Je crains que Norma ne parvienne jamais à rien.

En quoi cela me concerne-t-il ? De même que ce que je puis léguer à l’humanité ?

Zufa Cenva

 

Zufa Cenva avait décidé d’aller rendre visite à sa fille sur Poritrin et, pendant le long voyage d’un mois, elle eut largement le temps de réfléchir à ce qu’elle pourrait lui dire en arrivant. Elle aurait préféré de loin passer des semaines n’importe où ailleurs pour travailler sur des choses plus essentielles. La perte de sa chère Heoma était encore un vide douloureux en elle. Depuis l’attaque de Giedi Prime, Zufa n’avait eu de cesse de préparer d’autres assauts avec ses Sorcières.

L’ensemble de la Ligue considérait que le Savant Tio Holtzman avait été à l’origine des brouilleurs mobiles, mais certaines rumeurs lui étaient parvenues selon lesquelles Norma avait conçu cette arme. Est-ce que sa fille tarée avait pu se montrer aussi brillante ? Certes, on ne pouvait la comparer à Heoma, qui avait déchaîné des ouragans psychiques sur les cymeks, mais cet exploit était remarquable. Je me suis sans doute montrée aveugle, se dit Zufa. Elle n’avait jamais souhaité l’échec de sa fille mais, maintenant, elle retrouvait quelque espoir. Leurs relations allaient peut-être changer. Est-ce que je vais l’embrasser en la retrouvant ? Est-ce qu‘elle mérite maintenant mon soutien ou bien vais-je avoir honte d’elle ?

Elle vivait une période incertaine.

Dès qu’elle débarqua à Starda, elle affronta une délégation de bienvenue avec des Dragons de la garde à l’armure d’écaillés immaculée. Le Seigneur Bludd en personne conduisait le groupe, la barbe soigneusement ondulée, en habits colorés et parfumés.

—                       Poritrin est honorée de recevoir la visite d’une grande Sorcière !

Bludd s’avança sur le sol de mosaïque. Il était éblouissant dans sa tenue de cérémonie coloriée aux revers écarlates, avec des manchettes de dentelle fine. Ses chaussons étaient tissés d’or et il portait une épée à la ceinture. Zufa se dit qu’il n’avait jamais dû s’en servir que pour trancher du fromage.

Elle n’avait jamais revêtu des atours pour une quelconque occasion et l’apparition de Bludd l’avait un instant déconcertée. Elle avait espéré une entrevue discrète avec Norma et un retour rapide à Rossak où elle devait absolument achever la préparation de ses guerrières psychiques pour une nouvelle attaque contre les cymeks.

—                       Le capitaine de la navette nous a annoncé votre arrivée, madame Cenva, déclara Bludd en la précédant. Nous avons à peine eu le temps de nous préparer à vous recevoir. Vous êtes venue voir votre fille, je présume ? Nous sommes fiers de son travail au côté du Savant Holtzman. Il la considère comme indispensable.

—                       Vraiment ? fit Zufa en essayant de ne pas paraître sceptique.

—                       Nous avons invité Norma à se joindre à nous aujourd’hui, mais elle est absorbée par une tâche importante pour notre Savant. Elle pense que vous comprendrez qu’elle n’ait pu venir vous accueillir.

Pour Zufa, ce fut comme une gifle.

Je voyage depuis un mois, se dit-elle. Si moi j’ai sacrifié tout ce temps, en ce cas... une simple assistante de laboratoire aurait au moins pu être là...

Dès qu’ils quittèrent le spatioport, un chauffeur les prit en charge pour les conduire jusqu’à une barge volante de luxe. Là encore, des Dragons de la garde étaient au garde-à-vous de part et d’autre de la coupée.

—                       Vous allez débarquer directement dans les laboratoires d’Holtzman, annonça Bludd, affable.

Il s’assit à côté de Zufa et elle plissa le nez, à demi asphyxiée par son parfum. Il lui présenta alors un petit paquet cadeau et elle recula avant de l’accepter avec un soupir d’exaspération. Ils quittaient le spatioport et elle déplia le paquet, lentement, pour découvrir une bouteille d’eau du fleuve avec une serviette de Poritrin exquisément tissée.

Elle ne montrait aucun intérêt mais le flamboyant Bludd lui expliqua :

—                       La tradition veut que les invités d’honneur se lavent les mains dans l’eau de l’Isana avant de s’essuyer dans nos linges les plus délicats.

Zufa ne réagit pas. Sous la barge, des bateaux circulaient, en route vers le delta, chargés de céréales, de métaux et de produits manufacturés qui allaient être revendus sur les marchés. Dans les champs boueux, des centaines d’esclaves travaillaient au repiquage des coquillages. Ce spectacle de labeurs et de transports amenait la Sorcière au seuil du malaise.

—                       La résidence du Savant Holtzman se trouve droit devant nous ! annonça Bludd en désignant une colline escarpée. Je suis persuadé que votre fille va être ravie de vous voir.

Est-ce qu’elle a un jour été ravie de me voir ? se demanda Zufa.

Elle essaya de s’apaiser avec quelques exercices mentaux, mais son anxiété persistait.

