Il existe une certaine outrecuidance vis-à-vis de la science : la certitude que plus nous développons la technologie, plus nous apprenons et plus notre vie s’améliore.

Tlaloc, Le Temps des Titans

 

Tout ce que l’on peut imaginer peut devenir réel... avec suffisamment de génie.

Tio avait répété ces paroles lors d’une bonne centaine de discours devant le Conseil des Nobles de Poritrin. Ses concepts et ses réalisations faisaient naître des rêves et renforçaient la confiance dans les capacités technologiques des humains face aux machines.

Ce mantra avait été repris par son protecteur, le Seigneur Niko Bludd, ainsi que par les représentants de la Ligue des Nobles. Dès le début de sa carrière, Holtzman s’était aperçu que ça n’était pas toujours les meilleurs scientifiques qui avaient droit aux récompenses et aux subventions mais les meilleurs comédiens, les politiciens les plus efficaces.

Holtzman le Grand Savant était un authentique scientifique, avec un acquis technique exceptionnel. Ses inventions et ses armes lui avaient valu un triomphe mérité et avaient été employées avec succès contre Omnius. Mais il s’était arrangé pour s’attirer plus de publicité et d’audience que ses réussites ne le justifiaient. Avec ses dons d’orateur et son talent pour magnifier certains détails, il était parvenu à se construire un piédestal, une aura de gloire. Holtzman le Savant était devenu le Héros de Poritrin. Il n’avait pas son pareil pour conquérir les foules, pour éveiller le sens du merveilleux, du scientifiquement possible dans les esprits de ceux qui l’écoutaient.

Afin d’entretenir sa mythologie personnelle, Holtzman s’attaquait constamment à de nouvelles idées  – qui exigeaient de l’inspiration et donc de longues périodes de réflexion ininterrompue. Il adorait laisser rouler les possibilités comme des cailloux à flanc de montagne. Quelquefois, les cailloux s’immobilisaient, ils faisaient beaucoup de bruit pour rien, très souvent, mais ils pouvaient aussi déclencher une avalanche.

Tout ce que l’on peut imaginer peut devenir réel.

Mais d’abord, il fallait que ce soit imaginé, présent dans la vision de son créateur.

De retour chez lui, après le désastre de Salusa Secundus, il avait loué une cabine privée à bord d’une barge aérienne, l’un des zeppelins qui partaient de la cité de Starda, sur le delta, pour dériver vers l’intérieur des terres, portés par les courants d’air chaud, loin au- dessus des plaines infinies de Poritrin.

Sur le pont promenade, Holtzman contemplait l’océan brun et vert des prairies et des bocages incrusté d’îlots bleus qui étaient autant de lacs. Vus du ciel, les nuages d’oiseaux semblaient des bancs de poissons. Le bateau du ciel flottait dans l’air lumineux, paresseusement, sans but précis.

Le regard d’Holtzman se perdait à l’horizon. Au- delà, il existait des distances sans limite, des possibilités à l’infini. Des lieux hypnotiques qui favorisaient la méditation. Là-bas, son esprit s’ouvrait, là-bas il continuait la trame des concepts les plus fous, il traquait chaque idée lumineuse comme un prédateur.

Le dirigeable survolait des figures géométriques qui étaient comme des tatouages sur la planète : des acres soigneusement délimités et consacrés à la canne à sucre, aux céréales, ou encore aux plantes à fibres qui donnaient le textile précieux de Poritrin. Il discernait en se penchant les esclaves qui s’épuisaient dans les champs, disséminés autour des ranches comme des insectes laborieux.

Obéissant aux règles bucoliques issues du Nova- christianisme, les gens de Poritrin avaient banni les engins agricoles informatisés pour ramener leur société à ses racines plus précaires et modestes. Privés des machines sophistiquées, une main-d’œuvre manuelle leur était nécessaire. Il y avait bien des années, Sajak Bludd avait été le premier noble de la Ligue à recourir à l’esclavage pour entretenir une agriculture à grande échelle.

Il avait justifié sa démarche en sélectionnant seulement ceux qui avaient une dette envers l’humanité, pour la plupart des lâches bouddhislamiques qui avaient fui devant les Titans et les intelligences artificielles plutôt que de les affronter. S’ils n’avaient pas eu peur de défendre l’humanité, disait Sajak Bludd, ils auraient pu changer l’issue de la guerre. Travailler dans les champs était le moindre châtiment qui pouvait frapper leurs descendants...

