— Eh bien ! Je peux au moins servir à cela ! Je la connais comme ma poche, moi, cette région ! Si cela vous dit, je peux vous guider !

Le Bihan ne s’attendait pas à une telle proposition.

— Ah ? ! Bon, bien sûr, cela me dépannerait.

Chenal se leva d’un bond et il reprit le plateau avec l’assiette qui avait recueilli la pitance de Le Bihan. Il se dirigea vers la porte d’un pas alerte.

— Alors, c’est dit ! Rendez-vous demain matin. On partira vers huit heures, cela vous va ?

— Parfait ! s’exclama Le Bihan.

Chenal ferma la porte tandis que l’historien se levait et allait observer la tête qu’il avait dans le miroir au-dessus du lavabo. Il prit sa trousse et sortit le savon, le blaireau et son rasoir. Il se prit à espérer : peut-être que Mireille allait revenir. Et peut-être même n’était-elle pas en danger.

« Je crois que je t’ai aimé tout court, même si je ne m’en étais pas aperçue. Mais ce n ‘est plus possible. »

Comme il avait envie que cette histoire de fraternité révélée ne soit qu’une erreur, un stupide malentendu ! Après avoir rasé la barbe qui lui donnait un sérieux coup de vieux, il se dirigea vers la table où étaient étalés tous ses documents. Il en extrait une petite enveloppe blanche qui contenait une courte lettre. Pour la centième fois, il la relut.

Cher Pierre,

Ne m’en veux pas, mais cette histoire n’est pas la mienne. Je suis sûre que nos chemins finiront par se croiser à nouveau. Tu me plais, mais depuis que j’ai appris que tu étais mon frère, je sais que nous n’avons rien à attendre de cette histoire. J’ai réfléchi et je crois que tu dois aller au bout de ce que tu as entrepris. J’ai oublié de te donner un dernier filon concernant cette chère Betty. A l’occasion, parle-lui du bon Richard Fritz. Tu verras qu’elle a toujours aimé taquiner du Teuton.

À bientôt,

Mireille