Cincinnati, Ohio
Mardi 4 novembre, 18 h 35

Novak s’arrêta devant la porte de la salle d’interrogatoire, où il conduisait Faith.

— Je ne lui ai pas parlé de Combs. Je me suis dit que tu préférerais peut-être régler ça toi-même.

Faith redoutait la conversation à venir. Elle jeta un coup d’œil plein d’appréhension à la porte. Aurait-elle l’énergie — ou la patience — de supporter la réaction de son oncle, lorsqu’il découvrirait qu’elle avait été harcelée par Combs ? Même s’il ne prononçait pas les mots Je te l’avais bien dit, il s’arrangerait pour le sous-entendre.

Jordan n’avait jamais approuvé son travail. Il l’avait avertie du danger. Après la première attaque de Combs, il l’avait déjà considérée avec une expression qui signifiait : Je t’avais prévenue. Et, à chaque visite qu’elle rendait à sa grand-mère, il insistait pour qu’elle porte une écharpe pour masquer sa cicatrice.

De toute façon, Faith n’avait pas besoin de cette injonction, car elle voulait éviter de bouleverser davantage Gran. En revanche, en recevoir l’ordre l’avait toujours particulièrement agacée.

Et puis, bien sûr, il y avait toujours le problème de la maison. Même si Jordan avait manifesté du soulagement en apprenant qu’elle en avait hérité, Faith le soupçonnait d’avoir été malgré tout blessé par la décision de sa mère. Gran ne lui avait pas laissé la maison, alors qu’il était l’aîné des hommes de la famille et qu’il avait pris soin d’elle pendant de longues années.

La nouvelle avait dû être d’autant plus cuisante qu’il savait à quel point Faith détestait cet endroit. Et aussi pourquoi.

— C’est noté, pour Combs, répondit-elle avec calme. Où seras-tu ?

— Dans la salle d’observation. Pas pour observer, mais pour être à proximité au cas où.

Novak hésita, puis soupira et reprit la parole.

— Faith, sais-tu qui aurait hérité de la maison si… Tu vois, ajouta-t-il avec une petite grimace.

— Si la personne qui tente de me tuer avait réussi ? Si j’avais fait un testament, ce qui n’est pas le cas, la maison serait revenue à mon père. Si je meurs sans testament, la maison ira à la fondation.

— Quelle fondation ?

Faith entendait la voix de sa grand-mère dans son esprit, claire comme du cristal. C’est ton héritage, mon enfant.

— La fondation Joy O’Bannion. Une œuvre de charité supervisée par ma grand-mère. Ils accordent des aides financières à des étudiants atteints de maladies débilitantes, le plus souvent sous forme de bourses d’études. En tant qu’héritière de Gran, je suis censée m’occuper des détails, jusqu’à un certain point. Mais pour l’instant j’ai laissé ça de côté. J’ai déjà du mal gérer ma propre vie, alors un programme d’attribution de bourses…

Il pencha la tête.

— L’avocat de cette fondation, c’est aussi Henson ?

— Oui. Pourquoi ?

— Bishop et moi l’avons interrogé ce matin. Quand nous lui avons demandé qui aurait la maison en cas de malheur, il a refusé de nous répondre en laissant entendre qu’il protégeait la confidentialité d’un autre client.

— Tu crois que le mobile de celui qui veut me tuer est de la récupérer ? Mais personne ne l’aurait eue. Elle aurait simplement été ajoutée aux avoirs de la fondation.

— Qui a accès à ces avoirs ?

— Le comptable qui signe les chèques et le courtier qui gère le portefeuille d’actions. C’est tout. Le conseil d’administration peut accéder aux relevés de comptes, mais pas à l’argent lui-même.

— Je vois. De combien est-il question ?

— De sommes importantes. Environ cinq millions. Plus ou moins.

Novak cilla, laissant paraître sa surprise.

— C’est un sacré paquet de fric. C’est une œuvre de charité privée ou publique ?

— Privée. Pourquoi ?

— Où pourrais-je me procurer la liste des membres du conseil, le nom du courtier et du comptable ?

— Ils sont dans mon portable, qui se trouve chez toi. Dès que nous serons rentrés, je vais te transférer tout ça. Mais pourquoi ? Ils n’ont pas accès à l’argent.

