La science, déguisée en bienfait de l’humanité, est une force dangereuse qui modifie souvent les processus naturels sans en voir les conséquences. Dans un tel scénario, la destruction de masse est inévitable.

Cogitor Reticulus,

Observations faites du haut de mille années

 

Tio Holtzman avait achevé ses tests avec tous les projectiles et explosifs existants et il était impatient de lancer la production commerciale de son bouclier. Il avait déjà eu des entretiens avec la direction des usines de la ceinture minière nord-ouest de Poritrin et les ateliers d’assemblage de Starda. Les esclaves allaient lui permettre de faire des profits substantiels. Avec ses brevets, tout comme le Seigneur Bludd son patron, il serait l’un des hommes les plus riches de la Ligue des Nobles.

Malheureusement, alors qu’il travaillait sur les projections d’inventaire et de fournitures, se comportant plus en homme d’affaires qu’en scientifique, il parvint à une conclusion inéluctable. Poritrin, monde bucolique et agricole au demeurant, ne saurait répondre à la demande qu’une invention aussi merveilleuse ne saurait manquer de déclencher. Le Seigneur Bludd ne serait nullement satisfait de céder cette affaire à un fabricant hors-monde, mais Holtzman n’avait pas d’autre choix que d’aller chercher dans les autres complexes industriels de la Ligue.

Avant de vendre ses unités de fabrication à la Colonie de Vertree ou aux nouveaux périmètres de Giedi Prime, il se dit qu’il devait tester son bouclier personnel contre une arme sans projectile : un rayon d’énergie. Les armes à laser étaient tellement moins efficaces que les explosifs ou les simples projectiles qu’elles n’étaient presque jamais utilisées au combat. Néanmoins, il devait s’en assurer.

Pour le dernier test, il ordonna à ses gardes de se procurer un fusil laser dans l’ancienne armurerie. Ils cherchèrent longtemps, brandissant une pléthore de réquisitions, et dénichèrent enfin l’arme précieuse qu’ils amenèrent jusqu’aux laboratoires d’Holtzman. Tous les tests précédents s’étaient révélés positifs et de moins en moins excitants. Bientôt, il engrangerait les bénéfices.

Norma Cenva était redevenue sa collaboratrice à temps plein. Il la laissait s’immerger dans ses calculs tandis qu’il savourait son succès.

Pour le test du laser, il plaça un esclave derrière le bouclier. Il avait l’intention de tirer lui-même. Il ne s’était fait accompagner que par un seul assistant qui devait enregistrer les résultats. Il manipula longuement les contrôles de l’arme antique en se demandant comment déclencher le faisceau.

Norma entra soudain, le visage écarlate, en agitant les bras.

—                       Attendez ! Savant Holtzman, vous courez un terrible danger !

Il fronça les sourcils et la regarda comme un père devant sa fille turbulente.

—                       Ah, mais vous étiez tout aussi sceptique lors du test précédent. Regardez, je ne suis même pas dans la ligne de tir.

Mais Norma garda son expression de crainte.

—                       L’interaction de votre champ de force et d’un faisceau laser focalisé va provoquer des conséquences extraordinaires  – une destruction massive.

Elle lui présentait des feuillets couverts d’équations et de ses incompréhensibles notes.

Irrité, il abaissa son arme avec un lourd soupir.

—                       Je n’ose supposer que vous vouliez me montrer des bases de calcul pour ça ? (L’esclave zenchiite, de l’autre côté du bouclier, avait un regard inquiet.) Ou bien est-ce encore là le résultat de vos mystérieuses intuitions ?

—                       Savant Holtzman, j’ai été dans l’incapacité d’extraire une base spécifique de l’anomalie quand j’ai introduit un facteur d’énergie cohérente de laser dans l’interface du champ. Mais il existe à l’évidence un potentiel de singularité significatif.

Holtzman se pencha vers les griffonnages, mais ils ne lui disaient rien. Les lignes s’entremêlaient, les notations dérivaient, se brouillaient pour montrer des facteurs qu’il n’avait encore jamais vus. Il fronça les sourcils, se refusant à admettre qu’il ne comprenait rien.

—                       Ça n’est pas une preuve très valable, Norma  – ni très convaincante.

—                       Êtes-vous en mesure de la réfuter ? Pouvez-vous prendre un tel risque ? Cela pourrait provoquer un désastre pire que celui du générateur de résonance, une catastrophe énorme.

L’expression d’Holtzman resta de marbre, mais l’ombre d’un doute s’était insinuée dans son esprit. Il ne pouvait ignorer les arguments de cette jeune femme si brillante. Il s’était toujours dit en secret que Norma comprenait mieux que lui les concepts de son champ d’études.

