Mon copilote pense constamment à la femelle humaine, mais jusqu’alors cela ne semble pas l’avoir distrait de ses devoirs. Je vais le surveiller de près pour détecter des signes de trouble.

Seurat, Entrée sur le livre de bord adressée à Omnius

 

Le Voyageur du Rêve pénétra dans l’atmosphère de la Terre, de retour de son immense circuit. Vorian ne pensait qu’à Serena Butler qu’il n’avait pas vue depuis si longtemps... A son père aussi, qu’il devait affronter pour lui parler des anomalies historiques qu’il avait découvertes.

Le long vaisseau noir et argent s’insérait sur sa trajectoire d’approche. Seurat et Vorian vérifièrent les indices de température de la coque tandis que l’horloge du Voyageur se réglait automatiquement sur le temps terrestre standard.

Ce qui rappela encore une fois à Vorian les manipulations qu’Agamemnon avait exercées sur ses Mémoires pour donner sa version personnelle de l’Histoire. Non, les Titans n’étaient pas les héros resplendissants et bienveillants dont son père lui avait dressé le portrait.

Il se demandait si Serena Butler avait pensé à lui en son absence. Allait-elle le respecter maintenant qu’il avait découvert où était la vérité ? Ou bien resterait-elle vouée à l’image de son amant perdu, celui qui lui avait donné un enfant ? Il en était malade d’appréhension. Dans sa vie bien ordonnée, jamais encore il n’avait affronté l’incertitude comme depuis ces derniers mois.

Il se pouvait que son père l’attende au spatioport. Entre toutes les promesses du Titan, celle de devenir un néo-cymek après avoir abandonné sa fragile enveloppe humaine lui semblait bien peu tentante. Tout avait changé.

Il allait le défier, l’accuser d’avoir réinventé l’Histoire en déformant les faits réels, d’avoir trahi son propre fils. Il espérait au fond de lui que le Titan avait une réponse toute prête, une explication rassurante. Ainsi, il pourrait reprendre tranquillement son existence calme et saine de servant.

Mais, dans son cœur, la vérité lui disait que Serena ne l’avait pas égaré. Il avait vu les preuves de ses propres yeux, il savait à présent comment les machines traitaient les êtres humains. Il ne pouvait plus se voiler la face, bien qu’il ne sût quoi faire. Il avait peur de se retrouver sur Terre, mais il savait qu’il devait aller de l’avant.

Seurat interrompit le cours de ses pensées. Ils approchaient du spatioport de la capitale.

 — Vorian, que pensez-vous de ça ? Je capte des données contradictoires et un niveau anormal de chaos physique.

Le robot appela d’autres images plus rapprochées.

Vorian, surpris, distingua des feux, de la fumée, des bâtiments effondrés, ainsi que des armées de robots et de cymeks. Mais une foule énorme d’humains avait envahi les rues. Une vague d’émotions mêlées déferla dans son cœur et il ne chercha pas à les analyser.

 — Est-ce que la Ligue aurait attaqué ?

Même avec tout ce qu’il avait appris récemment, il ne parvenait pas à croire que ces quelques survivants de l’humanité libre avaient pu semer la destruction sur le monde central des machines. Non, jamais Omnius n’aurait permis ça !

—                       Les scans ne montrent aucun vaisseau de guerre humain dans le secteur, Vorian. Pourtant, un conflit se déchaîne au sol.

Seurat était perplexe mais pas inquiet. Néanmoins, il ne risqua pas une plaisanterie.

Vorian régla les contrôles optiques et se concentra sur l’extension maritime de la capitale. Il repéra le domaine d’Érasme. Là-bas, des incendies faisaient rage, il y avait des décombres, des monuments effondrés et des combats étaient en cours dans les rues. Où était Serena ?

Lentement, avec réticence, il commençait à comprendre ce qui se passait. Les humains se battaient contre les machines ! Cette seule idée éveilla en lui des pensées qu’il aurait dû s’interdire, car il était au seuil d’être déloyal envers Omnius. Comment cela était-il possible ?

Le Voyageur du Rêve venait de détecter un signal d’urgence utilisé par le suresprit pour contacter ses forces robotiques subsidiaires.

« A toutes les machines pensantes : portez-vous vers les périmètres de défense et les postes de combat... la révolte humaine se propage... Le noyau central d’Omnius est indemne... interruption d’énergie dans de nombreux secteurs... »

Vorian se tourna vers le visage miroitant de Seurat dont les fibres optiques scintillaient comme de minuscules étoiles.

