Mount Carmel, Ohio
Lundi 3 novembre, 19 h 35

Deacon se gara derrière le break de son cousin. La maison immense aurait été parfaite pour accueillir la famille Addams. Mais ne semblait pas du tout adaptée à la femme qui regardait par la vitre du SUV, ses mains bandées légèrement croisées sur les genoux.

Elle n’avait pas bougé un muscle, pourtant la tension irradiait de son corps tout entier. Rien de surprenant, songea Deacon. Après tout, il venait de l’accuser d’un crime horrible. Elle ne trempait pas dans cette affaire. Son instinct le lui disait. Mais elle cachait trop de secrets. Son arrivée sur les lieux relevait d’une coïncidence trop improbable. Quant à son passé fraîchement révélé, il semblait loin d’être sans tache.

Le coup de fil de Crandall l’avait perturbé. Docteur Faith Frye, thérapeute. Pour délinquants sexuels. Deacon avait déjà eu affaire à des gens de son espèce, de bonnes âmes persuadées que les monstres violeurs d’enfants pouvaient être réinsérés dans la société. Ils étaient aussi haïssables que les avocats de la défense. Pire peut-être. Au moins, les avocats pouvaient prétendre qu’ils défendaient les droits constitutionnels des accusés.

On ne peut pas réinsérer les délinquants sexuels et les thérapeutes qui pensent y parvenir sont…

Deacon s’arrêta de lui-même, avant de s’embarquer dans une diatribe mentale. Faith Frye avait payé le prix fort pour s’être associée à des violeurs d’enfants. Un de ses patients l’avait agressée, puis l’avait harcelée lorsqu’il était sorti de prison.

L’année précédente, elle avait déposé trente plaintes auprès de la police de Miami. Qu’elle ait changé d’identité et déménagé à mille cinq cents kilomètres était fort compréhensible. Mais il était tout aussi indéniable qu’elle n’aurait pas eu besoin d’agir de cette façon si elle avait choisi un autre genre de clientèle.

Bien sûr, il l’avait entendue admettre sa profession sans manifester d’embarras, mais il ne pouvait pas croire ce que lui avait appris Crandall. Il refusait d’accorder du crédit aux déclarations de Peter Combs quant au mobile qui l’avait poussé à agresser Faith avec un couteau. Impossible de faire confiance à ce criminel quand il prétendait que sa thérapeuthe et lui avaient eu une relation et qu’elle l’avait trompé.

C’était tout simplement… infect. Et si c’était vrai ? Impossible. Tu ne veux pas le croire, voilà tout.

En tout cas, il savait que Faith Frye ou Corcoran — quel que soit le nom qu’elle se donnait — n’était pas impliquée dans les événements qui avaient conduit Arianna Escobar dans cet endroit. La femme qui s’était blessé les mains, les genoux et les pieds jusqu’au sang pour porter secours à une inconnue ne serait jamais du côté d’un individu capable d’agresser cette jeune fille.

Ni aujourd’hui. Ni quatre ans plus tôt. Il ne pouvait tout simplement pas le croire.

— C’est votre maison, dit-il à voix basse.

— Ouais, je sais, répondit-elle avec amertume. Magnifique demeure, pas vrai ?

Intéressant. Lorsqu’elle avait dit qu’il avait des yeux « magnifiques », elle semblait éblouie. Mais, quand elle avait usé du même terme pour désigner la maison, il avait entendu de la haine.

— Elle ne vous plaît pas ?

— Non.

— Pourquoi ?

Elle marqua une légère hésitation avant de répondre :

— Parce que c’est ici que j’ai appris la mort de ma mère. Et c’est aussi ici qu’elle est enterrée.

— Alors, vous avez de mauvais souvenirs dans cette maison, c’est ça ? Pourquoi avoir décidé d’y vivre ?

— Sur le moment, ça semblait être une bonne idée, dit-elle d’un air énigmatique. Que cherchez-vous, là-bas ?

Elle faisait allusion aux dix rayons lumineux qui se déplaçaient méthodiquement en étoile depuis la maison.

— L’autre victime.

Il avait besoin de voir sa réaction.

La tête de Faith pivota et elle le fixa avec une expression d’horreur renouvelée.

— Il y avait deux filles ?

— Oui. Arianna Escobar et son amie Corinne Longstreet. Elles ont disparu de leur campus vendredi soir.

— Oh ! mon Dieu. Et vous pensez qu’elles étaient dans la maison de ma grand-mère ?

— C’est possible.

Elle porta la main à sa bouche, frappée par une pensée soudaine.

