lui prit la main.

— Je n’ai jamais appris à nouer les cravates, mais je suis une boutonneuse de première, murmura-t-elle en baissant la tête sur la manchette gauche.

Lorsqu’elle en eut terminé, il lui tendit le poignet droit en silence.

— Vous allez vraiment me trouver un holster ? demanda-t-elle d’un ton léger. Vous réalisez que vous m’encouragez à m’enfourailler.

Le coin des lèvres de Deacon se retroussa, mais il persistait une forme de distance dans son expression, qu’elle tenait à effacer.

— Si vous commencez à parler comme dans un vieux polar, je vais devoir me dégotter un feutre. Plus personne ne dit « enfouraillé », de nos jours.

Elle frôla les phalanges bronzées de ses lèvres.

— Lily est une fan des grands classiques. C’est elle qui utilise cette expression. D’ailleurs, elle l’a fait aussi.

Les sourcils blancs se haussèrent de surprise.

— Elle s’est enfouraillée ?

— Depuis l’attaque de papa. Quand il a perdu une partie de sa mobilité, elle ne s’est plus sentie à l’aise chez eux. Et encore moins depuis la sortie de prison de Combs.

— Je croyais que vous leur aviez caché que Combs vous harcelait.

— C’est vrai, mais je lui ai dit qu’il était sorti de prison. J’ai essayé de lui faire peur en parlant de généralités, pour qu’elle reste sur ses gardes. Apparemment, j’ai été assez convaincante pour qu’elle achète une arme, alors que mon père les a en horreur. En revanche, elle ignore le meurtre de Gordon et les différentes tentatives… vous savez.

— Pour vous tuer, compléta-t-il froidement.

— Ouais. C’est ça, dit-elle en soupirant. Désolée. Visiblement, je n’arrive pas à alléger votre humeur.

Elle essaya de lui lâcher la main, mais il la retint, entrelaçant leurs doigts. Cette fois, il porta sa main jusqu’à ses propres lèvres et, comme elle le fixait, subjuguée, il lui embrassa les doigts l’un après l’autre.

— Au moins, vous avez essayé et c’est l’une des meilleures choses qu’on ait faites pour moi, dit-il.

Personne n’essayait d’alléger le fardeau que cet homme portait sur ses épaules. Cette pensée lui brisa le cœur.

— Que s’est-il passé à l’école, Deacon ?

— Laquelle ?

Il fallut une minute à Faith pour se souvenir qu’il avait prévu de s’arrêter à King’s College avant le rendez-vous avec la principale de son frère.

— Je pensais au lycée de Greg, mais je veux bien savoir ce qui s’est passé aux deux endroits.

— Il semble que Corinne ait été la première cible. Arianna peut avoir essayé de la sauver.

Il a besoin de me parler de cette affaire, mais il ne veut pas se le permettre. Une bouffée de terreur l’envahit.

— Ont-ils trouvé d’autres corps, Deacon ?

Le chagrin assombrit le regard bicolore. Soudain, elle le revit comme sur cette photo, parmi les tombes.

— Oui. Sept de plus.

Elle lui agrippa la main et la retint.

— Vous avez trouvé dix victimes dans la cave ?

— Pour l’instant. Il pourrait y en avoir plus. Nous allons être obligés de fouiller votre propriété.

Exactement comme dans l’affaire de Virginie-Occidentale.

— Oh ! mon Dieu, dit-elle à voix basse. Je suis désolée.

Il se rembrunit.

— Faith, ce n’est pas vous qui les avez mises là-bas.

— Je le sais, mais je suis désolée que vous ayez eu à les trouver.

Intrigué, il pencha la tête.

— Que voulez-vous dire ?

Elle hésita.

— Dans un des articles sur la fusillade à mon hôtel, il y avait un lien sur votre nom qui renvoyait à cette affaire de l’année dernière, en Virginie-Occidentale. Vous avez dû travailler sur des tombes multiples.

— Vous avez vu la photo, dit-il, la gorge nouée. Je déteste le type qui a pris cette photo.

