Dans tout l’univers, il n’existe aucun endroit aussi accueillant que le foyer et les relations paisibles qu’on y trouve.

Serena Butler

 

Le Voyageur du Rêve approchait de Gamma Waiping et de Salusa Secundus. Serena Butler était partagée entre son désir éperdu de retrouver Xavier et la peur de ce qu’elle devait lui apprendre.

Elle sursauta en voyant un petit drone de maintenance qui s’avançait selon un itinéraire programmé. Il avait dû s’activer derrière les panneaux de contrôle et échapper ainsi à la vigilance du nouvel équipage du Voyageur du Rêve. Serena reporta toute sa colère sur la petite machine, la saisit par une jambe et la lança sur le pont avec violence.

Le drone glapit et tenta automatiquement de se soustraire à d’autres brutalités. Mais Serena le rattrapa et le fracassa jusqu’à ce que le fluide s’écoule de ses circuits-gel et souille le sol. Le drone eut un ultime tressautement, puis ses composants cédèrent et il resta inerte.

 — Si seulement ça pouvait être aussi simple de détruire toutes les machines pensantes, fit-elle d’un air sombre en imaginant Érasme à la place du drone impuissant.

—                       Ce sera simple si nous parvenons à mobiliser toutes les volontés humaines, fit Iblis Ginjo.

Il avait fait son possible pour la consoler et la rassurer depuis leur départ, mais elle avait découvert qu’elle se fiait plus à Vorian. Elle essayait depuis plusieurs semaines d’échapper à son état de choc, à son chagrin, et ses conversations avec le jeune homme l’y aidaient dans une certaine mesure. Vorian savait écouter quand elle lui parlait de son fils, de ses parents, de sa sœur Octa et surtout de Xavier. Iblis, lui, posait sans cesse des questions sur la Ligue des Nobles, la politique.

Quand Serena avait évoqué Xavier Harkonnen, Vorian avait pris conscience avec étonnement qu’il était l’officier de la Ligue qui avait conduit l’attaque contre le Voyageur lorsque Seurat et lui avaient tenté d’aborder Giedi Prime pour la remise à jour de l’Omnius local.

—                       Je... J’attends avec tellement d’impatience de le rencontrer, dit-il sans aucun enthousiasme.

Serena leur avait parlé de sa malheureuse expédition sur Giedi Prime pour tenter de restaurer les tours émettrices des boucliers. La politique de la Ligue lui avait créé bien des problèmes alors et avait freiné ses actions.

—                       Au moins les machines pensantes n’ont pas toute cette bureaucratie, commenta Iblis. Vous avez pris un risque énorme alors que vous saviez que votre gouvernement était lent à réagir et conservateur.

Serena eut un sourire triste.

—                       Je savais que Xavier viendrait. Qu’il trouverait un moyen.

Même si Vorian en souffrait, il l’écoutait parler de son amour pour Xavier. Elle lui avait raconté leurs fiançailles dans la demeure des Butler, la journée de chasse au sanglier, son travail humanitaire au sein de la Ligue. Et aussi les prouesses militaires de Xavier, le rôle essentiel qu’il avait joué dans la défense des mondes de l’humanité, son action désespérée pendant l’attaque de Zimia, qui avait permis de sauver Salusa Secundus.

Vorian, gêné, se souvenait des versions d’Agamemnon à propos de ces mêmes épisodes. Son père semblait ne pas se souvenir de cette défaite... Pas dans les mêmes termes en tout cas... Mais il ne croyait plus à rien de ce que lui avait narré le Titan. Mensonges, exagérations, tout se mêlait.

—                       Mais je me suis laissé capturer et mon équipe a été massacrée par Barberousse. Je suis totalement coupable de m’être mise en situation de danger sur Giedi Prime, alors même que je portais déjà l’enfant de Xavier. Et je n’aurais pas dû provoquer Érasme, le pousser à bout jusqu’à ce que... (Elle frissonna.) J’ai sous-estimé sa cruauté. Comment Xavier pourrait-il me le pardonner ? Notre fils est mort.

—                       Vorian et moi, nous raconterons à la Ligue des Nobles comment les machines traitent leurs esclaves. Nul ne pourra vous en vouloir.

—                       Mais moi je m’en veux. Jamais je n’oublierai.