—                       Très bien. Puisque vous insistez, je vais prendre une ou deux précautions. Vous avez des suggestions à me faire ?

—                       Faites le test le plus loin possible, sur une lune ou, mieux, un astéroïde.

—                       Un astéroïde ! Vous mesurez ce que ça va coûter ?

—                       Moins que de reconstruire tout Starda.

Il gloussa de rire avant de comprendre qu’elle ne plaisantait pas.

—                       Je vais retarder l’expérience autant que possible. Mais j’attends des preuves de votre part. Justifiez votre intuition avant que je sois obligé d’affronter tous ces frais et ces ennuis. Je ne peux pas m’appuyer sur le seul fait que vous ayez un mauvais pressentiment.

Norma Cenva était une scientifique, une mathématicienne, mais elle n’était absolument pas rodée en politique. Et, telle une enfant naïve, elle s’en alla voir le Seigneur Niko Bludd dans sa résidence nobiliaire, sur l’éperon qui surplombait l’Isana.

Le toit de tuiles vernissées qui couvrait la haute tour conique était en contraste absolu avec le métal bleuté si commun dans les constructions de Starda. Des Dragons étaient alignés dans le hall, semblables à des reptiles dorés avec leurs casques à cimier, leurs capes écarlates et leurs gantelets segmentés.

Bludd semblait d’humeur amène. Il tira sur sa barbe bouclée en souriant.

Bienvenue, jeune dame ! Savez-vous que, lors d’une réunion récente sur Salusa, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec votre mère ? Ses Sorcières ont repoussé une autre attaque cymek, dirigée contre Rossak, cette fois. Je comprends d’où vous tenez votre talent particulier.

Ses yeux bleus pétillaient.

Embarrassée, elle gardait les yeux baissés.

—                       À vrai dire, Seigneur Bludd, ma mère attend beaucoup de moi, mais cependant... (Elle leva les bras.) Comme vous pouvez le voir, je n’aurai jamais sa beauté.

—                       L’apparence n’est pas tout, fit Bludd sans accorder un regard aux cinq femmes ravissantes qui tournaient autour de lui. Le Savant Holtzman considère que votre esprit est riche d’idées remarquables. C’est lui qui vous a envoyée ? Il aurait un nouveau projet dont il souhaiterait me faire la démonstration ?

Une domestique élégamment vêtue leur présenta un plateau d’argent sur lequel étaient disposées deux coupes artistement ornées emplies d’une boisson claire et pétillante. Norma en prit une avec maladresse et but en même temps que le Seigneur Bludd.

—                       Oui, il prépare une autre démonstration, Seigneur Bludd. Mais je dois vous demander d’intervenir.

—                       Pour quelle raison ?

—                       Le Savant Holtzman veut essayer son nouveau bouclier avec un laser, mais il court au-devant du danger, Seigneur... Je... je crains une interaction violente. Extrêmement violente.

Elle s’expliqua ensuite en termes mathématiques pour défendre à fond ses convictions, mais Bludd leva les mains, confus, dépassé.

—                       Et que pense le Savant de votre inquiétude ?

—                       II... il a confiance en mes capacités, mais je redoute qu’il ne veuille faire cette expérience très vite et à faible coût. Il ne souhaite pas vous déplaire en y investissant trop d’argent. (Elle avait la gorge nouée devant sa propre audace.) Mais si je ne me trompe pas, les effets pourraient ravager tout un district de Starda, plus encore peut-être.

—                       Vous voulez dire que ça pourrait être... comme une explosion atomique ? (Bludd était stupéfait.) Mais comment est-ce possible ? Un bouclier est une arme défensive. Les atomiques sont destinées à détruire et...

—                       Les interactions secondaires et tertiaires sont difficiles à prévoir, Seigneur Bludd. Est-ce qu’il ne serait pas plus sage de prendre des précautions en dépit de la somme à dépenser ? Pensez aux profits que Poritrin va tirer de cette invention. Tous les personnages influents, tous les vaisseaux privés seront dotés d’un boucher individuel et vous recevrez à chaque fois des droits. (Elle cherchait où reposer sa coupe qui se faisait lourde dans sa petite main.) Par ailleurs, si l’on venait à découvrir cette faille après que les bouchers auront été mis sur le marché, imaginez les indemnités et les pertes.

Bludd passa nerveusement la main dans sa barbe avant de jouer avec la chaîne de joyaux précieux qui brillait sur sa poitrine.

