Les ordinateurs nous ont laissé un enseignement négatif : c’est aux humains de tenir les rênes de la vie, et non aux machines.

Rell Arkov, Assemblée de la Charte de la Ligue des Nobles

 

Après son échec sur Salusa Secundus, la flotte des machines pensantes avait remis le cap sur Corrin. Le suresprit serait loin d’être satisfait en apprenant la défaite.

Et les néo-cymeks survivants, valets serviles d’Omnius, suivaient la flotte robotique décimée. Mais les six survivants des Titans d’origine — Agamemnon et ses partisans d’élite  – préparaient une diversion. Une occasion de faire progresser les plans qu’ils avaient échafaudés contre le pouvoir oppressant du suresprit.

Pendant que les vaisseaux de guerre défaits emportaient avec eux dans l’espace les yeux de surveillance vigilants, Agamemnon modifia discrètement le cap de sa nef. Après avoir échappé à la Militia Salusane, le général cymek avait abandonné la capsule de l’unité de combat pour la transférer dans ce vaisseau blindé au profil élancé. Malgré la défaite, il se sentait vif et exultant. Il aurait d’autres batailles à livrer, que ce soit contre les humains féroces ou contre Omnius.

Les anciens cymeks maintenaient le silence com, redoutant qu’une ride électromagnétique s’égare et soit détectée par les machines en fuite. Ils avaient calculé une route plus rapide et plus risquée : ils allaient frôler les obstacles stellaires que le système de sécurité des robots contournait au large. Ce raccourci donnerait aux cymeks rebelles le temps de se réunir en secret.

Ils approchaient d’une étoile naine rouge et rencontrèrent un astéroïde difforme, grêlé de cratères, qui tournait autour de la primaire. Un rideau de vent solaire chargé de particules ionisées soutenu par de puissants champs magnétiques les dissimulerait aux scanners des robots. Après un millier d’années passées au service d’Omnius, Agamemnon avait appris à tromper la vigilance du suresprit maudit.

Les six cymeks établirent un vecteur d’approche en faisant appel à leur intellect d’humain et non aux systèmes de navigation informatiques. Agamemnon opta pour un site à l’intérieur d’un cratère, entraînant les autres Titans vers un terrain stable au centre d’une plaine ondulée.

Il guida les bras mécaniques tandis qu’ils dégageaient son container de l’embase pour le replacer dans un autre corps mobile et trapu pourvu de six jambes mécaniques courtes et solides. Après s’être connecté aux barres d’excitateur de l’électrafluide, il put tester ses nouveaux membres et régler en finesse la pression hydraulique.

Son nouveau corps se déplaça avec une certaine agilité jusqu’à la rampe de débarquement et ses pieds tout neufs foulèrent le sol de roche douce. Les autres Titans le rejoignirent. Tous avaient maintenant un corps parfaitement mobile avec des organes internes visibles et des systèmes de sauvegarde vitale capables de résister à des chaleurs et des taux de radiations extrêmes. La naine rouge dominait le ciel noir et sans atmosphère de l’astéroïde, pareille à une goutte de sang.

Junon, à la tête des Titans rescapés, s’avança vers Agamemnon et, doucement, effleura son nouveau corps mécanique de ses capteurs, en une caresse délicate et étrangement romantique. Jadis, alors qu’ils étaient encore des humains avec de vrais cœurs et des élans de passion, ils avaient été amants. Mille années avaient passé et ils restaient encore complices, se satisfaisant de ce puissant aphrodisiaque qu’était le pouvoir, ou le désir du pouvoir.

—                       Est-ce que nous frapperons bientôt, mon amour ? demanda Junon. Ou devrons-nous attendre encore un siècle ou deux ?

—                       Non, Junon. Pas aussi longtemps.

Barberousse s’avança. Pour Agamemnon, tandis que passaient les siècles, il était devenu ce qu’il y avait de plus proche d’un camarade.

—                       Chaque instant dure toujours une éternité, fit-il.

Lorsque les Titans avaient pris le pouvoir, Barberousse avait découvert comment tromper les machines pensantes omniprésentes du Vieil Empire. Et, par chance, le génie modeste qu’il était avait eu l’instinct de leur implanter des programmes inhibiteurs profonds qui devaient empêcher les machines pensantes de s’attaquer aux Titans  – des barrières qui avaient permis à Agamemnon et ses compagnons cymeks de rester en vie après la traîtrise du suresprit et sa prise de pouvoir.

—                       Je ne peux me décider, déclara alors Ajax. Écraser les ordinateurs ou les humains ?

Il avait été l’élément le plus efficace de tous les anciens cymeks. Brutal comme à son habitude, il avait choisi un corps mobile particulièrement massif qui donnait l’impression qu’il avait gardé les muscles noueux mais souples de son corps organique depuis longtemps abandonné.