—                       C’est une situation inattendue. Notre assistance est obligatoire.

—                       Je suis d’accord, fit Vorian.

Mais pour aider quel camp ? Jamais il n’avait imaginé se trouver un jour dans cette situation.

Le Voyageur du Rêve plongeait vers la cité en feu. À proximité de la villa d’Erasme, les machines avaient disposé un cordon pour arrêter la populace. Sur la Plazza où Vorian était arrivé un certain jour dans la calèche aux six chevaux, on avait dressé des barricades. Une partie de la façade avait été atteinte mais, en gros, la villa semblait intacte.

J’espère qu’elle est à l’abri, songea Vorian.

Seurat survola le spatioport et négocia leur atterrissage. Mais il réagit tout à coup et redressa le vaisseau.

—                       Nos vaisseaux et nos installations au sol ont été investis par les rebelles.

—                       Où allons-nous nous poser ?

—                       Mes instructions archivées indiquent un ancien port spatial au sud de la cité. Le terrain est utilisable et encore contrôlé par Omnius.

À l’instant où ils approchaient du périmètre, Vorian aperçut des machines fracassées et des corps d’humains calcinés aux alentours. Près des hangars nord, une bataille était en cours entre les néo-cymeks et les rebelles kamikazes qui avaient récupéré l’armement des robots.

Seurat mit le vaisseau en phase d’attente. Une demi- douzaine de robots se précipitaient déjà vers eux, comme s’ils avaient mission de défendre le vaisseau et les précieuses mises à jour du suresprit.

—                       Seurat, qu’attendez-vous de moi ? demanda Vorian, le cœur battant follement.

La réponse de Seurat fut intuitive et surprenante :

—                       Je vais proposer qu’on utilise le vaisseau pour transporter des robots sur les points de défense où Omnius en aura besoin. Rester à bord est pour vous la meilleure option, Vorian Atréides. C’est probablement le refuge le plus sûr.

Vorian brûlait de retrouver Serena.

—                       Non, Vieux Métallocerveau. Je serais inutile et mes besoins organiques gêneraient le travail de tous. Laissez-moi au spatioport, et je m’en sortirai.

Seurat réfléchit rapidement à sa demande.

—                       Comme vous voudrez. Malgré tout, dans cette situation nouvelle, mieux vaudrait rester à l’écart et garder un profil bas. Évitez les combats. Vous êtes un servant de grande valeur, Vorian, le fils d’Agamemnon lui-même  – mais vous êtes humain. Dans ce conflit, vous courez un risque de la part des uns et des autres.

—                       Je comprends, Seurat.

Le robot le regarda sans expression.

—                       Vorian Atréides, soyez prudent.

—                       Vous aussi, Vieux Métallocerveau.

Dès que Vorian se précipita vers le terrain noirci par les gaz des moteurs, les machines pensantes transmirent des messages d’alerte aux unités militaires. Les docks du secteur nord avaient été investis par les humains. Des centaines de rebelles se répandaient sur le terrain. Une dizaine de soldats robots entourèrent le Voyageur du Rêve.

A l’abri d’un camion, plus vulnérable qu’il ne l’avait jamais été, Vorian regarda son vieux vaisseau décoller. Il pensait que, seulement la veille, lui et Seurat se divertissaient encore avec leurs jeux de stratégie en approchant de la Terre. Quelques heures après, son monde natal avait pivoté.

Déferlant du périmètre nord, les rebelles se répandirent dans les bâtiments portuaires. À l’évidence, Omnius avait décidé de limiter ses pertes en ne laissant que quelques machines face aux hrethgir. Vorian s’élança vers un autre abri, prenant brusquement conscience qu’il portait l’uniforme de servant des Mondes Synchronisés. Les humains qui jouissaient de postes élevés parmi les machines pensantes n’étaient guère nombreux, et si les émeutiers mettaient la main sur lui, ils le réduiraient en pièces.

Des centaines de cadavres d’humains gisaient sur le tarmac. Vorian réagit rapidement, prit un homme qui devait avoir sa taille par les bras et le traîna dans l’ombre entre deux bâtiments fumants. Il rejeta une partie de son passé, arracha sa combinaison, avec laquelle il avait fait tant de fois le circuit des étoiles et enfila la chemise déchirée et le pantalon sale du rebelle. Il guetta une occasion de se joindre aux hordes des attaquants qui hurlaient « Victoire ! » et « Liberté ! » en envahissant les bâtiments, balayant les derniers robots encore capables de résister.