— Je sais, dit-elle doucement. J’ai aussi détesté le type qui a pris une photo de moi. Celle qui a fait les gros titres de tous les reportages sur le procès de Combs. On l’a prise au moment où je quittais l’hôpital, après qu’il m’avait tailladé la gorge. J’avais un air hagard et terrifié. Chaque fois que je voyais cette photo, c’était comme si Combs s’attaquait de nouveau à moi.

— Vous aviez l’air terrifié et vous aviez de bonnes raisons. Mais pas hagard.

Les joues de Faith s’enflammèrent.

— Vous l’avez vue ?

Elle prit une petite inspiration en le voyant hocher la tête avec prudence.

— C’est la même chose, Deacon. Que les gens me voient ainsi m’embarrasse. J’ai l’air horrible. Et j’ai l’air de mourir de peur. Mais que vous m’ayez vue ainsi… Je déteste l’idée que cette photo de moi existe dans votre esprit, parce qu’une fois qu’on l’a en tête elle ne s’en va jamais. C’est la même chose avec le photographe qui a pris ce cliché de vous. Il vous a surpris dans un moment de souffrance qui aurait dû rester privé. Je déteste l’idée que vous ayez dû vivre cette expérience mais, en voyant à quel point vous étiez touché par les souffrances des victimes… j’ai eu l’impression d’avoir eu un aperçu du vrai Deacon Novak. J’ai vécu cela comme un privilège.

Il resta trop silencieux, un peu trop longtemps, et Faith se demanda si elle en avait trop dit. Mais il prit la parole, d’une voix voilée. Profonde. Comme du velours sur sa peau.

— J’ai lu votre mail.

J’attendrai. Elle baissa les yeux sur ses pieds, frappée d’un brusque accès de timidité.

— Je venais juste de voir la fameuse photo. J’avais envie de vous réconforter. Comme vous l’avez fait pour moi. Vous aviez l’air tellement solitaire.

— Faith, regardez-moi, chuchota-t-il.

Rassemblant son courage, elle croisa son regard. Et expira lentement. Il la fixait comme si elle était une bouée de sauvetage en pleine mer.

— J’étais seul, ce jour-là, admit-il à voix si basse qu’elle dut tendre l’oreille pour comprendre ses paroles. J’ai été seul pendant des années. Mais ce matin…

Il s’interrompit et déglutit avec peine, puis ajouta :

— Personne ne m’a jamais attendu.

Elle lui effleura le visage, suivit la courbe de ses lèvres et les trouva douces. Jusqu’à ce qu’il l’embrasse. Alors, elles se firent aussi dures que le reste de sa personne.

— Comment ça a pu arriver ? murmura-t-elle. Comment quelqu’un comme vous peut-il se retrouver seul ?

— Je pense la même chose de vous. Je pense aussi que, si vous ne voulez pas que je recommence à vous embrasser, il faut me le dire maintenant. Parce que je n’avais que ça en tête en rentrant à la maison.

Elle se percha sur la pointe des pieds, effleurant ses lèvres d’un baiser.

— Comme ça ?

— Vous êtes loin du compte, gronda-t-il.

Puis sa bouche s’écrasa sur la sienne, dure et brûlante, et plus merveilleuse que dans son souvenir. Les mains de Deacon s’ancrèrent dans ses cheveux avec tant de passion que c’était presque douloureux. Il lui pencha la tête d’un côté, puis de l’autre, l’embrassant comme s’il mourait de faim. Elle passa les bras autour de son cou et lui rendit son baiser, consciente du corps de Deacon contre le sien. Dans sa totalité.

Il était déjà en érection, la saillie drue qui tendait son pantalon était trop tentante. Elle se mit sur la pointe des pieds pour mieux se presser contre lui, satisfaire cette envie de le sentir contre elle, cherchant le courage de saisir les revers de la chemise à pleines mains et de l’attirer sur le lit.

Mais, si elle se laissait aller, il pourrait penser… quoi ? Qu’elle le désirait aussi ? Parce que c’était la vérité. Elle le désirait trop, à en perdre la tête. C’est dément, Faith. Complètement dément.