— Le serrurier. Vous l’avez trouvé ?

— Pas à ma connaissance. Avez-vous d’autres clés pour la maison ?

Elle secoua la tête.

— Non. La seule que j’ai n’ouvre pas la porte. Je vous l’ai déjà dit. C’est l’avocat de ma grand-mère qui me l’a remise et, quand je lui ai expliqué qu’elle n’allait pas, il m’a répondu que Gran ne lui en avait donné qu’une. C’est pour ça que j’ai fait appel au serrurier.

Elle paraissait sincère.

— Laissez-moi le temps de voir ce qui se passe. Nous continuerons cette discussion plus tard. Restez ici, s’il vous plaît.

Elle acquiesça et l’image d’une poupée de porcelaine se dessina dans l’esprit de Deacon. Seule sa tête avait bougé, tout le reste de son corps était figé, y compris les traits du visage. De toute évidence, elle était ébranlée.

— Bien sûr, murmura-t-elle.

Du coin de l’œil, il vit Adam traverser la pelouse de devant, d’un pas pressé.

— Je reviens.

Deacon se hâta de passer de l’autre côté de l’antique portail en fer forgé qu’Adam tenait ouvert.

— Qu’est-ce que nous avons ?

— Rien de bon, ni pour les victimes ni pour nous. On a trouvé des traces de bagarre, des coups de feu ont été tirés. Sur le côté de la maison, et au coin, derrière. Les gars de la scientifique ont trouvé deux balles incrustées dans le mur et quatre douilles.

— Plus de douilles que de balles, dit Deacon. Donc certaines des balles manquantes ont peut-être touché des victimes. Arianna avait une blessure par balle à la jambe. Est-ce que la balle y était encore lorsque Faith l’a trouvée ?

— Je n’en ai pas la moindre idée. Tu veux que je me renseigne ?

— Plus tard. On dira à Bishop de demander au médecin des urgences. Quoi d’autre ?

— On a trouvé ça.

Adam montra un tube d’une quarantaine de centimètres de long et une fléchette qu’il tenait en main.

— C’était derrière la maison avec une bombe anti-agression. En fouillant le pick-up de Earl Power, Tanaka a trouvé un tube du même genre, d’un mètre quatre-vingts. Et aussi une boîte remplie d’autres fléchettes. J’ai appelé le patron du type. Il m’a expliqué que Ken Beatty a été mordu par un chien, il y a quelques années. En revanche, il ignorait que son employé se baladait avec des fléchettes tranquillisantes, mais ça ne l’a pas étonné.

— Donc le gars de l’électricité a résisté, murmura Deacon. Ensuite ?

— Un fourgon a traversé l’herbe, les empreintes vont de l’allée jusqu’au côté ouest de la maison. Le véhicule s’est arrêté trois fois. D’abord à la porte de la cuisine. Ensuite derrière la maison, et pour finir sur le côté. A l’arrière de la maison, les traces montrent qu’un corps a été traîné, mais elles s’arrêtent au milieu de la façade. Là où se trouvait le fourgon.

— Il a chargé un corps dans son véhicule. Les gars de la scientifique ont réussi à faire une estimation des mensurations de cette personne ?

— Tout ce qu’on sait, c’est que c’était quelqu’un de corpulent.

— Corinne Longstreet mesure un mètre soixante-dix et pèse une soixantaine de kilos.

Adam secoua la tête.

— On parle plutôt de cent à cent dix kilos. Ce qui correspondrait plus au signalement de Ken Beatty, le technicien de Earl Power. En plus, le compteur est derrière la maison et on a trouvé des éclaboussures de sang sur la façade arrière.

— Merde. C’est ce que je craignais. Et que sait-on du dernier arrêt du fourgon ?

— Beaucoup de sang dans l’herbe. Assez pour penser que la personne a probablement saigné à mort. On n’a pas trouvé de douilles dans ce secteur.

— Y a-t-il une trace qui parte des éclaboussures de sang autour du compteur électrique ?

— Non, aucune. Nous parlons de deux victimes distinctes. Sans doute tuées à des moments différents. Le sang trouvé dans l’herbe, sur le côté de la maison, n’est pas complètement sec, contrairement à celui qui est derrière, près du compteur électrique.

— Alors, nous avons deux victimes. Arianna Escobar et Ken Beatty. Nous avons encore la présence éventuelle d’un serrurier et Corinne Longstreet, dont on est toujours sans nouvelles. Le premier arrêt du fourgon ne me dit rien qui vaille. C’est peut-être là qu’il a embarqué Corinne en la faisant sortir par la porte latérale. Mais entrons, nous verrons bien ce qui nous attend là-dedans.

