« Je ne suis pas le mal, dit Shaitan.

N’essayez pas d’étiqueter ce que vous ne comprenez pas. »

Sutra bouddhislamique

 

Érasme, fasciné, observait Serena tandis qu’elle s’occupait des fleurs dans leurs pots de terra cota.

Elle leva la tête, sans être certaine de savoir jusqu’où elle pouvait  – ou devait  – pousser le robot.

—                       Érasme, ça n’est vraiment pas nécessaire, pour comprendre les humains, de leur infliger des supplices aussi cruels.

Le robot recomposa son visage en une expression perplexe.

—                       Cruels ? Telle n’a jamais été mon intention !

—                       Vous êtes mauvais, Érasme. J’ai vu comment vous traitez les êtres humains, comment vous les tourmentez, comment vous les torturez et les obligez à vivre dans des conditions atroces.

—                       Non, Serena, je ne suis pas mauvais, seulement curieux. Je suis fier des résultats objectifs de mes recherches.

Elle se tenait derrière une vasque de géraniums rouge vif, comme si elle pouvait se protéger d’une réaction violente du robot.

—                       Ah oui ? Et les séances de torture dans vos labos ?

Il affichait une expression indéchiffrable.

—                       Ce sont des recherches privées que je mène sous contrôle strict et délicat. Vous ne devez à aucun prix entrer dans les laboratoires. Je vous interdis de les voir. Je ne veux pas que vous dérangiez mes expériences.

—                       Vos expériences... avec eux... ou avec moi ?

Il réagit par un sourire placide, sans un mot.

Furieuse, consciente de tout le mal que la machine faisait et d’autant plus désespérée depuis qu’elle avait conscience de porter l’enfant de Xavier, elle réagit avec violence et fit basculer la vasque de géraniums qui se fracassa sur les dalles de la serre.

Érasme contempla les débris de terra cota, la terre répandue, les fleurs en désordre.

—                       À la différence des humains, dit-il, je ne détruis jamais sans discrimination, inutilement.

Serena leva fièrement le menton.

—                       Mais vous ne vous montrez jamais clément non plus. Pourquoi ne pas faire le bien, pour changer ?

—                       Faire le bien ? Quoi, par exemple ?

Érasme semblait sincèrement intéressé, soudain.

Le dispositif automatique d’arrosage se déclencha avec un sifflement discret. Serena ne tenait pas à laisser échapper sa chance et elle répliqua aussitôt :

—                       D’abord, nourrissez mieux vos esclaves. Pas seulement les servants privilégiés, mais aussi les domestiques de la villa et les pauvres épaves que vous gardez enfermées dans vos enclos.

—                       Et en leur accordant une meilleure alimentation, je ferai le bien ?

—                       Un aspect majeur de leur misère sera effacé ainsi. Qu’avez-vous à y perdre, Érasme ? Que redoutez- vous ?

Mais il ne mordit pas à l’hameçon et se contenta de dire :

—                       Je vais y réfléchir.

Quatre robots sentinelles interceptèrent Serena alors qu’elle vaquait comme d’habitude autour de la villa. Ils lui lancèrent des ordres brusques avant de l’escorter jusqu’à l’esplanade qui dominait la mer. Les machines étaient bien armées, avec des armes à projectiles implantées dans leur cuirasse et ne se montraient pas causantes. Elles la serraient de près.

La peur la gagna et elle tenta de reculer. Elle ne savait pas quelle expérience cruelle et naïve Érasme avait pu imaginer.

Dans le ciel limpide, des oiseaux tournaient loin au- dessus des falaises. Serena huma le parfum de sel et d’algues dans le grondement du ressac. Par-delà les pelouses douces et les bosquets fraîchement taillés qui dominaient les sordides enclos des esclaves, elle fut surprise de découvrir de longues tables autour desquelles étaient disposées des centaines de chaises. La brise était caressante sous le soleil et les robots avaient préparé un banquet, avec des couverts en argent, des coupes remplies de boissons colorées, des plats chargés de viande fumante, de légumes, de fruits, de desserts. Des bouquets de fleurs décoraient le tout. Le spectacle était ravissant, prometteur d’agapes joyeuses.

Les esclaves s’étaient regroupés derrière les barrières. Ils observaient les préparatifs avec une envie craintive. Des odeurs et des parfums flottaient dans l’air et Serena demanda enfin :

—                       Que signifie tout cela ?

Les quatre robots firent un pas en avant et s’immobilisèrent. Érasme apparut, avec une expression de satisfaction artistement composée.

