Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 8 h 15

Tout en frictionnant ses cheveux humides, Deacon jeta un coup d’œil à son lit, tenté de s’y étendre pour fermer les yeux quelques minutes. Je suis vraiment crevé.

Maintenant, si Faith était allongée sur ses draps froissés, ce serait une tout autre affaire. Comme il laissait libre cours à son imagination, il sentit son corps réagir.

Elle aussi y avait pensé. Il l’avait lu dans ses yeux verts, dans la teinte écarlate qui avait animé ses joues pâles. Bientôt. Ils seraient bientôt en mesure d’explorer cette alchimie qu’elle avait qualifiée de « folie ». Elle semblait en avoir un peu peur. Et lui n’était pas en reste.

Pour la première fois de sa carrière, il était tenté de mettre son devoir de côté. Il n’avait aucune envie de la laisser seule ici. Le fait que deux agents fédéraux parfaitement qualifiés allaient assurer sa protection ne rentrait pas en ligne de compte. Il voulait être ici. Il en avait besoin.

Mais, ce qu’il désirait par-dessus tout, c’était la garder en vie. Il enfila donc son boxer, puis entrebâilla la porte. Ainsi, il entendrait Faith si elle avait besoin de lui. Mmm, du bacon. L’arôme appétissant montait jusqu’à l’étage, mêlé à l’odeur du café frais. Il l’aurait déjà vénérée juste pour le café.

Beaucoup plus pressé, maintenant, il s’apprêtait à prendre son pantalon, mais entendit un cri étouffé s’élever derrière lui. En se retournant, il découvrit Faith dans l’embrasure de la porte, une main sur la bouche, les yeux écarquillés.

Il la rejoignit en deux enjambées, la tira à l’intérieur et la plaqua contre le mur de la chambre. Il la protégea de son corps, avant d’inspecter le couloir d’un bref regard.

— Que se passe-t-il ? Il y a quelqu’un ?

— Personne, répondit-elle d’une voix hachée. C’est votre dos. C’est vraiment vilain. J’ai été surprise, voilà tout. Pouvez-vous me laisser respirer ? Parce que, là, vous m’écrasez.

Il recula de quelques centimètres.

— Pour mon dos, j’ai déjà connu pire, assura-t-il.

En cet instant, il était pleinement conscient de la direction du regard de Faith, qui avait quitté son visage pour se fixer plus bas. Et qu’il ne lui avait pas lâché le bras.

Il sentait aussi que son boxer n’était pas d’un grand secours pour masquer le fait qu’il avait encore durci au cours des dix dernières secondes. L’air de la chambre était chaud et moite. Il se laissa observer, attendant qu’elle dise quelque chose. Qu’elle fasse quelque chose. Touche-moi.

Les joues rosies, elle leva les yeux vers lui et croisa son regard. Puis elle se lécha la lèvre inférieure et la mordilla. Il entendit un grondement grave et sourd. Réalisa que le son sortait de sa propre gorge.

— Je ne devrais pas être ici, dit-elle d’une voix rauque.

Mais elle ne bougea pas. Ne fit aucune tentative pour se libérer. Le regard vert se coula de nouveau vers le bas et il perçut un souffle tiède qui passait lentement sur sa peau encore humide. Les poils de son torse se hérissèrent sous la caresse légère de doigts hésitants.

Il retint sa respiration, dans l’espoir qu’elle recommence. Et, lorsqu’elle leva une nouvelle fois la main, il ferma les yeux. Au moment où elle effleura à nouveau ses poils, dotés d’une ahurissante sensibilité qui faillit le rendre fou, il jura en silence. Souhaita qu’elle le caresse plus bas. Certain qu’il exploserait si elle s’en avisait. Il captura la main exploratrice et la plaqua contre ses pectoraux, puis il porta l’autre main, qu’il n’avait pas lâchée, à ses lèvres.

— Pourquoi êtes-vous…  ? s’obligea-t-il à demander, la voix enrouée.

— Pourquoi suis-je quoi ?

Elle paraissait sidérée, et cette constatation eut un effet stupéfiant sur l’ego de Deacon.

Il ouvrit les yeux et serra les dents en découvrant le sommet du crâne de Faith. Elle continuait à regarder le bas de son corps.

— Montée, Faith. Pourquoi êtes-vous montée ?

Le corps de Faith se contracta brusquement, le moment était passé. Avec un petit rire nerveux, elle se dégagea, s’éloigna de quelques pas et lui tourna le dos.