 — Pour réaliser chaque plan que nous construisons, il nous faut effacer par deux fois nos traces.

Ainsi venait de s’exprimer Dante, comptable et bureaucrate, soucieux du moindre détail. Entre tous les Titans, il était le seul à ne jamais se montrer dramatique ou séduisant, mais ils n’auraient pu renverser le Vieil Empire sans ses manipulations habiles des affaires administratives et cléricales. Dante n’avait certes pas le panache des autres conquérants, mais il s’était taillé avec sérénité une part de pouvoir justifiée qui avait permis aux Titans de régner un siècle durant.

Jusqu’à ce que les ordinateurs frappent.

L’indigne Xerxès fut le dernier cymek à s’aventurer dans le cratère. Il devait son dernier rang parmi les Titans à la faute impardonnable qu’il avait commise, donnant ainsi à l’esprit de l’ordinateur ambitieux à peine né l’occasion de les frapper. Les Titans avaient gardé Xerxès, mais Agamemnon ne lui avait jamais pardonné sa dramatique erreur. Depuis des siècles, Xerxès avait tout tenté pour faire oublier sa faute. Aveuglément, il pensait qu’Agamemnon l’accepterait de nouveau s’il trouvait un moyen de s’amender, et Agamemnon se servait de cet espoir pour le manipuler.

Agamemnon précéda les cinq conspirateurs dans les ombres du cratère. Les mécaniques à l’esprit humain se firent face dans le chaos de rochers et de blocs de lave pour parler de leur trahison et mettre au point leur vengeance.

En dépit de ses tares, Xerxès ne les vendrait pas. Après leur victoire, jadis, les Titans originels avaient accepté de se soumettre à la conversion chirurgicale plutôt que d’accepter leur mortalité. Leur pacte avait été solennel et sans appel. Leurs cerveaux désincarnés seraient à jamais durables. A ce prix seulement, ils pourraient maintenir leur pouvoir.

Omnius, plus tard, avait décidé de récompenser parfois ses serviteurs humains les plus fidèles en les convertissant en néo-cymeks. Et dans les Mondes Synchronisés, désormais, des milliers de cerveaux humains enfermés dans des corps mécaniques étaient aux ordres du suresprit. Agamemnon ne pouvait compter sur aucun d’entre eux.

Il s’exprima sur une longueur d’onde étroite à partir de ses centres de processus psychique.

—                       On ne nous attendra pas sur Corrin avant des semaines. J’ai donc décidé que nous devions profiter de cette occasion pour mettre au point un plan afin de frapper un coup décisif contre Omnius.

—                       Il est grand temps, commenta Ajax en grommelant.

—                       Mon amour, demanda Junon, crois-tu que la méfiance du suresprit se soit relâchée, qu’il se montre complaisant à la façon des humains du Vieil Empire ?

—                       Je n’ai pas remarqué de signes de faiblesse chez lui, intervint Dante. Et je guette constamment ce genre de chose.

—                       Mais des périodes de faiblesse sont toujours possibles, reprit Ajax en creusant machinalement un trou dans le sol avec l’une de ses jambes puissantes. A condition d’être décidés à les mettre à profit.

Barberousse posa bruyamment l’une de ses jambes sur le rocher.

—                       Ne vous laissez pas abuser par l’intelligence artificielle. Les ordinateurs n’aiment pas les humains. Même après mille ans, Omnius ne diminue en rien son attention. Il dispose de suffisamment de mémoire et de bien plus d’yeux que nous.

—                       Il nous soupçonnerait ? Il douterait de notre loyauté ? s’exclama Xerxès, comme s’il s’inquiétait déjà alors que la réunion venait à peine de commencer. S’il pense que nous complotons contre lui, pourquoi donc ne nous élimine-t-il pas ?

—                       Je pense quelquefois que tu as une fuite dans ton container, fit Agamemnon. Omnius a des restrictions dans ses programmes, ce qui lui interdit de nous tuer.

—                       Inutile de m’insulter. Mais il est tellement puissant que je le crois parfaitement capable de subroger tout ce que Barberousse a pu charger dans son système.

—                       Il ne l’a pas fait et ne le fera jamais, rétorqua Barberousse. Je sais ce que j’ai réussi, croyez-moi. Et souvenez-vous : Omnius veut devenir efficient. Il ne prendra pas de vaines initiatives, il ne gaspillera pas ses ressources. Et nous sommes pour lui des ressources.

Dante intervint.

—                       Si Omnius tient tellement à gouverner efficacement, pourquoi s’est-il entouré d’autant d’esclaves humains ? De simples robots et des IA minimalistes pourraient les remplacer sans lui créer autant de problèmes.

Agamemnon s’écarta un instant dans la clarté crue de la naine rouge avant de revenir vers les cymeks. Pareils à des insectes de métal, ils attendaient en silence sa réaction.