— C’est dingue, chuchota-t-elle contre les lèvres de Deacon.

— Je sais.

La bouche de Deacon reprit possession de la sienne, pendant qu’il la faisait reculer. Trois pas plus tard, l’arrière de ses jambes heurta quelque chose de solide, puis elle bascula sur le matelas moelleux. Il l’accompagna dans sa chute et logea les hanches entre ses cuisses. Il fit courir la main le long de son corps, le pouce caressa le côté de son sein avant de continuer plus bas, jouant avec l’ourlet de son chemisier.

Elle retint son souffle, le corps tendu pendant qu’elle attendait qu’il touche enfin sa peau. Il hésitait aussi, puis glissa le pouce sous l’étoffe, allumant la peau de sa cage thoracique. Il leva la tête et elle murmura une protestation contre le défaut de sa bouche chaude.

Jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’il la regardait, affamé. Mais patient. Attendant sa permission.

— Oui. S’il te plaît.

Les mots s’échappèrent de sa bouche en un souffle précipité, son cœur cognait dans sa poitrine. Centimètre après centimètre, il écarta lentement le tissu, traçant un sentier de baisers vers le bas, léchant chaque côte qu’il dénudait. Elle retint de nouveau son souffle au moment où la soie du chemisier glissa, dévoilant son soutien-gorge.

— Mmm, murmura-t-il. Joli.

Il lécha le renflement de chaque sein gonflé par le bonnet de lingerie.

— Je savais qu’ils étaient merveilleux. J’ai jeté un petit coup d’œil, cette nuit.

Elle écarquilla les yeux en l’entendant admettre son indiscrétion.

— Pardon ?

— Vous vous êtes penchée en avant. Je n’ai pas pu résister. Et, à ce moment-là, j’ai eu envie de les sentir sous mes lèvres.

Il batailla avec l’agrafe qui reliait les deux bonnets et parvint à la faire sauter à la troisième tentative. Sa bouche forma un pli égrillard et elle fut parcourue d’un long frisson.

— Je voulais faire aussi autre chose.

Il baissa la tête, referma la bouche sur son mamelon et l’aspira. Avec force.

Elle hoqueta, ses hanches se cabrèrent contre lui.

— Recommence. S’il te plaît.

Il souffla sur le téton humide. Lorsqu’il prit l’autre dans sa bouche, elle se cambra contre lui. Il leva la tête pour mieux admirer ses seins.

— C’est fou ce que tu me fais…

— Oui ?

Elle arqua le dos, puis lui saisit la nuque et l’attira de nouveau vers ses seins.

— Qu’est-ce que je te fais ?

— Tu me fais perdre la tête. J’ai tellement envie de toi que je ne peux plus penser.

Il posa une main en coupe autour d’un de ses seins, éprouva son poids, roula le téton entre le pouce et l’index. Les hanches de Faith se cabrèrent de plus belle, elle se frotta contre le torse rude, comme elle aurait voulu le faire contre son érection.

Elle avait aussi envie de lui. Voulait le sentir en elle. Voulait savoir comment serait le sexe avec un homme qui la désirait avec autant d’intensité.

— Tout le long du chemin du retour, j’ai pensé à ça. A t’embrasser. A sucer tes seins. A te goûter encore, chuchota-t-il, d’une voix profonde.

Son corps se crispa et elle s’arqua d nouveau, se pressant contre lui, entre invitation et prière.

— Oui.

Leurs regards se croisèrent et il en eut le souffle coupé. Il la scruta en quête de vérité, puis roula sur lui-même, s’écartant juste assez pour faire descendre son jean le long de ses hanches et de ses jambes.

— Jolie.

Il se baissa plus bas et frotta le visage contre la dentelle de sa culotte.

— Tu mouilles, Faith ?

— Oui, chuchota-t-elle, à peine audible. Tu me donnes envie de toi.

