Dans le cours de l’Histoire, ce sont les espèces les plus fortes qui gagnent, invariablement.

Tlaloc, Le Temps des Titans

 

Après avoir trouvé refuge sur Arrakis, la planète du désert, les Errants Zensunni devinrent des charognards sans grand courage. Même dans leurs expéditions lointaines pour récupérer des éléments utiles, les nomades ne s’écartaient guère des rochers, évitant d’affronter le désert profond et ses habitants, les vers démons.

Il y avait bien longtemps, le chimiste impérial Shakkad le Sage avait noté les propriétés rajeunissantes de l’obscur Mélange, l’épice naturelle pour laquelle il existait un petit marché qui intéressait les hors-monde du spatioport d’Arrakis Ville. Mais Arrakis était trop éloignée des voies spatiales les plus fréquentées et le Mélange n’avait jamais constitué une ressource économique.

 — Une petite ivresse, mais pas la richesse, avait déclaré un marchand revêche au Naib Dharta.

Néanmoins, l’épice était un produit alimentaire de première nécessité et les Zensunni continuaient à la récolter... mais en se limitant au désert abrité par les rochers.

Dharta avait pris la tête d’un groupe de six hommes. Ils venaient de s’engager sur une crête de sable aggloméré où ils laissaient l’empreinte de leurs pas comme autant de sceaux dans la poussière. Ils étaient enveloppés dans des turbans blancs qui ne laissaient voir que leurs yeux. Leurs longues capes flottaient dans la brise, montrant les outils et les armes suspendus à leur ceinturon. Dharta remonta un peu plus son masque pour éviter de respirer la poussière abrasive. Il gratta le tatouage de sa joue, qui le démangeait douloureusement, et plissa les yeux, guettant le danger.

Nul ne songea à observer le ciel limpide du matin jusqu’à ce que leur parvienne un sifflement qui se mua très vite en un ululement. Pour le Naib Dharta, cet appel évoquait la plainte d’une femme qui venait d’apprendre la mort de son époux.

Levant les yeux, il vit une balle argentée qui traversait l’atmosphère et reconnut alors le bruit suraigu et rarissime des propulseurs. L’objet tomba vers le sol avant de freiner en oscillant, comme s’il cherchait un endroit où se poser. Soutenu par la poussée de ses quatre turbines, il s’abattit dans les dunes à moins d’un kilomètre de Dharta et de ses hommes dans un geyser de sable et de suie noirâtre.

Le Naib était figé sur place, vigilant, silencieux, tandis que ses six hommes commençaient déjà à bavarder, surexcités. Le jeune Ebrahim était aussi impressionné que le propre fils de Dharta, Mahmad. Les deux garçons voulaient absolument partir en avant pour voir ce qu’il en était.

Mahmad était un bon garçon, prudent et respectueux. Mais Dharta n’avait pas une très bonne opinion d’Ebrahim, qui aimait raconter des histoires et s’inventer des exploits imaginaires. Et puis, il y avait eu cet incident à propos d’eau dérobée, un délit impardonnable. Initialement, le Naib avait pensé que deux garçons étaient compromis, Ebrahim et Selim. Mais Ebrahim avait très vite rejeté toute responsabilité et désigné l’autre garçon comme coupable. Selim avait paru bouleversé par l’accusation, mais il n’avait pas nié.

En plus, le père d’Ebrahim avait fait une proposition généreuse à Dharta afin de sauver son fils... et c’était donc l’enfant orphelin qui avait été frappé de bannissement. Ça n’était guère une perte pour la tribu. Un Naib avait souvent des décisions difficiles à prendre.

Les récupérateurs s’étaient tournés vers leur chef et il était conscient qu’il ne pouvait ignorer le vaisseau qui venait de s’écraser dans le désert, d’où qu’il vienne.

 — Nous devons aller fouiller cette chose, décida- t-il.

Ebrahim et Mahmad se précipitèrent bien avant les autres vers la colonne de poussière qui indiquait l’impact. Dharta n’aimait guère s’aventurer au large des rochers, mais il se pouvait qu’il y ait là-bas, au loin, un trésor inespéré. Etranger, bizarre.

À présent, les Zensunni escaladaient rapidement les dunes, dévalant hardiment les contre-pentes dans des nuages de sable fauve. Et quand ils atteignirent enfin le cratère creusé par le véhicule venu d’ailleurs, ils haletaient sous leurs masques. Le Naib s’arrêta au bord de l’excavation de sable brûlé, entouré par sa horde. Sous l’effet de la chaleur, les cristaux de silice avaient formé des larmes insolites, un caramel safrané accroché au sable intact, une sorte de salive.

Au fond du cratère, il y avait un objet mécanique de la taille de deux hommes, avec des arêtes et des ailerons qui s’éveillaient en bourdonnant et frémissaient. La coque centrale, elle, apparemment en fibres de carbone, était encore fumante. Un engin venu de l’espace ? se demanda le Naib.

L’un de ses hommes recula en levant la main.

Ebrahim, comme toujours trop zélé, se pencha un peu plus avant, mais le Naib posa la main sur le bras de son fils Mahmad. Il préférait que le plus idiot prenne tous les risques.