— Les agents sont arrivés. J’ai préféré ne pas les laisser entrer avant d’avoir votre feu vert. En voyant votre porte entrebâillée, j’ai cru… Enfin, je n’ai pas pensé que… Bon sang, vous pourriez vous habiller un peu, s’il vous plaît ? conclut-elle d’une voix altérée.

Deacon s’éclaircit la gorge, incapable de se départir de son large sourire.

— J’ai ouvert la porte pour mieux entendre, au cas où il y aurait un problème, mais je ne les ai pas entendus frapper.

Il enfila son pantalon, tressaillant, alors qu’il remontait la fermeture à glissière avec précaution.

Elle se retourna. Une rougeur persistante animait son beau visage. La lèvre inférieure qu’elle avait mordillée paraissait plus pulpeuse. Son regard était intense. Affamé. Il dut employer toutes ses forces pour se retenir de la serrer contre lui.

— Ils n’ont pas frappé. J’ai entendu du bruit à l’extérieur. Je me suis dit que c’était eux, et j’ai jeté un coup d’œil par les stores pour m’en assurer.

Ça le ramena à la réalité. Il prit la chemise propre qu’il avait préparée et lança à Faith un regard de reproche.

— Je croyais vous avoir demandé de rester à l’écart des fenêtres.

— Vous ne me l’avez pas demandé. Vous me l’avez dit.

Elle traversa la chambre et retint la main de Deacon qui s’apprêtait à enfiler sa chemise. Du bout des doigts, elle lui effleura l’épaule et explora son dos meurtri.

— Je ne suis pas idiote, Deacon. Je suis restée à côté de la fenêtre, pas en plein devant. Dites-moi, cette épaule est-elle aussi douloureuse qu’elle en a l’air ?

— La situation est beaucoup plus critique quelques dizaines de centimètres plus bas, marmonna-t-il en se tournant en partie vers elle.

Il eut le plaisir de voir étinceler les yeux de Faith, qui mordillait encore sa lèvre. L’instinct prit le dessus et il pivota complètement. Il lui souleva le menton d’un geste léger et porta sa bouche à la rencontre de cette lèvre inférieure qu’il mourait d’envie de mordiller lui-même. Mais elle le surprit une fois encore et le rencontra à mi-chemin, dressée sur la pointe des pieds. Le baiser explosa.

Il la tint plus fermement par le menton et s’autorisa à dévorer cette bouche comme il en avait eu envie pendant qu’elle dévorait son pénis du regard. Il avança d’un pas et plaqua Faith contre la porte du placard. Le second pas l’amena à se loger entre les cuisses écartées, ses mains se refermèrent sur ses seins. Elle hoqueta et il poussa son avantage, léchant l’intérieur des lèvres de Faith. Ses hanches se pressaient en rythme contre le corps tiède et, lorsqu’elle émit de petits soupirs avides augmentant encore son désir, il se laissa emporter et força la cadence.

Les paumes de Faith caressaient sa poitrine, les doigts s’entremêlaient dans la toison, semblaient vouloir s’enfoncer sous sa peau. De son corps tout entier, elle venait à sa rencontre. Il la lâcha juste assez longtemps pour la saisir aux hanches et la soulever des quelques centimètres nécessaires pour atteindre l’emplacement soyeux, niché entre ses seins. Un gémissement monta de l’arrière-gorge de Faith, elle cala les chevilles autour de ses mollets, glissa les mains le long de sa poitrine pour les nouer autour de son cou. Elle s’accrochait à lui comme une liane, allant à la rencontre de ses hanches avec une ardeur grandissante qui emportait le peu de bon sens qu’il lui restait.

— J’ai besoin de te toucher, souffla-t-il avec emportement, sans rompre le contact de leurs bouches. Laisse-moi te sentir. Je t’en prie.

— Oui. Oh ! mon Dieu, oui.

Elle parsemait de baisers passionnés sa bouche, ses joues, sa bouche encore.

Il glissa ses mains entre leurs deux corps, ouvrit fébrilement le bouton du jean de Faith et baissa la fermeture à glissière. Une bouffée de bonheur absurde l’envahit, lorsqu’il entra en contact avec une dentelle délicate, puis il franchit l’obstacle du tissu et cessa de penser. Elle était brûlante. Ardente.

