La vie est un banquet où se mêlent des saveurs inattendues. Vous les aimez ou non.

Iblis Ginjo, Options pour la Libération totale

 

Les esclaves ravagèrent la villa comme un mascaret vivant. C’était une fête de fureur, une orgie destructrice. Iblis était emporté par la foule de pièce en pièce dans le labyrinthe des couloirs. Ses fidèles le suivaient, violents et heureux, comme une immense équipe de travail lancée dans un labeur gratifiant.

 — Pour Serena ! cria-t-il, parce qu’il savait qu’ils souhaitaient entendre ces mots.

Et ils les reprirent en chœur.

Il espérait trouver Érasme, le robot indifférent qui avait assassiné un enfant innocent sous les yeux de tous. Mais aussi sa mère, la fille courageuse qui s’était battue à mains nues contre les machines. S’il parvenait à libérer Serena Butler saine et sauve, il comptait en faire sa figure emblématique, le point de ralliement de l’immense mouvement contre Omnius qui n’avait fait que s’amorcer. Elle était quelque part dans les lieux... mais encore vivante ?...

Vorian lui aussi avait été emporté. Avec les autres, il piétinait les tapisseries et renversait les statues précieuses.

 — Serena ! lança-t-il, mais sa voix se perdit dans le tumulte.

Tandis que les émeutiers cueillaient au hasard les trésors d’Érasme, il se précipita vers les serres, le refuge préféré de Serena.

Il sautait par-dessus les carcasses démantelées des robots domestiques. Devant lui, les rebelles venaient d’abattre la lourde porte métallique de la réserve de matériel et d’équipement et s’emparaient de tous les outils qui pouvaient servir d’armes. Vorian prit un long couteau  – plus efficace contre les humains que contre les robots  – avant d’enfiler un corridor qui, il s’en souvenait, accédait aux laboratoires interdits d’Érasme. Il était glacé à l’idée que le robot diabolique ait pu se livrer à une ultime et abominable dissection sur Serena...

Il quitta le gros de la meute, passa devant des postes de garde désertés et pénétra dans des quartiers où des sujets humains avaient été détenus. Il se heurta à des victimes squelettiques, aux yeux creux qui divaguaient dans les couloirs.

Il parvint enfin à des cellules de quarantaine et tenta de forcer les portes sans succès. Il se pencha sur des hublots et vit des êtres à l’intérieur. Certains le regardaient de près, le front pressé contre le plass, mais la plupart gisaient sur les pavés de pierre.

Serena n’était nulle part.

Derrière un œil d’Omnius désactivé, il découvrit un verrou caché et ouvrit les cellules. Il attendit que les prisonniers sortent avant de reprendre sa quête. Mais les autres s’accrochaient désespérément à lui, perturbés par la clarté vide des couloirs. Il se précipita en avant.

Au fond d’un autre bloc de captivité, dans une unité stérile encombrée d’instruments chirurgicaux, il trouva enfin Serena. Elle était effondrée sur les carreaux de plassbéton, les yeux fermés. Il se dit qu’elle avait dû ramper jusque-là après s’être éveillée. Ses cheveux de bronze et d’or étaient emmêlés et tachés, et elle avait des bleus sur le visage et les bras. Elle aurait pu aussi bien être morte, se dit-il.

Il lui effleura doucement la joue.

—                       Serena ?... Serena, c’est moi, Vorian Atréides.

Elle ouvrit vaguement les paupières et le regarda sans le reconnaître. Il comprit qu’on lui avait injecté des drogues tranquillisantes. Érasme avait désiré qu’elle demeure sous son contrôle. Mais elle murmura après quelques minutes :

—                       Je ne m’attendais pas à vous revoir un jour.

Il l’aida à se redresser et l’entraîna tant bien que mal vers l’extérieur. Il découvrit une petite fontaine cernée de fougères. Il prit de l’eau fraîche dans le creux de ses mains et la fit boire. Puis il trouva une serviette déchirée et s’en servit pour lui essuyer le visage et les bras.

Elle semblait prête à sombrer à nouveau dans le sommeil, mais elle lutta et se cramponna à la roche avec une ferveur colérique avant de se redresser lentement.

—                       Pourquoi êtes-vous ici, Vorian ?

—                       Pour vous ramener sur Salusa Secundus.

Ses yeux adorables, troublés par les drogues d’Érasme et par toutes les souffrances qu’elle avait endurées, brillèrent soudain.