Vorian aurait tant voulu l’aider, mais il ne savait que dire. Il lui toucha doucement le bras, mais elle se détourna. Il savait bien que ce n’était pas de lui qu’elle avait besoin dans cette circonstance.

—                       Si votre Xavier est l’homme que vous croyez, alors il vous accueillera avec amour et vous pardonnera.

Devant son expression elle dit avec calme :

—                       Oui, il en est capable  – mais moi, suis-je bien celle qu’il pensait que j’étais ?...

Il surprit une étincelle nouvelle dans son regard.

—                       Serena, nous arriverons bientôt. Dès que vous l’aurez retrouvé, je pense qu’il n’y aura pas de problème entre vous. Et si... si vous avez envie d’en parler à quelqu’un... Je...

Sa voix s’éteignit et un silence gêné tomba sur eux.

Quand ils approchèrent enfin de Salusa Secundus, le monde légendaire de la libre humanité, Vorian observa les grands continents verts, les mers sombres et les vastes bancs de nuages. Ses doutes s’effacèrent et, même si son cœur souffrait, il se dit que ses espoirs étaient ravivés. À cette distance, il croyait voir le paradis.

Iblis Ginjo lui aussi était abîmé dans la vision de ce nouveau monde. Puis, il recula brusquement.

—                       Nous avons un comité de réception droit devant ! Des vaisseaux de combat rapides, je crois bien !

—                       La ligne des sentinelles nous a détectés, fit Serena. Ce sont des kindjals des bases de Zimia.

Les unités d’attaque de la Militia Salusane encadrèrent le Voyageur du Rêve et déclenchèrent un feu roulant de menaces et d’instructions précises :

—                       Vaisseau ennemi, rendez-vous et préparez-vous à l’abordage.

Quelques salves d’explosifs effleurèrent la proue du vaisseau.

Vorian ne tenta aucune manœuvre suspecte, se souvenant que des vaisseaux du même type avaient déjà endommagé le Voyageur au large de Giedi Prime.

—                       Nous sommes des humains évadés du pouvoir d’Omnius et des machines. Nous voulons nous poser en paix. Nous avons capturé ce vaisseau sur la Terre.

—                       Oui, on a déjà entendu ça, répondit un pilote humain.

Vorian n’avait pas oublié sa ruse lors de l’accrochage avec l’Armada.

—                       Pourquoi on ne vous transformerait pas en un joli petit nuage de poussière stellaire ?

Vous serez peut-être intéressés de savoir que Serena Butler, la fille du Vice-roi de la Ligue, se trouve à bord, fit Vorian avec un sourire amer. Son père n’apprécierait pas que vous fassiez cela. Pas plus que Xavier Harkonnen, alors que sa fiancée a vécu de dures épreuves pour le retrouver.

Serena, d’un geste décidé, se mit sur la fréquence de communication.

—                       C’est vrai. Je suis Serena Butler et je vous parle depuis un vaisseau robotique. Veuillez désactiver les boucliers de brouillage pour que nous puissions passer. Escortez-nous jusqu’à Zimia. Informez le Vice-roi et le Tercero Harkonnen afin qu’ils nous accueillent.

Le silence se prolongea et Vorian devina qu’une discussion avait éclaté entre les pilotes. Enfin, le commandant d’escadron revint en ligne.

—                       Le Segundo Harkonnen est en patrouille et ne sera pas de retour avant deux jours. Le Vice-roi est déjà en route pour le spatioport avec une garde d’honneur. Suivez-moi  – et surtout ne déviez pas de votre trajectoire.

Vorian accusa réception et reprit lentement son souffle. Maintenant, il lui fallait se fier à ses talents de pilote sans aucune assistance des ordinateurs. Mais les circuits de guidage et les systèmes automatiques l’avaient toujours aidé dans les cas d’urgence.

—                       Serena, Iblis : harnachez-vous.

—                       Il y a un problème ? demanda Iblis, inquiet de la tension du jeune homme.

—                       Non. Le problème, c’est que je n’ai encore jamais exécuté ce genre de manœuvre.

Le vaisseau plongea dans la haute atmosphère, traversa une première couche de nuages et fut pris dans des turbulences extrêmes. Il frémit et roula un bref instant avant de se stabiliser dans un ciel limpide. Les kindjals étaient toujours à proximité, à quelque distance des ailerons du vaisseau. La clarté du soleil se déversa soudain dans l’habitacle et des ombres vives coururent sur le pont et les panneaux.

