L’intuition est une fonction qui permet aux humains de voir dans les coins. Elle est particulièrement utile pour ceux qui sont exposés à des conditions naturelles dangereuses.

Dialogues d’Érasme

 

Fille du Vice-roi de la Ligue des Nobles, Serena Butler avait appris à travailler durement pour servir l’humanité, dans l’espoir d’un avenir lumineux qui pourrait s’édifier sur cette guerre perpétuelle contre les machines. Mais jamais encore elle n’avait imaginé qu’elle pourrait devenir une esclave au service d’un robot.

Dès qu’elle avait vu Érasme sur le seuil de la plazza de sa villa, elle l’avait haï intensément. La machine pensante était intriguée et Serena s’était dit que cet intérêt était sans nul doute dangereux.

Il affectionnait les vêtements élégants, les robes vagues et fluides, les fourrures fines, tout ce qui paraissait absurde sur son corps de machine. Elle se disait que son visage miroir lui conférait une apparence totalement étrangère, et son comportement la faisait frissonner de crainte. Quant à son incessante curiosité, elle était perverse et anormale. Il avait traversé la Plazza pour l’accueillir et le tissu de son visage s’était plissé en un sourire ravi.

—                       Vous êtes Serena Butler. Vous a-t-on informée que Giedi Prime avait été reconquise par les humains féroces ? Quelle déception. Pourquoi les humains sont-ils prêts à se sacrifier pour maintenir ce chaos tellement inefficace ?

Cette nouvelle fit naître une onde de bonheur dans son cœur. C’était en partie grâce à ses efforts que Xavier avait pu investir Giedi Prime avec l’Armada, après que les ingénieurs de Brigit Paterson eurent réussi à activer les émetteurs secondaires. Mais elle était prisonnière des robots désormais, leur esclave  – alors qu’elle portait en elle l’enfant de Xavier. Nul ne savait ce qui lui était arrivé ni où elle se trouvait. Xavier et son père devaient être fous de chagrin, persuadés que les machines l’avaient tuée.

—                       Peut-être n’est-il pas surprenant que vous ne puissiez comprendre la valeur du concept de liberté pour l’être humain. Même avec tous vos circuits compliqués, vous restez une machine. La compréhension n’a pas été programmée dans votre intelligence.

Elle avait les yeux brûlants à la seule idée de tout ce qu’elle voulait encore faire pour aider son peuple. Sur Salusa, elle avait grandi dans la richesse mais avait toujours éprouvé le besoin de mériter son sort en venant au secours des gens.

Elle ajouta à l’intention du robot :

—                       Êtes-vous curieux ou... inquisiteur ?

—                       Sans doute les deux. (Il la scrutait et nota l’angle orgueilleux de son petit menton.) J’attends de vous bien des éclaircissements. (Il lui effleura la joue avec un long doigt flexible.) Quelle peau adorable.

Elle s’efforça de ne pas se dérober. La résistance doit plus compter que la fierté pour un prisonnier, lui avait dit sa mère, une fois. Si elle luttait, Érasme ne ferait que resserrer sa prise, ou bien se servirait d’ustensiles de torture.

—                       Ma peau n’est pas plus belle que la vôtre, dit- elle, si ce n’est qu’elle n’est pas synthétique. Elle a été conçue naturellement et non par le cerveau d’une machine.

Érasme eut un petit rire.

—                       Vous voyez, je compte apprendre beaucoup de vous.

Il la précéda dans les serres luxuriantes où Serena admira les plantes avec un ravissement qu’elle s’efforça de ne pas montrer.

Elle avait dix ans quand elle était tombée sous le coup d’une fascination amoureuse pour le jardinage. Elle avait fait pousser d’innombrables plantes, des aromates et des fruits exotiques qu’elle offrait aux centres médicaux, aux camps de réfugiés, aux asiles d’anciens combattants où, déjà, elle travaillait comme simple volontaire. Dans tout Zimia, elle était renommée pour sa facilité à cultiver les plus belles fleurs : d’exquises roses naines d’Immia, des hibiscus de Poritrin et même de délicates violettes du matin de la lointaine Kaitain.

—                       Je voudrais que vous entreteniez les jardins de la plazza. Ils me sont si chers, dit Érasme.

—                       Pourquoi les machines ne se chargent-elles pas de ce genre de travail ? Je suis certaine qu’elles seraient bien plus efficaces que moi  – ou bien prenez-vous un plaisir particulier à ce que ce soient vos « créateurs » qui le fassent ?

—                       Vous ne vous sentez pas à la hauteur de la tâche ?