—                       Vous pourriez faire ça, Vorian Atréides ?

Il acquiesça, renforcé dans sa confiance, mais s’interrogeant soudain sur le moyen de retrouver le Voyageur du Rêve.

—                       Nous avons une fenêtre possible, mais étroite.

Une expression d’espoir intense raviva les couleurs du visage de Serena.

—                       Salusa... Mon Xavier..., souffla-t-elle.

Vorian se renfrogna brièvement, puis se concentra.

—                       Bon, il faut partir d’ici. Et les rues sont dangereuses, surtout pour nous.

Serena retrouvait des forces et de la volonté. Vorian l’entraîna dans un corridor et ils rencontrèrent Iblis Ginjo. Rougissant, souriant, l’ex-contremaître les dévisagea.

—                       Alors vous voilà ! Chère femme, le peuple s’est libéré de ses entraves pour venger le meurtre de votre enfant, le savez-vous ?

Vorian leva les bras en un geste de protection, l’air sombre. Il n’avait guère l’habitude qu’un autre servant mette en doute ses propos, mais le leader des émeutiers lui barrait la route.

—                       Je dois la conduire loin d’ici.

Étrangement, Iblis semblait plus se fier à ses dons de persuasion qu’à ses armes.

—                       Mais cette femme est essentielle à la poursuite de cette révolution. Pensez seulement au chagrin qu’elle a enduré. Nous ne sommes pas ennemis, vous et moi. Il faut nous unir afin de renverser les...

Vorian brandit le long couteau qu’il avait récupéré.

—                       Il y a peu, j’aurais été votre ennemi, mais je ne le suis plus. Je me nomme Vorian Atréides.

Iblis parut troublé.

—                       Atréides ? Le fils d’Agamemnon ?

Vorian prit un air défait, mais il ne relâcha pas sa prise sur le couteau.

—                       C’est le fardeau que je dois assumer. Pour ma rédemption, je dois m’assurer de la sécurité de Serena Butler. Omnius va bientôt faire débarquer des renforts, même s’ils viennent d’autres Mondes Synchronisés. Il ne faut pas que les victoires des premiers jours vous aveuglent. Les machines pensantes vont contre-attaquer. Et cette révolte est condamnée.

Iblis expliqua ensuite en quelques phrases confuses et emphatiques ce qu’il comptait faire, comment il entendait que Serena suscite une révolte plus importante encore qui écraserait enfin Omnius sur la Terre.

—                       Vous pourrez renforcer notre mouvement. Serena Butler et le souvenir de son enfant assassiné vous rallieront toutes les voix du peuple. Pensez à tout ce que vous pourriez encore accomplir !

—                       Votre cause est juste, Iblis, ajouta Serena, mais je suis épuisée après toutes les horreurs qu’il m’a fallu endurer. Vorian va me ramener sur Salusa. Il faut que je revoie mon père... et que je raconte à Xavier ce qui est arrivé à son fils.

Le regard d’Iblis et celui de Serena étaient rivés. Il ne voulait surtout pas la perdre, et il savait aussi qu’elle pouvait lui être utile. Ses pensées tournaient en une spirale fiévreuse. Depuis des mois, il avait tenté de construire une organisation clandestine, mais il comprenait maintenant qu’il n’y parviendrait pas sans cette femme exceptionnelle. Avec tout ce qu’elle représentait, elle attirerait autour d’elle la ferveur religieuse qui lui était indispensable.

Une lueur nouvelle apparut dans les yeux de l’ex-contremaître.

—                       Un monde de la Ligue ? Dis-moi, Atréides, comment comptes-tu t’évader de la Terre ?

—                       Je crois connaître un moyen : mon vaisseau, le Voyageur du Rêve. Je n’ai pas un instant à perdre.

Iblis se décida dans l’instant. Il savait que leur combat pouvait s’enfler, encore et encore, jusqu’à ravager la Terre avant de s’étendre bien au-delà. Mais il serait peut-être préférable de le diriger à partir d’une source locale. Ainsi, il pourrait le voir se propager de monde en monde.

—                       En ce cas, nous partons ensemble. Je parlerai au nom de la Ligue, je convaincrai les nobles de nous envoyer des renforts. Il faut qu’ils adhèrent à notre cause !

Des fracas, des explosions et des cris leur parvenaient de toute la villa.

—                       Je vais demander une escorte, proposa Iblis. Personne ne s’attaquera à nous. Sinon, vous ne sortirez jamais d’ici.

