La vie est la somme des forces qui résistent à la mort.

Serena Butler

 

Serena avait été violée, on lui avait arraché une part d’elle-même, ne lui laissant qu’un vide amer. En commettant cette atrocité, Érasme l’avait amenée au seuil du désespoir, menaçant même l’espoir têtu qui l’avait maintenue en vie jusque-là.

Pour son seul confort égoïste, le robot malveillant et pervers l’avait stérilisée comme un animal, lui ôtant à jamais toute chance d’avoir d’autres enfants. Dès qu’elle apercevait l’abominable machine, elle voulait hurler. Elle aurait tant aimé avoir près d’elle des humains, de vraies créatures vivantes qui auraient pu l’aider à traverser cette phase pénible. Même ce jeune étourdi de Vorian Atréides. Malgré sa supposée fascination pour l’humanité, Érasme était incapable de comprendre pourquoi elle était à ce point révoltée par « une intervention chirurgicale relativement mineure ».

Sa colère et son chagrin étouffaient l’habileté dont elle avait besoin pour le défier en permanence et le railler. Elle était désormais incapable de s’exciter sur les sujets ésotériques qu’il se plaisait à aborder avec elle. En conséquence, il se montra désappointé.

Le plus grave, c’est que Serena ne s’en apercevait pas.

Manion avait maintenant onze mois et il était son unique raison de vivre, lui rappelant tout ce qu’elle avait perdu, tout ce qui avait été soustrait de son passé comme de son avenir. Il était toujours aussi fureteur, un peu moins maladroit, curieux et plein d’énergie. Il tenait à explorer les moindres recoins de la villa.

Les autres esclaves essayaient tant bien que mal d’aider Serena, conscients de sa douleur et se souvenant de ce qu’elle avait fait pour améliorer leur existence. Mais elle n’attendait rien d’eux. Elle avait de la peine à se supporter. Érasme, cependant, malgré sa nouvelle attitude, maintenait les améliorations qu’il avait acceptées.

Elle travaillait toujours dans le jardin et à la cuisine, tout en surveillant Manion qui adorait décrocher les ustensiles et jouer avec les casseroles et les pots. Les autres la considéraient avec un certain respect curieux à cause de ses relations particulières avec Érasme, et se demandaient apparemment ce qu’elle préparait. Et tous appréciaient Manion qui commençait à faire de sérieux efforts pour s’exprimer.

Il montrait un appétit insatiable pour toucher aussi bien les fleurs et les plantes que les poissons exotiques des bassins. Il avait trouvé un trésor précieux sur la plazza : une plume d’oiseau.

Serena revint à son plan : fuir ou attaquer Érasme. Pour cela, elle devait comprendre tout ce qu’elle pouvait connaître du robot indépendant. La clé de cette énigme était ce qui se passait exactement dans ses sinistres laboratoires interdits. Il lui avait intimé l’ordre de ne jamais s’en approcher, de ne surtout pas se « mêler » de ses expériences. Et il avait également enjoint aux autres domestiques de ne rien lui révéler à ce propos.

Que craignait-il ? Cet endroit avait une importance toute particulière.

Il fallait qu’elle sache. Il fallait qu’elle y entre.

Une occasion se présenta quand Serena noua la conversation avec deux aide-cuisinières qui préparaient les repas des sujets sélectionnés pour le bloc laboratoire. Erasme tenait à ce que ses victimes reçoivent des repas hautement énergétiques afin de survivre aussi longtemps que possible, mais sous une forme réduite au minimum « pour limiter les dégâts » quand la douleur devenait trop intense.

L’équipe des cuisines acceptait les goûts sanglants d’Érasme avec soulagement dans la mesure où aucun esclave n’avait été choisi pour ses expériences. Jusqu’alors, du moins.

—                       En quoi la vie d’un esclave est-elle importante ? demanda l’une des femmes, Amia Yo.

C’était elle qui avait effleuré le bras de Serena durant le festin organisé par Érasme. Depuis, Serena l’avait observée s’activant aux cuisines.