Dès que la barge aborda le ponton, elle en descendit en agitant sa longue robe noire avec ostentation.

—                       Seigneur Bludd, je dois avoir une discussion en privé avec ma fille. Je suis certaine que vous comprendrez.

Sans autre excuse, Zufa monta le large escalier du patio qui accédait à la demeure, laissant un Bludd interloqué. Elle agita ses longs bras avec désinvolture.

Tous ses sens télépathiques en éveil, elle entra dans les lieux comme si elle y avait toujours vécu. Le vestibule de la maison Holtzman était encombré de boîtes en vrac, de livres et d’instruments. Ou bien les domestiques ne faisaient pas leur travail ou l’inventeur leur avait ordonné de ne pas trop « organiser » les choses parce qu’il affectionnait le désordre.

Zufa trouva un chemin labyrinthique dans le fatras, pénétra dans un long couloir et entra dans plusieurs pièces pour demander où était sa fille. Finalement, elle pénétra dans un laboratoire auxiliaire qu’on lui avait indiqué et vit un tabouret vide devant une table de travail surchargée de plans. Mais aucun signe de Norma.

C’est alors qu’elle remarqua une porte-fenêtre qui donnait sur un balcon et devina l’ombre d’un mouvement. Elle s’avança et, saisie, découvrit sa fille perchée sur la balustrade. Elle serrait dans ses mains minuscules un container de plass rouge.

—                       Mais qu’est-ce que tu fais ? s’exclama la Sorcière. Descends immédiatement de là !

Surprise, Norma se tourna vers elle, s’agrippa convulsivement à la chose rouge et bascula dans le vide.

—                       Non ! hurla Zufa, trop tard.

Elle se précipita sur le balcon et découvrit, horrifiée, l’abîme ouvert sur le fleuve. La frêle silhouette de Norma tombait  – et s’arrêta soudain en tournoyant d’une façon bizarre.

—                       Vous voyez ? lança-t-elle à Zufa. Vous êtes arrivée au bon moment !

Telle une plume dans le vent, elle revint vers le balcon, comme si l’appareil rouge qu’elle serrait contre elle la poussait à la façon d’une main invisible.

Dès que Norma regagna le balcon, sa mère la saisit avec violence.

—                       Pourquoi essaies-tu des choses aussi dangereuses ? Est-ce que le Savant Holtzman ne t’a pas appris à utiliser ses assistants pour ce genre de test ?

Norma plissa le front.

—                       Ici, on utilise des esclaves, pas des assistants. Et j’ajouterai que cette invention est la mienne et que je veux la tester moi-même. Je savais que ça marcherait.

Zufa ne tenait pas à argumenter.

—                       Tu es venue jusque-là, sur Poritrin, et on a mis à ta disposition les meilleurs laboratoires d’ingénierie pour que tu conçoives une... une sorte de jouet volant ?

—                       Pas vraiment, Mère. (Norma ouvrit le couvercle de l’appareil rouge et effectua quelques réglages fins.) C’est une variation sur les théories du Savant Holtzman, un répulseur, un suspenseur de champ. Je pense qu’il va être ravi.

—                       Oh, mais oui, mais oui ! s’écria Holtzman en faisant irruption sur le balcon. (Il se présenta rapidement avant de s’intéresser au gadget de Norma.) Je vais montrer ça au Seigneur Bludd et voir ce qu’il pense des applications commerciales. Je suis certain qu’il voudra un brevet à son nom.

Zufa se remettait lentement de la « chute » de sa fille et tentait d’imaginer des applications pratiques à son invention. Est-ce que cet ustensile pouvait être modifié afin de transporter des objets lourds ? Des troupes ? Elle en doutait.

Norma reposa le générateur de champ et accompagna sa mère en se dandinant, maladroite, jusqu’à sa table de travail. Elle escalada son tabouret et farfouilla dans ses plans et ses diagrammes.

—                       J’ai calculé également comment ce principe pouvait être appliqué dans le domaine de l’éclairage. Le suspenseur peut faire flotter des lampes sans support et les alimenter en énergie résiduelle. J’ai tous les calculs... quelque part.

—                       Des lampes flottantes ? fit Zufa d’un ton sarcastique. Pour quoi ? Pour les pique-niques ? Des milliers de gens sont morts dans l’attaque des cymeks sur Zimia, des millions d’autres ont été réduits en esclavage sur Giedi Prime, et toi, dans ton petit confort, tu fabriques des lampes flottantes !

Norma lui décocha un regard condescendant comme si c’était Zufa l’idiote.

—                       Mère, essayez de penser au-delà de l’évidence. Dans une guerre, il faut bien plus que des armes. Les robots sont capables de modifier leur vision pour voir dans l’obscurité, mais les humains ont besoin de lumière. Des centaines de ces lampes à champ suspenseur pourraient être disséminées sur la zone de combat la nuit venue et les chances seraient ainsi égales. Le Savant Holtzman et moi, nous pensons chaque jour à des solutions.

Holtzman acquiesça, immédiatement d’accord avec elle.

