Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 9 h 30

Deacon cherchait une place de stationnement. Il n’était qu’à quelques mètres de la maison de ville de Jordan O’Bannion, mais se garer à Mount Adams n’était pas chose aisée. Deacon n’y était venu qu’en touriste. C’était un des quartiers les plus chics de la ville, avec des bars, une vie nocturne animée et des propriétés hors de prix, agrémentées de belles vues sur le fleuve.

L’oncle de Faith avait laissé un message sur la boîte vocale de Deacon au central. Il semblait dans tous ses états, avait exigé de voir sa nièce, et, d’ailleurs, quel était ce bazar du côté du vieux domaine familial ?

Cette inquiétude semblait singulière, de la part de l’homme qui avait initié Faith aux films interdits aux moins de seize ans et aux cigarettes. Mais à l’époque Jordan lui-même était jeune, se souvint Deacon. Seulement vingt-six ans, avait dit Faith.

Pratiquement au même âge, Deacon avait déjà rejoint le Bureau et présenté trois requêtes au tribunal pour avoir la garde de son frère. Chaque demande avait été rejetée, le juge ayant décidé qu’un couple marié et un foyer stable étaient dans le « meilleur intérêt de l’enfant ».

Il avait été effondré, certain qu’il aurait pu élever Greg mieux que Tammy et Jim. Maintenant, il se demandait s’il avait eu raison.

Tu penseras à Greg plus tard, dans le bureau de la principale, par exemple. Pour l’instant, concentre-toi sur Jordan.

La propriété de Jordan semblait dater du tournant du siècle, la façade était peinte en bleu pervenche. Les fenêtres en chien-assis de l’étage devaient offrir une vue formidable sur le parc en contrebas. Deacon avait conscience de se trouver devant au minimum un million de dollars d’immobilier. Pas étonnant que Jordan n’ait pas voulu de l’autre vieille baraque pleine de courants d’air. Avec cette propriété, l’oncle de Faith était assis sur une mine d’or.

Deacon remonta l’allée jusqu’à la porte gaiement colorée et frappa. Personne ne répondit et il n’entendait rien à l’intérieur. En revanche, il y avait de l’activité derrière le bâtiment. Il trottina le long de trois propriétés avant de pouvoir bifurquer pour les contourner. Derrière la maison de Jordan, dans le jardin, une femme ratissait les feuilles.

— Mademoiselle ? S’il vous plaît ?

La femme leva la tête en sursautant. Sur le dernier versant de la vingtaine, elle avait rassemblé ses cheveux blond foncé en un chignon plutôt sévère. Elle recula de quelques pas en le voyant.

— Oui ?

— Je suis l’agent spécial Novak du FBI. Je cherche M. O’Bannion.

— Il n’est pas ici, répondit la femme d’une voix contenue.

— Savez-vous où il se trouve ? J’ai vraiment besoin de lui parler. C’est à propos de sa nièce.

— Faith ? Comment va-t-elle ?

— Très bien, dit Deacon sincèrement (Faith était en effet incroyablement bien). Je n’ai pas saisi votre nom.

La femme arqua ses sourcils sombres.

— Sans doute parce que je ne vous l’ai pas donné, répondit-elle, la voix à peine plus forte qu’un murmure. Je m’appelle Mary Jones, je suis la gouvernante de M. O’Bannion.

— Ravi de faire votre connaissance, madame Jones, dit-il en se penchant en avant. Pourquoi chuchotez-vous ?

Elle sembla de nouveau surprise.

— Je n’en avais pas conscience. J’imagine que j’ai pris l’habitude de parler à voix basse. Mme O’Bannion n’aimait pas les bruits trop forts, surtout à la fin. Paix à son âme.

— Vous la connaissiez ?

— Bien sûr. Je me suis occupée d’elle pendant une dizaine d’années. Elle me manque.

— J’avais eu l’impression que c’était M. O’Bannion qui prenait soin de sa mère.

— Oui, oui, mais c’est un homme. Mon rôle était de satisfaire ses besoins… plus personnels.

— Je vois. Savez-vous où se trouve M. O’Bannion ? Je dois lui parler, c’est très important.

