Seuls les gens à l’esprit étroit semblent ignorer que la définition de « impossible » est « manque d’imagination et d’inventivité ».

Serena Butler

 

Dans le salon du manoir des Butler, Xavier Harkonnen était installé sur un sofa de brocart vert. Il ne se sentait pas à l’aise dans cette pièce luxueuse avec sa tenue d’exercice. Les murs de la pièce étaient décorés de portraits de différents ancêtres des Butler dans des cadres dorés. Un gentilhomme à l’allure caricaturale le fixait, la moustache droite et laquée, coiffé d’un tricorne.

Entre deux missions, il était venu surprendre Serena au manoir, et les serviteurs lui avaient demandé d’attendre. Octa, rougissante d’émotion, entra dans le salon avec une boisson fraîche. Il ne l’avait toujours vue qu’en présence de Serena, et il prit conscience avec surprise qu’elle était en fait une jeune fille adorable. Depuis les fiançailles de sa sœur, elle devait rêver de son futur époux, en supposant qu’elle surmonte le sentiment discret qu’elle éprouvait pour Xavier.

 — Serena ne vous attendait pas, Xavier, mais elle sera là d’un instant à l’autre, dit-elle en évitant son regard. Elle est en réunion avec des officiels, des assis- tants chargés de l’équipement électronique et quelques soldats de la Militia. Je crois que c’est en rapport avec son poste au Parlement.

Xavier eut un vague sourire.

—                       Nous avons tous tellement de projets sur lesquels travailler, mais c’est la situation qui veut ça.

Octa affecta de ranger des livres et des statuettes sur une étagère et Xavier réfléchit à la session parlementaire à laquelle il avait assisté deux jours auparavant. Bouleversée par la chute tragique de Giedi Prime, Serena avait tenté de rallier les représentants des planètes les plus puissantes dans l’espoir de monter une opération de secours. Elle voulait constamment faire quelque chose et c’était une des raisons pour lesquelles Xavier l’aimait tant. Les autres acceptaient la défaite et vivaient dans la crainte qu’Omnius se lance dans de nouvelles conquêtes. Mais Serena, elle, voulait changer le monde. Tous les mondes, à vrai dire.

Il l’avait vue monter à la tribune et s’exprimer avec passion devant le Parlement :

—                       Nous ne pouvons pas abandonner Giedi Prime ! Les machines ont percé les boucliers de brouillage, elles ont assassiné le Magnus, réduit la population en esclavage et elles sont chaque jour plus présentes, plus hostiles. Il existe certainement des survivants de la Garde Locale qui se battent derrière les lignes et nous savons qu’un autre générateur de champ était sur le point d’être activé. Nous avons une chance de le faire fonctionner ! Il faut nous battre avant que les machines puissent installer leur propre infrastructure. Car si elles y parviennent, alors elles seront hors d’atteinte.

—                       Pour autant que nous le sachions, elles sont d’ores et déjà hors d’atteinte ! grommela le représentant de la Colonie Industrielle de Vertree.

Le délégué de Zanbar ajouta d’un ton vif :

—                       Lancer l’Armada contre Giedi Prime serait suicidaire. Sans boucliers de brouillage, il n’existe plus de défenses là-bas, et les machines nous massacreraient dès le premier affrontement.

Serena, alors, avait levé un index impératif.

—                       Pas nécessairement. Nous savons que le Magnus avait installé un complexe auxiliaire de générateurs, qui n’a pas encore été activé. Si nous parvenions à nous glisser à l’intérieur du rideau de défense de Giedi Prime pour achever le protocole d’activation et à démarrer une seconde couverture de champs disrupteurs, nous serions en mesure de couper leur...

Sa proposition avait été noyée sous les ricanements. Et Xavier avait eu du chagrin en voyant l’air blessé de sa fiancée. Elle n’avait pas su comprendre la naïveté de sa proposition, l’impossibilité de lancer une mission pour réparer les écrans de Giedi Prime sous le nez froid et vigilant des machines du suresprit. Lorsqu’il avait inspecté les défenses de la planète, Xavier avait compris qu’il faudrait des semaines à des ingénieurs doués pour rendre le système à nouveau opérationnel.

Mais rien n’arrêtait Serena. À la seule pensée des souffrances qui attendaient les humains sous le joug des robots, elle était prête à tout.

Le Parlement, bien évidemment, avait voté contre sa proposition.

—                       Nous ne pouvons actuellement dépenser autant de ressources, de puissance de feu et de contingent humain pour tenter de sauver un monde qui a d’ores et déjà été perdu. Désormais, Giedi Prime est un bastion des machines.

Les nobles tremblaient à la seule idée que leurs défenses privées puissent être menacées.

