La précision, si l’on ne comprend pas ses limitations inhérentes, est inutile.

Gogitrice Kwyna, Archives de la Cité de l’Introspection

 

Les gens de Poritrin avaient des esclaves depuis si longtemps qu’ils avaient fini par devenir complaisants vis-à-vis de leur vie douillette et sophistiquée. Quand l’emprise des insurgés sur le commerce planétaire se resserra, la nouvelle se répandit parmi tous les ouvriers zensunni et zenchiites de Starda. Et le travail cessa non seulement dans la cité, mais plus loin encore. Les esclaves agriculteurs suivirent le mouvement. Certains mirent le feu aux champs de canne à sucre, d’autres sabotèrent les engins agricoles.

Ishmaël et les autres jeunes du chantier campaient au-dessus du canyon de l’Isana, épuisés après leur journée de travail suspendus dans le vide. Les tentes claquaient dans la bise du soir qui soufflait sur le plateau.

Brusquement, Ishmaël fut réveillé par Aliid qui le secouait.

 — J’ai écouté les contremaîtres ! Les esclaves se sont révoltés dans le delta ! Viens...

Les deux garçons retournèrent devant leur petit feu de camp qui couvait encore et restèrent blottis dans la nuit glacée. Les yeux noirs d’Aliid reflétaient les brandons.

—                       Je savais que nous n’aurions pas à attendre des siècles pour retrouver notre liberté. Bel Moulay va faire justice. Le Seigneur Bludd devra bien céder à nos exigences.

Ishmaël plissa le front. Il ne partageait guère l’enthousiasme de son ami.

—                       Tu ne t’attends quand même pas à ce que les nobles se contentent de hausser les épaules et bouleversent les usages qui ont cours dans leur société depuis des siècles.

—                       Ils n’ont pas le choix. Oh, comme j’aimerais qu’on soit à Starda pour agir avec les autres ! Je ne tiens pas à rester planqué ici. Je veux me battre. On passe nos journées à faire de jolis dessins sur une falaise à la gloire de nos oppresseurs. Est-ce que ça n’est pas absurde ? (Il se rejeta en arrière et un sourire apparut lentement sur son visage ascétique.) Tu sais, il y a quelque chose qu’on peut faire. Ici.

Ishmaël redoutait ce qu’Aliid allait suggérer.

Au cœur de la nuit, après que les contremaîtres se furent endormis dans leurs pavillons isolés, Aliid gagna Ishmaël à sa cause en lui promettant qu’il n’y aurait pas d’effusion de sang.

—                       Nous ne faisons qu’une déclaration, fit-il avec un sourire sans joie.

Ils visitèrent furtivement toutes les tentes pour rassembler un groupe. Même s’ils étaient au courant des événements qui secouaient la cité lointaine, les gardes ne s’inquiétèrent pas d’une poignée de gamins épuisés par des heures de travail dans les gorges du fleuve.

En chuchotant, ils dérobèrent des harnais dans la cabane d’équipement. Ils les enfilèrent, ajustèrent les sécurités sous leurs bras et attachèrent les câbles aux poulies de la falaise.

Ils furent quatorze à se laisser tomber jusqu’au niveau de la fresque de mosaïque gigantesque qui dépeignait la saga de la dynastie Bludd et qu’ils avaient exécutée pixel par pixel, suivant les dessins au laser du Seigneur Bludd.

Ils couraient sur le granit de la roche, les pieds nus. Aliid se balança comme un pendule et, avec son marteau, il entreprit de casser et d’arracher les pièces colorées. Le grondement sourd des rapides et le sifflement du vent étouffèrent le bruit du marteau.

Ishmaël se laissa tomber en contrebas de son ami et s’attaqua à une portion de tuiles bleues qui, vues de loin, auraient été l’œil rêveur d’un ancien seigneur du nom de Drigo Bludd.

Aliid n’avait pas vraiment de plan. Il cassait au hasard, en se déplaçant latéralement pour remonter ensuite dans une averse permanente de débris multicolores qui se perdaient dans les ténèbres du canyon. Les autres garçons l’avaient imité : ils avaient l’impression de récrire l’Histoire en défigurant la fresque.

Ils s’acharnèrent durant des heures, en riant, en s’interpellant à voix basse. Sous la clarté des étoiles, ils parvenaient à se discerner, et Aliid comme Ishmaël souriaient aux autres, excités par leur vandalisme primaire.

