Toute direction est aussi bonne qu‘une autre.

Maxime du Pays Ouvert

 

C’était la dixième fois que Selim chevauchait un ver géant et il avait suffisamment acquis d’expérience pour en tirer du plaisir. La course de la bête formidable dans les bourrasques de sable du désert profond était une aventure sans pareil, violente, à la limite du rêve, sous la voûte blanche du ciel ou dans le théâtre fauve et rouge du couchant, entre les vagues d’ombre et de safran des dunes. Il savait à présent comment rester perché souplement entre les segments crissants de la bête, comment traverser un autre bras de l’océan de sable en jouant de sa lance de gouverne.

Il avait quitté la station botanique en emportant de l’eau, des vêtements solides, des ustensiles et de la nourriture. Sa dent de ver s’était révélée un outil solide en même temps qu’une prise qui lui plaisait. Parfois, il lui était arrivé de la contempler longuement dans la clarté des panneaux de contrôle et il lui avait alors prêté une signification religieuse. Elle était la relique de son épreuve suprême dans le grand désert, le symbole de Bouddhallah qui veillait sur lui, il en était certain. Les vers géants faisaient peut-être partie de sa destinée.

Il en était venu à penser qu’ils ne représentaient pas du tout Shaitan, mais Bouddhallah lui-même, que les grandes créatures qui fouissaient les sables et engloutissaient les hommes étaient des manifestations tangibles de Dieu.

Dans la station antique remplie de merveilles, il s’était d’abord rétabli avant de connaître l’ennui. Peu à peu, il avait acquis la certitude qu’il lui fallait repartir et chevaucher pour la deuxième fois la grande bête. Il voulait avant tout savoir ce que Bouddhallah attendait de lui.

Il avait pris grand soin de placer des repères pour retrouver la station. Malheureusement, il ne savait pas encore dompter les grands vers au point de les guider vers un point précis, comme ce refuge secret.

Pour cela, il avait emporté tout le nécessaire possible.

Désormais, il était Selim le Chevaucheur de Vers, celui qui avait été choisi et guidé par Bouddhallah. Il n’avait plus besoin des autres.

Après avoir tué sous lui deux vers géants, Selim découvrit qu’il était inutile d’abattre sa monture pour être à l’abri du danger. Il était possible, mais risqué néanmoins, de sauter d’un ver épuisé en rampant d’anneau en anneau pour se laisser tomber du haut de sa queue. Ensuite, il fallait courir à l’abri des rochers les plus proches. Le ver à bout de forces se contentait de plonger loin dans le sable pour s’endormir.

Cela satisfaisait Selim, car il lui avait paru injuste de laisser mortes derrière lui ces créatures gigantesques qui l’avaient transporté comme des vaisseaux grésillants entre les vagues du désert océan. Si les vers étaient les émissaires de Dieu, les vieux du désert, alors il devait les traiter avec respect.

Durant sa quatrième chevauchée, il découvrit comment manipuler le bord sensible des segments de la bête en se servant d’un outil en forme de pelle et de la lance de métal qui stimulait Shaitan. Ainsi, il pouvait le guider dans la direction qu’il souhaitait. Le principe était simple mais exigeait de gros efforts. Quand il se laissait tomber de sa monture, il avait les muscles presque tétanisés et c’est avec difficulté qu’il gagnait l’abri le plus proche. Il était toujours perdu quelque part dans l’immensité d’Arrakis mais, maintenant, le désert profond lui appartenait plus ou moins. Il était invincible et Bouddhallah veillait sur lui.

Il avait une importante réserve d’eau prélevée dans les unités de distillerie de la station et se nourrissait presque exclusivement d’épice. Il était plein de force, brûlant d’énergie. Maintenant qu’il savait comment dompter les grands vers, il pouvait aller où bon lui semblait et revenir à la station botanique.

Les autres Zensunni l’auraient traité de fou. Mais peu lui importait désormais ce que pensait son peuple. Il était entré dans un autre domaine. Et il lui semblait tout au fond de son cœur qu’il était né pour ça...

Les deux lunes brillaient dans le ciel froid et Selim se laissait bercer par le crissement doux du sable. Le ver était un vaisseau puissant qui laissait un sillage important d’ombres et de lumières mouvantes sur la houle figée des dunes. Des heures auparavant, la créature avait cessé de se défendre pour tenter de l’éjecter et elle obéissait désormais à la stimulation des outils de Selim. Elle savait qu’il pouvait lui infliger des traits de souffrance entre ses segments sensibles. Selim naviguait en se repérant par rapport aux étoiles. Il connaissait les constellations et savait tracer des flèches entre les points lumineux. Le paysage qu’il avait si longtemps redouté lui était maintenant familier et il calcula qu’il devait s’approcher à nouveau de son refuge, la station botanique. Il était de retour. Il avait réussi.