—                       Très bien, je dois considérer cela comme un investissement. Le Savant Holtzman a déjà gagné une fortune suffisante pour commanditer cent fois ses idées excentriques, de toute manière.

Norma s’inclina.

—                       Je vous remercie, Seigneur Bludd.

En retournant vers son mentor, Norma n’avait toujours pas conscience de la gaffe qu’elle venait de commettre en contournant son autorité. Elle s’attendait à ce qu’un personnage du niveau de Tio Holtzman prenne des décisions rationnelles et non pas émotionnelles, sans tenir compte de ses conflits privés et de ses soucis mesquins.

Elle avait grandi avec les reproches constants de sa mère et avait appris à supporter les insultes. Comment le Grand Savant pouvait-il se comporter de façon plus médiocre encore ?...

L’expérience eut lieu sur un astéroïde désolé qui orbitait très loin de Poritrin.

Une équipe d’ouvriers dégagea un terrain au centre d’un cratère plat, mit en place des appareils d’enregistrement avant d’installer le dispositif de bouclier dans la croûte de poussière. Puis une frégate les remmena vers Poritrin.

Comme poste d’observation, Norma et Holtzman avaient choisi une navette militaire détachée de l’Armada. Le Savant avait envisagé de monter une série d’armes laser dans le cratère, tout autour de la cible. Mais, consciente de son budget limité, Norma lui avait suggéré qu’il suffirait de survoler la cible et de tirer dessus avec le vieux laser dont la navette était armée.

Ils étaient maintenant en approche et Holtzman, préoccupé, ne répondait pas aux quelques tentatives de conversation de Norma. Il était anxieux et sombre, et souhaitait avant tout prouver que sa jeune assistante s’était trompée. Norma se contenta donc d’observer les cuvettes laissées par les impacts des météorites, les amas de pierres en équilibre instable et les longues fissures des marées gravifiques. À vrai dire, ce petit monde avait depuis longtemps été ravagé par les forces cosmiques.

—                       Qu’on en finisse, fit Holtzman. Pilote, tirez dès que vous serez prêt.

Norma se pencha vers la baie. La navette volait à basse altitude et le bouclier était droit devant eux.

—                       Préparons-nous à ouvrir le feu, Savant Holtzman, dit-elle.

D’un ton désinvolte, il déclara :

—                       Vous allez voir que vous avez imaginé une excessive...

Le pilote tira et un trait ardent jaillit du petit vaisseau. Il était sur le point de parler quand la gerbe d’énergie lumineuse le fit taire. Même dans le silence du vide, l’onde de choc résonna plus violemment qu’un coup de tonnerre.

L’onde se propagea vers le haut et le pilote se débattit aux commandes en hurlant :

 — Cramponnez-vous !

Il lança les moteurs à pleine puissance et Norma se sentit écrasée par l’accélération, au bord de l’inconscience.

Un marteau colossal s’abattit sur l’arrière de la navette qui fut secouée comme un jouet. Elle partit à la dérive tandis que l’astéroïde se fragmentait, s’émiettait en rocs chauffés à blanc, bientôt liquéfiés, tournoyant en spirale.

Hébété, Holtzman détourna le regard du cœur ardent de l’explosion tandis que le pilote rétablissait péniblement l’équilibre du vaisseau.

À côté d’Holtzman haletant, muet, Norma elle- même restait pétrifiée. Elle se tourna vers son mentor et ses lèvres bougèrent sans émettre aucun son. Mais les mots n’étaient pas nécessaires. Si Holtzman avait procédé à son expérience dans son laboratoire, il ne resterait plus rien de sa résidence, une grande partie de la cité serait oblitérée et l’Isana aurait sans doute quitté son lit.

Il la regarda. D’abord avec colère, puis avec stupéfaction. Jamais plus il ne douterait de son intuition, jamais plus il ne mettrait en doute ses connaissances scientifiques.

Pourtant, un couteau lui fouaillait l’esprit, sa confiance était blessée, son image publique lacérée. Son mécène, Niko Bludd, saurait maintenant la vérité. Norma avait défié ouvertement le jugement d’Holtzman, et ses doutes s’étaient révélés justifiés.

Il ne voyait pas comment cacher à tous, sur Poritrin  – les seigneurs, les Dragons de sa garde, et même les esclaves  – que la mathématicienne de Rossak s’était montrée meilleure que lui. La nouvelle se répandrait vite.

Il s’était montré particulièrement médiocre, et cette blessure profonde pourrait bien ne jamais cicatriser.


La Guerre Des Machines
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