—                       Je ferai ce que vous m’ordonnerez  – pour le bien des plantes. (Elle se détourna et toucha une fleur rouge et orangé à la forme insolite.) On dirait bien un oiseau de paradis, une fleur d’une variété très ancienne. La légende dit que ces plantes étaient très prisées par les rois de la mer de la Vieille Terre. (Elle regarda Erasme avec une trace de défiance.) Je viens de vous apprendre quelque chose.

Il répéta le même rire léger, comme un duplicata du premier.

—                       Excellent. Maintenant, dites-moi ce que vous pensez vraiment.

Des paroles de son père revinrent à sa mémoire : La peur incite à l’agression : ne la montre jamais à un prédateur.

—                       En vous parlant de cette fleur, je pensais que je méprise toutes les machines de votre espèce. J’étais un être libre et indépendant jusqu’à ce que vous me preniez. Les machines, les robots m’ont pris ma maison, ma vie et l’homme que j’aime.

Érasme ne se montra nullement offensé.

—                       Ah, oui, votre amant ! C’est lui qui vous a fécondée ?

Elle ne put se retenir de le foudroyer du regard. Puis, elle endigua le torrent de sa colère. Elle pouvait peut- être trouver un moyen de se servir de la curiosité du robot, de la retourner contre lui d’une certaine façon.

—                       Vous apprendrez beaucoup de moi si je coopère, si je m’exprime librement. Je peux vous enseigner certaines choses que vous ne sauriez apprendre par vous- même.

—                       Excellent, dit Érasme, qui semblait sincèrement séduit.

Le regard de Serena se fit dur.

—                       Mais j’espère quelque chose en retour. Que vous garantissiez la sûreté de mon bébé. Que vous me permettiez de l’élever ici.

Érasme savait que c’était une inquiétude essentielle chez les humains, et aussi comment en tirer parti.

—                       Vous faites preuve d’arrogance ou bien d’ambition. Mais je vais réfléchir à votre requête, dans la mesure où j’apprécierais nos discussions et nos débats.

Il repéra à cet instant un scarabée dans un bac de grès et le repoussa d’un coup de pied précis. La carapace de l’insecte était noire avec un dessin rouge compliqué. La peau de polymère élastensible de son visage afficha une expression amusée. Il laissa la bestiole s’enfuir un bref instant, puis lui bloqua la route, l’obligeant à repartir dans une autre direction.

—                       Vous et moi, Serena Butler, dit-il enfin, nous avons beaucoup en commun.

Il activa un cube musical de Chusuk qu’il avait acquis en contrebande, espérant que la mélodie précieuse lui ferait révéler ses émotions profondes.

—                       Chacun de nous a un esprit indépendant. C’est ce que je respecte en vous, parce que cela fait aussi partie intégrante de ma propre personnalité.

Serena trouvait cette comparaison repoussante, mais elle se tut.

Érasme prit le scarabée dans le creux de sa main, mais son attention restait fixée sur Serena  – le secret que les humains pouvaient garder sur eux-mêmes l’intriguait. Il se disait qu’en appliquant des pressions diverses il pourrait avoir une chance de pénétrer au fond de son esprit.

Sur fond de musique, Érasme reprit :

—                       Il existe des robots qui conservent leur personnalité propre plutôt que de charger une partie du suresprit. J’ai commencé comme machine pensante sur Corrin, mais j’ai choisi de ne pas accepter les mises à jour régulières d’Omnius qui m’auraient synchronisé avec le suresprit.

Serena vit que le scarabée était immobile dans sa paume de métal. Elle se demanda si Érasme l’avait déjà tué.

—                       Mais un événement singulier vint changer ma vie. (Le ton du robot était vif et joyeux comme s’il racontait une promenade en forêt.) J’étais parti avec une mission de reconnaissance privée pour les territoires inexplorés de Corrin. J’étais déjà curieux et je refusais d’accepter les analyses standard d’Omnius. Je me suis aventuré dans le paysage, seul. Il était rude, rocailleux, sauvage. Je n’avais jamais vu de végétation, sauf dans les secteurs où les terraformeurs du Vieil Empire avaient implanté des écosystèmes nouveaux. Corrin n’a jamais été une planète vivante, vous savez, sauf là où les humains étaient passés. Malheureusement, l’entretien des sols fertiles et la décoration du paysage n’ont jamais été les priorités des miens. (Il s’interrompit pour sonder Serena et savoir si elle appréciait son récit.)