Deacon partit en direction de la porte de la maison, mais Adam le retint.

— Attends. C’est quoi cette histoire de serrurier ?

— Faith a dit qu’elle avait contacté la compagnie d’électricité pour rétablir le courant et un serrurier pour changer la serrure de la porte d’entrée. La clé qu’elle a récupérée n’ouvre pas la porte. Ça colle avec l’idée que quelqu’un utilisait l’endroit pour cacher ses victimes. Si c’était moi, mon premier geste aurait été de changer les serrures, pour éviter que quelqu’un me tombe dessus et que je me fasse prendre.

Adam lui jeta un regard dur.

— Faith ?

— Oui. C’est son nom.

— Tu crois à son histoire, c’est ça ?

— Oui. Elle cache quelque chose, d’accord, mais je ne crois pas qu’elle s’en soit prise à Arianna.

— Même après tout ce que Crandall t’a expliqué sur son histoire de changement de nom ?

La question d’Adam résonnait d’une inflexion déplaisante, empreinte de sous-entendus malsains.

— Je l’ai interrogée sur ce changement d’identité. Elle l’a reconnu.

— Après que tu l’as interrogée. Elle n’a pas devancé l’appel. Et est-ce que Crandall t’a parlé de son procès ?

— Ce n’était pas le procès de Faith Corcoran, Adam, souligna Deacon. Elle était la victime dans cette affaire. Le prévenu était un délinquant sexuel qui l’a agressée avec un couteau.

— Le délinquant sexuel avec lequel elle couchait, rétorqua Adam, sans plus retenir son mépris.

Deacon réprima le soudain accès de colère qui l’avait inopinément saisi.

— Du moins, c’est ce que prétendait ledit délinquant sexuel. Depuis quand croyons-nous la parole d’une ordure plutôt que celle d’un fonctionnaire ? Crandall n’a pas dit que qui que ce soit avait cru ce criminel. Il n’y a jamais eu d’inculpation, parce qu’il n’y avait aucune preuve pour étayer cette accusation.

Adam haussa les épaules, le regard dur, tout à son emportement.

— Il n’y a pas de fumée…

— Sans feu ? demanda une voix derrière eux.

Deacon et Adam se retournèrent pour voir Faith debout de l’autre côté du portail, ses mains bandées accrochées aux barreaux métalliques faisaient penser à des moufles blanches. Deux taches cramoisies marquaient ses joues pâles, son menton frémissait. Mais son regard brûlait de colère.

Elle se tenait là, ses cheveux rouges tombaient en désordre sur ses épaules… Elle ressemble à une flamme.

Adam la fixa posément.

— Vous devez admettre que nous sommes en présence d’un remarquable empilement de coïncidences, docteur Frye.

— C’est Corcoran, rectifia-t-elle avec vivacité. J’avais cru comprendre que vous vouliez entrer dans la maison.

Deacon regarda Adam d’un air qui lui recommandait de garder le silence.

— Nous étions sur le point d’y aller, n’est-ce pas, lieutenant Kimble ?

— Nous aurons besoin d’une commission rogatoire, à moins qu’elle ne nous donne la permission de défoncer la porte. La clé qui est dans son sac ne va pas.

Deacon eut du mal à contenir son étonnement.

— Vous avez déjà essayé ?

— Puisqu’elle t’avait donné la permission de fouiller, j’ai demandé à un des gars de Tanaka de sortir son sac de la jeep. Elle a dit la vérité, la clé n’est pas la bonne.

Faith lança à Deacon un regard tranchant comme une lame dentelée.

— C’est exactement pour ça que je ne fais pas confiance aux flics. Vous étiez censés effectuer la fouille seulement en ma présence. Si vous avez besoin de défoncer la porte, alors, allez-y. Encore mieux, je vais m’en charger moi-même.

Elle poussa le portail, mais Deacon retint le battant pour l’en empêcher.

— Docteur Corcoran, attendez. Faith, ajouta-t-il, comme elle continuait à peser sur la grille. Vous n’avez pas de chaussures. Restez ici.

Voyant qu’elle n’écoutait pas, il durcit le ton.

— Stop. Ce n’est pas une demande.

Elle vibrait de colère.

— Vous étiez d’accord pour que je vous accompagne.

— C’était avant que nous ayons trouvé des indices de fusillade autour de la maison, dit-il sèchement.

