Cincinnati, Ohio
Jeudi 6 novembre,
13 h 20
Bon sang ! Que pouvaient-ils fabriquer là-dedans ? Il était recroquevillé sur le plancher à l’arrière de la Range Rover depuis près d’une heure. Ils n’allaient peut-être pas revenir. Ils avaient peut-être été arrêtés.
Ce serait particulièrement ennuy… Ah ! Des voix. Et qui venaient de ce côté. Il resta en place, aux aguets.
La portière côté conducteur s’ouvrit d’abord. Le gorille entra et se pencha pour ouvrir à son compagnon, qui se glissa sur le siège du passager avec un air de chien battu.
— Je suis fatigué, Keith.
— Tu veux que je te ramène ? Je peux te faire de la soupe.
— Non. Conduis-moi chez Della. J’ai peur qu’elle se fasse du mal. Je ne veux pas que les garçons et Audrey aient à supporter aussi ce chagrin.
Keith fit démarrer le moteur.
— Elle est plus résistante que tu l’imagines. Elle n’a pas besoin de toi.
Jeremy se tourna vers Keith, rouge de colère.
— Lâche-moi un peu, tu veux bien ? J’ai vécu avec Della et elle a été là pour moi quand j’ai eu besoin d’une amie. En ce moment, c’est elle qui a besoin de moi.
— Elle a passé son temps à te protéger et, toi, tu t’es toujours planqué dans ses jupes.
Jeremy poussa un petit soupir agacé.
— Et alors, même si c’était la vérité ? Conduis-moi chez Della ou sors de cette voiture et laisse-moi le volant.
Ah ! Ça, j’aime bien. Tu sors ! Tu sors !
— Non, je t’emmène là-bas. Je ne suis pas obligé d’apprécier, voilà tout.
Ils démarrèrent et roulèrent en silence jusqu’à ce qu’ils aient quitté le centre-ville.
— Où est le flic ? demanda le gorille.
— Je ne sais pas, répondit Jeremy d’une voix lasse. On a peut-être passé un test.
Douce musique à mes oreilles. Il détestait vraiment tuer les flics. En général ça ne valait pas les ennuis qui allaient avec. Sauf pour Susan Simpson. Elle le valait bien !
Mais Susan avait disparu, maintenant. Elle était entre les mains des flics. Ils lui avaient pris toutes ses affaires. Il allait devoir recommencer à zéro. Mais il y arriverait. Je suis bien plus fort que les gens l’imaginent.
Il resta en position jusqu’à ce que la Range Rover s’engage sur l’autoroute, puis il se redressa et posa le canon de son pistolet sur la tempe de son jumeau.
— Keith ! couina Jeremy.
— On garde les deux mains sur le volant, là où je peux les voir, Keith, dit-il avec calme. Si tu décolles ne serait-ce que le petit doigt de ce volant, je lui fais exploser sa putain de cervelle. Et tu sais que je n’hésiterai pas.
Il enfonça plus durement le pistolet contre le crâne de son frère.
— Les deux mains sur le tableau de bord, Jeremy, y compris ta petite patte estropiée.
— Qu’est-ce que tu veux, Jordan ? demanda Jeremy, furieux mais docile.
— Ce que j’ai toujours eu. Tout.