« Alors que je me trouvais éloigné du réseau de protection de la cité et des systèmes robotiques, je me retrouvai inopinément dans une violente tempête solaire. La géante rouge qui est le soleil de Corrin est instable, secouée par des phénomènes fréquents, des éruptions, des ouragans radioactifs. De telles conditions mettent en péril les formes de vie biologiques, pourtant les premiers colons humains étaient particulièrement résistants.

« Mes délicats circuits neuro-électriques, par contre, se révélèrent plus sensibles. Je le sais, j’aurais dû dépêcher des scanners pour détecter l’approche de tempêtes de ce genre, mais j’étais trop absorbé par mes recherches. Je fus exposé au flux de radiations, seul et désorienté, loin du complexe régi par l’Omnius de Corrin. (Le robot semblait soudain embarrassé.) Je me suis égaré et... je suis tombé dans une étroite crevasse.

Serena ne put s’empêcher de le regarder avec surprise.

 — La crevasse était très profonde, mais je ne fus que peu endommagé. (Il leva un bras, examina le tissu organo-plastique et le revêtement de métal élastensible.) J’étais totalement immobilisé, pris au piège et hors de portée de tout émetteur. Je suis resté ainsi durant toute une année de Corrin... ce qui fait presque vingt années standard terriennes.

« L’ombre dense de la crevasse m’abritait des radiations du soleil, et très vite mes processeurs mentaux se remirent à fonctionner. J’étais éveillé, mais je n’avais nulle part où aller. Je ne pouvais pas bouger, mais je pouvais penser, et cela dura très, très longtemps. Je passai là une année brûlante, coincé dans la roche, avant d’être enfermé pour un hiver prolongé dans un manteau de glace dure. Deux décennies standard s’écoulèrent ainsi où je n’avais qu’une occupation : réfléchir.

—                       Sans personne à qui parler, ajouta Serena, si ce n’est vous-même. Pauvre robot perdu...

Érasme ignora l’ironie.

—                       Cette épreuve modifia ma nature fondamentale d’une manière que je n’avais nullement prévue. À vrai dire, Omnius lui-même ne comprend toujours pas aujourd’hui.

Quand il avait été enfin repéré et sauvé par les autres robots, Érasme avait développé une personnalité propre. Après sa restauration et sa réintégration dans la société des machines, Omnius lui avait demandé s’il souhaitait être remis à niveau selon les normes standard.

—                       Remis à niveau, répéta-t-il avec une note d’amusement. Mais non, j’ai décliné l’offre d’Omnius. Après avoir atteint ce niveau de... révélation, je n’avais aucune envie d’effacer mes impulsions, mes idées, mes pensées, mes souvenirs. Cela me paraissait une perte impossible à supporter. Et puis, l’Omnius de Corrin découvrit très vite qu’il prenait plaisir à nos joutes verbales.

Il darda ses fibres optiques sur l’insecte immobile au creux de sa main artificielle et dit d’un ton posé :

—                       Je suis célèbre entre tous les suresprits. Ils guettent impatiemment mes mises à jour, les récits de mes actions, mes déclarations. C’est comme un... magazine. On appelle cela les « Dialogues d’Érasme ».

Méfiante, Serena montra l’insecte inerte.

—                       Et vous y avez inclus un entretien avec ce scarabée ? Comment comprendre ce que vous avez tué ?

—                       Il n’est pas mort. J’ai décelé une pulsion de vie, certes faible mais indéniable. Cette créature veut que je la croie sans vie, dans l’espoir que je la rejette. En dépit de sa petite taille, son espoir de survivre est particulièrement fort.

Érasme s’agenouilla, déposa l’insecte sur une dalle avec un geste d’une douceur surprenante, puis recula. L’instant d’après, la bestiole dressa ses antennes avant de déguerpir à l’abri d’un bac à plantes.

—                       Vous voyez ? Je souhaite comprendre toute chose vivante  – vous y compris.

Serena était rassérénée : le robot avait réussi à la surprendre.

—                       Omnius ne croit pas que je puisse un jour parvenir à son niveau intellectuel. Mais il reste intrigué par ma souplesse intellectuelle. Par la façon dont mon esprit évolue continuellement dans des directions nouvelles, mû par des impulsions. Tout comme ce scarabée, je suis capable de m’accrocher à la vie et de persévérer.

—                       Est-ce que vous espérez devenir plus qu’une machine ?

Sans s’offenser, il répliqua :

—                       C’est un des caractères de l’être humain que de chercher à s’améliorer, n’est-ce pas ? C’est ce que j’essaie de faire.


La Guerre Des Machines
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