Y a-t-il une limite supérieure à l’intelligence des machines, et une limite inférieure à la stupidité des humains ?

Bovko Manresa,

Premier Vice-roi de la Ligue des Nobles

 

Entre toutes les nuisances de la vermine humaine sur Terre, Ajax considérait que la sédition était la plus impardonnable.

Sa victime hurlait et geignait en se débattant en vain dans ses liens tandis que le Titan brutal allait et venait dans la salle vide dans le cliquetis de ses jambes mécaniques. Dès qu’il avait surpris la tentative de trahison du chef d’équipe, Ajax était intervenu. Il avait abattu une main artificielle sur le biceps droit de l’individu et l’avait entraîné à l’écart sans se soucier de ses cris et de ses efforts pour s’échapper.

Les esclaves avaient interrompu leurs tâches et, horrifiés, regardaient leur contremaître abandonné à la fureur d’Ajax. Il parada un long moment avec son prisonnier terrorisé dans les rues sombres avant de l’entraîner jusqu’à un bâtiment désert, carré, orné de fresques de pierre : le Palais de Justice.

Un édifice qui semblait absolument approprié à Ajax.

Comme la plupart des grandes constructions de la cité terrienne, le Palais de Justice n’était qu’un décor destiné à imposer au regard un sentiment de majesté et de grandeur. À l’intérieur, il se révélait comme une grande coquille creuse avec un sol nu de plassbéton.

Le lieu idéal pour un entretien privé entre le Titan et le traître humain.

La seule idée d’une révolte des esclaves amusait Ajax. Elle était tellement naïve et absurde. Surtout si l’on considérait qu’un servant pouvait adhérer à ce genre de cause.

Obéissant à une impulsion de ses tiges mentales, le Titan focalisa le regard de ses fibres optiques sur son captif gémissant. Il constata que le misérable humain s’était souillé et sanglotait, se perdant en excuses et demandes de pardon. Il était inutile de hâter les choses. Mieux valait tirer quelque plaisir de cette situation.

—                       Tu as comploté contre les machines pensantes, fit Ajax d’un ton ferme et grave. Tu as répandu des rumeurs sur un mouvement de résistance souterraine dans le but stupide de déclencher une émeute des esclaves en leur faisant miroiter l’idée qu’ils pourraient échapper à Omnius et gagner leur indépendance.

—                       Mais ça n’est pas vrai ! gémit la victime. Je jure que je ne savais pas ce que je faisais. J’ai obéi aux instructions. J’ai reçu des messages...

—                       Tu as reçu des messages qui t’ordonnaient de te révolter, de participer à la sédition, tu ne m’en as pas averti ? Au lieu de cela, tu as fait passer le mot à tes équipes.

Le complot était évident, et Ajax comptait bien être récompensé pour l’avoir mis au jour. Omnius l’observait et si lui, Titan éclairé et acharné, extirpait le germe de cette rébellion, il aurait sans doute droit à une récompense, il pourrait même avoir droit à un combat de gladiateurs, comme Barberousse ou Agamemnon.

—                       Il faut enregistrer cela dans les règles, déclara Ajax en déployant de façon outrée ses membres d’insecte blindé pour saisir le prisonnier par le poignet. Tu vas nous dire ton nom maintenant.

Le servant s’agita en balbutiant, supplia et pleura. Ajax céda à la colère et, brusquement, il referma son étreinte et trancha net le poignet de sa victime. L’homme poussa un hurlement déchirant tandis que son bras expulsait un jet de sang qui aspergea partiellement les fibres optiques du cymek. Ajax jura : il n’avait pas eu l’intention d’infliger une telle souffrance à cet humain avant qu’il ait répondu à ses questions les plus élémentaires.

Tandis que le contremaître hurlait en se débattant, Ajax alluma un brûleur et cautérisa son poignet à vif, le transformant en un moignon noirci.

—                       Voilà, c’est fait ! (Il guetta un quelconque signe de gratitude de sa victime.) Maintenant, tu vas répondre à ma question : tu t’appelles comment ?

Il brandit ses serres redoutables vers la main valide de l’homme, qui se réveilla entre deux plaintes pour dire :

—                       Ohan... Ohan Freer ! C’est mon nom. Je vous en supplie : ne me faites plus de mal !

—                       Eh bien, voilà un bon début, dit Ajax, tout en sachant que la souffrance n’avait fait que commencer.

Il adorait cette partie de son travail, celle où il pouvait improviser et infliger la douleur aux autres comme un véritable maître tortionnaire.