Les yeux bicolores flamboyèrent et elle projeta ses hanches vers lui. Cette fois, il la surprit en faisant descendre son slip le long de ses jambes… Elle retint son souffle en prévision d’une tempête, mais ne reçut qu’un petit coup de langue qui faillit l’envoyer en orbite. Il la lécha en douceur.

— Tu as si bon goût. Je le savais.

— Encore. Je t’en prie.

Il ne parvint plus à se contrôler plus longtemps et l’explora d’une langue dure. Il la mordilla. La lécha longuement et profondément jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus aligner deux pensées cohérentes. D’ailleurs, elle ne le souhaitait pas. Il ajouta un doigt, coulissant en elle d’avant en arrière, pendant que sa bouche faisait les choses les plus étonnantes. Il aspira son clitoris entre ses lèvres et le suça jusqu’à ce qu’elle vienne, emportée par une lame silencieuse. Mais il continua à laper, comme un chat. Comme un chat géant. Mon tigre.

Lorsque ses frissons s’atténuèrent, il remonta le long de son torse à petits coups de langue, atteignit un de ses seins dont il suça le mamelon, avant de passer à l’autre, puis il posa la tête sur l’oreiller près de la sienne. Elle remarqua qu’il semblait avoir les yeux plus brillants. Ils paraissaient étinceler, la ligne de démarcation entre le bleu et le marron pétillait comme un cierge magique du 4 Juillet.

Elle sentait l’érection majestueuse palpiter contre sa jambe et elle roula contre lui, tendant une main gourmande. Les yeux si singuliers flamboyèrent, comme elle le caressait, mesurant à quel point il était long.

— J’ai envie de toi, dit-il en fermant les yeux. Oh ! mon Dieu ! comme j’ai envie de toi !

Elle déglutit avec effort, chavirée par ses lèvres humides.

— Je veux te sentir, dit-elle.

Elle ouvrit la braguette de son pantalon, fredonnant sa jubilation quand il remplit sa main.

— Trop de couches de vêtements, Deacon, souffla-t-elle.

— Si je les enlève, je vais te prendre.

Elle lui lécha les lèvres, y trouva son propre goût.

— Enlève-les. Je t’en prie.

Sans autre invitation, il se releva d’un bond, se débarrassa de ses vêtements, puis rampa vers elle, tel un grand et bel animal. Qui me désire. Elle tendit la main vers lui et le caressa.

— Tu as un préservatif ? Pas moi.

— J’en ai.

Il en trouva un dans son tiroir et s’empressa de l’enfiler, ce qui la déçut un peu.

— J’avais envie de le faire. La prochaine fois, laisse-moi m’en occuper. Mais maintenant dépêche-toi, Deacon.

Elle ferma les yeux et attendit. Il entra en elle lentement, la pénétrant peu à peu.

— Tu es étroite. Je ne veux pas te faire mal, dit-il, le souffle court. Tu es vraiment sûre, Faith ?

Elle leva les yeux vers son beau visage, muscles tendus. L’attendant.

— Je suis sûre. Viens…

Elle hoqueta quand il s’enfonça en elle, déclenchant une vague de plaisir qui fit chavirer tout son corps.

Il grogna.

— C’est tellement bon. Je veux prendre mon temps.

— Ne va pas doucement. J’ai besoin que tu ailles vite.

Elle creusa les reins, se décollant du matelas quand il s’exécuta, plongeant avec ardeur en elle, encore et encore. Ses ongles s’enfoncèrent dans le dos musclé, elle se désintégra de nouveau, son sourd gémissement étouffé par la bouche de Deacon. Il la sidéra en augmentant encore la cadence, chaque poussée plus profonde, puis il reprit possession de sa bouche quand le plaisir le fit basculer, le corps parcouru de longues secousses.

Encore frémissant, il enfouit le visage dans le creux de son épaule.

— Oh ! mon Dieu, dit-il en haletant. J’en avais besoin. J’avais besoin de toi.

— Moi aussi, j’ai besoin de toi.