— Parfois, il reste tard à la galerie, surtout si la fête d’après le vernissage s’est bien déroulée.

— « Tard » ?

Curieux, il n’était même pas encore 10 heures du matin.

— Les fêtes durent toute la nuit. 10 heures du matin, c’est donc tard. Mais il n’y avait rien de prévu de la sorte hier soir, donc je ne sais pas où il a pu aller après la fermeture. Je lui transmettrai volontiers un message, lorsqu’il rentrera.

— Merci, dit Deacon en lui remettant sa carte. Demandez-lui de m’appeler au numéro inscrit au dos, s’il vous plaît.

— C’est entendu, répondit Mary en posant le râteau contre le mur. Je dois m’occuper de mes tâches à l’intérieur, maintenant. Je vous souhaite une bonne journée, agent Novak.

— Un instant. Où puis-je trouver la galerie ?

— A l’intersection avec Hill Street. Il y a une pancarte sur la pelouse, vous ne pouvez pas la rater.

Deacon suivit du regard la direction qu’elle indiquait. Hill Street se situait, assez ironiquement, au bas de la colline. Lorsqu’il se retourna, elle avait déjà disparu et la porte se refermait. Elle n’avait pas été sincère et savait où se trouvait son patron.

Pure discrétion ou cachait-elle quelque chose ? Quoi qu’il en soit, elle avait raison sur un point : impossible de rater la galerie ou la pancarte plantée sur la pelouse. Elle indiquait simplement Maison O’Bannion, mais les caractères aux courbes sophistiquées étaient aussi hauts qu’une porte. Deacon descendit de sa voiture et fit le tour du panneau pour mieux l’examiner avant d’avancer vers l’entrée.

— C’est fermé.

Cette indication, prononcée par une voix féminine profonde et sensuelle, provenait d’en haut.

Deacon leva donc la tête et fut heureux de porter ses lunettes noires enveloppantes, car ses yeux faillirent jaillir de ses orbites. Une femme était assise en équilibre sur le rebord d’une fenêtre du dernier étage. Elle n’y était pas lorsqu’il avait descendu la colline. Il l’aurait remarquée. Parce qu’elle était aussi près d’être nue qu’il était possible de l’être sans enfreindre la loi.

Elle était vêtue d’un minuscule costume de danseuse orientale, avec un voile. Un minuscule costume oriental rose.

Halloween, se souvint-il avec soulagement. Il s’agissait sans doute d’une participante à une fête dans l’esprit d’Halloween.

— Madame, vous allez vous casser quelque chose si vous tombez de là-haut.

Elle éclata de rire.

— Je ne risque rien. J’ai exécuté des saltos arrière sur une poutre plus étroite que ça.

Une danseuse orientale gymnaste. Soit.

— Savez-vous où se trouve M. O’Bannion ?

Elle sourit et posa un doigt sur ses lèvres.

— Chuuut. Il est ici, mais ne reçoit pas pour l’instant. Nous avons fait la fête un peu trop généreusement, la nuit dernière, et il est un peu inconscient.

Incroyable. Quel genre de drogues prenait l’oncle de Faith ?

— Voulez-vous que j’appelle une ambulance ?

— Oh ! mon Dieu, non, répondit-elle en agitant légèrement la main. Ce n’est qu’une gueule de bois. On a fait des shots de tequila Jell-O jusqu’à l’aube. A son réveil, il sera en pleine forme.

La danseuse orientale semblait également bien atteinte par l’ébriété. La nuit avait dû être mémorable. Deacon ne prit pas la peine de cacher son agacement.

— Quand pensez-vous qu’il reprendra connaissance ?

— Vers l’heure du dîner. Peut-être. Puis-je lui transmettre un message ?

— Non, j’aimerais lui parler. Veuillez le réveiller, je vous prie.

Il commença à se diriger vers la porte d’entrée.

La danseuse orientale fronça les sourcils et regarda l’intérieur de la pièce par-dessus son épaule.

— Je lui demanderai de vous appeler après son réveil.

— Je peux me charger de le réveiller.

— Je ne pense pas que cela soit possible. Je sais qu’il ne voudrait pas qu’une chose pareille lui arrive. Il… il n’est pas présentable.