C’était à cela que Xavier consacrait le plus clair de son temps. En tant qu’officier de l’Armada, il participait aux sessions interminables avec les représentants du Parlement, y compris le Vice-roi Butler. Il était décidé à savoir ce qui avait flanché dans le dispositif de défense de Giedi Prime  – quitte à se considérer comme responsable.

Les techniciens de l’Armada avaient étudié les rapports d’inspection et l’avaient assuré qu’il n’aurait rien pu faire pour éviter l’invasion de la planète. Pour cela, il aurait fallu une flotte complète de bâtiments de guerre sur chacun des mondes de la Ligue. Si Omnius avait décidé de sacrifier une part de sa force d’attaque robotique afin de neutraliser les champs de brouillage Holtzman, aucune planète n’était plus à l’abri. Mais en apprenant cela, Xavier ne s’était pas senti mieux pour autant.

Sur Poritrin, Holtzman travaillait dur pour améliorer le réseau de brouillage. Le Seigneur Bludd avait fait part de son optimisme et de la confiance absolue qu’il faisait au Savant, plus particulièrement depuis que l’inventeur s’était attaché les services d’une grande mathématicienne, la fille de la Sorcière Zufa Cenva elle-même. Xavier espérait en secret qu’ils aboutiraient très vite à un résultat, pour une fois.

Serena fit son entrée, adorable comme toujours, mais exténuée. Elle le serra presque avec violence.

—                       J’ignorais que tu devais venir.

Octa s’était déjà glissée au-dehors.

Xavier consulta l’horloge baroque de la cheminée.

—                       Je voulais te faire une surprise mais, maintenant, il faut que je m’en aille. La réunion de cet après-midi promet d’être longue.

Elle hocha la tête avec une expression inquiète.

—                       Depuis la chute de Giedi Prime, nous sommes tous deux prisonniers de nos sessions préparatoires, apparemment. Je crois que je ne me souviens même plus du nombre de comités dont j’ai fait partie.

—                       Tu m’inviterais à ces mystérieuses rencontres ? demanda-t-il, moqueur.

Elle eut un rire forcé.

—                       Vraiment ? L’Armada ne te prend pas suffisamment de temps, c’est ça ? Tu voudrais bien t’ennuyer encore un peu plus. Je crois que je vais en parler à notre nouveau commandement.

—                       Merci, mon cœur, mais je préférerais encore me battre seul contre dix cymeks plutôt qu’essayer de te dissuader quand tu as quelque chose dans ta jolie petite tête.

Elle répondit avec passion à son baiser et il se redressa, le souffle court, en réajustant sa tenue.

—                       J’y vais de ce pas.

—                       Nous ne pourrions pas dîner en tête à tête ce soir ? C’est important pour moi en ce moment, tu sais.

—                       D’accord.

Avec un soupir de soulagement, Serena regagna la salle du Soleil d’Hiver. Elle avait déjoué les soupçons de Xavier. Son équipe l’attendait. Tous les regards se tournèrent vers elle, mais elle leva la main pour apaiser l’inquiétude générale.

La clarté du matin donnait un éclat nouveau aux fauteuils, aux dalles et à la table recouverte de cartes et de diagrammes.

—                       Nous devons nous remettre au travail, déclara le vétéran Ort Wibsen. Il ne nous reste guère de temps si vous voulez que cette motion soit votée.

—                       J’en ai bien l’intention, Commandant. Si quelqu’un a le moindre doute à ce sujet, il aurait dû nous quitter depuis des jours.

Le père de Serena croyait que sa fille passait ses matinées dans la salle confortable et ensoleillée rien que pour lire, mais depuis des semaines elle y dressait des plans... Elle avait rassemblé autour d’elle des volontaires décidés, des experts et des éléments bruts.

Nul ne pouvait l’arrêter dès lors qu’il était question de dépenser son énergie à des causes humanitaires.

 — J’ai fait mon possible pour suivre les filières officielles afin que la Ligue agisse, dit-elle. Mais parfois il faut forcer les gens à prendre les décisions qui s’imposent. Il faut les guider, comme n’importe quel destrier salusan.

Après que le Parlement se fut gaussé de sa « naïveté », elle avait quitté la salle sans accepter sa défaite. Elle était déterminée à changer de stratégie, même si elle devait organiser et financer elle-même sa mission.

Quand Xavier serait mis au courant de son plan, quand il serait trop tard pour l’arrêter, elle espérait qu’il serait fier d’elle.