Et humide. Comme ses doigts s’ouvraient, explorant les replis sensibles, elle laissa échapper un son léger entre le gémissement et le geignement, lui insufflant le besoin d’aller plus loin, un besoin plus impératif que celui de respirer. Il passa sa main libre sous les fesses de Faith et la souleva plus haut contre la porte. La maintenant avec une de ses cuisses, il coula un doigt vers le haut dans cet étroit brasier humide.

Elle s’immobilisa, la tête rejetée en arrière, les yeux clos. La bouche s’ouvrait sur un petit O silencieux. Fasciné, il ne pouvait détourner son regard.

De toute sa vie, jamais il n’avait vu quelque chose de si beau. Et elle se mit en mouvement, chevauchant sa main sur un rythme lent. Enfermant son doigt dans un délicieux fourreau. Tout le sang qui circulait encore au-dessus de son cou se rua dans son pénis.

Il inséra un second doigt, moins délicatement que le premier, coulissant aussi vite et aussi fort qu’il le pouvait malgré le jean. Il pensa sauvagement à envoyer ce vêtement au diable. Désespérément. Il voulait la voir. Le goûter. La sentir jouir autour de lui.

Il enfouit son visage dans le creux du cou de Faith. Goûta sa peau. Traça un sentier de baisers vers le bas, tout en continuant son va-et-vient sur un rythme de plus en plus débridé. Il vit la pointe des seins tendre la soie de la chemise et les voulut aussi. Aveuglément, il referma sa bouche sur un mamelon durci, l’aspirant fiévreusement à travers la soie, la faisant remonter un peu plus contre la porte, enfonçant ses doigts encore un peu plus loin.

Elle hoqueta, le corps tendu comme un arc bandé. Sur le point de basculer, comprit-il, mais pas tout à fait prête. Alors, il la mordit, refermant ses dents sur le bout de sein, juste assez fort pour la faire chavirer. Un cri étranglé jaillit de la gorge de Faith, alors que le plaisir l’emportait tel un tsunami express.

Elle ouvrit les yeux d’un seul coup et le regarda, rassasiée, grisée, alors qu’il était encore si affamé. Il jeta un coup d’œil au lit. Il suffisait de deux enjambées.

Et puis, il pourrait la prendre, là. Son érection était telle qu’elle en devenait douloureuse et elle le regardait comme s’il était un roi. Lentement, il dégagea sa main, quitta le cocon à la tiédeur enivrante. Puis, sans la quitter des yeux, il porta ses doigts à ses lèvres et les lécha. Absolument délicieux.

Le pouls de Faith palpitait au creux de sa gorge, il sentait ses doigts frémir contre sa nuque. S’il ne la prenait pas très bientôt, il allait en mourir.

— Oh ! mon Dieu, souffla-t-elle. C’était…

Ne dis pas que c’est imprudent. Ne dis pas que c’était une erreur. Que j’étais une erreur. Dis que c’était prodigieux. Que je suis prodigieux. Dis que tu as envie de me sentir en toi. Il ferma les yeux. Je t’en prie.

— Beau, chuchota-t-elle.

Il ouvrit les yeux d’un coup. Elle le fixait intensément, ses iris étaient plus sombres, mais étrangement lumineux.

— Vous avez rendu tout ça très beau. Grâce à vous je me suis sentie… belle.

— Parce que vous l’êtes, murmura-t-il en réponse.

Il la regarda jeter un coup d’œil au lit, l’air coupable, puis elle planta de nouveau les yeux dans les siens. Ils se contemplèrent un long moment, aux prises avec le désir et l’indécision.

Puis la sonnette de la porte retentit, les ramenant brutalement à la réalité.

— Allons bon, les fédéraux, marmonna-t-elle.

Le petit ton dégoûté de Faith arracha un gloussement à Deacon, malgré la tension qui habitait encore son bas-ventre.

— Moi aussi, je suis du FBI.

Il la reposa lentement, puis s’empressa d’enfiler sa chemise en ajoutant :

— Restez ici. Je vais leur ouvrir.

Elle le fixa sous la ceinture, d’un regard insistant.

— Il vaudrait mieux ne pas rentrer les pans de votre chemise tout de suite.

Il éclata de rire, surpris d’exulter malgré sa frustration.

— Entendu. Dois-je leur demander s’ils veulent aussi un petit déjeuner ?

— Bien sûr, à condition qu’ils n’aient pas peur pour leur vie.