—                       Et pour ce qui est de l’usage commercial, ces lampes pourraient être fabriquées dans différents styles, déclinées dans toutes les couleurs.

Norma était perchée comme un gnome sur son tabouret. Ses yeux bruns brillaient d’excitation.

—                       Je suis sûre que le Seigneur Bludd sera enthousiaste.

Zufa prit un air sévère. Est-ce qu’il n’y avait pas plus important dans cette guerre que de faire plaisir à un noble prétentieux.

—                       J’ai fait un long voyage pour venir te voir.

Sa fille haussa les sourcils d’un air sceptique.

—                       Si vous aviez bien voulu faire l’effort de venir me voir avant mon départ de Rossak, Mère, vous n’auriez pas eu à faire ce grand voyage à seule fin de vous déculpabiliser. Mais vous étiez tellement occupée !

Gêné par cette amorce de querelle familiale, Tio Holtzman se retira et les deux antagonistes s’en aperçurent à peine.

Zufa n’avait pas eu l’intention de se disputer avec Norma, mais à présent, elle était sur la défensive.

—                       Mes Sorcières ont prouvé leurs capacités dans la bataille. Nous pouvons puiser une force terrible dans nos esprits pour éliminer les cymeks. Des candidates se préparent déjà à l’ultime sacrifice si nous devons être appelées de nouveau à libérer un autre monde dominé par les machines. Pourtant cela t’importe peu, hein, Norma, puisque tu n’as pas de pouvoirs télépathiques ?

—                       J’en ai d’autres, mère. Moi aussi, j’apporte une contribution précieuse à cette cause.

—                       Oui, tes obscures équations ? (Zufa montra le boîtier rouge du répulseur.) Tu ne cours aucun risque. Tu es à l’abri, dans le confort, et tu passes tes journées avec ces jouets. Tu t’es laissé aveugler par tes succès imaginaires.

Mais Norma n’était pas la seule, poursuivit-elle. Nombreux étaient ceux qui vivaient une existence douce dans la sécurité alors que Zufa et ses Sorcières assumaient des risques au péril de leur vie. Comment Norma pouvait-elle se comparer à elles ?

—                       Quand tu as appris que je venais, tu n’as pas songé que tu pourrais m’accueillir au spatioport ?

Norma répondit d’une voix trompeusement douce en croisant les bras sur sa frêle poitrine.

—                       Je ne vous ai pas demandé de venir, mère. Parce que je sais bien que vous avez des choses importantes à réaliser. Quant à moi, j’ai mieux à faire que de servir de guide à des invités inattendus. Et puis, je savais que le Seigneur Bludd serait là pour vous recevoir.

—                       Est-ce que tu cours avec les Nobles de la Ligue maintenant ? (Zufa laissait maintenant libre cours à sa colère.) Norma, je voulais seulement être fière de toi, malgré tes difformités. Mais tu ne fais rien pour ça. Tu te vautres dans le luxe sans consentir le moindre sacrifice. Ça signifie quoi ? Tes visions sont trop mesquines pour être utiles à l’humanité.

Avant, Norma aurait succombé à ce feu roulant et aurait perdu ses dernières traces de confiance. Mais le travail qu’elle avait accompli avec Holtzman, ses succès dans le domaine technologique avaient changé l’image qu’elle avait d’elle-même. Elle dévisagea froidement sa mère.

—                       Ça n’est pas parce que je ne corresponds pas à l’image que vous souhaitiez de moi que je ne contribue pas à des travaux essentiels. Le Savant Holtzman l’a compris, de même qu’Aurelius. Mais vous qui êtes ma vraie mère, pourquoi n’y arrivez-vous pas ?

Zufa avait sursauté en entendant le nom d’Aurelius et elle se mit à arpenter la pièce d’un pas coléreux.

—                       Aurelius est avant tout victime des drogues qu’il absorbe.

—                       J’avais oublié à quel point vous pouviez être mesquine, mère. Merci d’avoir fait tout ce chemin pour me le rappeler. (Norma se tourna vers ses plans.) J’ai bien envie de demander aux esclaves de vous escorter jusqu’au spatioport, mais je ne voudrais pas les soustraire à des tâches tellement plus importantes.

C’est donc seule et furieuse contre elle-même et sa fille, à cause aussi du temps perdu que Zufa Cenva regagna le spatioport de Poritrin. Elle avait décidé de ne pas rester une heure de plus sur la planète. Elle attendit une journée complète un transporteur militaire qui faisait escale sur Rossak. Et c’est en lançant autour d’elle ses ondes de clairvoyance qu’elle perçut la faiblesse de Poritrin. Ce qui n’avait rien à voir avec Norma. Elle était si évidente qu’elle ne pouvait s’y soustraire. Tout autour de Starda, dans les aires de chargement, les hangars et les marais boueux, elle détectait les auras isolées ou collectives des travailleurs surexploités. Elle sentait une infection sociale profonde, un mécontentement en formation qui échappait totalement aux citoyens moyens de Poritrin. Et cette vague mentale de souffrance et d’hostilité était encore une raison pour qu’elle fuie cette planète.


La Guerre Des Machines
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