Du roman à l’histoire...
et de l’histoire au roman

L’Ahnenerbe

Sous le nom de « Deutsches Ahnenerbe Studiengesellschaft für Grestesurgeschichte », l’institut fut créé en 1935 à l’initiative de Heinrich Himmler. Deux ans plus tard, il devint plus simplement « Der Ahnenerbe » (héritage des ancêtres). Son objectif était d’étudier les racines du peuple allemand à travers des recherches archéologiques et historiques. Plusieurs expéditions effectuèrent des missions en Scandinavie, en France, en Allemagne et même jusqu’au Tibet. L’Ahnenerbe se livrait également à des expériences pseudo-scientifiques particulièrement cruelles sur des prisonniers pour étayer les théories raciales des nazis. L’institut était établi au château du Wewelsburg dont Himmler voulait faire le centre mystique et intellectuel de son Ordre Noir. En 1944, l’Ahnenerbe, qui souffrait de manque de personnel et de moyens, fut transféré en Bavière.

Les origines des Cathares

Les Cathares ont laissé une somme de traces inversement proportionnelle à la renommée qu’ils ont acquise au fil du temps. En fait, c’est la violence de la réaction contre l’hérésie qui a renforcé la curiosité dont ils ont toujours fait l’objet. Le catharisme fut avant tout un christianisme, même s’il était déviant (et par conséquent hérétique) par rapport au dogme officiel. Une grande partie de l’approche cathare reposait dans la question du dualisme. Selon les Purs, Dieu ne pouvait être la source de la manifestation du mal en ce bas monde. Il fallait dès lors reconnaître qu’il existait un autre principe créateur, celui-là par essence mauvais. Les maîtres de l’Église avaient violemment combattu ces gnoses depuis les premiers temps du christianisme. Ils poussèrent leur antagonisme jusqu’à voir dans les Cathares des néomanichéens, autrement dit des ennemis du christianisme, ce qui était parfaitement inexact.

Le consolament

Ce mot occitan désigne l’unique sacrement reconnu par les Cathares. Il consistait en un baptême par les mains et était accordé aux novices qui entraient dans la vie religieuse ainsi qu’aux mourants. Le consolament leur garantissait le salut de l’âme. Le rituel révélait une proximité avec les rites des bogomiles, un mouvement hérétique qui se répandit dans le royaume bulgare et dans l’Empire byzantin.

Bons Hommes et Parfaits

Au Moyen Âge, le terme de « Bon Homme » ou de « Bonne Femme » était assez courant. Chez les Cathares, il désignait les religieux et les religieuses. Le nom de « Parfait » a été adopté par certains catholiques pour désigner les religieux fidèles à l’hérésie cathare. Étrangement, c’est ce terme de Parfait qui a joui de la plus grande postérité, notamment à partir du dix-neuvième siècle.

Le destin tragique de Montségur

Surmontant un piton de calcaire qui domine le pays d’Olmes, Montségur a connu un destin mouvementé où la légende se mêle à l’Histoire. Le pog était fréquenté depuis les temps préhistoriques et est toujours apparu comme un excellent site de défense. Il se révèle pourtant difficile de retracer son histoire du haut Moyen Âge jusqu’au début du treizième siècle. C’est à cette époque que Raymond de Péreille, seigneur de Péreille et de Montségur, entreprit de reconstruire une nouvelle forteresse sur les ruines d’un ancien castrum dont nous ne savons rien. Sis au sommet du pog, Montségur entra dans l’Histoire comme le haut lieu de la résistance des Cathares à la croisade qui entendait éradiquer l’hérésie dans le Languedoc. Le 16 mars 1244, après dix longs mois de siège, les croisés s’emparèrent du castrum. Après l’exécution des hérétiques, le castrum a probablement été rasé. Mais Montségur, très proche des frontières du royaume d’Aragon, demeurait un site stratégique important. Le roi confia donc au seigneur Guy II de Lévis le soin de reconstruire une nouvelle forteresse. Celle-ci fut élevée vers la fin du treizième siècle et joua longtemps un rôle militaire important. La signature du traité des Pyrénées en 1659 lui ôta toute raison d’être. Dès cette époque, Montségur entra à nouveau dans un très long sommeil d’où il sera tiré par le souvenir des Cathares et la légende d’un trésor caché dans leur dernier refuge.

Le mystère Otto Rahn

Né en 1904, Otto Rahn s’orienta vers des études de Romanistik (histoire et littérature des pays de langue romane) avant de voyager à Paris. Il y croisa des intellectuels et se passionna pour l’histoire ésotérique, très en vogue à son époque. Il séjourna à Ussat-les-Bains entre 1930 et 1932 pour y poursuivre ses recherches. Il fit la connaissance d’Antonin Gadal avec lequel il visita la région et confronta le fruit de ses réflexions. Rahn décida ensuite de reprendre un hôtel, « Les Marronniers », mais l’affaire se révéla rapidement être un fiasco. Avec une lourde faillite sur le dos, il ne pouvait plus compter que sur ses ouvrages pour se refaire une santé financière. En 1933, il publia Croisade contre le Graal et quatre ans plus tard, La Cour de Lucifer. Entre-temps, Rahn était rentré en Allemagne et il avait intégré la SS. Ses travaux intéressèrent Himmler, toujours féru d’ésotérisme, au point que le ReichsfIIhrer paraissait même le protéger. Otto Rahn voyait dans le catharisme une manifestation du paganisme aryen antérieur au christianisme, une interprétation qui ne pouvait que trouver grâce aux yeux du maître de la SS. Mais la grâce fut de courte durée et Rahn fut affecté à la garnison du camp de Buchenwald. La fin de Rahn, nimbée de mystère, a encore ajouté à la fascination qu’a pu exercer le personnage dans certains cercles. Son corps a été retrouvé dans une forêt du Tyrol, non loin d’une rivière. Nul n’a jamais pu affirmer avec certitude s’il s’agissait d’un suicide ou d’un assassinat. Quelques mois avant le début de la guerre, Rahn avait emporté ses secrets dans la tombe.

La fausse donation de Constantin

L’empereur Constantin (274-337) favorisa largement la religion chrétienne. Il proclama un édit de Tolérance, reconnut les tribunaux épiscopaux, imposa le dimanche comme jour férié et convoqua le concile de Nicée. Ce fut sous son règne que les papes s’installèrent au Latran et que furent édifiées Saint-Laurent-hors-les-Murs, Saint-Pierre et Saint-Paul-hors-les-Murs. En opposition avec le Sénat, Constantin quitta Rome en 326 et s’en alla fonder une nouvelle capitale en Orient, la ville qui deviendra Constantinople. Cinq siècles plus tard, sous le règne de Charlemagne, le souvenir de Constantin fut utilisé pour affirmer que l’empereur aurait abandonné la ville à la puissance temporelle du pape. Il apparut ensuite que cette fameuse « Donation de Constantin » était un faux.