Dans le vent de soufre et de cannelle, il se perdit un moment dans un rêve. Il avait fait peu de choses depuis son exil. Mais est-ce que les grands philosophes n’étaient pas nés ainsi ?

Un jour, sans doute, la station abandonnée deviendrait la graine de sa propre colonie. Il rassemblerait peut-être les gens des autres villages zensunni, les bannis, les hors-la-loi qui, comme lui, voudraient échapper à l’oppression des sévères Naibs. Maître des vers géants, le peuple de Selim disposerait d’une puissance qu’aucun banni n’avait eue.

Était-ce donc là le devoir que Bouddhallah lui avait confié ?

Ce rêve le fit sourire, puis se rembrunir quand il se souvint d’Ebrahim. L’autre s’était si aisément trahi.

Il distingua enfin dans la poussière la ligne familière de rochers, les fissures familières, les veines plus sombres de basalte et il exulta. Le Léviathan l’avait ramené chez lui plus vite encore qu’il ne l’avait espéré. Puis, brusquement, il se dit qu’il allait lui être difficile de quitter sa monture démon qui était loin d’être épuisée. Était-ce là une autre épreuve ?

En se servant de sa lance et de sa pelle d’écartement, il dirigea sa monture vers les rochers, avec l’espoir de lui faire aborder l’escarpement. Là, elle pourrait se débattre brièvement avant de replonger vers les profondeurs obscures du sable, vers ses chemins de randonnée familiers. Mais le ver sentit la présence de l’amas minéral, différencia aussitôt la dureté de la roche de la fluidité du sable, et repartit dans la direction opposée.

Selim pesa de tout son poids sur sa pelle de guidage en enfonçant plus cruellement encore sa lance. Le ver s’agita, parcouru d’un long frisson crissant, et ralentit. À l’instant où il déviait vers la plus proche presqu’île de rocher, Selim s’élança avec tout son matériel et se laissa glisser sur un segment turbulent. Dès qu’il toucha le sable, il se mit à courir.

Le banc rocheux de son refuge était à moins de cent mètres. Le ver frénétique ondulait comme s’il ne comprenait pas qu’il était désormais libre, qu’il avait échappé à la morsure des deux fers de Selim. Et, entre deux spasmes, il entendit le bruit de la course rapide de Selim. Il se retourna et plongea, la gueule béante.

Selim bondit vers une saillie de lave et continua de courir dans un lit de cailloux.

La gueule surgit dans un geyser de sable, un bruit puissant de pluie. Elle était sombre, caverneuse, hérissée de dents de nacre. Le ver hésitait si près de la barrière de rochers. Un instant encore, il demeura là, dressé comme un navire féroce drossé sur des récifs qui le rejetaient. Et plongea dans le sable avec furie, dans une explosion sourde.

Selim avait déjà escaladé deux rangées de blocs acérés. Il sauta dans une anfractuosité à peine assez large pour lui. La tête du ver martela les rochers, mais il ne pouvait savoir où son petit tourmenteur s’était caché.

Fou furieux, il recula en crachant un mascaret étouffant d’épice. Il cogna plusieurs fois la tête contre les choses solides qui lui faisaient obstacle avant de battre en retraite. Il se perdit dans les rides du sable, les traces de son combat effacées, puis s’inséra entre les dunes, comme un vaste poisson retournant à la mer, lentement, indigné, effaré, frustré.

Selim rampa hors de son abri précaire. Son cœur était un tambour rapide dans une fête du sietch et l’adrénaline était comme l’épice dans son sang. Il était abasourdi d’être encore vivant. Il lança un grand rire vers le désert, de toutes ses forces douloureuses, et loua Bouddhallah pour la dix millième fois. Puis il leva les yeux vers son refuge, la vieille station botanique qui l’attendait depuis tant de siècles tout en haut de la saillie de rochers usés par des millions d’années de vents, issus des sursauts volcaniques anciens d’Arrakis.

Il comptait bien y reconstituer ses forces pendant plusieurs jours, boire et manger, puis refaire le plein de ses provisions.

Alors qu’il commençait à ramper, les membres brûlants et lourds, il vit briller quelque chose dans les rochers, là où le ver furieux avait frappé la dernière fois. C’était une autre dent cristalline, un croc clair de lune que le Léviathan avait laissée dans une fissure. Elle était plus longue et redoutable que la première. Il se pencha pour l’arracher et admira son éclat laiteux. Une récompense de Bouddhallah ! Il la brandit en un geste triomphal avant de se glisser jusqu’à son refuge.

À présent, il avait deux dents de Shaitan.


La Guerre Des Machines
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