Les yeux ordinaires ne portent pas loin.

Trop souvent, nous prenons les décisions les plus importantes à partir d’une information superficielle.

Norma Cenva, Carnets de laboratoire non publiés

 

Zufa Cenva était de retour sur Rossak. Après des semaines de voyage entre les systèmes, sa navette se posait dans un secteur dense de la canopée. Le terrain était constitué de pavés de polymères qui avaient transformé les feuilles et les branches en une masse solide. Mais, afin de permettre aux arbres de s’alimenter en eau et de faciliter les échanges gazeux, le revêtement polymère était poreux, synthétisé à partir des agents organiques et des tissus de la jungle.

Les océans toxiques rendaient le plancton, le kelp, les poissons ainsi que toutes les créatures pélagiques mortels pour les êtres humains. Quant au reste de la planète, ça n’était que plaines de laves stériles, geysers et lacs sulfureux. La chlorophylle était absente du cycle végétal et toutes les plantes rutilaient dans des tons argentés et mauves. Sur Rossak, la fraîcheur et la verdure étaient éternellement absentes.

Dans une zone tectonique stable qui courait au long de l’équateur, de grands rifts dans la plaque continentale avaient suscité d’amples vallées refuges où l’eau était filtrée et l’air respirable. Dans cet écosystème protégé, des pionniers courageux avaient construit des cités souterraines à l’architecture sophistiquée, pareilles à des ruches installées dans les falaises noires. Les parois déclives étaient envahies de vignes violines aux tons métalliques, de fougères retombantes et de champs de mousses charnues : une canopée à la fois verticale et marine sur laquelle s’ouvraient les grottes confortables que les humains s’étaient taillées. À partir des terrasses végétales, ils pouvaient gagner le couvert caoutchouteux, puis se laisser descendre dans les fourrés où de nouvelles récoltes comestibles les attendaient jour après jour.

Comme pour équilibrer la pénurie de vie sur la planète, les vallées des rifts foisonnaient de champignons, de lichens, de baies, de fleurs, de parasites, d’insectes. Les hommes de Rossak excellaient à extraire et à raffiner des drogues, des remèdes et certains poisons à partir de cette nature prodigieuse, gigantesque garde-manger de leur monde par ailleurs dénudé. Le milieu où ils s’étaient épanouis était comme une boîte de Pandore planétaire qu’ils avaient à peine forcée... Et qui allait leur donner plus.

La Sorcière élancée, voluptueuse, leva les yeux vers le pont suspendu qui reliait les falaises à la mer violine des arbres et sur lequel venait de s’engager son amant, Aurelius Venport. Il était d’une beauté patricienne, avec son visage mince sous ses cheveux noirs bouclés. Il était suivi de Norma, la fille que Zufa avait eue avec un amant précédent. À quinze ans, avec ses jambes atrophiées, elle était un vivant reproche. Deux tarés. Pas étonnant qu’ils s’entendent aussi bien, songea Zufa, amère.

Avant de séduire Aurelius, la Sorcière supérieure avait eu des rapports conjugaux avec quatre hommes durant sa période optimale de fécondation. Elle les avait soigneusement sélectionnés en fonction de leur lignage. Après des générations de recherche, d’erreurs malheureuses et de rejetons défectueux, les femmes de Rossak avaient enfin rassemblé la somme des indices génétiques des diverses familles. L’environnement toxique, saturé d’agents tératogènes, rendait difficile l’enjeu d’enfants sains et forts à la naissance. Mais entre plusieurs mort-nés monstrueux et autres mâles sans virilité, il existait une chance de voir naître miraculeusement une Sorcière translucide. Chaque parturition était comme une loterie. La génétique n’avait jamais été une science exacte.

Mais Zufa s’était battue avec acharnement. Méticuleusement, elle avait vérifié et revérifié le sang de chaque lignage. De ses essais personnels, elle n’avait eu qu’une fille encore vivante, Norma, une naine d’un mètre vingt, aux traits grossiers, aux cheveux bruns et rares, avec une personnalité ennuyeuse, intellectuelle, renfermée.

La plupart des enfants qui naissaient sur Rossak avaient des corps atrophiés, et même les plus sains en apparence ne montraient que très rarement les pouvoirs mentaux de l’élite des Sorcières. Zufa, malgré tout, avait été profondément déçue et gênée que sa fille n’ait aucun talent télépathique. N’était-elle pas la plus grande : elle aurait dû transmettre ses capacités mentales supérieures. Elle avait désespérément souhaité que sa fille conduise le combat contre les machines, mais Norma ne montrait aucune trace de potentiel. Et, en dépit du tracé génétique impeccable d’Aurelius, Zufa n’avait jamais pu conduire un seul de leurs enfants à terme.