La capsule écrasée était de trop petite taille pour des passagers. Les lumières de la coque clignotaient, de plus en plus vives, et les parois s’abattirent soudain comme des ailes de dragon, révélant à l’intérieur des articulations mécaniques, des unités électriques, des moteurs de recherche et de destruction. Des convertisseurs miroitants se déployèrent sous les rayons du soleil.

Ebrahim dévala la pente de sable fondu.

—                       Naib, imaginez ce que ça pourrait rapporter au spatioport ! Si j’y entre le premier, c’est à moi que reviendra la plus grosse part !

Dharta était sur le point de tancer son fils adoptif, mais quand il vit que personne  – même pas son fils légitime  – ne s’opposait à Ebrahim, il hocha la tête et dit :

—                       D’accord, si tu réussis, tu auras droit à un supplément.

Même si l’objet tombé du ciel était détruit, les nomades du désert pourraient toujours faire fondre le métal pour leur usage personnel.

Tout bravache qu’il était, Ebrahim s’arrêta à mi- pente, scrutant d’un regard méfiant l’épave qui continuait à vibrer et à résonner sourdement dans le sable. Des bras et des jambes flexibles en sortirent lentement, articulés sur des composants flexibles, tandis que des objectifs et des miroirs pivotaient à l’extrémité de tentacules de carbonates. La sonde évaluait son environnement comme si elle ne possédait encore aucune information sur son site d’atterrissage.

Elle ne semblait pas s’inquiéter des humains qui l’approchaient. Jusqu’à ce qu’Ebrahim cueille une pierre et la lance en criant : « Ai ! Ai ! »

Elle percuta la coque avec un bruit violent et le mécanisme s’arrêta un bref instant avant de tourner ses objectifs et ses scanners vers l’intrus. Ebrahim se laissa tomber à genoux.

Des faisceaux de lumière aveuglante l’atteignirent en pleine figure. Puis une flammèche de chaleur cohérente l’enveloppa et le projeta en arrière dans un nuage de chair et d’os calcinés. Un souffle de tissus en flammes monta au-dessus du cratère, entraînant des fragments de main et de pied.

Mahmad hurla tandis que le Naib ordonnait à ses hommes de battre en retraite. Ils dévalèrent la dune et s’enfuirent. Ils s’arrêtèrent à cinq cents mètres de là sur la crête d’une dune d’où ils pouvaient observer le cratère. Ils joignirent leurs mains pour prier et Dharta le poing droit. Ce fou d’Ebrahim avait réveillé la chose mécanique et l’avait payé de sa vie.

Les nomades pillards restaient paralysés. La sonde venue du ciel n’avait rien à leur livrer. Bien au contraire, dans un concert de claquements et de coups sourds, la machine était en train de se reformer, de développer des structures nouvelles autour de sa coque principale. Un bac de traitement se forma sur le devant comme un abdomen complexe, et des louches écopèrent le sable, à l’extrémité de tiges translucides qui faisaient office de supports structurels. La machine émit alors de nouveaux composants, s’agrandit et, enfin, se mit en marche pour s’extraire du cratère à grand bruit.

Dharta était perplexe. Il était certes le Naib mais, en l’occurrence, il ne savait quoi faire. Ce problème le dépassait. Il se dit que quelqu’un, au spatioport, comprendrait probablement, mais l’idée de faire appel aux hors-monde lui faisait horreur. Et cette chose pouvait valoir une fortune et il ne se sentait pas prêt à l’abandonner.

—                       Père, regardez ! s’écria Mahmad en se tournant vers l’étendue désertique. Cette machine démone va payer pour la mort de mon ami !

Dharta distingua alors la ride mouvante du Léviathan qui approchait, l’onde de sable annonciatrice du monstre. La sonde continuait sa progression rythmique, indifférente à l’environnement, aux humains qui la guettaient. C’était un énorme insecte de polycarbonates porté par des membres de silicium solides comme des poutrelles, indestructibles.

Le ver était tout proche à présent et le haut de sa tête affleurait le sable, rejetait deux vagues d’ocre et de brun-rouge. Et sa gueule s’ouvrit, plus vaste que le cratère de la machine, pareille à une pelle sombre.

La sonde robotique leva ses bras capteurs et ses yeux. Elle venait de sentir l’attaque mais elle n’en comprenait pas la source. Elle tira quelques traits de feu qui s’enfoncèrent dans le sable mou.

Le ver engloutit la chose mécanique et replongea dans l’instant vers les profondeurs du sable.

Le Naib Dharta et ses hommes restèrent pétrifiés. Ils savaient que s’ils fuyaient maintenant, ils attireraient inévitablement le ver pour un second festin.

Ils virent son sillage au loin peu après. Il regagnait le large. Le cratère avait été effacé et il ne restait rien de la chose mécanique. Rien non plus d’Ebrahim.

Dharta secoua la tête et se tourna vers les survivants.

—                       Ceci restera une légende, une ballade magnifique que nous chanterons dans nos cavernes la nuit venue... (Il inspira profondément et se retourna.) Mais je doute que quiconque puisse croire à cette histoire...


La Guerre Des Machines
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