Enfin, quand les premiers traits de l’aube se dessinèrent à l’horizon, ils regagnèrent le haut de la falaise, remirent les harnais dans la cabane et retournèrent tous sous leurs tentes. Ishmaël espéra voler une petite heure de sommeil avant que les contremaîtres ne viennent les secouer.

À l’aube, l’alerte résonna et des clameurs s’élevèrent dans le camp. On rassembla les jeunes esclaves au bord de la falaise. Le chef d’équipe au visage rougeaud voulait des réponses immédiates et l’identité des coupables. On les fouetta l’un après l’autre, si durement qu’ils ne pourraient pas retourner à leur corvée avant des jours. Ils n’eurent pas droit à la moindre ration et on limita leur part d’eau.

Mais, évidemment, aucun d’eux ne savait quoi que ce fût et tous prétendirent ne pas avoir quitté leur tente de toute la nuit.

La dégradation de la fresque du canyon fut le coup ultime pour le Seigneur Bludd. Il avait jusque-là tenté d’être raisonnable et patient. Des semaines durant, il avait usé de moyens civilisés pour tenter de faire rentrer dans les rangs Bel Moulay et ses partisans.

Il avait déclaré un Jour de Honte qui n’avait eu aucun effet sur les prisonniers non civilisés. Ça leur était parfaitement étranger, et puis il avait finalement pris conscience qu’il s’était trompé lui-même. Les Zensunni et les Zenchiites appartenaient aux limites de la race humaine et constituaient pratiquement une espèce différente. Incapables d’œuvrer pour le bien commun, ces primitifs ingrats se reposaient sur les peuples cultivés. Si l’on considérait leurs méfaits, les Bouddhislamiques fanatiques n’avaient aucune morale.

Les esclaves avaient saboté l’installation des boucliers sur les vaisseaux de l’Armada avant de refuser de travailler sur les inventions d’Holtzman. Leur leader barbu avait pris des nobles en otages et les gardait en détention dans les enclos d’esclaves. Il avait gravement endommagé le spatioport de Starda, interdisant tout trafic commercial. Ses complices avaient incendié des bâtiments, détruit des installations vitales pour la cité et ravagé la production agricole. Pis encore, Bel Moulay avait exigé l’émancipation des esclaves  – comme si la liberté était une chose qu’on pouvait acquérir sans l’avoir méritée ! Une pareille idée était une gifle absolue pour les milliards d’humains qui s’étaient battus jusqu’à la mort afin de maintenir les machines pensantes au large.

Bludd avait encore à l’esprit les citoyens massacrés de Giedi Prime ; les victimes des raids de cymeks sur Salusa Secundus, les Sorcières de Rossak qui s’étaient sacrifiées pour détruire les intelligences artificielles. Il était dégoûté à la seule idée que Bel Moulay veuille rallier les esclaves mécontents pour paralyser tous les efforts de défense de la race humaine. L’arrogance égoïste de ces Bouddhislamiques le mettait en rage !

Il tenta d’entrer en contact avec eux. Il avait espéré qu’ils retrouveraient le chemin de la raison, qu’ils comprendraient où étaient les enjeux véritables, qu’ils sauraient compenser la couardise de leur peuple. Mais non, tout cela était fallacieux.

Quand il apprit le sabotage de la mosaïque géante, il se fit conduire aussitôt dans le canyon et découvrit, incrédule, les horribles déprédations commises sur la fresque somptueuse qui aurait dû décrire toute l’histoire des Bludd ! Jamais il ne pardonnerait un pareil outrage !

Les mains crispées douloureusement sur la balustrade, il resta muet. Son entourage fut effrayé devant son comportement. Tous sentaient et craignaient à la fois la détermination qui l’habitait sous ses allures poudrées et parfumées.

—                       Cette insanité doit cesser sur l’heure.

Ces paroles de glace étaient adressées à ses Dragons. Il se retourna et ajouta à l’adresse du soldat en cuirasse dorée qui se tenait à son côté :

—                       Commandant, vous savez quoi faire.

Tio Holtzman, déjà passablement irrité par le comportement inexplicable de ses esclaves, fut heureux d’accepter l’invitation du Seigneur Bludd à l’accompagner. Il brûlait d’assister à la première démonstration à grande échelle de ses boucliers.

—                       Tio, lui dit Bludd, ce n’est qu’un exercice de défense mais, hélas, nécessaire. Néanmoins, nous allons pouvoir observer votre invention en action.

