Est du Kentucky
Mardi 4 novembre,
0 h 25
Corinne ne pouvait plus bouger. Tellement crevée. Elle avait fini par se libérer des cordes qui liaient ses chevilles. J’ai envie de dormir. Juste un petit moment.
Elle était couverte de sueur, mais avait conscience que la température avait continué à chuter. Céder au sommeil signifiait mourir. Si le froid ne la tuait pas, lui le ferait. Sans compter que dormir lui ferait perdre un temps précieux qu’elle pouvait mettre à profit pour s’échapper.
Avec la fille. Pas question de partir sans la gamine. En admettant qu’il ne l’ait pas emmenée. Et en admettant qu’elle soit encore vivante.
Corinne rampa jusqu’en haut de l’escalier, puis essaya de pousser une porte. Le battant bougea relativement facilement — jusqu’à ce que la tension de la chaîne stoppe le mouvement. Au moins, la porte n’était pas bloquée avec une barre de bois. C’est mieux que je ne le pensais. Même si c’est toujours la merde.
Elle poussa de nouveau le battant, et cette fois coula un regard par l’ouverture trop étroite pour permettre le passage de qui que ce soit, mais elle put voir le métal rouillé de la chaîne et de la poignée de l’autre porte. Elle passa la main par l’ouverture et imprima une bonne secousse à la chaîne. Bon sang, c’est du costaud.
Le mouvement avait amené le cadenas en vue. Un simple cadenas à clé. Du genre qu’elle utilisait pour son casier du lycée, un million d’années plus tôt.
Elle songea au vieil homme dans le fourgon. Sa chemise portait une inscription brodée. Dilman’s Lock & Key. Il possédait probablement des outils très spécifiques, mais elle n’avait pris que le canif. Elle sortit l’objet de sa poche et l’examina à la lueur du mince rayon de lune qui filtrait à travers l’ouverture. C’était un couteau suisse. Elle laissa échapper un souffle prudent, s’accrocha à ce frêle espoir.
— Ma petite Corinne, en fin de compte, ta chance a peut-être tourné, murmura-t-elle en commençant l’inventaire des accessoires.
Tire-bouchon, décapsuleur. Parfait, si elle envisageait de prendre une cuite. Mais, pour l’instant, aucune utilité. Elle découvrit successivement des ciseaux, une pince à épiler et… un cure-dents.
Le cure-dents pourrait s’avérer tout à fait adapté. Je peux y arriver. Je dois y arriver.