—                       Depuis des années, je n’ai cessé de proposer que nous exterminions les humains retenus prisonniers sur les Mondes Synchronisés, mais Omnius s’y est constamment opposé.

—                       Il n’y tient sans doute pas parce qu’il sait que ce sont les humains qui ont créé les machines pensantes, risqua Xerxès. Il les considère peut-être comme une émanation de Dieu.

Agamemnon le rabroua.

—                       Tu suggères que l’ordinateur du suresprit est un dévot ?

Le cymek en disgrâce retomba dans le silence.

—                       Non, non..., fit Barberousse d’un ton patient. Tout simplement, Omnius ne tient pas à gaspiller de l’énergie ni à déchaîner la violence à la suite d’une telle extermination. Il considère les humains comme des ressources dont il ne doit pas se passer.

—                       Pourtant, depuis des siècles, nous avons essayé de le convaincre du contraire, fit Ajax.

Agamemnon, conscient du temps qui passait, essaya de faire progresser le débat.

—                       Nous devons trouver le moyen de déclencher une étincelle et de provoquer un changement radical. Si nous éteignons les ordinateurs, les Titans reviendront au pouvoir, avec tous les néo-cymeks que nous pourrons recruter. (Il fit pivoter sa tourelle de capteurs.) Nous l’avons déjà fait.

À l’origine, quand les Titans humains avaient relancé le Vieil Empire stagnant, c’étaient les robots de combat qui s’étaient battus pour eux. Tlaloc, Agamemnon et les autres rebelles s’étaient contentés de récupérer les débris. Mais, cette fois, ils devraient se battre eux-mêmes pour leur cause.

—                       Nous devrions peut-être tenter de retrouver Hécate, dit timidement Xerxès. Elle est la seule d’entre nous à n’avoir jamais été sous le contrôle d’Omnius. C’est notre carte libre.

Hécate, l’ancienne compagne d’Ajax, était la seule entre les Titans à avoir renoncé au pouvoir. Avant que la machine pensante les soumette, elle était partie dans l’espace lointain et jamais nul n’avait plus entendu parler d’elle. Mais à supposer qu’ils la retrouvent, Agamemnon ne se fierait pas plus à elle qu’à Xerxès. Elle les avait abandonnés depuis trop longtemps : elle n’était pas l’alliée dont ils avaient besoin.

—                       Nous devons chercher ailleurs et accepter l’aide que nous trouverons. Mon fils Vorian est l’un des rares humains qui a accès au complexe central de l’Omnius— Terre. Il livre des mises à jour régulières aux suresprits des Mondes Synchronisés. Nous pourrions peut-être l’utiliser.

Junon simula un soupir.

—                       Tu souhaites faire confiance à un humain, mon amour ? L’une de ces vermines que tu méprises ? Il y a quelques instants à peine, tu voulais les exterminer.

—                       Vorian est mon fils génétique et sans doute le meilleur de ma progéniture. Je l’ai observé, je l’ai éduqué moi-même. Il a déjà lu mes Mémoires une dizaine de fois. J’entretiens l’espoir qu’il soit mon digne successeur.

Junon le comprenait bien mieux que les autres.

—                       Tu as dit la même chose au sujet de tes douze autres fils, si je me souviens bien. Ce qui ne t’a pas empêché de trouver des prétextes pour les tuer tous.

—                       J’ai préservé une grande quantité de mon sperme avant de me transformer en cymek et j’ai eu le temps de m’y prendre avec précision. Mais Vorian... Ah, Vorian, je pense qu’il est sans doute l’élu. Un jour viendra où je l’autoriserai à devenir un cymek.

Ajax l’interrompit d’un ton grave.

—                       Nous ne pourrons jamais affronter deux ennemis majeurs en même temps. Puisque Omnius nous a enfin permis d’attaquer les hrethgir, grâce à la victoire de Barberousse dans l’arène des gladiateurs, je suggère que nous entamions cette guerre avec nos meilleurs moyens. Ensuite, nous pourrons nous occuper d’Omnius.

Les humains de la Ligue avaient échappé au joug des Titans il y avait bien des siècles et les cymeks avaient toujours eu de la haine à leur égard. Les fibres optiques de Dante allaient et venaient au rythme fébrile de ses calculs.

—                       Oui, les humains seront plus faciles à vaincre.

—                       Entre-temps, nous devons trouver le moyen d’éliminer Omnius, ajouta Barberousse. Chaque chose en son temps.

—                       Tu as sans doute raison, reconnut Agamemnon.

Il ne souhaitait pas prolonger plus longtemps cette réunion secrète et précéda les autres vers leurs vaisseaux individuels.

 — D’abord, nous détruisons la flotte de la Ligue. Ce ne sera qu’un tremplin avant de nous porter vers un adversaire plus difficile.


La Guerre Des Machines
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