Le Voyageur s’inclina vers le sol, doucement, droit vers le terrain du port. Vorian se vota des félicitations et se dit que Seurat aurait été fier de lui.

Iblis s’arracha à son harnais à l’instant où les moteurs se taisaient.

—                       Salusa Secundus ! Enfin ! (Il regarda Vorian avec un sourire admiratif.) Nous avons sauvé la fille du Vice-roi. Nous avons droit au tapis rouge et à des fleurs !

En ouvrant le sas et en respirant l’air de Salusa pour la première fois, Vorian essaya de faire la différence, de percevoir le parfum de la liberté.

—                       Ne comptez pas trop sur les fleurs, dit-il enfin.

Une escouade armée s’approchait du vaisseau. Les soldats en uniforme argent et or de la Ligue s’alignèrent au pied de la passerelle et mirent en joue les arrivants. Derrière eux venaient deux femmes à l’apparence impressionnante, les cheveux blancs, la peau pâle, vêtues de longues robes noires.

Serena se tenait entre les deux hommes. Elle leur avait pris le bras et, ensemble, ils descendirent sous le soleil brillant.

Ignorant les soldats, ils s’inclinèrent devant les deux femmes sévères. La Sorcière en chef les observait avec un regard si intense, si intimidant que Vorian se souvint des Titans.

—                       Êtes-vous des espions d’Omnius ? fit-elle en s’avançant.

Serena reconnut la Sorcière de Rossak mais elle savait qu’elle-même avait changé en une année et demie de captivité.

—                       Zufa Cenva, nous étions collègues. Je suis de retour. Vous ne me reconnaissez donc pas ?

La Sorcière, d’abord sceptique, eut une expression étonnée sur son visage d’albâtre.

—                       Mais oui, c’est vous, Serena Butler ! Nous vous avons crue morte sur Giedi Prime, en même temps qu’Ort Wibsen et Pinquer Jibb. Nous avons analysé l’ADN du sang retrouvé dans votre forceur de blocus.

Zufa s’avança encore sans quitter des yeux le visage de Serena, ignorant les deux hommes.

Serena fit un effort intense pour rejeter son chagrin.

—                       Wibsen et Jibb sont morts, oui, en combattant les cymeks. J’ai été blessée... et capturée.

Conscient de son émotion, Vorian prit la parole :

—                       Elle était retenue prisonnière sur Terre, par un robot appelé Érasme.

La Sorcière le fixa brusquement de son regard électrifiant.

—                       Et qui êtes-vous ?

Vorian savait qu’il était inutile de mentir.

—                       Je suis le fils du Titan Agamemnon. (Les soldats de la Militia s’agitèrent et la Sorcière prit un ton plus intense.) Je me suis servi de mon influence pour franchir les défenses de l’Omnius de la Terre.

Iblis Ginjo s’avança, enthousiaste.

—                       Toute la Terre s’est révoltée ! Les humains se sont libérés du joug des machines ! Les rebelles ont abattu des Titans et des néo-cymeks, écrasé des robots et détruit les usines de fabrication. Mais nous avons besoin de l’aide de la Ligue...

Brusquement, Iblis émit un couinement et se tut. Vorian sentit une étreinte sur sa gorge. Les yeux de la Sorcière étincelaient comme si elle sondait leurs esprits. Ses soupçons pesaient lourd, comme si l’air était torpide, saturé de questions : elle se refusait à croire ces deux humains ralliés aussi bien que Serena Butler, qui avait pu subir un lavage de cerveau exercé par Omnius.

Mais sa concentration fut brisée par une commotion violente. Vorian retrouva sa respiration, de même qu’Iblis. Le Vice-roi Manion Butler, leur aîné de dix ans, s’avança entre les soldats avec la force d’un taureau de Salusa.

Serena ! Oh, ma douce enfant ! Tu es vivante ! Les deux Sorcières s’écartèrent sans un mot, voyant que rien ne pouvait arrêter Manion qui avait déjà refermé les bras sur Serena. Elle se retrouva en train de pleurer sur sa poitrine.

—                       Ma chérie, qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Elle fut incapable de lui répondre.


La Guerre Des Machines
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