Combien de fois vais-je encore essayer avant de le remplacer par un autre reproducteur ? Une dernière fois, décida-t-elle. Ce serait la dernière chance d’Aurelius Venport.

Elle s’irritait également de l’indépendance et de la défiance de Norma. Elle se perdait trop souvent dans d’obscures divergences mathématiques que nul ne pouvait comprendre. Elle vivait seule dans son univers personnel. Perdue.

Ma petite fille, tu aurais pu faire tellement mieux !

Le clan des Sorcières avait le plus lourd fardeau de responsabilité de la planète, et Zufa en assumait la plus grande part. Si seulement elle avait pu compter sur quelqu’un d’autre, tout spécialement à la suite de cette dernière menace des cymeks.

Norma ne pouvait participer aux joutes mentales, et Zufa devait se consacrer entièrement à ses filles en esprit, ces quelques rares jeunes femmes qui avaient gagné à la « loterie génétique » et acquis des facultés psychiques supérieures. Elle devait les encourager, les éduquer et leur montrer par quels chemins elles pouvaient espérer éliminer l’ennemi robotique.

Elle observa son amant et sa fille qui venaient d’atteindre l’extrémité de la passerelle et négociaient à présent une échelle circulaire qui s’enfonçait dans la canopée, jusqu’au sol. Comme la plupart des rejetés chanceux, Norma et Aurelius s’étaient rapprochés sur le plan émotionnel, se servant mutuellement de béquilles.

Enfermés dans leur monde propre qui n’était pas concerné par la victoire sur les machines, ni l’un ni l’autre ne s’étaient aperçus de son retour. Les deux joyeux tarés bienheureux allaient sans doute passer des heures à explorer le feuillage en quête de nouvelles drogues qu’Aurelius négocierait dans son commerce aventureux.

Zufa secoua la tête, incapable de comprendre les priorités essentielles de son amant. Les drogues que les hommes raffinaient étaient à peine plus utiles que les arcanes des mathématiques de Norma. Elle devait reconnaître qu’Aurelius était aussi intelligent que doué pour le commerce, mais à quoi bon des profits énormes si l’humanité était condamnée à court terme à l’esclavage ?

Ecœurée par ses deux protégés, certaine que seules elle et ses Sorcières étaient capables de mener le combat, Zufa partit à la recherche de la jeune femme la plus douée qu’elle eût récemment recrutée afin de lui enseigner les nouvelles techniques dévastatrices qu’elle entendait utiliser contre les cymeks.

Aurelius s’était enfoncé entre les feuillages charnus des arbres de la canopée, suivi par Norma. Il suçait des capsules d’un stimulant spécifique que les chimistes experts avaient synthétisé à partir des phéromones d’un coléoptère géant fouisseur qui avait la taille d’un rocher moyen. Il se sentait plus fort, ses perceptions et ses réflexes s’affinaient. Il dépassait ses capacités naturelles sans atteindre la puissance télépathique et glacée de Zufa.

Mais un jour viendrait où il trouverait et où il pourrait affronter la Sorcière sur son propre terrain. Il était même possible que Norma et lui y arrivent ensemble.

Aurelius entretenait une timide affection pour la mère sévère de Norma. Il acceptait avec une bonne grâce relative le mépris et les changements d’humeur de Zufa : les femmes de Rossak n’étaient guère enclines à l’amour romantique.

Aurelius savait que Zufa l’avait sélectionné pour son programme de reproduction, mais il avait su percer son caractère à la fois exigeant et stoïque. La puissante Sorcière essayait de dissimuler ses points faibles, mais elle montrait parfois ses doutes, sa crainte de ne pas être à la hauteur des responsabilités qu’on lui avait confiées. À une certaine occasion, alors qu’Aurelius lui avait dit qu’il savait à quel point elle visait la puissance, elle s’était montrée à la fois embarrassée et irritée.

 — Il faut bien que quelqu’un soit puissant, lui avait- elle répliqué.

Il n’avait pas le don de télépathie et Zufa ne conversait que rarement avec lui. Il se disait qu’elle reconnaissait sans doute ses dons pour les affaires, la finance et la politique, mais tout cela était sans commune mesure avec ses propres buts, étroits mais intenses. Souvent, elle tentait de lui donner le sentiment qu’il n’était qu’un être mineur, mais il puisait constamment de nouvelles forces dans son mépris. Et plus particulièrement dans sa volonté de découvrir une drogue qui lui conférerait les mêmes pouvoirs télépathiques que les siens.

Il y avait tellement d’autres moyens de mener une guerre.

