Dans le processus qui a fait de nous les esclaves des machines, nous leur avons transmis nos connaissances technologiques  – sans leur communiquer les systèmes de valeur appropriés.

Primero Faykan Butler, Mémoires du Jihad

 

Le Voyageur du Rêve approchait de la Terre, le berceau de l’humanité qui était devenu le Monde Synchronisé Central. Même s’il demeurait vigilant, Seurat avait autorisé Vorian Atréides à piloter le vaisseau en disant simplement :

—                       De tels risques m’amusent.

Vorian renifla de mépris en affrontant l’expression indéchiffrable de la machine au visage de cuivre.

—                       J’ai déjà prouvé que je suis un pilote compétent  – probablement le meilleur de tous les humains.

—                       Oui, je suppose, même avec des réflexes paresseux et un corps physique proche de l’infirmité.

En tout cas, mes plaisanteries sont meilleures que les vôtres.

Vorian démontra ses talents en lançant la flèche noir et argent du vaisseau entre deux courants de fragments d’astéroïdes avant de rebondir en accélérant sur le champ gravifique lourd de Jupiter. Des voyants d’alerte clignotèrent sur les panneaux de statut.

—                       Vorian, vous allez au-delà des paramètres acceptables. Si nous ne parvenons pas à nous arracher à la gravité de Jupiter, nous allons griller. (Le robot se pencha pour reprendre les commandes.) Il n’est pas question de risquer de détruire les mises à jour d’Omnius...

Vorian éclata de rire : il avait réussi son petit tour et il était particulièrement fier de lui.

—                       Je vous ai bien eu, Vieux Métallocerveau. J’ai recalibré les réglages des capteurs pendant que vous ne regardiez pas. Vérifiez avec vos instruments et vous verrez que nous avons encore une bonne marge de manœuvre.

Et, de fait, ils échappèrent avec aisance à la planète géante.

—                       Exact, Vorian, mais pourquoi une telle insolence ?

—                       Pour voir si un robot est capable de mouiller son slip. (Il prit un vecteur d’approche entre les stations de surveillance robotisées et les satellites qui cernaient la Terre.) Vous ne comprendrez jamais les canulars.

—                       Très bien, Vorian. Je compte bien continuer à m’instruire  – et à m’entraîner.

Vorian se dit qu’il pourrait bien regretter un jour d’avoir appris ce genre d’humour à Seurat.

—                       A ce propos, je n’ai pas seulement du métal dans mon cerveau, comme toutes les machines pensantes. Nos circuits neuroniques sont faits d’alliages très exotiques, avec tout un réseau de fibres optiques, de polymères complexes, des trames de gel et...

—                       Et je continuerai à vous appeler Vieux Métallo- cerveau, rien que parce que ça vous agace.

—                       Je ne comprendrai jamais la stupidité humaine.

Pour les apparences, Seurat resta aux commandes du Voyageur du Rêve jusqu’à ce qu’ils se posent dans l’agitation du spatioport.

—                       Encore un voyage bouclé, Vorian.

Le jeune homme passa la main dans ses longs cheveux noirs.

—                       Nous avons suivi un itinéraire circulaire, Seurat. Et un cercle n’a pas de fin.

—                       La Terre... Omnius est le commencement et la fin.

—                       Vous êtes trop littéral. C’est pour ça que je vous bats dans tellement de jeux de stratégie.

—                       Quarante-trois pour cent, jeune homme, précisa Seurat en activant la rampe de débarquement.

 — Donc près de la moitié, répliqua Vorian en s’avançant vers le sas, pressé de respirer l’air frais de l’extérieur. Pas si mal que ça pour une malheureuse créature encline aux maladies, aux moments de distraction, et à toutes sortes de carences physiques. Mais je gagne du terrain sur vous, si vous vous donnez la peine d’examiner les scores.

Vorian bondit à l’extérieur.

Des robots dockers s’activaient autour des chargements de pièces d’IA qui circulaient sur les champs flotteurs. De petits drones frénétiques escaladaient les tubes des moteurs et les évents de propulsion, de lourdes machines de maintenance scannaient les composants qui allaient être dirigés vers les ateliers. Les robots ravitailleurs faisaient le plein des bâtiments interstellaires en stationnement, les préparant au fur et à mesure des ordres de mission lancés par Omnius.