Par bonheur, cette dernière phrase eut l’effet escompté. Faith recula d’un pas, les yeux écarquillés, visiblement choquée. Deacon poursuivit ses explications :

— Nous ignorons ce qui nous attend à l’intérieur, dit-il plus gentiment. J’ai besoin de me concentrer sur les recherches pour retrouver la deuxième fille. Je ne veux pas avoir à m’inquiéter pour votre sécurité.

— D’accord, dit-elle, la gorge serrée. Avez-vous trouvé l’homme de la compagnie d’électricité ou le serrurier ? Ils sont venus ici parce que je les ai appelés. Je… je me sens responsable de ce qui leur est arrivé. De leur sécurité.

Adam eut un sourire dépourvu d’aménité.

— Vous êtes vraiment très bonne, docteur Frye. J’ai presque failli m’y laisser prendre.

— Lieutenant, avertit Deacon.

— Non, agent Novak, dit-elle. Ça ne pose pas de problème. Je suis habituée à ce genre de sous-entendus. Et le coup du bon flic et du méchant flic m’est également familier, alors épargnez-vous ces efforts. Je vais vous poser de nouveau la question… Avez-vous trouvé ces deux hommes ?

— Non, lui dit Deacon.

Il n’avait pas envie de lui en révéler plus. Non parce qu’il ne lui faisait pas confiance, mais parce qu’elle semblait déjà en pleine détresse.

— Nous perdons du temps, continua-t-il. Corinne est peut-être encore en vie. Voulez-vous qu’un agent vous escorte jusqu’au SUV ?

— Non, dit-elle en reculant d’un pas. Je vais y aller. Trouvez l’autre fille, je vous en prie.

— Merci. Allons-y, lieutenant.

Il se mit en route, soulagé qu’Adam accepte de coopérer sans histoires. Mais il entendit son cousin marmonner dans sa barbe.

— « Trouvez l’autre fille, je vous en prie », répéta-t-il avec ironie.

Deacon lui saisit le bras et l’obligea à s’arrêter.

— Tu peux me dire ce qui ne va pas chez toi ?

— Ce qui ne va pas chez moi ? Ce n’est pas moi qui bave comme un ado devant une éventuelle suspecte.

Deacon scruta le visage de l’homme qui agissait comme un parfait étranger.

— Je ne bave pas. Et elle n’est pas une suspecte. Pas encore, en tout cas. Pour l’instant, elle n’est qu’un témoin.

— Elle aide les délinquants sexuels. Et devine quoi, agent Novak ? La fille qu’elle a trouvée a été violée.

Deacon s’immobilisa.

— Je sais qu’Arianna a été violée, murmura-t-il. Mais ce n’est pas parce que Corcoran a traité des délinquants sexuels que ça en fait une suspecte.

Adam secoua la tête.

— Elle a baisé avec un violeur. Comment tu peux être sûr qu’elle ignorait que la fille était là ? Si ça se trouve, elle protège son nouvel amant ?

Deacon grimaça devant l’image instantanée que la phrase avait suscitée dans son esprit et la chassa avant qu’elle ne s’y imprime.

— Parce qu’elle a appelé le 911. Parce qu’elle a protégé la victime.

— Avec une arme qu’elle avait sur elle par hasard ?

— Avec l’arme qu’elle porte parce qu’elle a été harcelée.

La bouche d’Adam se tordit de dégoût.

— Qu’est-ce qu’elle a bien pu te raconter pour te faire avaler son histoire ?

Magnifiques. Elle avait dit que ses yeux étaient magnifiques.

Mais ce n’était pas pour cette raison qu’il croyait à son histoire. Même si ça n’est pas complètement sans lien, n’est-ce pas ?

— Pour l’instant, elle n’est pas suspecte, dit-il d’un ton égal. Et, jusqu’à ce que nous puissions prouver qu’elle l’est, tu lui témoigneras du respect. C’est compris, lieutenant ?

— Compris, agent spécial Novak, répondit froidement Adam. Je suis à vos ordres.

Deacon hésita, il avait du mal à gérer l’Adam qui se tenait devant lui.

— J’ai besoin que tu sois concentré, chuchota-t-il. Ne saute pas aux conclusions en t’appuyant sur le témoignage infondé d’un délinquant sexuel qui a fait de la taule. J’ai besoin de ton aide pour trouver Corinne Longstreet. Je peux compter sur toi ?

— Complètement, répondit Adam avec froideur.

En espérant qu’il faisait le bon choix, Deacon lui fit signe de le suivre.

— Alors, on y va.

Sur tes traces
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