La jungle constituait une précieuse réserve de plantes pour guérir les maladies, augmenter l’esprit et les capacités humaines ordinaires. Le choix était immense et subjuguant, mais Aurelius avait l’intention de chercher partout. Le commerce des plantes, leur développement ainsi que les produits de Rossak qu’il avait su développer l’avaient d’ores et déjà propulsé sur le chemin de la richesse. De nombreuses Sorcières avaient pour lui un respect mêlé d’affection  – à l’exception de sa compagne.

Aurelius était un homme d’affaires visionnaire accoutumé à explorer les possibles. Comme dans la jungle dense, il savait que de nombreuses pistes pouvaient conduire au même endroit. Parfois, il suffisait de se frayer la route avec une machette.

Mais, jusqu’à présent, la drogue qu’il cherchait restait introuvable.

Autre initiative hardie : il avait fièrement fait circuler les travaux mathématiques autant qu’exotiques de Norma parmi les cercles scientifiques. Même s’il ne comprenait rien à ses théorèmes, il avait le sentiment intuitif qu’elle pouvait en tirer des résultats importants. Elle y était déjà peut-être parvenue, mais il fallait des yeux d’expert pour le savoir. Aurelius aimait bien cette jeune fille à l’esprit intense et il se comportait comme un frère avec elle. Pour lui, elle était un prodige des mathématiques, alors qu’importaient sa taille et son allure ? Il voulait lui donner sa chance, même si sa mère ne le souhaitait pas.

Norma était penchée sur une large feuille pourpre. Avec un compas à rayon lumineux, elle calculait ses dimensions et les rapports des angles des nervures. Elle était tellement concentrée qu’une expression de curiosité passionnée et inquiète éclairait son visage.

Elle se tourna soudain vers lui et s’exclama d’une voix d’une maturité surprenante :

—                       Cette feuille a été conçue et construite par notre mère Gaia, la Terre, ou le Dieu Créateur Lui-même, ou Bouddhallah ou je ne sais qui. (De ses doigts courts, elle souleva la feuille et l’explora avec le rayon lumineux, révélant ainsi le dessin des cellules.) Des schémas dans des schémas, tous reliés par des rapports complexes.

Sous l’effet de la drogue, euphorique, Aurelius fixait l’image, au seuil de la transe.

—                       Dieu est dans toute chose, dit-il.

Il sentait le flux du stimulant jouer sur ses synapses, les surcharger. Norma lui désigna les formes intérieures de la trame végétale illuminée et il plissa les yeux en les parcourant.

—                       Dieu est le mathématicien de l’univers. Il existe une ancienne corrélation appelée le Nombre d’Or, un rapport harmonieux de forme et de structure tel que celui qu’on trouve dans cette feuille, dans les coquillages et les créatures vivantes de multiples planètes. C’est la part la plus infime de la clé, connue depuis l’Âge des Égyptiens et des Grecs sur la Terre. Ils s’en sont servis pour leur architecture, pour édifier les pyramides, pour le pentagone de Pythagore et la suite des nombres de Fibonacci. (Norma relâcha la feuille.) Mais il y a tellement plus encore.

Aurelius hocha la tête, se mouilla un doigt et prit un peu de poudre noire dans sa poche de ceinture. Il la lécha et sentit aussitôt l’effet de la drogue qui se mêlait aux ultimes traces de celle qu’il avait absorbée au départ. Norma continuait de parler. Il ne comprenait rien à la logique de son discours mais il avait confiance : elle allait déboucher sur des révélations fabuleuses.

—                       Donne-moi des exemples pratiques, ronronna- t-il. Où il y ait une fonction que je pourrai comprendre.

Il s’était accoutumé à la façon qu’avait Norma de débiter des formules absconses en faisant la moue. A la base, elle travaillait sur la géométrie classique, mais elle appliquait ses connaissances à des domaines bien plus complexes.

—                       Je peux projeter et voir mes calculs à l’infini, dit-elle, comme si elle était en extase. Je n’ai pas besoin de les écrire.

Et elle n’a même pas besoin de drogues psychiques pour y parvenir, pensa Aurelius, émerveillé.

—                       En cet instant même, je vois une structure efficace et volumineuse qui pourrait être édifiée à un coût raisonnable, longue de plusieurs dizaines de kilomètres  – basée sur le rapport du Nombre d’Or.

—                       Mais qui pourrait avoir besoin d’une chose aussi immense ?

 — Aurelius, je ne suis pas capable de pénétrer dans le futur, fit Norma d’un ton taquin. (Elle plongea à nouveau dans la jungle, aux aguets, avide de ce qu’ils pouvaient découvrir, les yeux brillants.) Mais tu sais... Il peut y avoir quelque chose... Quelque chose à quoi je n’ai pas encore pensé.


La Guerre Des Machines
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