Vorian hésita. Il fixait Iblis de ses yeux gris et durs. Il voulait avant tout partir avec Serena, mais il ne voulait rien devoir à ce bouteur de feu.

—                       Je vous en prie : laissez-nous partir, simplement. Je veux seulement quitter la Terre, échapper à ce cauchemar.

Deux sbires d’Iblis surgirent d’un couloir, suivis de trois autres. Ils se tournèrent vers leur chef, attendant des ordres. Le leader avait besoin de laisser derrière lui quelqu’un qui serait capable d’éteindre les feux de la Terre pendant qu’il tenterait de rallier les forces des humains libres à sa cause. Un homme de confiance.

Il pensa alors au moine qui assistait le Cogitor Eklo et gérait son réseau d’informations et de contacts.

—                       Que l’on m’amène Aquim. Immédiatement.

Immobile sur la plazza ravagée de la villa, Aquim faisait face à Iblis Ginjo et réfléchissait à sa demande, partagé entre son héritage génétique humain et les obligations pour lesquelles il avait fait serment aux Cogitor s.

—                       Vous n’êtes plus neutre, lui dit Iblis. Pas plus qu’Eklo. Vous devez nous aider jusqu’au bout. J’ai besoin de quelqu’un auquel je puisse me fier pour que la révolution se poursuive ici pendant que je vais aller chercher le soutien de la Ligue des Nobles.

Aquim paraissait dépassé.

—                       Cela va vous prendre des mois.

—                       Même avec le plus rapide des vaisseaux, oui. (Il donna une tape amicale sur les épaules du moine.) Mon ami, vous m’avez dit une fois que vous aviez commandé une escouade d’attaque contre les machines et avec un certain succès. Rappelez-vous ce que votre Cogitor m’a dit : rien n’est impossible.

Aquim rassembla son courage.

—                       Il y a une grande différence entre commander une escouade et diriger des milliers de gens.

—                       Avant de vous accoutumer au sémuta, vous n’auriez pas fait la différence.

—                       Le sémuta n’affecte pas mon intellect ! Il le stimule !

Iblis sourit.

—                       Je sais choisir les gens et je reconnais vos talents. J’aurais pu choisir d’autres hommes, mais vous êtes celui en qui j’ai le plus confiance. Vous avez l’expérience du combat, mais aussi une grande sagesse acquise auprès de votre Cogitor. Aquim, vous êtes celui qui est désigné pour ce travail.

Le moine acquiesça.

—                       Oui, Eklo voudrait que j’accepte.

Avant son départ, Iblis emporta Serena jusqu’à l’endroit où il avait dissimulé son fils assassiné. Il avait mis le corps disloqué de l’enfant dans une des annexes de la villa d’Érasme en plein déchaînement de la révolution.

Telle une statue de déesse antique, froide et forte, elle tendit la main et toucha la couche de polymère qui protégeait le visage cireux de son enfant, semblable à un chérubin.

—                       Vous... vous l’avez embaumé ?

C’est un sac scellé destiné aux esclaves qui meurent au travail. Les autres doivent savoir ce qui s’est passé. Ils se souviendront de votre fils et de tout ce qu’il représentait. Nous lui construirons un mémorial magnifique. Nous le placerons sous une châsse de plass afin que tous lui rendent hommage. (Il regarda Vorian Atréides.) Il ne faut jamais sous-estimer la valeur d’un symbole.

—                       Un mausolée ? Vous n’allez pas un peu loin, Iblis ? s’exclama Vorian, impatient. La révolution n’est pas encore gagnée.

Serena prit son fils. Il était léger.

—                       Si nous pouvons regagner Salusa Secundus, je dois l’emporter. Son père... mérite de le voir ne serait-ce qu’une fois.

Avant que Vorian prenne la parole, Iblis insista.

—                       Tout le monde doit le voir ! Cela peut nous aider à rallier les Mondes de la Ligue. Il faut les convaincre d’aider les esclaves de la Terre avant qu’il soit trop tard. Sinon, il y aura encore d’autres victimes.

Sachant ce que cela signifiait pour Serena, Vorian se redressa sans protester.

—                       Si nous ne partons pas rapidement, il sera trop tard pour tout le monde.

Sans lâcher son enfant, Serena se redressa elle aussi.

—                       Je suis prête maintenant. Il faut retrouver le Voyageur du Rêve.


La Guerre Des Machines
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