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À BAGATELLE, on savait maintenant que le printemps de 1863 apporterait la guerre tout près de la plantation. On avait renoncé à faire des labours, la main-d’œuvre servile ayant été confiée à l’armée. Il ne restait dans le village des esclaves qu’une trentaine d’hommes valides, les femmes et les enfants. Les contremaîtres avaient signalé quelques désertions, mais les Noirs comme les Blancs demeuraient dans l’expectative. Tous savaient que l’on se préparait à vivre des journées décisives pour cette région, déjà à demi conquise par les Nordistes.

« Ce sera la première fois depuis un siècle que l’on ne sèmera pas le coton, dit Clarence. Les champs que nous n’avons pas labourés cet hiver sont envahis par les mauvaises herbes. En quelques saisons, la nature est capable de reprendre la terre aux hommes.

— Nous n’allons tout de même pas préparer une récolte pour les Yankees, non ? lança Virginie. Que voulez-vous faire du coton en stock ?

— Nous jetterons les balles dans le lac de Fausse-Rivière – c’est ce que nous avons décidé avec Barrow, Tampleton et les autres planteurs – et nous mettrons le feu aux cannes à sucre qui poussent bien qu’on ne s’en soit pas beaucoup occupé.

— Je veux que Bagatelle apparaisse aux Yankees nue et vide. Il faut aussi détruire les charrues, les charrettes et donner tous les chevaux, sauf les nôtres, à l’armée.

— J’ai fait démonter la grosse cloche de service, on va la porter à la fonderie de Richmond avec celles de Sainte-Marie et des autres églises ; on manque de bronze pour faire les canons.

— Quant aux provisions ?

— Il en reste fort peu, Virginie.

— Je ne veux pas que les abolitionnistes boivent notre vin et notre champagne. Nous allons donner un grand barbecue et faire une fête. Je vais inviter toute la paroisse !

— Gardons quelques bouteilles pour célébrer la victoire, fit Dandrige avec un sourire forcé.

— Y croyez-vous encore, à la victoire, Clarence ?

— La guerre finira le jour où l’une des deux capitales tombera, Richmond ou Washington.

— Vous ne répondez pas à ma question…

— Tout dépendra de ce qui se passera sur le front de l’est. Pour nous, j’ai bien peur qu’il nous faille attendre avec les Yankees sur le dos la décision finale.

— Mais vous savez que les gens de Richmond ont faim, qu’il y a eu des émeutes et que les quinze millions de dollars que l’Europe vient de nous prêter seront vite dépensés par l’armée. »

Chaque soir, la même conversation s’instaurait entre Clarence et Virginie. Barthew ou le docteur Murphy apportaient des nouvelles. On s’étonnait que Banks, qui s’était avancé jusqu’à l’embranchement de Springfield, n’ait pas encore attaqué Port Hudson et que les bateaux de Farragut se soient contentés de reconnaissances circonspectes. Rapidement, la tension devint insupportable à beaucoup. Au moindre ragot, on s’enflammait. Un tel avait vu des cavaliers yankees ; un autre affirmait que des bateaux débarquaient des éclaireurs ; un troisième disait que Banks utilisait des ballons captifs pour observer la plaine et que des espions venaient, la nuit, inciter les Noirs à tuer leurs maîtres.

« C’est le moment de donner notre barbecue, dit un matin Virginie. Tous ces gens vont devenir fous à attendre comme ça le feu du ciel. »

La fête eut beaucoup de succès. Comme au temps heureux où le Sud vivait dans l’insouciance, on vit les landaus converger vers Bagatelle. On comptait sous les chênes trois fois plus de jeunes filles que de jeunes gens. Les cavaliers de ces demoiselles faisaient la guerre. Plusieurs femmes portaient le deuil d’un mari ou d’un fils et les vieillards offraient des visages fermés de vaincus. Ils durent cependant faire danser leurs filles ou leurs nièces, qui avaient fait des prodiges pour paraître élégantes dans des robes démodées.

Isabelle Tampleton s’était fait tailler une veste dans des rideaux de velours, mais le frac de Percy apparaissait lustré comme la soutane d’un vieux curé. Virginie, pour ne pas humilier ses invités, portait une toilette que Clarence ne lui avait pas vue depuis des années. Elle était belle malgré tout.

« Vous souvenez-vous de cette robe, Clarence ?

— Cette dentelle et ces volants mauves me disent quelque chose, fit-il pour être poli.

— C’est la première que je me suis fait faire à Bagatelle, il y a disons… trente ans ! »

Au cours de cette soirée, Percy Tampleton révéla que Willy venait d’être promu colonel et qu’il se préparait à défendre Port Hudson, menacé par les Yankees, puis il invita Virginie pour une danse.

« Avez-vous le sentiment que nous dansons sur un volcan ? interrogea-t-il.

— Tout à fait et je trouve cela excitant !

— Il s’est passé bien des choses depuis que… nous nous connaissons !