— Pas légalement, c’est vrai. Mais certaines activités illégales pourraient constituer un mobile de meurtre. Les courtiers trichent. Les comptables trafiquent les livres. Et on ne contrôle pas les œuvres de charité privées avec la même minutie. Ils n’ont peut-être commis aucune malversation, mais il y a trop de zéros pour les ignorer, d’autant plus que nous ne connaissons pas encore les mobiles de celui qui cherche à te tuer. Autre question. Peux-tu me parler des enfants de Jeremy ?

Ce fut au tour de Faith d’être interloquée.

— Oh ! mon Dieu. Ils ne peuvent pas savoir qui a hérité, mais ils savent qu’ils ne font pas partie des légataires, c’est ça ? Je déteste les considérer comme des suspects. Jeremy a une fille appelée Audrey. Elle a une petite vingtaine d’années. Je ne sais pas grand-chose d’elle, à part qu’elle vit à Cincinnati et qu’elle a souvent des ennuis avec la loi en raison de son zèle excessif à défendre les causes qui lui tiennent à cœur. Jeremy a aussi deux beaux-fils, les fils de son ex-femme, nés d’un premier mariage. Il les a sans doute adoptés, parce qu’ils s’appellent O’Bannion et ne portent plus le nom de leur père. J’ai rencontré Stone et son frère aîné, Marcus, à Noël, l’année qui a précédé la mort de mon grand-père. Stone avait mon âge et Marcus, un an de plus. C’est ce soir-là que Jeremy a annoncé ses fiançailles avec Della. Je me souviens que ma mère était assez consternée, parce que Jeremy n’avait que vingt-deux ans à l’époque et Della au moins dix de plus. Pire encore, elle était protestante.

— Vraiment ? Jordan vient juste de nous dire que ton oncle Jeremy les « aimait jeunes », garçons et filles. Pile du bon côté de l’âge légal.

— Oh ! non ! Je n’ai jamais entendu une chose pareille, mais les adultes ne me disaient jamais rien directement. Tout ce que je sais, je l’ai entendu par accident. Mon père était choqué que Jeremy épouse une femme. Il a dit un jour à ma mère qu’il avait toujours pensé que Jeremy était « un peu maniéré », même si je n’avais aucune idée de ce que ça signifiait. Maintenant, Stone est un journaliste célèbre, du genre héros du reportage, et Marcus tient un petit journal dans une des banlieues du nord de la ville. Je n’en sais pas plus.

Elle se tourna vers la porte de la salle d’interrogatoire.

— Je ne devrais pas trop faire attendre Jordan, ajouta-t-elle.

— Faith, attends !

Novak referma les doigts autour de son bras, le mouvement circulaire de son pouce transformant le geste en caresse.

— Je ne lui ai pas parlé des victimes. Pas encore. Pas avant d’avoir vérifié son alibi.

Faith secoua la tête.

— Mais… Il n’aurait pas. Il est… Non. Jordan a ses défauts, mais il prend soin des gens. Il ne leur fait pas de mal. Il s’est occupé de Gran. De moi. La seule personne à qui il ait jamais fait du mal, c’est à lui-même en absorbant tout cet alcool.

— Je comprends. Mais, jusqu’à ce que nous ayons vérifié son alibi, je préfère ne pas dévoiler mon jeu. Et, même après, je ne veux pas que tu lui donnes des infos dont nous n’aurons pas parlé à la presse. J’ai l’impression que sa petite amie n’y réfléchirait pas à deux fois avant d’en parler à qui voudra l’entendre. Si tu confies des infos confidentielles à Jordan et qu’il lui en parle, même à mots couverts, elle risque de compromettre notre enquête.

— Mais tôt ou tard on saura toute la vérité. Et, quand il comprendra que je le savais et que je ne lui en ai pas parlé, il en sera blessé.

Novak pesa le problème, avant de répondre :

— Très bien. Dans ce cas, dis-lui que nous avons trouvé un corps et qu’il pourrait y en avoir d’autres. Au moins, si l’info fuite avant la conférence de presse, nous saurons si nous pouvons lui faire confiance.

C’était de bonne guerre, songea-t-elle. Elle avait toujours cru qu’avec Jordan ses secrets étaient à l’abri. Mais comment savoir ce qu’il pouvait raconter aux gens, lorsqu’il s’enivrait au-delà de la raison ?

Du plus loin qu’elle se souvienne, il avait toujours été trop sauvage, trop gâté, trop excentrique. Mais il semblait être devenu encore plus extravagant avec les années. Elle avait affiché un grand sourire quand Novak lui avait parlé de la danseuse orientale gymnaste en rose, mais dans son for intérieur elle avait grimacé. Malgré tout, elle comprenait pourquoi Jordan était ainsi. Il avait vu une de ses sœurs emportée par la leucémie. Lui-même avait dû combattre un cancer, alors qu’il n’avait que dix-sept ans. On lui avait dit que la maladie pouvait récidiver n’importe quand.