Vorian s’était immobilisé sous le soleil, en clignant des yeux, ébloui. Un cymek géant s’avança sur ses longues jambes articulées. Ses entrailles étaient visibles dans son corps transparent : tubes hydrauliques, systèmes capteurs, éclairs bleutés des impulsions nerveuses qui circulaient entre l’électrafluide et les tiges mentales. Au centre était suspendu le container du cerveau humain, qui était celui d’un ancien général.

La tourelle du cymek pivota : il venait de repérer Vorian et s’avança en tendant ses bras grappins. Ses pinces claquèrent et Vorian se précipita vers lui.

 — Père!

Les cymeks changeaient régulièrement d’enveloppe mécanique selon leurs activités diverses et ils étaient souvent difficilement reconnaissables. Mais le père de Vorian venait régulièrement l’accueillir chaque fois que le Voyageur du Rêve revenait d’une mission lointaine.

Les servants humains du suresprit étaient nombreux sur les Mondes Synchronisés. Omnius les employait comme main-d’œuvre d’appoint, mais rares étaient ceux qui jouissaient d’un statut comparable à celui de Vorian. Les servants comme Vorian avaient droit à une formation spéciale, à une instruction rigoureuse dans des écoles d’élite réservées aux maîtres d’équipe et autres chefs supérieurs placés sous la domination de la machine.

Vorian avait lu les récits épiques des exploits des Titans, ceux des conquêtes de son père. Il avait été élevé sous l’aile protectrice du suresprit et formé par son père, et il n’avait donc jamais remis en cause sa loyauté envers Omnius.

Agamemnon connaissait bien le tempérament accommodant du robot qui commandait le vaisseau chargé de la mise à jour des données sur les divers mondes et il avait usé de son influence pour que son fils humain ait un poste à bord du Voyageur du Rêve.

Seurat était un robot indépendant et il avait volontiers accepté la compagnie de Vorian : pour lui, son tempérament imprévisible pouvait apporter un élément positif à leurs missions. Parfois, Omnius avait demandé à Vorian de participer à des simulations de jeux afin de mieux comprendre les capacités de ces humains tellement féroces.

Vorian s’avança jusqu’à se trouver au pied du cymek géant, le regard fixé sur le container où se trouvait le cerveau de son vieux père. Puis, il leva les yeux vers son étrange visage mécanique.

—                       Heureux de te retrouver. (Les modulateurs de voix d’Agamemnon lui conféraient une tonalité grave et affectueuse.) Seurat a déjà téléchargé son rapport. Une fois encore, je suis fier de toi. Il ne te reste plus qu’un pas à franchir pour être à notre niveau.

Agamemnon fit pivoter sa tourelle et Vorian l’accompagna comme il s’éloignait du vaisseau.

—                       Si seulement mon corps fragile pouvait accomplir toutes les épreuves, souffla Vorian d’un ton décidé. J’ai tellement envie de devenir un néo-cymek.

—                       Tu n’as que vingt ans, Vorian. Tu es trop jeune pour avoir cette préoccupation de mourir. C’est vraiment morbide.

Des remorqueurs pleuvaient lentement du ciel sur des colonnes de flammes jaunes. Des camions géants pilotés par des humains circulaient entre les vaisseaux aux cales saturées. Vorian accordait de brefs regards aux esclaves, mais pas un instant il ne se préoccupa de leur situation. Chacun avait ses devoirs, tous les humains et les machines jouaient un rôle précis dans les Mondes Synchronisés. Mais lui, Vorian, était supérieur à la moyenne, il avait la chance unique de devenir un jour ce qu’était son père : un cymek.

Ils passèrent entre des entrepôts bourrés de composants, de systèmes de contrôle et d’inventaire, de réserves de carburants et de fournitures. Un univers fermé mais bruyant de plass et de cuivre, avec des entassements prodigieux de circuits pareils à des végétaux engrangés, des piles de plaques scintillantes, des colonnes de cristaux de gel. Une ville hangar peuplée de robots et d’humains qui se démenaient et circulaient au coude à coude : inspecteurs, ouvriers, débardeurs voués à des contrôles de qualité et de quantité au service absolu d’Omnius.

Vorian n’aurait su comprendre comment vivaient les simples manœuvres qui déchargeaient les immenses plates-formes des docks. Une machine pouvait remplacer les esclaves humains avec plus d’efficacité et de rapidité. Mais il était rassuré à l’idée que tous ces humbles humains aient trouvé là un moyen de subsistance.