— Tant de choses, oui. Certaines que ma mémoire n’a pas retenues…, pas plus que la vôtre, je suppose. »

Percy Tampleton sourit. La belle Virginie, qui, pour l’heure, pourrait être grand-mère, tenait encore à préserver le secret d’une faiblesse ancienne.

« Ma mémoire est peut-être plus fidèle que la vôtre, dit-il mélancoliquement, mais elle conserve le respect des minutes oubliées par d’autres. Je ne suis plus le même homme qu’il y a trente ans et vous n’êtes plus la même femme. Ce qui s’est passé autrefois entre deux inconnus ne peut plus être évoqué que comme une légende. Une de ces belles légendes du Sud… »

Virginie se décida à sourire. Percy appartenait à ce pays comme elle-même. L’existence quiète et splendide dont elle goûtait peut-être un des ultimes moments lui paraissait soudain enivrante à respirer, comme le gardénia qui ornait la boutonnière de son cavalier. « Les fleurs pourrissent elles aussi, pensa-t-elle, et la douceur de vivre ne sera bientôt plus qu’un amas de souvenirs confus, qu’agiteront des fantômes jacassants. »

Quand Brent, le majordome, délégué par l’orchestre, annonça, suivant la tradition : « La dernière valse, messieurs et mesdames », un grand silence se fit dans le salon illuminé par une profusion coupable de chandelles. À cet instant, tous prirent conscience que cette musique qui appelait encore une fois les couples à se former emporterait dans les mesures finales tout ce qui constituait le bonheur simple de la vie de plantation. Sans un mot, les valseurs se mirent en place. Virginie chercha Clarence. Lui aussi tenait à l’enlacer une fois encore, à s’abandonner au plaisir de tournoyer en sentant sur son épaule la main légère de la dame de Bagatelle. Il sembla à tous que les violons jouaient plus lentement que d’habitude, comme si les musiciens voulaient prolonger un peu cette fête triste. C’est presque avec gravité que les couples s’élancèrent sans un murmure, participant à un rite qui prenait une signification particulière. Quand tombèrent les dernières mesures, les danseurs demeurèrent un instant figés, puis plusieurs femmes éclatèrent en sanglots devant leur cavalier désemparé. Clarence regarda Virginie et vit rouler sur ses joues deux larmes lourdes.

« Allons, dit-elle, la fête est finie ! »

Quand les invités eurent pris congé, mélancoliques et reconnaissants, Clarence et Virginie, qui avaient accompagné ces derniers jusqu’au portail, remontèrent à pas lents l’allée des chênes. La fraîcheur de la nuit, les étoiles qui ressemblaient à d’insaisissables fruits suspendus entre les hautes branches, les cris des oiseaux chasseurs, les frôlements soyeux des chauves-souris et, majestueuse de blancheur, la maison illuminée, tout concourait à faire de cet instant un moment que le temps oublierait peut-être de décompter.

Virginie s’arrêta devant le dernier chêne, là où une petite plaque toute moussue indiquait la tombe de Julie.

« Croyez-vous, Clarence, que ce soit moi qui l’aie tuée ? demanda-t-elle à voix basse.

— Non, Virginie ; peut-être avez-vous été l’instrument, mais sa mort était décidée de toute éternité. Les forces qui nous dépassent l’avaient élue, comme vos fils. Un jour est déjà choisi pour nous… »

Comme il achevait sa phrase, Virginie lui prit brusquement le bras, leva vers lui un visage bouleversé, mais où le regard brillait intense et fixe.

« Clarence, ne me laissez pas seule cette nuit, je vous en prie. »

Doucement, il posa sa main sur la sienne.

« Rentrons. Vous grelottez ; Anna nous fera un de ses faux cafés d’orge.

— Vous ne comprenez donc pas ce que je veux dire, Clarence, fit-elle, presque violente et reculant d’un pas. Je veux dire… emmenez-moi chez vous et prenez-moi dans vos bras… J’ai besoin d’amour !

— Taisez-vous, Virginie ; là, devant cette tombe, vous ne savez pas ce que vous me demandez… »

Il avait le regard de reptile qu’elle redoutait, à la fois insoutenable et qu’on ne pouvait fuir.

« Ne m’avez-vous jamais désirée, Clarence ? Moi, oui, souvent…

— Non, Virginie, je ne puis vous désirer…

— N’êtes-vous pas un homme ? »

Elle avait presque crié cette phrase, comme un appel provocant de femelle amoureuse.

En quelques enjambées, il s’éloigna, contourna la maison. Elle se laissa tomber au pied du chêne, moulue, la tête vide, le cœur battant à grands coups. Brent, une lanterne à la main, inquiet de savoir sa maîtresse dehors alors que l’heure était venue de fermer, finit par l’apercevoir.

« Faut rentrer, maîtresse, il fait froid, à présent ! »

Elle se leva, monta l’escalier en appuyant à chaque marche ses mains sur ses cuisses comme une vieille femme lasse. Humiliée et découvrant pour la première fois la réalité de la solitude, elle renvoya Rosa, qui l’attendait pour lui brosser les cheveux, et se jeta tout habillée sur son lit pour pleurer.