Sur tes traces
titlepage.xhtml
part0000.html
part0001.html
part0002_split_000.html
part0002_split_001.html
part0002_split_002.html
part0002_split_003.html
part0002_split_004.html
part0002_split_005.html
part0003_split_000.html
part0003_split_001.html
part0003_split_002.html
part0003_split_003.html
part0003_split_004.html
part0003_split_005.html
part0004_split_000.html
part0004_split_001.html
part0004_split_002.html
part0004_split_003.html
part0004_split_004.html
part0005_split_000.html
part0005_split_001.html
part0005_split_002.html
part0006_split_000.html
part0006_split_001.html
part0006_split_002.html
part0007_split_000.html
part0007_split_001.html
part0007_split_002.html
part0007_split_003.html
part0007_split_004.html
part0007_split_005.html
part0008_split_000.html
part0008_split_001.html
part0008_split_002.html
part0009_split_000.html
part0009_split_001.html
part0009_split_002.html
part0009_split_003.html
part0010_split_000.html
part0010_split_001.html
part0010_split_002.html
part0011_split_000.html
part0011_split_001.html
part0011_split_002.html
part0011_split_003.html
part0011_split_004.html
part0012_split_000.html
part0012_split_001.html
part0012_split_002.html
part0012_split_003.html
part0012_split_004.html
part0013_split_000.html
part0013_split_001.html
part0013_split_002.html
part0013_split_003.html
part0013_split_004.html
part0013_split_005.html
part0013_split_006.html
part0014_split_000.html
part0014_split_001.html
part0014_split_002.html
part0014_split_003.html
part0015_split_000.html
part0015_split_001.html
part0015_split_002.html
part0015_split_003.html
part0015_split_004.html
part0015_split_005.html
part0016_split_000.html
part0016_split_001.html
part0016_split_002.html
part0017_split_000.html
part0017_split_001.html
part0017_split_002.html
part0017_split_003.html
part0017_split_004.html
part0018_split_000.html
part0018_split_001.html
part0018_split_002.html
part0018_split_003.html
part0019_split_000.html
part0019_split_001.html
part0019_split_002.html
part0019_split_003.html
part0019_split_004.html
part0020_split_000.html
part0020_split_001.html
part0020_split_002.html
part0020_split_003.html
part0021_split_000.html
part0021_split_001.html
part0021_split_002.html
part0021_split_003.html
part0021_split_004.html
part0022_split_000.html
part0022_split_001.html
part0022_split_002.html
part0022_split_003.html
part0023_split_000.html
part0023_split_001.html
part0023_split_002.html
part0023_split_003.html
part0023_split_004.html
part0023_split_005.html
part0023_split_006.html
part0023_split_007.html
part0024_split_000.html
part0024_split_001.html
part0024_split_002.html
part0024_split_003.html
part0025_split_000.html
part0025_split_001.html
part0025_split_002.html
part0025_split_003.html
part0025_split_004.html
part0026_split_000.html
part0026_split_001.html
part0027_split_000.html
part0027_split_001.html
part0027_split_002.html
part0027_split_003.html
part0028_split_000.html
part0028_split_001.html
part0028_split_002.html
part0028_split_003.html
part0028_split_004.html
part0028_split_005.html
part0029_split_000.html
part0029_split_001.html
part0029_split_002.html
part0029_split_003.html
part0029_split_004.html
part0029_split_005.html
part0029_split_006.html
part0029_split_007.html
part0030_split_000.html
part0030_split_001.html
part0030_split_002.html
part0030_split_003.html
part0030_split_004.html
part0031_split_000.html
part0031_split_001.html
part0031_split_002.html
part0031_split_003.html
part0032_split_000.html
part0032_split_001.html
part0032_split_002.html
part0032_split_003.html
part0032_split_004.html
part0033_split_000.html
part0033_split_001.html
part0033_split_002.html
part0033_split_003.html
part0033_split_004.html
part0033_split_005.html
part0033_split_006.html
part0033_split_007.html
part0034_split_000.html
part0034_split_001.html
part0034_split_002.html
part0034_split_003.html
part0034_split_004.html
part0035_split_000.html
part0035_split_001.html
part0035_split_002.html
part0035_split_003.html
part0036_split_000.html
part0036_split_001.html
part0036_split_002.html
part0036_split_003.html
part0036_split_004.html
part0036_split_005.html
part0037_split_000.html
part0037_split_001.html
part0037_split_002.html
part0037_split_003.html
part0037_split_004.html
part0037_split_005.html
part0037_split_006.html
part0037_split_007.html
part0037_split_008.html
part0037_split_009.html
part0038.html
part0039.html