—                       Toute vie humaine a sa valeur, répliqua Serena en observant le petit Manion. Ne serait-ce que pour le rêve. Il faut que je voie cet endroit de mes yeux.

Elle révéla alors son plan audacieux dans un chuchotement de conspiratrice.

Avec réticence mais courage, Amia Yo accepta de l’aider.

—                       C’est bien parce que c’est vous, Serena Butler.

Elles avaient à peu près la même taille et Serena revêtit la tenue d’Amia avec le tablier avant de se couvrir d’une coiffe sombre. Elle ne pouvait qu’espérer que les yeux-espions ne discerneraient pas la différence.

Elle laissa Manion aux bons soins des filles de cuisine et emboîta le pas d’une esclave élancée à la peau sombre. Elles poussèrent un chariot alimentaire pour pénétrer dans un ensemble de bâtiments extérieurs auquel elle n’avait jamais eu accès. Une odeur pénétrante de produits chimiques, de drogues et de relents humains flottait dans le corridor. Serena redoutait ce qu’elle allait découvrir, le cœur battant, la peau brûlante de transpiration.

Sa compagne semblait elle aussi nerveuse. Elle regarda de part et d’autre à l’instant où elles franchissaient la barrière codée pour pénétrer dans une autre salle. Là, la senteur de moisissure rendait l’air presque irrespirable, torpide. Serena recula.

Rien ne l’avait préparée à cela.

Des parties de corps humains étaient entassées en piles atroces sur des tables, dans des cuves où montaient des bulles, sur le sol, comme des jouets affreux abandonnés par un enfant monstrueux. Le sang qui avait jailli s’était coagulé en plumets écarlates sur les murs et le plafond comme si Érasme s’était essayé à la peinture abstraite de l’antique école tachiste. Tout était pourtant frais et encore humide, comme si l’horrifique bourreau s’était déchaîné dans l’heure précédente. Étourdie, éperdue, Serena n’éprouvait que du dégoût. Et une fureur bouillonnante. Pourquoi Érasme avait-il fait ça ? Pour satisfaire sa curiosité macabre ? Avait-il trouvé les réponses qu’il cherchait ? À ce prix ?

 — On passe à l’autre pièce, souffla sa compagne d’une voix tremblante. Ici, il n’y a personne à nourrir.

Dans l’autre bâtiment, des prisonniers étaient enfermés dans des cellules. Ils étaient pitoyables mais le fait qu’ils soient encore en vie la bouleversa plus encore. Elle était au bord de la nausée.

Elle rêvait depuis longtemps d’échapper à sa condition d’esclave sur Terre. Mais devant ce spectacle épouvantable, elle prit conscience que cela ne sauverait pas sa conscience. Il fallait qu’elle arrête Érasme, qu’elle le détruise  – non seulement pour elle mais au nom de toutes ses victimes.

Mais elle était tombée dans son piège.

Grâce à ses unités de surveillance, Érasme l’avait observée. Il trouva son dégoût délicieusement prévisible. Depuis des jours, il avait espéré qu’elle se risquerait dans ses laboratoires en dépit de ses mises en garde. Il avait su instiller la tentation. Car il comprenait plutôt bien certains aspects de la nature humaine.

Elle et sa compagne avaient achevé leur tâche et elles s’apprêtaient à regagner la villa. Serena retrouverait son bébé turbulent. Érasme réfléchit au meilleur moyen de lui donner une leçon.

Il était temps de changer de rythme. D’ajouter du stress au système expérimental pour observer les changements sur les sujets. Et il connaissait le point le plus vulnérable de Serena.

Tout en se préparant pour un drame de sa propre création, il calma le tissu de son visage pour retrouver un ovale sans émotion. Puis il s’engagea dans les longs couloirs de sa villa, son pas lourd annonçant son approche. Avant même que Serena ait retrouvé son fils, il rejoignit Amia Yo qui jouait avec l’enfant sur le sol de la cuisine.