—                       Père, Seurat m’a parlé de Salusa Secundus, dit-il en pressant le pas pour se maintenir à la hauteur d’Agamemnon. Je suis désolé que votre attaque ait échoué.

—                       Disons que ça n’était qu’un test. Les humains ont un nouveau dispositif de défense, et nous sommes quand même parvenus à le percer.

Le regard de Vorian s’éclaira.

—                       Je suis convaincu que vous allez trouver un moyen de ramener tous ceux du hrethgir sous la poigne d’Omnius. Comme dans vos mémoires du temps des Titans.

Pour Agamemnon, cette réaction de son fils avait des accents sombres. Ses fibres optiques avaient détecté de nombreux yeux-espions aux alentours.

—                       Je ne tiens pas à retrouver les jours anciens, dit-il. Ou bien aurais-tu encore relu mes Mémoires ?

—                       Je ne me lasse pas de vos récits, Père. L’Âge des Titans, le grand Tlaloc, les premières rébellions hrethgir... tout cela est tellement fascinant. J’aimerais tant en savoir plus sur le nouveau dispositif de défense du hrethgir... Je pourrais peut-être vous aider à trouver un moyen de les vaincre, non ?...

—                       Omnius analyse les données et il décidera de ce qu’il convient de faire. Je ne suis revenu que récemment sur Terre.

La psyché des Titans était chargée de toutes les ambitions de l’humanité, elle en était une part fonda- mentale qui s’enrichissait constamment de projets monumentaux, de constructions mégalithiques et de monuments pharaoniques destinés à célébrer l’Âge d’Or perdu des hommes biologiques et l’avènement des Titans. Les artistes et les architectes humains captifs du suresprit étaient obligés de produire sans cesse des croquis et des dessins que les cymeks pouvaient approuver ou modifier.

Les machines pensantes n’avaient guère besoin de gagner de l’espace sur la vieille Terre mais, pourtant, de toutes parts, des immeubles se dressaient dans des dizaines de chantiers, de nouvelles tours s’érigeaient dans le ciel au-dessus des complexes. Vorian avait le sentiment que cette expansion extravagante n’était destinée qu’à occuper les esclaves...

Il n’avait jamais connu sa mère et savait seulement que, bien des années auparavant, avant même que les Titans ne deviennent des cymeks, Agamemnon avait créé sa propre banque de sperme à partir de laquelle lui, Vorian, avait été conçu. Siècle après siècle, le général cymek avait eu de multiples rejetons avec des mères porteuses.

Vorian ne savait rien de ses frères et sœurs, seulement qu’ils se trouvaient un peu partout. Il lui arrivait de se demander ce qu’il ressentirait en les rencontrant, mais dans la société des machines, les liens émotionnels étaient rompus ou flous. Il espérait seulement que tous les enfants de son père ne l’avaient pas déçu.

Quand Agamemnon s’absentait pour ses fréquentes missions, Vorian essayait souvent de s’entretenir avec les autres Titans, avide de connaître tous ces événements qui étaient stockés dans les souvenirs énormes et prodigieux de son père. Il se servait de sa position pour essayer de s’améliorer lui-même. Certains des cymeks d’origine — Ajax tout particulièrement  – le traitaient avec arrogance, comme si Vorian était un nuisible. Mais d’autres, Junon ou encore Barberousse, le trouvaient amusant. Tous avaient en commun le même ton passionné quand ils évoquaient Tlaloc, le premier des grands Titans, l’initiateur de la révolution.

—                       J’aurais aimé le rencontrer, dit Vorian pour prolonger la conversation. Agamemnon aimait bien évoquer ses jours de gloire.

—                       Oui, Tlaloc était un rêveur, riche d’idées qui m’étaient inconnues, dit le cymek d’un ton grave tandis qu’ils descendaient les boulevards encombrés. Quelquefois, il se montrait naïf et ne comprenait pas toujours les répercussions pratiques de ses idées. Mais je les soulignais pour lui, et c’est pour ça que nous avions fini par constituer une équipe formidable.

Quand il parlait des Titans, Agamemnon avançait plus vite et Vorian haletait à force de suivre son train.

—                       Tlaloc avait emprunté le nom d’un ancien dieu de la pluie. Il était notre visionnaire, tandis que j’étais le commandant militaire. Junon était notre tacticienne, notre manipulatrice. Dante veillait aux statistiques, à la bureaucratie et au recensement de la population. Quant à Barberousse, il était spécialisé dans la reprogrammation des machines pensantes afin de s’assurer que leurs objectifs étaient identiques aux nôtres. Il leur a donné de l’ambition.

