Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 11 h 10

Pour atteindre le ruban de scène de crime qui protégeait le site de l’enlèvement, Deacon dut se frayer un chemin à travers une foule d’étudiants, dont les téléphones cliquetaient comme des appareils de paparazzis.

Il se déplaça avec précaution au milieu des experts judiciaires qui s’activaient à prendre des photos ou à collecter des échantillons et étudia le sol sur le sentier, près du banc. Les signes de lutte s’étendaient sur un périmètre de trois mètres, exactement comme l’avait décrit Bishop. La personne qui avait été assise sur le banc avait cessé de se débattre au bout de quelques secondes après avoir été entraînée. Droguée, sans doute.

L’agent Taylor tendait une ficelle colorée de l’arbre le plus proche du sentier vers un point à l’orée du bosquet, matérialisant la trajectoire d’une balle. Il leva la tête en entendant Deacon approcher.

— Qu’avez-vous trouvé ? demanda Deacon.

Taylor montra un poteau situé près du sentier.

— La caméra a été volée, il y a plusieurs semaines.

— Tu crois que notre ravisseur le savait ?

Taylor indiqua une jeune fille aux cheveux noirs et au visage sérieux qui se tenait à l’écart de la foule.

— S’il a lu le blog de cette fille, la gothique, il le savait. Elle s’est donné pour mission de mettre en évidence les problèmes de sécurité sur le campus, mais c’est un vrai petit manuel à l’usage des pervers. Il y a quinze jours, elle a signalé la caméra volée et, mercredi dernier, elle a parlé de la lampe cassée au-dessus du banc.

— Corinne et Arianna ont été enlevées deux jours plus tard, dit Deacon avec un soupir. Bishop a parlé d’une balle et de beaucoup de sang.

— Le lieutenant Bishop a trouvé une balle incrustée dans cet arbre.

Cette fois, Taylor désigna l’arbre auquel il avait attaché la ficelle.

— Quant au sang, il est du même type que celui d’Arianna Escobar et la balle provient d’un neuf millimètres.

— Comme celles qui ont été tirées sur Gordon Shue en Floride et sur le technicien de la compagnie d’électricité, dit Deacon.

— Sans oublier le type dans la chambre d’hôtel, la nuit dernière. La balle retrouvée dans l’arbre est en route pour la balistique, indiqua Taylor en pénétrant dans le bosquet. D’après la trajectoire, il se tenait à peu près ici lorsqu’il a tiré.

Deacon se plaça à l’endroit indiqué par Taylor et observa le sentier.

— Corinne et Arianna ont quitté la bibliothèque ensemble, vendredi soir, c’est bien ça ?

— A 23 heures, précisa Taylor. Le sentier fait une fourche, près du banc. A droite, on va vers la résidence de Corinne. Celle d’Arianna se trouve à gauche, en haut de la colline. Elles ont dû se séparer là.

— Très bien. Donc, imaginons qu’il ait remonté la route d’accès, qu’il se soit garé, soit descendu de son véhicule et soit venu se planquer sous les arbres pour attendre. Le sentier de droite est tout proche et Arianna grimpe déjà la colline, alors, il embarque Corinne. Comment l’a-t-il ramenée à la route sans se faire voir ?

Taylor se tenait non loin de lui, examinant la scène de son propre point de vue.

— Arianna a peut-être vu l’enlèvement et a redescendu la colline pour se lancer à leur poursuite et prêter main-forte à Corinne, mais il lui a tiré dessus.

Deacon repartit à l’endroit où ils avaient trouvé du sang.

— A en juger par la quantité de sang répandue, Arianna est restée sur place pendant un moment. Il a dû prendre le temps de fourrer Corinne dans son fourgon et de revenir la chercher. Pourtant, elle n’en a pas profité pour prévenir les secours. Il n’y a pas trace de jet artériel, la balle n’a donc pas touché l’artère fémorale. Les ados ont leur téléphone greffé à la main en permanence. Pourquoi n’a-t-elle pas appelé ?

Il consulta l’écran de son mobile.

— J’ai quatre barres, ici. Et vous ?

— Pareil. Ce n’était pas un problème de réseau. Sa batterie était peut-être à plat. Ou elle n’est peut-être pas restée assez longtemps en ligne pour que le central ait pu trianguler sa position. Ou encore, il avait peut-être emporté le téléphone de la fille.

— C’est le plus probable. Si c’est le cas, il sait désactiver le GPS. Tanaka a essayé de localiser le téléphone d’Arianna, sans succès. Bishop m’a aussi parlé d’empreintes de pneus.

— Oui. Elles correspondent à celles que Tanaka a relevées sur la piste, du côté de chez les O’Bannion. Il y a de bonnes chances que ça soit le même fourgon.

— Ça confirme ce qu’on soupçonnait, mais ça ne nous apprend rien de nouveau. On savait déjà qu’il avait un fourgon blanc. On savait qu’il les avait enlevées. Qu’il aime les blondes. En revanche, on ignore pourquoi il est venu précisément ici. A-t-il choisi spécifiquement Corinne ? Ou n’importe quelle blonde aurait-elle fait l’affaire ?

— Et, s’il a choisi Corinne, l’a-t-il surveillée d’abord pour repérer ses habitudes ? ajouta Taylor. Un des étudiants l’a peut-être vu traîner dans le coin.

Deacon balaya du regard la foule de curieux rassemblée derrière eux.

— Il me reste quelques minutes avant de partir pour mon prochain rendez-vous. Je vais leur poser quelques questions.

Il pouvait leur montrer la photo de Combs, mais pas celle de Henson Trois. En tout cas, pas avant d’avoir réuni plus de preuves contre le jeune avocat.

— Avec un peu de chance, l’identification des corps ira vite et on pourra trouver des points communs entre les victimes, outre le fait d’être blondes et mortes. On pourra voir comment Corinne se place dans le tableau, savoir si ce type suit un schéma précis.

Sur tes traces
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