Elle observa un bref instant l’équipe qu’elle s’était constituée à partir des meilleurs éléments de commandos de l’Armada : capitaines de vaisseau, commandos, agents d’infiltration. Ils étaient dix, hommes et femmes confondus. Serena cliqua sur une télécommande pour fermer les persiennes, ne laissant que quelques minces rais de soleil filtrer dans la pièce.

—                       Si nous parvenons à reprendre Giedi Prime, ce sera pour nous une victoire deux fois plus importante que celle que les machines ont remportée. Parce que nous leur prouverons ainsi qu’elles ne peuvent nous dominer.

Wibsen avait toujours l’attitude d’un homme de combat, même s’il n’était plus en service actif depuis une décennie.

—                       Nous sommes tous heureux de participer à une initiative qui pourrait donner des résultats tangibles. Il y a longtemps que l’idée de porter un coup décisif à ces maudites machines me démange.

Le vieux commandant avait été contraint de prendre sa retraite  – à cause de son âge, disait-on. Mais c’était plus probablement sa personnalité irascible qui expliquait cette mesure, sa tendance à tenir tête à ses supérieurs et à ignorer parfois la stricte application des ordres. Malgré son mauvais caractère, il était exactement le genre d’homme dont Serena avait besoin pour diriger une mission que les autres membres de la Ligue auraient jugée complètement folle, ou du moins déraisonnable.

—                       Vous avez votre chance, Commandant.

Pinquer Jibb, le messager qui avait apporté la nouvelle de la chute de Giedi Prime et qui avait encore les yeux hagards sous ses cheveux bouclés, roide, promena son regard sur l’assemblée.

—                       Je vous ai apporté toutes les informations dont vous pouviez avoir besoin. J’ai rassemblé des rapports détaillés. La station secondaire du générateur était presque achevée lorsque les machines ont attaqué. Il suffirait de nous glisser derrière leurs défenses pour la lancer. (Une étincelle nouvelle apparut dans ses yeux.) De nombreux membres de la Garde ont dû survivre. Ils feront tout ce qu’ils pourront pour nous aider derrière les lignes ennemies, mais ce sera insuffisant si nous ne sommes pas en mesure de les aider.

—                       Si nous parvenons à faire démarrer les générateurs secondaires, intervint Serena, les cymeks et les robots de surface ne tiendront pas face à une attaque concertée de l’Armada. Pensez-vous que nous puissions réussir un coup pareil ?

Brigit Paterson, une fille à l’air hommasse, réagit en fronçant les sourcils.

—                       Qu’est-ce qui vous fait penser que l’Armada acceptera d’appuyer notre opération ? Quand mes ingénieurs auront fait leur boulot, vous pensez que les militaires se précipiteront à notre secours ?

Serena eut un sourire sombre.

—                       Ça, je m’en occupe.

Serena avait été éduquée dans les meilleures écoles avec les professeurs les plus brillants, comme un futur leader. Elle avait tant de projets à mener à bien qu’il lui était impossible de ne pas utiliser la richesse et le pouvoir des Butler.

L’heure était venue de mettre sa détermination à l’épreuve.

—                       Commandant Wibsen, avez-vous l’information que je vous ai demandée ?

Avec son visage ridé et sa voix rauque, le vétéran semblait un homme de terrain plutôt qu’un fin stratège. Mais, dans tout Zimia, nul n’en savait autant que lui sur les opérations militaires.

—                       Il y a du bon et du moins bon. Après avoir renversé le gouvernement de Giedi Prime, les machines ont placé une flotte robotique sur orbite. Le nettoyage au sol est conduit par un Titan et une horde de néo- cymeks.

Il fut pris d’une quinte de toux et, l’air irrité, régla le moniteur implanté dans son sternum.

—                       Omnius peut continuer d’envoyer d’autres machines, et même utiliser les polygones de Giedi Prime pour fabriquer des unités de renfort, intervint Pinquer Jibb d’un ton pressant. Sauf si nous lançons le complexe de brouillage secondaire.

—                       C’est ce que nous devons faire, répliqua Serena. La Garde Privée a été dispersée et une grande partie des régiments semble être passée dans le sous-sol pour former une cinquième colonne clandestine. Si nous parvenons à entrer en contact avec eux, à les organiser, nous aurons un point d’attaque pour saboter les machines.

—                       Je peux m’occuper de ça, dit Jibb. C’est notre unique chance.

—                       Moi, je considère que c’est trop périlleux, protesta Wibsen. Mais après tout, je n’ai pas dit que je n’irai pas.

—                       Le vaisseau est prêt ? insista Serena.

—                       Oui, bien entendu, mais il y a encore des lacunes dans cette opération, si vous voulez mon avis.