— C’est le cadet de mes soucis, rétorqua Deacon sans se soucier de masquer son mécontentement.

La danseuse orientale se laissa glisser à l’intérieur de la pièce, puis referma la fenêtre et tira le store. Une minute plus tard, la porte d’entrée s’ouvrit et elle apparut devant lui, un téléphone portable en main.

— Vous vous en fichez peut-être, dit-elle. Mais ça lui posera certainement un problème.

Elle lui montra la photo qui figurait sur l’écran de l’appareil. Deacon soupira en découvrant un homme nu, recroquevillé en position fœtale. Plusieurs bouteilles d’alcool vides se bousculaient sur la table de chevet. Le type semblait bel et bien tombé dans les pommes. Elle éteignit le téléphone, arborant une expression de supplication tranquille.

— Laissez-lui sa dignité, je vous en prie. Je le réveillerai et je m’arrangerai pour qu’il soit propre et qu’il ait absorbé la dose de café nécessaire. Dès qu’il sera lucide, je lui dirai de vous appeler. Avez-vous une carte ?

Deacon hésita. D’un côté, il mourait d’envie d’attraper l’oncle de Faith et de le secouer pour lui extirper quelques réponses. Mais une autre part de lui, plus discrète, lui susurra que, s’il construisait une relation avec Faith, Jordan ferait peut-être partie de sa vie. Plus comme un grand frère que comme un oncle, avait-elle dit.

— Et si je refuse ? demanda-t-il à voix basse.

— Dans ce cas, je vous dirai d’aller chercher une commission rogatoire et je refermerai la porte, dit-elle. Vous travaillez peut-être sur un cas important, mais je ne vous permettrai pas de le tyranniser.

Deacon dissimula son agacement.

— Je n’ai pas l’intention de le tyranniser. Je veux juste lui parler.

Cela dit, puisqu’il voulait que Jordan O’Bannion soit coopératif et non sur la défensive, la retraite semblait la stratégie la plus sage.

— Il a mon numéro mais, par précaution, voici ma carte, continua-t-il. Si je n’ai pas de ses nouvelles à midi, je reviendrai le tirer du lit moi-même.

— Je comprends. Merci.

Elle prit la carte de visite et s’apprêta à refermer le battant.

— Une dernière question, reprit Deacon. Quel est votre nom, madame ?

— Alda Lane.

Là-dessus, elle claqua la porte.

Faith lui avait dit qu’elle était heureuse de ne pas avoir développé de problème d’alcool après que Jordan lui avait fait boire de la bière, lorsqu’elle n’était qu’une adolescente. On dirait que Jordan n’a pas été aussi bien loti, songea Deacon tout en rédigeant un SMS à destination de Bishop, pendant qu’il regagnait sa voiture. Il tapa :

Jordan O’B comate après une grosse cuite, tapa-t-il. Je te rejoins rapidement @ King’s.

Bishop se trouvait à King’s College, sur la scène de l’enlèvement, depuis une heure. Au lieu de la rejoindre directement, Deacon avait fait un détour pour venir chez Jordan O’Bannion, après avoir été informé que celui-ci avait laissé un message.

Bishop lui répondit, également par SMS.

On a presque terminé, ici. On se retrouve chez l’avocat pour lui parler du testament.

Deacon envoya une confirmation, puis deux nouveaux messages en envoi groupé arrivèrent dans sa boîte. Le premier venait d’Isenberg et il s’agissait de bonnes nouvelles :

Le portier de l’hôtel a survécu à l’opération. Il est en USI. Prochaines 24 heures décisives.

Cela faisait un cadavre de moins en route pour la morgue, c’était déjà quelque chose.

Le second message venait de Vince Tanaka. Après avoir lu le texte, Deacon resta un instant immobile, les yeux fermés, la bile remontait dans sa gorge. Bordel de merde.

L’équipe scientifique avait fini d’enlever les dalles du sous-sol de la maison O’Bannion. Ils avaient trouvé sept corps supplémentaires. Dix au total. Dix blondes enterrées dans des cercueils de plexiglas. Pas étonnant que ce salopard n’ait pas voulu que Faith aille au sous-sol. Il avait deviné qu’elle se souviendrait de l’aspect initial de l’endroit et signalerait les changements.