Le maître de maison n’émit pas un son en entrant. Surprise, Amia Yo leva les yeux. Auprès d’elle, le petit Manion se redressa, regarda le visage miroir qui lui était familier et eut un rire gazouillant.

C’est alors que le robot s’arrêta, un bref instant. Ensuite, d’un geste violent, il brisa le cou de la domestique et s’empara de l’enfant. Amia Yo s’effondra dans un dernier souffle tandis que Manion se débattait en gémissant.

À la seconde où Érasme soulevait l’enfant, Serena surgit sur le seuil, horrifiée, et hurla :

 — Laissez-le !

D’un geste désinvolte, Érasme la rejeta sur le côté et elle trébucha sur le corps de la fille qu’il avait tuée. Sans un regard en arrière, il quitta la cuisine pour gagner un escalier qui accédait aux balcons des étages supérieurs de la villa. Sous son bras de métal, l’enfant pleurait en se débattant.

Serena les rattrapa et supplia Érasme :

—                       Punissez-moi si vous le devez  – mais pas lui !

Son visage était illisible.

—                       Ne puis-je punir les deux ?

Et il gagna l’étage.

Elle se lança à sa poursuite et, au troisième étage, elle parvint à saisir une de ses jambes de métal. Érasme ne l’avait jamais vue aussi décidée et violente et il se dit qu’il aurait dû la faire surveiller par ses sondes pour suivre son rythme cardiaque et l’intensité de sa sueur. Dans l’étreinte de ses bras mécaniques, le petit Manion se débattait frénétiquement.

Brièvement, elle effleura le bout de ses doigts et parvint à le saisir. Érasme lui donna un coup de pied au ventre et elle roula jusqu’au bas d’un escalier.

Elle se redressa en vacillant, ignorant ses blessures et reprit la poursuite. Intéressant : c’était soit l’indice d’une résistance remarquable, soit un entêtement suicidaire. Il avait suffisamment étudié Serena Butler pour décider que c’était à la fois l’un et l’autre.

En atteignant le niveau supérieur, Érasme se rendit jusqu’au balcon qui surplombait la plazza dallée, quatre étages plus bas. Une sentinelle robot surveillait les esclaves qui installaient de nouvelles fontaines et mettaient en place d’autres statues dans les alcôves. Le bruit lointain des outils et le murmure des voix montaient dans l’air paisible. La sentinelle, dérangée, se tourna brusquement vers la source de cette agitation nouvelle.

—                       Stop ! lança Serena avec force. Ça suffit, Érasme ! Vous avez gagné. Quoi que vous exigiez, je le ferai !

Le robot s’arrêta devant la balustrade, une main mécanique serrée sur la cheville gauche de Manion, et souleva l’enfant. Serena hurla.

Érasme lança un ordre bref à la sentinelle :

—                       Empêchez-la d’intervenir.

Il balançait l’enfant, la tête en bas, comme un chat jouant avec une souris impuissante.

Serena se lança en avant, mais le robot sentinelle lui bloqua la route. Elle le percuta avec une telle violence qu’il tituba en arrière jusqu’à la balustrade avant de retrouver son équilibre et de s’emparer du bras de Serena.

Tout en bas, les esclaves avaient levé la tête et montraient le balcon. Ils crièrent puis se turent soudain. Le silence était pesant.

—                       Non ! cria Serena en se débattant pour échapper à la sentinelle. Je vous en supplie !

—                       Je dois poursuivre mon importante tâche. Cet enfant est un élément perturbateur.

Érasme leva ses longs bras sans cesser d’agiter l’enfant dans le vide. Manion se débattait toujours en appelant sa mère à grands cris.

Serena leva les yeux vers le visage miroitant d’Érasme, mais n’y décela pas la moindre trace de pitié ou d’inquiétude.

—                       Mon enfant ! Mon enfant adoré ! Je vous en prie ! Je ferai n’importe quoi...