—                       C’est un festin, Serena. N’est-ce pas merveilleux ? Vous devriez en être ravie.

—                       Je suis... intriguée.

Il leva ses mains métalliques et les robots ouvrirent alors les barrières en poussant en avant les esclaves. Intimidés, ils coururent vers les tables.

—                       J’ai fait un choix démographique très précis, poursuivit Érasme. Il y a là les représentants des différentes castes : des servants, de simples ouvriers, des artisans et même les plus grossiers des esclaves.

Les prisonniers s’étaient installés, rigides et silencieux, et ils regardaient les plats tout en crispant les mains. Tous étaient déconcertés, peureux. La plupart, visiblement, auraient aimé se trouver ailleurs car il n’y en avait aucun pour faire confiance au maître des lieux. Ils devaient penser que les mets étaient empoisonnés, probablement, et qu’ils mourraient dans des souffrances abominables tandis que le robot prendrait des notes.

—                       Mangez ! lança Érasme. J’ai préparé ce festin pour vous. Je fais le bien.

Serena comprit enfin.

—                       Ça n’est pas ce que j’entendais par là, Érasme. Je souhaitais que vous leur donniez de meilleures rations afin d’améliorer leur nourriture quotidienne et leur santé. Un banquet n’aura aucun effet.

—                       Ils feront preuve de bonne volonté envers moi. (Quelques esclaves se servaient, mais aucun n’avait encore osé avaler une bouchée.) Pourquoi ne mangent-ils pas ? Je me suis montré généreux.

Érasme quêta une réponse en regardant Serena.

—                       Vous les terrifiez, Érasme.

—                       Mais je ne suis pas mauvais, en ce moment ?

—                       Comment pourraient-ils le savoir ? Comment vous faire confiance ? Dites-moi la vérité : avez-vous empoisonné la nourriture ? Ou certains plats au hasard ?

—                       Cette idée est intéressante, mais elle ne fait pas partie de l’expérience. Pourtant, l’observateur affecte en général le résultat de son observation. Je ne vois pas comment contourner ce problème. (Il modula son visage en un large sourire.) A moins que je ne m’implique moi-même dans l’expérience.

Il dégagea une sonde gustative et se promena autour de la table la plus proche en goûtant les plats, les sauces, les épices. Sous les regards méfiants de ses hôtes.

Serena surprit plusieurs visages qui venaient de se tourner vers elle avec une expression d’espoir. Elle répondit par un sourire rassurant et dit à haute voix :

—                       Écoutez-moi. Profitez de ce repas, mangez autant que vous voulez. Érasme n’a aucune mauvaise intention aujourd’hui. (Elle se tourna vers lui et ajouta :) À moins qu’il ne m’ait menti.

—                       Je ne sais pas comment mentir.

—                       Je suis convaincue que vous sauriez apprendre en vous appliquant.

Elle s’avança jusqu’à une table, cueillit un morceau de viande et le dégusta. Ensuite, elle prit une tranche de fruit, puis du dessert.

Les gens lui souriaient, les yeux brillants. Pour eux, elle était comme un ange. Elle leur montrait que le festin était bel et bien un festin et non un piège funeste.

—                       Allez, mes amis, faites comme moi. Je ne peux espérer vous rendre la liberté, mais au moins, vous aurez un après-midi heureux.

Les esclaves s’abattirent alors sur les plats avec des grognements de plaisir. Sans élégance dans leur avidité terrible, ils se souillaient de sauce puis se léchaient pour ne pas en perdre une goutte. Ils adressaient des regards de gratitude et d’admiration à Serena, et elle en éprouvait du bonheur.

Pour la première fois dans son existence électronique, Érasme avait fait le bien et elle espérait vraiment l’inciter à le faire plus souvent.

Une femme s’approcha d’elle et la tira par la manche. Elle avait une expression hagarde mais pleine d’espérance dans ses grands yeux noirs.

—                       C’est quoi votre nom ? questionna-t-elle. Il faut qu’on le sache. Nous allons dire aux autres ce que vous avez fait ici.

—                       Je m’appelle Serena Butler. Et j’ai demandé à Érasme d’améliorer vos conditions de vie. Je crois qu’il veillera à ce que vous soyez mieux nourris tous les jours. (Elle se tourna à nouveau vers le robot et demanda d’un ton appuyé :) Est-ce exact ?

Érasme avait un sourire placide, comme s’il était satisfait non pas de ce qu’il avait accompli, mais des détails intéressants qu’il avait pu observer.

—                       Comme vous voudrez, Serena Butler.


La Guerre Des Machines
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