Certaines personnes auraient considéré cette situation comme un appel à faire de chaque jour une journée qui comptait pour le bien. Pour Jordan, c’était un appel à faire de chaque jour une journée qui comptait pour Jordan. Dire que j’aurais pu être dans le même cas.

Autrefois, elle avait emprunté cette voie en sa compagnie, l’alcool, les fêtes. Et elle était heureuse de s’en être détournée avant de tomber dans le trou dont Jordan était prisonnier.

Elle prit une profonde inspiration avant de pousser la porte et d’entrer dans la pièce. Assis devant la table, son oncle avait l’air… vieux. Sa vie dissolue le rattrapait. Il n’avait que quarante-quatre ans, mais en paraissait dix de plus.

— Oncle Jordan.

Jordan se leva d’un bond, la prit dans ses bras et la serra si fort que son corps contusionné protesta. En entendant son petit cri de douleur étouffé, il laissa tomber ses bras et fit un pas en arrière.

— Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Disons que je suis un peu moulue.

Il se rembrunit.

— Je suis navré, Faith. Je n’avais pas l’intention de te faire mal.

— Ça va. Ce n’est rien, je t’assure.

Faith prit place devant la table et joignit les doigts.

— Jordan, nous avons un problème avec la maison.

— Je sais. On a séquestré une fille, là-bas. C’est ça ?

— C’est encore plus grave. La police a trouvé un corps dans la cave.

Il se figea, horrifié.

— Dans notre cave ? Qui ? Quand ?

— Je ne sais pas. Je n’y ai jeté qu’un coup d’œil.

Ce qui était la stricte vérité.

— Tu l’as vue  ? Oh ! Faith.

Puis le regard de Jordan changea, se chargeant d’une autre forme d’horreur. Mêlée de compassion.

— Tu es descendue, là-dedans ? Dans la cave ? Comment vas-tu ?

Elle haussa les épaules nerveusement.

— Je vais bien. Un peu bouleversée, peut-être.

— Je m’en doute, dit Jordan en lui serrant la main. J’aurais pu t’accompagner.

Faith lui adressa un sourire forcé.

— Je sais. Mais tout va bien, Jordan. Je suis une grande fille, maintenant.

— Et une grande fille visiblement très occupée, docteur Corcoran, ajouta-t-il en insistant sur le nom. Ecoute, je n’ai pas voulu en faire toute une histoire devant les policiers, mais… qu’est-ce que c’est que ce cirque, Faith ? Pourquoi as-tu pris le nom de jeune fille de mère ? Bon, je suis bien content que tu te sois complètement débarrassée de ce connard de Charlie, mais pourquoi ne pas simplement revenir à Sullivan ? Ou même à O’Bannion ? Corcoran ! Mais qu’est-ce qui t’est passé par la tête ?

Elle prit une profonde inspiration.

— Faith Frye devait disparaître. J’ai été harcelée.

Jordan plissa les yeux, soudain menaçant.

— Par qui ?

Faith se détourna.

— Peter Combs.

Il se pencha en arrière en exhalant un soupir furieux.

— Bordel de merde, Faith. Tu l’as signalé aux autorités ?

Elle se força à regarder son oncle droit dans les yeux.

— Bien sûr. Des dizaines de fois. Les flics pensaient que je l’avais bien cherché. Exactement comme toi, ajouta-t-elle avec amertume.

— Je n’ai jamais pensé une chose pareille, protesta-t-il, toujours furieux. Pas une seule fois. Mais tu dois tout de même admettre que bosser avec la lie de la terre a fait augmenter ton taux de risques d’être agressée. Chaque jour, je craignais de recevoir ce coup de fil, et puis il a fini par arriver.

— Et tu es venu à l’hôpital, murmura-t-elle. Tout de suite.

— Ouais, dit-il en se calmant. Je suis venu. Parce que je devais vérifier par moi-même que tu allais bien. Mère aussi voulait des nouvelles, elle était persuadée que ton père ne lui disait pas toujours tout.

Et Gran n’avait pas tort, songea Faith. Les O’Bannion et les Sullivan étaient maîtres dans l’art de garder des secrets. Et, pour être parfaitement honnête, j’ai tout à fait ma place parmi eux.