Il se trouvait au côté de Bludd sur la plate-forme d’observation. Norma Cenva et quelques autres nobles avaient pris place derrière eux. Tous observaient les esclaves déchaînés dans la fumée des incendies, les cris et les chants hostiles qui venaient du spatioport.

Au sol, des Dragons progressaient en ligne, protégés par leurs nouveaux boucliers personnels scintillants. Ils se rabattaient sur le spatioport, armés de bâtons et de lances. Quelques-uns avaient des pistolets Chandler destinés à abattre les plus durs des insurgés en cas de situation extrême.

Holtzman, penché sur la balustrade, observait les Dragons.

—                       Regardez, les esclaves ne peuvent nous arrêter.

Norma était pâle. Elle avait conscience du massacre auquel elle allait assister, mais elle n’avait pas la force de parler.

Les Dragons ne ralentirent pas face aux émeutiers qui tentaient de les arrêter. Quelques esclaves se jetèrent sur leurs boucliers. Les forces du Seigneur Bludd levèrent leurs matraques et fracassèrent des bras et des épaules. Les esclaves se regroupèrent avec des cris de haine et se lancèrent à l’assaut. Ils ne purent franchir la barrière des boucliers et les Dragons chargèrent, frappant aveuglément dans la mêlée.

La populace reflua et se regroupa autour de son chef. Bel Moulay, dressé sur la benne d’un camion, proféra alors en chakobsa :

—                       Ne cédez pas ! Cramponnez-vous à vos rêves ! C’est votre seule chance. Tous les esclaves doivent rester au coude à coude !

—                       Mais pourquoi ils ne se battent pas comme ça face aux machines ? grommela Niko Bludd.

Ce qui fit rire certains des nobles qui l’entouraient.

Quand les rangs des esclaves bloquèrent les Dragons, le commandant de la légion cria d’une voix tonitruante par-dessus les clameurs :

—                       J’ai l’ordre d’arrêter le traître Bel Moulay. Qu’il se rende immédiatement.

Aucun des insurgés ne réagit. L’instant d’après, les Dragons levèrent leurs pistolets Chandler, débranchèrent leurs boucliers et ouvrirent le feu. Les éclats de cristaux jaillirent en nuages crépitants et se plantèrent dans les visages, dans les membres et les torses. Le sang jaillit en même temps que les lamelles de chair. Les esclaves tentèrent de déguerpir en hurlant, mais ils étaient agglutinés autour de Bel Moulay et ne pouvaient se disperser.

Le leader se leva et lança des ordres dans son langage incompréhensible, mais la panique gagnait la foule. Une nouvelle rafale d’échardes de cristal cribla les corps et des centaines d’esclaves tombèrent, morts ou gravement atteints.

—                       Ne vous inquiétez pas, fit Bludd, ils ont des ordres pour prendre Bel Moulay vivant.

Norma détourna la tête, au bord du malaise, mais elle réussit à garder son contrôle.

Tandis que les esclaves mouraient ou se dispersaient autour de Bel Moulay, il leva son bâton et tenta de les rassembler. Mais les Dragons chargèrent. Ils encerclèrent très vite le maître zenchiite et le clouèrent sur le pavé à grands coups de gantelet. Une immense clameur monta de la foule.

Les insurgés reformèrent leurs rangs et, voyant leur leader terrassé, ils retrouvèrent leur courage. Mais les Dragons dégainèrent à nouveau leurs pistolets et les premiers rangs s’effondrèrent.

On amena Bel Moulay tandis que des blindés suivis de troupes en rangs serrés se répandaient dans le spatioport. On libéra très vite les nobles et leurs épouses enfermés dans les enclos.

Depuis sa plate-forme, Niko Bludd promena un regard attristé sur les corps démembrés et les flaques de sang.

—                       J’avais espéré que jamais nous n’en arriverions là. Je leur ai donné toutes les chances de se reprendre, mais à la fin je n’ai plus eu le choix.

En dépit du carnage, Holtzman ne pouvait dissimuler son plaisir : ses boucliers personnels avaient fonctionné !

—                       Mon Seigneur, dit-il enfin, vous avez agi en tout honneur...

Ils survolèrent un instant encore le théâtre des émeutes, puis Bludd les invita tous à célébrer la libération de Poritrin.


La Guerre Des Machines
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