Certains, parmi les Titans, considéraient Ajax comme un incontrôlable. Mais si un chef n’avait pas le droit d’exercer sa domination sur le peuple vaincu, pourquoi donc s’étaient-ils emparés du Vieil Empire ? Même durant leurs jours de gloire, jamais Ajax ne s’était passionné, comme Xerxès, pour les mets et les boissons extravagants, pas plus qu’il ne s’intéressait aux jouets et aux plaisirs comme sa compagne pervertie, Hécate.

Non, il s’était joint aux autres pour le seul défi que représentait leur rébellion. Tout au début, lorsque Tlaloc avait dressé ses plans avec ses compagnons, c’est la séduisante Junon qui avait recruté Ajax. Il était la force musculaire dont les Titans avaient besoin, mais c’était aussi un combattant dur et décidé, doté de l’esprit d’un vrai guerrier, un conquérant que rien n’arrêtait. Après la défaite des humains, il avait maintenu l’ordre avec un zèle sans faille, en ne se souciant jamais du sang des innocents.

Car la vermine, constamment, se révoltait, et Ajax était un maître dans l’art d’étouffer les petits feux avant qu’ils ne se changent en incendies. Lorsque les Rébellions Hrethgir avaient menacé le pouvoir des Titans, il avait répliqué avec une violence étonnante. Il s’était rendu sur Walgis, le monde où avaient jailli les premières étincelles de la révolte, et il avait interdit tous les transports spatiaux, tout en mettant un point d’honneur à ce que les communications continuent pour qu’on entende partout les appels désespérés de la population condamnée. Ainsi, les esclaves qui étaient sur le point de se soulever sur d’autres mondes sauraient comment il châtiait les insoumis.

Puis, il s’était mis au travail.

Ça lui avait pris des années, mais il était parvenu à exterminer l’ensemble de la population à coups d’armes nucléaires, de gaz toxiques et d’épidémies raffinées. Pour en terminer avec les quelques survivants, il avait installé son container cérébral dans un corps cauchemardesque et leur avait fait la chasse comme s’ils étaient des animaux sauvages. Accompagné d’une escouade de robots programmés par Barberousse, il avait brûlé des villes, écrasé des immeubles et effacé toute trace de vie humaine. À la fin, il ne restait plus un seul hrethgir et ce fut pour lui une jouissance inouïe.

Oui, ils avaient connu des jours glorieux !

Mais ce déchaînement justicier avait contrarié sa compagne Hécate, la plus faible et la plus geignarde des Vingt Titans d’origine. Si elle s’était ralliée au mouvement de rébellion de Tlaloc par pur intérêt, elle n’avait jamais su comprendre les impératifs de leur travail et s’en était peu à peu détachée. Quand les Titans avaient sacrifié leur forme humaine pour devenir des cymeks immortels, elle était restée avec Ajax, s’acharnant en permanence et en vain à changer sa personnalité. En dépit de leurs désagréments, Ajax n’avait jamais cessé d’être épris d’elle, même si son besoin d’amour avait disparu en même temps que son corps physique.

Épouvantée par les représailles sanglantes de son compagnon après les Rébellions Hrethgir, Hécate avait « démissionné » des Titans. Elle ne voulait plus dominer l’humanité. Enfermée dans une forme cymek de sa création, un vaisseau au long cours, elle était partie, tout simplement, laissant les autres Titans exercer leur joug mortel sur les humains.

Ironiquement, elle avait choisi le moment idéal. Car peu après l’éradication des humains sur Walgis, l’erreur fatale de Xerxès avait permis à Omnius de se libérer et de frapper...

Dans le Palais de Justice déserté, Ajax déclencha le feu neuro-électrique dans ses membres d’insectoïde.

Et le traître qui était à sa merci poussa un cri déchirant en comprenant ce qui allait lui arriver.

 — Eh bien, Ohan Freer, gronda Ajax, laisse-moi te poser quelques autres questions. Je veux que tu m’écoutes très attentivement.

Sur l’ordre d’Omnius, le contremaître Iblis conduisit ses loyaux esclaves dans le Square de l’Âge d’Or. Ajax devait y prononcer sa sentence  – de mort, sans nul doute  – contre l’homme qu’il détenait, un contremaître d’une autre équipe, Ohan Freer.

Iblis avait été éduqué avec Freer dans les écoles des servants, et jamais il ne l’avait vu accomplir quoi que ce soit d’illégal. Mais Ajax, il le savait, n’avait pas besoin de motifs. Il avait lui-même encouru plusieurs fois la colère du Titan, mais il avait toujours survécu. Il se disait que, malheureusement, son collègue ne s’en sortirait pas aussi bien.