Brigit Paterson prit la parole :

—                       J’ai vérifié toutes les cartes et les plans détaillés de Giedi Prime et de sa capitale, y compris les diagrammes des générateurs subsidiaires. Pinquer me dit que tout est à jour.

Serena, en plus de son enthousiasme et de sa passion, avait toujours fait preuve d’un talent de coordinatrice. Deux années auparavant, elle avait été à la tête d’une mission de secours sur Caladan, une Planète Dissociée vers laquelle des milliers de réfugiés des Mondes Synchronisés avaient fui. Lors de la croisade la plus récente, l’année précédente, elle avait conduit un convoi de trois transporteurs bourrés de fournitures médicales destinées à Tlulax, planète des confins dont les habitants souffraient d’un mal mystérieux. A présent que les marchands d’organes tlulaxa les avaient secourus avec leurs moyens médicaux et leurs implants, elle se disait que cet effort avait été un investissement fructueux.

Elle avait le vent en poupe et se voyait accorder des faveurs, et c’est ainsi qu’elle avait mis sur pied cette mission qui ressemblait beaucoup à ses précédentes interventions humanitaires. Malgré tous les dangers, elle espérait un franc succès.

Elle consulta du regard les membres de son équipe et se dit que la mission allait réussir. Ils étaient onze à défier les conquérants de l’univers pour tenter de faire basculer la chance.

Ort Wibsen avait triché avec les canaux officiels pour trouver un forceur de blocus. L’équipe de Paterson avait installé sur le vaisseau lourd tout le matériel expérimental qu’elle était parvenue à récupérer dans les arsenaux. Serena, avec l’aide de ses fonds personnels et d’une fausse documentation, avait réussi à acheter tout ce dont le vieux commandant avait besoin.

—                       Chacun de nous, dans la Ligue, a perdu un être cher lors de l’attaque des machines. Le moment est venu de répliquer.

—                       Alors, on y va, lança Pinquer Jibb. Oui, on va les faire payer.

C’était le soir et Serena et Xavier étaient attablés l’un en face de l’autre, ignorant les serviteurs qui s’empressaient autour d’eux en pantalon noir et veste chamarrée de rouge et d’or.

Xavier avait goûté d’abord à ses aiguillettes de canard dorées avant de se lancer dans ses plans de mobilisation de l’Armada et ses projets personnels pour protéger les Mondes de la Ligue.

—                       Si tu le veux bien, ne parlons pas travail ce soir, l’interrompit Serena. (Elle se leva avec un sourire charmeur et vint s’asseoir tout contre lui.) Xavier, chaque moment est précieux pour nous.

Et, bien sûr, elle ne lui souffla pas mot à propos de son ambitieuse mission.

—                       Depuis que j’ai été soumis à ce gaz, je n’apprécie plus vraiment les choses. À vrai dire, il ne me reste rien à goûter, sinon toi.

Elle lui caressa la joue.

—                       Je pense que nous devrions dire aux serviteurs de se retirer. Mon père est en ville et ma sœur s’est absentée pour la soirée. Nous ne devons pas gaspiller nos instants de liberté.

Il l’attira contre lui.

—                       Je n’ai plus faim.

—                       Moi si, fit-elle avant de l’embrasser au creux de l’oreille pour descendre lentement vers ses lèvres.

Il enfouit sa main dans ses cheveux, caressa doucement sa nuque.

Ils quittèrent la table et coururent jusqu’aux appartements de Serena. Le feu brûlait déjà dans la cheminée et des fulgurances orange dansaient sur les murs. Ils se dévêtirent au rythme de leur souffle, leurs doigts se rencontrant fébrilement sur la dentelle, les boutons et les clips.

Serena était plus fiévreuse que jamais. Elle semblait enregistrer les moindres caresses, l’air intense, les yeux clos parfois. Elle voulait tout garder en elle, chaque fraction de plaisir, chaque tonalité de leur ascension violente vers l’orgasme. Xavier, lui, ignorait qu’elle voulait disparaître très vite ensuite, qu’elle désirait se souvenir de cette soirée pour compenser leur séparation longue et cruelle.

Ses doigts étaient des griffes ardentes dans son dos tandis qu’elle lui arrachait sa chemise.

C’est avec le souvenir tout chaud de leur instant d’amour que Serena quitta le manoir pour se perdre dans la nuit tranquille. Elle avait rendez-vous avec son équipe sur un terrain privé à la lisière du spatioport de Zimia.

Elle avait hâte de partir, et son optimisme dominait encore son anxiété quand elle retrouva ses conjurés du commando. Moins d’une heure plus tard, ils décollèrent dans le forceur de blocus massif à la coque grise, chargé d’outils, d’instruments, d’armes et de l’espoir de tous les humains.


La Guerre Des Machines
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