Les esclaves, bouche bée, ne parvenaient pas à croire ce qu’ils voyaient.

—                       Serena... votre nom dérive bien de « sérénité » ? fit Érasme en dominant les plaintes de l’enfant. Alors vous comprenez sûrement ?

Elle se jeta sur la sentinelle mécanique, parvint presque à se dégager.

Brusquement, Érasme ouvrit la main. Et Manion tomba dans le vide, droit vers la plazza.

—                       Voilà. Maintenant, nous pouvons nous remettre au travail.

Le hurlement de Serena fut si fort et si prolongé qu’elle n’entendit pas le bruit atroce du petit corps qui venait de s’écraser sur les dalles.

Sans se soucier du danger, Serena libéra ses bras en se lacérant la peau et, une fois encore, attaqua le robot de toutes ses forces. La machine alla cogner la balustrade et, quand elle se redressa, Serena attaqua à nouveau, avec plus de force. Le robot partit en arrière, bascula et tomba.

Serena se porta dans l’instant contre Érasme, le cognant de ses poings endoloris. Elle essaya frénétiquement d’enfoncer ou de lacérer son visage miroir, mais elle eut très vite les doigts en sang. Rageusement, elle déchira la robe d’Érasme, puis s’empara d’une urne en terra cota qu’elle fracassa sur lui.

—                       Cessez de vous comporter comme un animal ! lâcha Érasme.

Il la frappa avec désinvolture et l’envoya rouler au sol, en sanglots.

Iblis Ginjo supervisait les travaux de la plazza de la villa d’Érasme et il assista au drame, totalement incrédule.

—                       C’est Serena ! s’était exclamé l’un de ses ouvriers.

Le nom fut alors répété par tous ses camarades, comme s’ils révéraient une déesse. Iblis avait gardé un souvenir précis de Serena Butler, qu’il avait accueillie à son arrivée de Giedi Prime avec bien d’autres esclaves.

C’est alors que le robot laissa tomber l’enfant.

Sans se préoccuper des conséquences, Iblis se rua en avant, mais trop tard pour attraper l’enfant. Devant sa bravoure, d’autres esclaves quittèrent le chantier pour s’avancer à ses côtés.

Iblis, immobile devant le cadavre de l’enfant fracassé et sanglant, sut qu’il ne pouvait plus rien. Après toutes les atrocités qu’il avait vu les cymeks et les machines commettre, cette ultime exaction semblait inconcevable. Il se pencha, prit le petit corps disloqué de Manion dans ses bras et leva les yeux.

Là-haut, Serena se battait contre son maître. Une lutte exceptionnelle. Les esclaves retinrent leur souffle à l’instant où elle poussait la sentinelle mécanique pardessus la balustrade. La machine vint se fracasser sur les dalles de la plazza, non loin de la flaque de sang laissée par l’enfant. Dans un tintamarre métallique, elle se disloqua, tordue, déchirée, et resta immobile comme un tas grisâtre, avec ses composants convulsés, ses fibres déchirées et son électrafluide ruisselant de toutes les fissures...

Épouvantés, terrassés, les esclaves contemplaient la scène. Des brandons prêts à lancer des étincelles, songea Iblis. Une prisonnière humaine avait osé se battre contre les machines ! Et elle avait détruit un robot à mains nues ! Transportés, les esclaves, à l’unisson, crièrent son nom.

Sur le balcon, Serena continuait ses imprécations tandis qu’Érasme la repoussait. Le courage de cette femme stupéfiait les ouvriers. Est-ce qu’il pourrait y avoir un message plus clair ? se dit Iblis.

Des cris de colère montèrent de toutes les gorges. Les ouvriers avaient déjà été préparés par des mois d’instructions et de manipulations subtiles d’Iblis.

Avec un sourire sombre, il lança un ordre. Et les rebelles se ruèrent à l’assaut pour une action dont on se souviendrait dix mille années durant.


La Guerre Des Machines
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