Au centre du square, une colonne métallique crachait une flamme orange. Alentour, les façades des immeubles vides, aux fresques baroques, n’étaient que des murs de prison. Les robots d’Omnius étaient alignés en rangs serrés sur les quatre côtés, près d’ouvrir le feu, mécaniquement, dès qu’ils décèleraient une réaction des esclaves.

Iblis précéda ses hommes dans les rangs en les rassurant avec quelques mots choisis pour ne pas inquiéter les cymeks. Ajax adorait se montrer en spectacle et, dès qu’Iblis et les autres maîtres d’esclaves sifflèrent pour annoncer qu’ils étaient prêts, le Titan apparut avec son prisonnier lamentable.

Ajax arborait un corps de fourmi, avec des pattes puissantes, et quatre bras noirs qui maintenaient fermement Ohan Freer. Les yeux-espions d’Omnius le survolaient. Le suresprit enregistrait tout le spectacle.

Ajax s’avança jusqu’à la base de la colonne avec sa victime mourante. Ohan Freer avait été brûlé, lacéré, battu mille fois, et il n’avait plus qu’un moignon noirâtre à la place de sa main gauche. Sa peau blême était marquée de bleus et un filet de liquide rose ruisselait de sa bouche ouverte.

Un murmure d’inquiétude monta de la foule. Iblis savait qu’aucun de ceux qui étaient présents ici n’avait pu être à la source de la rébellion, malgré tous les messages provocants et mystérieux qu’il avait reçus. Était-il en train de se laisser abuser par les appels à la liberté d’un autre humain désespéré ?...

Ajax souleva sa victime et sa voix résonna comme la foudre.

—                       Certains d’entre vous ont entendu ce que ce criminel a dit. Certains d’entre vous ont été assez faibles pour écouter ses fantasmes absurdes à propos de rébellion, de liberté. Vous feriez mieux de vous couper les oreilles plutôt que d’écouter de pareilles inepties.

La foule était silencieuse. Iblis se mordit la lèvre, conscient de l’atrocité imminente qu’il aurait voulu ne pas voir. S’il détournait le regard, les yeux-espions le détecteraient et il en entendrait parler plus tard. Il se contraignit donc à regarder.

—                       Ce malheureux individu qui s’est laissé abuser n’est plus nécessaire à la gloire d’Omnius, non plus qu’au règne des machines pensantes.

Ohan hurla en se débattant faiblement. Son bras valide et ses deux jambes étaient serrés dans les pinces grossières dont Ajax s’était pourvu. Il en referma une autre autour du torse de sa victime, au niveau des aisselles.

—                       Ça n’est plus un ouvrier. Même pas un hrethgir, un de ces humains qui visent à nous nuire. Ce n’est plus qu’un immondice. (Ajax ménagea une pause avant d’achever :) Et on doit se débarrasser des immondices.

Sans un bruit, sans effort, Ajax lança ses membres dans plusieurs directions, écartelant le malheureux Ohan. Les bras et les jambes se détachèrent, le torse se déchira et les côtes, en se brisant, transpercèrent la peau. Le sang jaillit, puis les entrailles se répandirent sur les dalles du Square de l’Âge d’Or.

Ajax jeta l’enveloppe flasque qui avait été Ohan sur la foule hurlante.

 — Assez de ces absurdités ! La rébellion n’existe pas. Et maintenant, retournez au travail !

Tous se dispersèrent dans la seconde, mais certains jetèrent un bref regard à Iblis, comme s’il avait le pouvoir de les protéger. Il restait tétanisé, incrédule. Ohan Freer avait fait partie de la rébellion ? Il avait dû répandre le mécontentement, dresser des plans et sans doute avait-il aussi envoyé et reçu des messages.

Un autre rebelle !

Épouvanté, Iblis prit conscience qu’il était plus en danger que jamais s’il continuait d’agir. Pourtant, ce qu’il avait vu aujourd’hui lui prouvait clairement que la rébellion couvait, qu’elle n’était pas seulement le fruit de son imagination.

Elle existait !

Si Ohan Freer en avait fait partie, il y en avait d’autres aussi, beaucoup d’autres. Ce réseau clandestin de combattants, auquel Iblis lui-même appartenait, était cloisonné, divisé en cellules afin que l’une ne puisse trahir les autres. Maintenant, il comprenait.

Alors, il se mit à échafauder des plans avec une conviction nouvelle.


La Guerre Des Machines
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