Elle passa les mains dans les cheveux blancs, laissant courir ses ongles sur le crâne. Un autre frisson le secoua. Puis il s’immobilisa. Ouvrit les yeux et la regarda.

Faith songea qu’elle pourrait contempler ses yeux pendant des heures, admirant le tourbillon des couleurs.

— Qu’est-ce qui les rend comme ça ?

Il se figea, son corps devint soudain pesant contre le sien.

— Rend quoi comment ?

Oh ! non. Il ne pouvait pas prendre de la distance avec elle, alors qu’elle était allongée dans son lit, les seins pressés contre son torse, et qu’il était encore profondément enfoui en elle.

— Je n’ai jamais vu d’yeux comme les tiens, de toute ma vie.

— C’est une mutation génétique, dit-il laconiquement. C’est vendu avec les cheveux.

Sa question avait déclenché quelque chose de déplaisant. Du bout des doigts, elle dessina la ligne des lèvres pincées.

— Le tigre blanc a aussi eu droit à une mutation, mais ce qui le rend différent en fait aussi le plus bel animal de la jungle.

Son expression s’allégea, même si elle était encore sombre.

— Aux yeux de certains.

— Aux miens, en tout cas. Et qui d’autre est dans cette pièce ?

— Juste toi, murmura-t-il. Seulement toi. Comment est-ce arrivé ?

— Je ne sais pas. Je continue à penser que c’est dingue. Que je n’ai jamais rien ressenti d’aussi fort, aussi vite.

— C’est la même chose pour moi.

Il frissonna de nouveau quand elle laissa traîner nonchalamment les ongles sur son crâne.

— J’en avais besoin. J’avais terriblement besoin de toi. Je peux repartir maintenant. Merci.

Il roula sur lui-même pour se relever et disparut dans la salle de bains. Soudain mal à l’aise, elle se redressa et s’assit au bord du lit. Elle rattachait l’agrafe de son soutien-gorge, lorsqu’il apparut dans l’embrasure de la porte. Grand, large d’épaules et magnifiquement nu. La peau bronze… partout. Lorsqu’il franchit le seuil pour venir la rejoindre, elle fut subjuguée par le roulement et l’ondulation des muscles, son cœur se remit à palpiter.

Les joues empourprées, elle ajusta son chemisier, consciente du regard attentif qui suivait chacun de ses mouvements.

— Tu regrettes ce que nous avons fait ? demanda-t-il.

— Non. Pas du tout. Mais… je ne fais pas ce genre de choses. Je n’ai pas l’habitude de coucher avec des hommes que je connais depuis à peine une journée. Je ne veux pas que tu penses que c’est une habitude chez moi.

— Tu as peur de baisser dans mon estime ?

— Bien sûr. Mais quelque chose m’inquiète beaucoup plus, je crains que ce ne soit qu’une manière pour moi d’éviter ce qui se passe en ce moment… La maison, Combs, les cadavres qui s’empilent partout autour de moi. Et si je me servais de toi comme échappatoire ? Je ne veux pas te faire de…

Il l’embrassa.

— Chut. Pour l’instant, contentons-nous de jouir du fait que nous sommes là l’un pour l’autre. On résoudra les problèmes au fur et à mesure. Reste ici. Je dois discuter avec les agents en bas. Je reviens tout de suite.

Après avoir enfilé son pantalon et sa chemise, qu’il laissa ouverte, il se glissa hors de la pièce et referma la porte derrière lui. Quelques minutes plus tard, il était de retour, son téléphone dans une main et son arme dans l’autre.

— Je les avais laissés dans la chambre de Dani, dit-il. J’étais rentré pour prendre une douche et dormir quelques heures, mais je devais d’abord relever mes messages.

— Des nouvelles victimes ?

— Non, Dieu soit loué.

Il posa le téléphone et l’arme sur la table de nuit, près de son sac à main. Puis il lui enleva rapidement son chemisier et son soutien-gorge, se débarrassa de ses propres vêtements, et l’attira de nouveau dans le lit, tout contre lui.

— Dors avec moi, Faith.