Holtzman s’aventura plus loin sur le pont, accepta une flûte de jus de fruits qu’il sirota rêveusement. Une fois encore, il savoura la vue sur les étendues verdoyantes et se félicita d’avoir choisi cet intermède mental. Ici, rien ne pouvait le distraire... mais rien ne l’inspirait non plus. Le grand savant qu’il était embarquait souvent pour ce genre de croisière paisible à seule fin de rassembler ses pensées en contemplant le paysage et en s’abandonnant à ses songes. Mais il pensait cependant, alors que tous ses compagnons de croisière ne faisaient que prendre des vacances.

Se fiant à ses précédentes réussites et découvertes, Ni ko Bludd le laissait libre de développer à sa fantaisie ses idées d’innovation en matière de défense et d’armement. Malheureusement, depuis une bonne année, le découvreur en était venu à acquérir la conviction qu’il était à court d’idées.

Car le génie n’était rien sans impulsion créatrice. Certes, le Savant pouvait encore se reposer sur ses triomphes anciens. Mais il était cependant tenu de proposer régulièrement de nouvelles inventions, sinon le Seigneur Bludd lui-même finirait par douter de lui.

Ce qu’Holtzman ne pouvait se permettre pour une question de simple fierté.

La facilité avec laquelle les cymeks avaient brisé le rideau de brouillage de Salusa Secundus l’avait profondément gêné. Comment avait-il pu négliger le fait  – de même que les autres ingénieurs et techniciens qui avaient travaillé sur le projet  – que les cymeks avaient un cerveau humain, qu’ils n’étaient pas des IA à circuit-gel ? Une faute notable et désastreuse.

Malgré tout, l’espoir et la fidélité de son entourage  – sans parler des subventions généreuses  – le soutenaient comme des béquilles fragiles. Les gens n’accepteraient plus qu’il se retire désormais. Il devait trouver une autre solution, sauver une fois encore la situation.

Quand il avait retrouvé ses luxueux laboratoires de Starda, il s’était lancé dans des recherches fiévreuses, il avait lu tous les rapports et les articles théoriques qu’on lui avait transmis en essayant d’y dénicher des possibilités exploitables. Il s’était heurté à de multiples articles ésotériques, voire incompréhensibles, mais, çà et là, une ou deux idées l’avaient marqué.

Pour sa retraite mentale au-dessus des plaines de Poritrin, il avait emporté un grand nombre d’enregistrements. Parmi lesquels figurait un article ambitieux et énigmatique rédigé par une théoricienne de Rossak du nom de Norma Cenva. Elle n’avait pas de références dont il eût connaissance, mais les concepts qu’elle avançait étaient presque stupéfiants. Elle considérait les choses simples sous un éclairage complètement différent. Il avait le sentiment qu’ils étaient proches l’un de l’autre. C’était une sorte d’appel instinctif. Et elle avait un profil tellement bas...

Les étoiles scintillaient dans le ciel profond de Poritrin quand il retrouva sa cabine de passager solitaire. Tout en sirotant une tisane de fruits, il relut les calculs de Norma, ferma les yeux pour les faire défiler dans son esprit, à l’affût de la moindre erreur, tout en essayant de comprendre. Cette jeune mathématicienne inconnue ne semblait avoir aucune prétention, comme si elle se contentait d’avancer des idées nouvelles qu’elle aurait cueillies dans les nuages pour les partager avec un homme qu’elle considérait comme un collègue intellectuel. Stimulé par certaines de ses déviations, il prit conscience que ses doutes étaient dus à ses défaillances plus qu’aux postulats qu’avançait Norma Cenva qui paraissait divinement inspirée.

Exactement ce dont il avait besoin.

Agité, il réfléchit à cet article jusque tard dans la nuit. Finalement, alors que l’aurore pointait, il s’abandonna au sommeil. Il avait pris sa décision. La barge flottait dans les brises douces, loin au-dessus du paysage plat et velouté. Les prés et les champs étaient effleurés par la lumière rose et Holtzman le Savant sommeillait à présent avec un sourire paisible.

Avant peu, il rencontrerait Norma. Il se pourrait que certains de ses concepts puissent s’appliquer aux engins qu’il comptait employer contre les machines pensantes.

Ce même après-midi, il rédigea une invitation destinée à Norma Cenva et l’expédia à destination de Rossak par un courrier de la Ligue. Cette jeune femme qu’il ne connaissait pas encore et qui avait grandi dans les jungles pourrait bien être son salut... s’il savait contrôler habilement la situation.


La Guerre Des Machines
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