Son oncle se pencha en avant, intensément sérieux.

— Mais, Faith, tu n’allais pas bien. Ça fait longtemps que tu n’as pas été bien. Cet air effrayé que tu avais quand tu es sortie de l’hôpital n’a pas disparu. Je le vois bien. Qu’est-ce que ce salopard t’a fait ?

— Il m’a harcelée pendant pratiquement un an. Ensuite, il a essayé de me tuer.

Abasourdi, il regarda la gorge de Faith, puis leva un regard effrayé vers ses yeux.

— Encore ? Comment ?

— Il m’a tiré dessus, il a tenté de me pousser d’un pont, il a brûlé mon appartement.

Un nerf tressaillait dans la joue de Jordan.

— Et la police de Miami n’a rien fait ? demanda-t-il trop calmement.

— Quand ils ont enfin fini par me croire, il avait disparu. Complètement évaporé.

Jordan s’adossa à son siège, ruminant sombrement sa colère.

— Puisque quelqu’un te tire dessus, il a visiblement réapparu. Qu’est-ce que les flics font pour essayer de lui mettre la main dessus ?

Ils cherchent des indices sur les cadavres de dix femmes, songea-t-elle, mais elle ne pouvait pas le dire.

— Ils ont lancé des avis de recherche, dit-elle, sachant à quel point ça paraîtrait inadéquat.

— Des avis de recherche, répéta-t-il platement. Et le corps de la cave ? Pourquoi les flics me demandent-ils qui a accès à la cave, puisqu’ils connaissent le coupable ?

Parce que ces corps étaient là bien avant que je rencontre Combs. Mais, bien sûr, elle ne pouvait pas non plus dire ça.

— Ils doivent explorer toutes les possibilités et éliminer ceux qui ont un rapport avec la maison.

— Et ce fameux corps qu’ils ont trouvé ? Quel rapport avec Combs ? Il a bien une fille, c’est ça ? C’est elle ? Il l’a tuée ?

— C’est sa belle-fille et elle est vivante, dit Faith, qui entendait encore la voix de Vega expliquer qu’elle avait parlé à l’adolescente, quelques semaines auparavant. Je ne sais pas qui était la victime. J’ignore si la police a déjà réussi à l’identifier.

— Ça ne me plaît pas. Rien de tout ça ne me plaît. Ça ne me plaît pas que tu doives encore avoir peur. Ça ne me plaît pas que ce type ait utilisé notre maison pour ses jeux pervers. Ça ne me plaît pas du tout que les flics n’aient pas la moindre idée de l’endroit où il se trouve. Ça ne me plaît pas qu’ils nous cachent des informations.

Il s’immobilisa, les yeux étrécis de méfiance.

— Pourquoi ont-ils emporté du mobilier, Faith ? Qu’est-ce qu’ils fabriquent vraiment ?

Les victimes, comprit-elle. Les victimes dont elle n’était pas censée parler. Mais, avant qu’elle ne trouve une réponse, on frappa à la porte et Novak entra dans la pièce.

— Désolé d’écourter vos retrouvailles, mais j’ai encore à faire. Monsieur O’Bannion, merci d’être venu. Un agent va vous reconduire dans le hall.

— Non. Je veux des réponses. Qu’avez-vous emporté de la maison de ma mère ?

— Des indices. Je ne peux pas vous en dire plus.

Jordan se hérissa.

— Et le corps que vous avez trouvé dans la cave ? Qui est-elle ?

— Nous ne le savons pas mais, même dans le cas contraire, nous ne pourrions pas révéler son nom avant d’informer sa famille. Je suis certain que vous comprenez.

Il fit signe à l’officier qui se tenait dans l’embrasure de la porte, puis ajouta :

— Une fois de plus, je suis désolé de vous avoir fait attendre si longtemps, mais je dois vraiment partir, maintenant.

Jordan se leva, mais n’esquissa pas le moindre pas vers la porte.

— Et ma nièce ?

— Je lui ai trouvé une planque. Elle y sera à l’abri. Ne vous inquiétez pas.

Jordan lança un coup d’œil soucieux à Faith.

— Je serais moins inquiet si tu étais avec moi. Ton ancienne chambre t’attend.

— Mon ancienne chambre ? Mais qu’est-il arrivé à ta gouvernante ?

— Mary a déménagé dans ma chambre quand je me suis installé dans la suite de mère, dit-il, lui prenant le bras d’un geste protecteur. Faith va venir avec moi, agent Novak. Il ne lui arrivera rien, là-bas. Je vous le promets.