—                       Une bonne chose, commenta Vorian.

Agamemnon n’eut qu’une brève hésitation, mais ne fit aucun commentaire, conscient de la proximité des yeux-espions.

—                       Quand il a visité la Terre, Tlaloc a pris conscience que la race humaine était devenue stagnante, que les gens dépendaient à tel point des machines qu’ils avaient sombré dans l’apathie. Ils n’avaient plus de but dans la vie, plus d’élan ni de passion. Libres de pouvoir consacrer tout leur temps à la créativité, ils étaient devenus paresseux au point de ne même plus imaginer.

Il y avait un dégoût sensible dans le ton de sa voix artificielle.

—                       Mais Tlaloc était différent, insista Vorian.

L’émotion s’accrut encore dans la voix d’Agamemnon.

—                       Tlaloc était né dans le système de Thalim, dans une colonie où l’existence était rude, où le travail signifiait du sang, de la sueur et des ampoules. Il a dû se battre durement pour arriver à sa position. Sur Terre, il a pu constater que l’âme humaine n’était cependant pas morte  – et que les gens ne s’en étaient même pas rendu compte ! Il a prononcé des discours pour essayer de les rallier, de leur faire prendre conscience de ce qui se passait. Rares sont ceux qui l’ont écouté, qui ont compris l’originalité de ses arguments. (Agamemnon leva l’un de ses bras formidables.) Mais ils ont considéré ses exhortations comme une simple distraction. Très vite, ils se sont ennuyés et ils sont retournés à leur existence hédoniste et paresseuse.

—                       Mais pas vous, Père.

—                       Mon existence terne me déplaisait. J’avais déjà rencontré Junon et nous avions les mêmes rêves. Tlaloc les a cristallisés pour nous. Quand nous nous sommes joints à lui, nous avons déclenché les événements qui ont abouti à la chute du Vieil Empire.

Le cymek colossal et son fils avaient atteint le vaste complexe où résidait l’Omnius terrestre. Mais d’autres répliques du suresprit étaient réparties sur toute la planète dans un réseau de cryptes sous haute défense et de tours géantes. Vorian suivit son père, impatient de remplir son rôle. Ils avaient accompli bien des fois ce rituel.

Ils pénétrèrent dans un atelier de maintenance encombré de tubes de lubrifiants, de cylindres de fluides nutritifs bouillonnants et de panneaux d’analyses crépitants. Vorian prit une trousse d’outils avant d’ouvrir les buses et les jets d’eau à haute pression, puis sélectionna des chiffons doux et des lotions à polir. Il considérait son rôle comme essentiel en tant que servant humain.

Agamemnon s’installa sur un dispositif élévateur, au centre de la salle stérile. Une pince magnétique descendit comme une serre de métal jusqu’au container où était enfermé le cerveau ancien du cymek. Les ports de connexion neuraux s’ouvrirent et les câbles à tiges mentales remontèrent en spirales. Le bras souleva le container qui restait attaché aux batteries provisoires et aux systèmes vitaux.

Vorian était chargé d’instruments.

—                       Je sais que vous ne pouvez rien sentir, Père, mais ça me plaît de penser que vous vous sentirez plus à l’aise et plus efficace.

Il nettoya les ports de connexion à l’eau chaude, puis à l’air comprimé et passa un chiffon sur toutes les surfaces. Son père lui transmit des murmures de reconnaissance.

Ensuite, Vorian passa aux diagnostics et annonça, après un examen attentif :

—                       Toutes les fonctions optimales, Père.

—                       Avec tout le soin que tu apportes à la maintenance, ça n’est guère étonnant. Merci de veiller sur moi, mon fils.

—                       Vous savez que je considère cela comme un honneur.

La voix d’Agamemnon devint un ronronnement synthétique plein de douceur.

—                       Vorian, si tu continues de me servir aussi bien, je te recommanderai pour la plus haute récompense. Je demanderai à Omnius de te convertir chirurgicalement en cymek, comme moi.

En entendant cela, Vorian polit encore plus fort l’extérieur du container, puis se pencha sur la forme grise et crémeuse qui se trouvait à l’intérieur, les larmes aux yeux, les joues rouges d’émotion.

 — Pour un humain, c’est le plus grand espoir.


La Guerre Des Machines
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