Vorian espéra que les vaisseaux ou les installations portuaires ne seraient pas détruits. Si les leaders de cette révolte avaient été capables de dresser un plan, ils devaient savoir qu’ils devraient s’évader des Mondes Synchronisés.

Il se concentra, étonné de réaliser que son allégeance était en train de basculer. Ce qui l’excitait et l’effrayait en même temps. Il sentait qu’il était arraché à la sécurité douillette de sa vie dans la société des machines pour être entraîné vers l’inconnu, le chaos, qu’il allait retrouver ses racines biologiques d’être humain féroce et libre. Mais il devait l’accepter. Il savait trop de choses à présent, il voyait la réalité avec un regard différent.

Autour de lui, les esclaves surexcités ne se souciaient guère des conséquences de leurs déprédations. Ils brandissaient des armes éclectiques qui allaient de simples bâtons à des fusils sophistiqués à secousse cellulaire qu’ils avaient prélevés sur les robots. Ils avaient incendié la tour de contrôle et démoli un néo-cymek endommagé qui tentait de fuir pour finir par lui ouvrir son container à coups de fusil cellulaire.

Quand il jugea qu’il ne courait aucun danger, Vorian quitta la meute et suivit d’autres humains au long des rues humides, progressant vers le centre de la cité. Il avait l’air d’un survivant en haillons mais savait où il allait.

Il devait rallier aussi vite que possible la villa d’Érasme.

Dans les canyons des avenues, la nuit précédait le crépuscule : Omnius avait coupé l’énergie dans les secteurs tenus par les révoltés. Un orage était en formation au-dessus des collines, chargé de pluie et de fumée. La bise soudaine s’engouffra dans les loques de Vorian et il frissonna.

Il ne pensait qu’à Serena.

Devant lui, un groupe d’esclaves à l’expression sanguinaire abattit une poterne de métal et surgit dans un bâtiment au milieu des débris éparpillés des machines. Au milieu des cris, il apprit que le Titan Ajax lui-même avait été massacré. Ajax ! Dans un premier temps, il ne parvint pas à le croire, puis d’autres cris le lui confirmèrent. Même avec ce qu’il savait maintenant des crimes et des exactions des Titans, il était inquiet pour son père. Si Agamemnon était encore sur Terre, il devait être au premier rang de la résistance et, malgré tout, il ne pouvait se faire à l’idée qu’il disparaisse dans la marée violente de la révolution humaine.

Il pressa le pas. Il était fatigué, les membres douloureux. Il arriva enfin devant la Plazza. Un groupe de rebelles harcelait une barricade de fortune. Les combats les plus violents s’étaient apaisés au centre de la cité, mais ici, les esclaves libérés semblaient simplement monter la garde pour des raisons que Vorian ignorait. Il les interrogea.

 — On attend Iblis Ginjo, lui répondit un homme à la barbe ténue. Il tient à conduire personnellement l’assaut. Érasme est encore là. (L’homme cracha sur les dalles et ajouta :) Avec la femme.

Vorian sursauta. De quelle femme parlait le barbu ? Serena ?...

Avant qu’il ait pu poser la question, les défenseurs robots campés sur les créneaux ouvrirent le feu pour tenter de disperser les assaillants. Mais d’autres arrivaient en rangs denses. Un nouveau groupe en combinaisons tachées se plaça en position stratégique et lança deux charges explosives brutes qui pulvérisèrent les batteries des robots.

Une partie de la Plazza avait été isolée par des cordons de plasscorde tendus entre des poteaux. Des humains y montaient la garde... En fait, se dit Vorian, ils avaient l’air de fidèles, de pèlerins. Il vit alors les fleurs et les rubans de couleur, s’approcha, et interrogea une vieille femme.

—                       C’est un lieu sacré, lui dit-elle. Un enfant a été tué ici, et sa mère s’est battue contre le monstre Érasme. Serena a changé le cours de nos vies en nous aidant, et en améliorant notre quotidien. Elle s’est dressée face aux machines pensantes et nous a montré la voie.