Un autre message de Tanaka arriva, celui-ci n’était destiné qu’à Deacon et lui demandait d’entrer en contact avec l’experte en radar à pénétration de sol pour aider à établir une cartographie des tombes. Le contact de Tanaka à l’université était en congé sabbatique et ils avaient besoin de savoir si quelqu’un ou quelque chose était enterré à l’extérieur. Ou dedans, dans la terre sous la couche de plexiglas. Je vous en prie, faites qu’il n’y en ait pas plus.

Deacon avait enregistré le numéro de Sophie Johannsen-Ciccotelli dans son répertoire, parmi les « favoris », lorsqu’ils avaient travaillé ensemble en Virginie-Occidentale, l’année précédente. Il l’appela et elle décrocha immédiatement.

— Sophie, ici, Deacon Novak.

— Deacon ! Ça fait une éternité… Je t’ai vu aux infos, ce matin, ajouta-t-elle après une brève hésitation.

— A Philadelphie ?

Sa surprise était sincère.

— C’est en ligne et ça fait l’ouverture des bulletins d’infos sur CNN. Il paraît que tu t’es fait tirer dessus. Tu vas bien ?

— Ouais, ouais. C’est le gilet qui a tout pris. J’appelle parce que j’ai besoin de ton aide. Je dois trouver quelqu’un qui s’y connaît en radars, ici à Cincinnati.

— Oh ! non, murmura-t-elle. Pas encore ?

— Eh si, dit-il, sachant qu’elle connaissait son état d’esprit parce qu’elle avait vécu la même chose que lui.

En réalité, elle l’avait vécu bien plus souvent que lui, car elle était l’expert que tout le monde appelait chaque fois qu’on retrouvait des tombes anonymes.

— As-tu quelqu’un à me recommander ?

— Bien sûr. Où se trouve le site ?

— Dans une petite ville appelée Mount Carmel en Ohio, sur le fleuve, pas loin de Cincinnati. C’est la maison O’Bannion. La route n’a même pas de nom sur la carte. Je peux rencontrer la personne que tu m’enverras et lui montrer le chemin.

— Combien de tombes, à ton avis, Deacon ?

— Jusqu’à présent, on en a trouvé dix, toutes au-dessus du sol. Nous ne savons pas ce qu’il y a dessous.

Il perçut un soupir de l’autre côté de la ligne, puis le cliquetis d’un clavier d’ordinateur.

— Envoie-moi les coordonnées GPS. J’enverrai quelqu’un là-bas en début d’après-midi.

— Merci, Sophie. A charge de revanche.

— Certainement pas, dit-elle avec chaleur. Les amis, c’est fait pour ça. Prends soin de toi, Deacon.

Il coupa la communication avec un soupir. Dix, jusqu’à présent. Il devait rencontrer l’avocat de Faith avec Bishop, puis passer à la morgue. Il avait besoin de voir les corps. Avait besoin de savoir ce qui leur avait été infligé.

Il espérait de toutes ses forces que le légiste trouverait un moyen de les identifier. En Virginie-Occidentale, le tueur avait collectionné les portefeuilles avec les papiers d’identité de ses victimes, mais ils n’avaient rien trouvé de tel dans la maison O’Bannion. Dès que la nouvelle de leur effroyable découverte se répandrait, des familles avec des enfants disparus surgiraient de partout.

C’est ainsi que ça s’était passé en Virginie-Occidentale. Il devrait annoncer à des parents en deuil qu’il avait identifié leur enfant disparu. Mais il devrait aussi apprendre à des parents encore plus malheureux qu’il ne l’avait pas identifié. S’il n’était pas certain de supporter cette épreuve une nouvelle fois, il ne pourrait manifestement pas y échapper.

Mais, s’il ne s’en chargeait pas, qui le ferait ? Par ailleurs, les victimes elles-mêmes méritaient cette courtoisie. Quelqu’un devait prendre soin d’elles. Quelqu’un devait leur rendre justice. Et, cette personne, c’est moi.

Sur tes traces
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