Cette invitation, murmurée d’une voix chaude et rauque, la fit frissonner. Elle se blottit contre lui, posa la tête sur son épaule, même si elle n’était plus fatiguée. Lui n’avait pas du tout dormi, alors elle se contenta de caresser les poils de son torse en écoutant sa respiration devenir plus égale, pendant que son propre esprit s’apaisait en même temps.

Jusqu’à ce que son regard tombe sur l’arme de Deacon, ce qui lui rappela qu’elle avait sorti la sienne parce qu’elle avait entendu des voix au rez-de-chaussée. Dani et Greg. Qui se trouvaient en bas depuis tout ce temps.

Elle tressaillit vivement.

— Zut, lâcha-t-elle, sans bruit.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il, les mots étant plus un grondement dans sa poitrine que des sons sortis de sa gorge.

— Juste que ton frère et ta sœur étaient en bas pendant qu’on… tu sais.

— Dani est repartie aux urgences. Elle est de service aujourd’hui. Pope patrouille dehors et Colby est dans la cuisine, trop loin pour entendre quoi que ce soit. Quant à Greg, il est vautré par terre devant la télé.

Il y eut un bref silence, suivi de ce qui ressemblait à un aveu :

— Lui aussi a eu une rude matinée.

— Que s’est-il passé dans le bureau de la principale, Deacon ?

Il soupira.

— Greg a fait quelque chose de stupide pour une très bonne raison. J’aurais aimé qu’il me fasse assez confiance pour me dire ce qui se passait, mais il a eu peur. Il ne me connaît pas vraiment. Pas encore.

Faith se rappela la dispute entre Greg et Dani. Greg l’avait protégée, ce qui était sans doute la chose stupide pour une bonne raison.

— Vous ne vous connaissez pas, mais pourquoi ?

— Parce que, mon oncle et moi, nous ne nous sommes jamais bien entendus. Il a toujours insisté pour que je laisse l’éducation des enfants à tante Tammy et à lui. Je n’étais pas d’accord. En fait, je me suis opposé à Jim pour la garde de Greg, après la mort de maman et de Bruce, mais Jim a gagné.

Elle lui caressa le torse, essayant de l’apaiser.

— Tu n’avais que dix-huit ans.

— Je sais. Après être entré au Bureau, j’ai encore essayé d’obtenir la garde de Greg. Deux fois. Le juge a toujours considéré que le foyer de Jim et Tammy était préférable au mien. Mais, quand Greg a commencé à se rebeller au collège, Jim s’est montré tout disposé à l’envoyer me rejoindre dans le Maryland.

— Quand il est devenu un désagrément.

— Jim ne serait pas d’accord avec cette qualification, mais c’est bien ainsi que je l’ai interprété. Greg était déjà incontrôlable. Il a commencé à fréquenter une bande et s’est fait renvoyer de son école du Maryland, alors Dani l’a ramené à Cincinnati et je suis rentré, moi aussi, pour essayer de repartir du bon pied avec lui. Mais cette fois… il pourrait avoir de sérieux ennuis et je ne sais pas quoi faire.

Il semblait aussi perdu qu’elle, la nuit précédente.

— Que puis-je faire pour t’aider, Deacon ?

— Juste être là, murmura-t-il, le nez enfoui dans ses cheveux.

Le cœur de Faith fondit.

— Ça, je peux le faire. Endors-toi.

Elle se blottit contre lui et l’écouta respirer, tout en fixant le téléphone sur la table de nuit, le défiant de sonner et de le déranger.

Il commençait à ronfler doucement, quand le téléphone releva le défi de Faith et sonna. Deacon sortit du sommeil en souplesse, comme s’il avait une longue pratique des réveils en sursaut.

— Novak.

Il écouta.

— Je serai là avec elle dans une demi-heure. On se retrouve là-bas.

Après avoir raccroché, il quitta le lit à regret.

— Habille-toi, dit-il à Faith. Arianna Escobar est réveillée et refuse de parler à qui que ce soit, hormis toi.

Sur tes traces
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