Bouleversé de chagrin et d’inquiétude, il lui demanda des détails et apprit comment le robot avait jeté l’enfant dans le vide.

Le bébé de Serena était mort. Assassiné par le robot.

—                       Et Serena ? Où est-elle ?

Dans sa fièvre, il agrippa la vieille femme.

Elle s’écarta.

—                       Érasme s’est barricadé dans sa villa et depuis trois jours nous n’avons plus revu Serena. Qui sait ce qui a pu se passer derrière ces murs ?...

La populace s’écarta pour laisser s’avancer un personnage à l’apparence rude qui portait la tunique noire et le bandeau d’un chef d’équipe. Il était accompagné d’une dizaine d’hommes armés et semblait un chef important. Il leva les mains et la foule lança une ovation.

—                       Iblis ! Iblis ! Iblis !

—                       Je vous avais promis qu’on pourrait le faire ! pro- féra-t-il. Je vous l’ai dit à tous ! Considérez ce que nous avons déjà accompli. À présent, il nous reste une victoire à remporter. Le robot Érasme a commis ce crime qui a déclenché notre glorieuse révolte. Il ne doit plus s’abriter derrière ces murs : il est grand temps de le punir !

La voix d’Iblis Ginjo enflamma encore la foule. Des cris vengeurs jaillirent de toutes parts. Vorian ne put résister et cria :

—                       Sauvez la mère ! Il faut la retrouver !

Iblis se tourna vers lui en même temps que deux autres rebelles. Il hésita une fraction de seconde et lança :

—                       Oui, il faut sauver Serena !

La cohue, sur son ordre, devint une troupe organisée, une arme puissante, un marteau qui cogna sur l’enclume mécanique de la villa. Tous les humains avaient dépouillé les robots de leurs armes et mitraillaient maintenant la villa. Les ultimes cellules énergétiques explosèrent. Avec un bélier improvisé, les humains s’attaquèrent à la porte principale. Au même instant, la pluie se remit à tomber. Elle était huileuse.

À l’intérieur de la villa, les robots domestiques s’agitaient pour tenter de renforcer les barrières. Vorian devina que la plupart des autres défenseurs avaient été reprogrammés pour des tâches diverses et que ce siège ne durerait pas longtemps.

Après quelques coups de bélier, la porte céda. Les robots reculèrent.

Vorian ne savait pas encore ce qu’il ressentait devant les machines intelligentes, mais il ne se sentait pas encore en confiance dans la cohue féroce des rebelles. Ils ne se préoccupaient pas vraiment du sort de Serena, il le savait, même si elle avait mis le feu aux poudres.

Si elle restait là, elle serait menacée par les représailles d’Omnius.

Vorian Atréides, ruisselant, se jura de sauver Serena. Et de voler un vaisseau pour la ramener chez elle, loin des Mondes Synchronisés.

Oui, elle allait retrouver sa chère planète Salusa Secundus... même s’il devait la rendre à son bien-aimé perdu.


La Guerre Des Machines
titlepage.xhtml
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_000.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_001.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_002.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_003.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_004.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_005.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_006.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_007.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_008.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_009.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_010.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_011.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_012.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_013.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_014.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_015.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_016.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_017.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_018.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_019.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_020.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_021.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_022.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_023.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_024.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_025.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_026.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_027.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_028.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_029.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_030.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_031.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_032.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_033.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_034.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_035.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_036.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_037.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_038.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_039.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_040.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_041.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_042.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_043.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_044.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_045.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_046.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_047.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_048.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_049.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_050.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_051.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_052.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_053.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_054.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_055.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_056.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_057.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_058.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_059.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_060.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_061.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_062.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_063.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_064.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_065.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_066.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_067.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_068.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_069.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_070.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_071.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_072.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_073.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_074.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_075.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_076.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_077.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_078.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_079.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_080.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_081.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_082.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_083.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_084.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_085.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_086.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_087.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_088.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_089.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_090.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_091.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_092.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_093.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_094.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_095.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_096.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_097.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_098.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_099.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_100.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_101.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_102.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_103.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_104.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_105.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_106.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_107.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_108.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_109.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_110.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_111.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_112.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_113.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_114.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_115.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_116.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_117.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_118.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_119.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_120.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_121.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_122.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_123.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_124.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_125.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_126.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_127.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_128.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_129.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_130.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_131.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_132.html
Gen_232_se_de_Dune_1_-_La_Guerr_split_133.html