Faith se dégagea avec gentillesse.

— Je ne peux pas t’accompagner, Jordan. Aucun de nous ne serait en sécurité, si j’acceptais. La nuit dernière, mon hôtel a été arrosé de balles et un jeune homme a été blessé. En allant dans une planque, je nous protège tous les deux, ainsi que tous tes voisins.

De plus, elle gardait son accès immédiat à Deacon Novak, auquel elle n’était pas encore prête à renoncer.

Jordan lui adressa un regard impuissant.

— Ça ne me plaît pas que tu sois en danger et que je ne puisse pas te protéger.

— Je serai plus en sécurité avec la police.

Il se rendit avec un soupir las.

— Très bien. Mais, si tu as besoin de moi, tu peux m’appeler. Je viendrai aussitôt.

— Compte sur moi. Et ne t’inquiète pas.

Après le départ de Jordan, Novak ferma la porte et ils restèrent seuls dans la pièce.

— Que s’est-il passé ? demanda Faith. Je t’en prie, ne me dis pas qu’ils ont trouvé d’autres corps.

— Non. Mais je devais l’empêcher de te pousser à répondre quand il t’a interrogée sur ce que nous avions emporté de la maison.

— Les corps ? Mais je ne lui aurais rien dit.

— En réalité, tu lui avais déjà révélé des trucs sans le vouloir, dit-il avec gentillesse. Au moment où tu as compris de quoi il parlait, ton expression t’a trahie. Je sais que tu ne voulais pas lui mentir, alors j’ai interrompu la conversation.

— Je ne voulais pas lui mentir, en effet. Il a pris soin de moi, Deacon, du mieux possible. Après que Combs…

Elle se rendit compte qu’elle remontait machinalement le col de son pull et se força à cesser, puis reprit ses explications.

— Après avoir été blessée, je me suis réveillée à l’hôpital et j’ai trouvé Jordan à mon chevet. Il était là avant même mon père. Papa et Lily sont arrivés en voiture de Savannah, mais Jordan a tout lâché et a sauté dans le premier avion pour Miami. Il m’a apporté des BD et ma Game Boy. Un lecteur de DVD portable et tous les films des X-Men. Ensuite, dès que j’ai été autorisée à manger du solide, il m’a apporté des hot-dogs Skyline en douce. Un plan à cinq avec supplément d’oignons, ajouta-t-elle avec un sourire triste.

— Il en a trouvé à Miami ? Vraiment ?

— Il y a quelques Skylines en Floride. Jordan faisait le détour pour m’en apporter. Il a toujours pris soin de moi. Je déteste l’idée de devoir le tenir à l’écart. Quand lui diras-tu ce qui se passe ?

— Dès que nous l’aurons éliminé de la liste des suspects. En parlant de ça, je dois te renvoyer à la maison. L’agent Pope t’attend pour te ramener chez moi.

— Pourquoi ? Tu ne peux pas t’en charger ?

— J’ai rendez-vous avec Isenberg dans quelques minutes. Si j’avais le temps de te raccompagner, je le ferais, mais je ne reviendrai sans doute pas avant un bon moment.

Sa voix de basse avait pris des intonations si suggestives que Faith en resta un instant sans voix.

— Oh.

Deacon esquissa un sourire, puis il reprit son sérieux.

— Ah, il faut que je te dise quelque chose. Pendant que tu discutais avec ton oncle, j’ai reçu un mail du labo. Ils ont découvert un mouchard sur ta jeep, identique à celui que Vega a trouvé sur ta Prius.

Faith le fixa, ébahie.

— Quoi ? Comment est-ce arrivé là ? Quand a-t-il été posé ?

— Je ne sais pas encore. J’ai besoin d’une liste de tous les endroits où tu as quitté ta voiture entre Miami et Cincinnati. Et aussi les endroits où tu t’es arrêtée depuis ton arrivée ici.

Faith se laissa tomber sur une chaise, les genoux un peu faibles.

— Il était assez près de moi pour placer un mouchard sous ma jeep. Pourquoi ne m’a-t-il pas tout simplement tuée, à ce moment-là ?

— Il y avait peut-être trop de monde autour.

Elle accepta la main qu’il lui tendait et se remit debout.

— Il voulait attendre que je sois seule quelque part… Où est l’agent Pope ?

— Il t’attend dans le hall. Je rentrerai aussitôt que possible.

— J’attendrai.

Sur tes traces
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