Le lendemain matin, sur le plateau du petit déjeuner qu’elle se fit monter dans sa chambre, Virginie trouva une lettre.

« C’est m’sieur Dand’ige qui m’a dit de vous la donner, maîtresse, dit Rosa. Il est parti ce matin, que le jour était pas levé, sans dire où il allait ! »

Virginie avait déjà reconnu l’écriture souple de l’intendant ; elle ouvrit l’enveloppe et lut :

Très chère Virginie,

Quand vous lirez ces mots, j’aurai quitté Bagatelle. Bien que je répugne à abandonner la plantation en un tel moment, vous comprendrez qu’après notre conversation de la nuit dernière j’ai honte à paraître devant vous.

Ne croyez pas un instant que je puisse vous mépriser, vous êtes l’être auquel je suis, en ce monde, le plus attaché, et votre… suggestion qui, pour tout autre, eût été flatteuse, si l’on met de côté les conventions, n’a été pour moi que cruelle.

Demandez à Murphy de vous livrer le secret de ma personne, que je ne puis moi-même vous divulguer. Je l’y autorise par une lettre qui lui sera remise aujourd’hui.

Tout est en ordre à la plantation. Nulle mieux que vous ne saura recevoir les Yankees s’ils se présentent. Je ne sais si nous nous reverrons jamais. Sachez que je laisse une partie de mon âme à Bagatelle et à vous ces ardentes pensées que d’autres peuvent appeler amour.

Clarence Dandrige.

Mme de Vigors relut vingt fois la lettre de son intendant, y trouvant assez de confiante tendresse pour être émue comme une jeune fille et assez de mystère pour piquer sa curiosité.

Elle s’était jetée à la tête de Clarence comme une femelle en mal d’amour. Il avait pu mettre cette, attitude scandaleuse sur l’absence du général, dont elle n’avait, depuis plusieurs mois, aucune nouvelle, alors que, les troupes françaises ayant débarqué à La Vera Cruz, elle aurait dû normalement en recevoir. Cependant Dandrige ne semblait pas la considérer comme une femme incapable de dominer sa sensualité et elle-même savait qu’une force autrement exigeante que celle des sens l’avait poussée vers cet homme qui avait assisté, impassible, à tous les événements de sa vie.

Elle passa la journée à errer dans la maison et ses dépendances, à cacher l’argenterie et ses bijoux derrière les trumeaux des portes, à dissimuler les dernières bouteilles de vin, de champagne et de porto dans des cachettes, comme s’il se fût agi d’objets précieux.

Puis le soir, n’y tenant plus, elle envoya chercher Murphy.

« Qui est malade ? dit le médecin en arrivant.

— Vous savez pourquoi je vous ai fait venir. N’avez-vous pas reçu une lettre de Clarence, vous aussi ?

— En effet, dit-il, abandonnant toute désinvolture. J’ai trouvé tout à l’heure un petit mot de Dandrige. Je ne sais pas ce qui a pu se passer entre vous, mais c’est une belle mission qu’il me confie là ! Je viens de Port Hudson, où se prépare la bataille. Tout le pays risque d’être d’ici demain à feu et à sang et c’est le moment qu’il choisit pour m’imposer une telle corvée… S’il vous restait par hasard une bouteille de whisky, je ne serais pas mécontent de lui dire deux mots avant de vous exposer le cas Dandrige, chère madame. »

Brent apporta un plateau et le médecin se servit un demi-verre d’alcool, qu’il dégusta tout en lorgnant Virginie qui cachait mal son impatience.

« Bon ! Clarence Dandrige, que j’aime comme un frère, m’a chargé de vous expliquer pourquoi il n’est pas un homme normal, pas un homme complet, si vous préférez. Comme c’est un peu délicat à définir devant une dame, même mariée, je parlerai en médecin en m’efforçant de ne pas vous choquer.

— Je peux tout entendre, fit Virginie excédée. J’ai été mariée deux fois et j’ai eu un certain nombre d’amants, je sais ce qu’est le corps d’un homme et à Paris on ne met pas de jupe aux pieds des pianos, comme chez les quakers !

— Il faut tout d’abord que vous sachiez qu’après avoir terminé ses études au collège de Harvard, devenu depuis la grande université du Nord, Clarence Dandrige décida d’aller étudier les mœurs des Indiens. Après avoir visité plusieurs tribus, il arriva un jour, vers 1822 ou 23, je suppose, sur la Platte River, un affluent du Missouri, chez les Pawnees. C’était alors une puissante nation de guerriers qui avaient l’habitude de se raser la tête, ne réservant qu’une longue mèche de cheveux au milieu du crâne, appelée mèche du scalp, qu’ils entretenaient soigneusement pour ne pas décevoir ceux qui, les ayant vaincus, auraient voulu emporter un trophée.

« Les Pawnees, sont des gens paisibles et hospitaliers. Depuis que Clarence les visita, une bonne moitié d’entre eux a péri au cours d’une épidémie de variole apportée par des marchands de peaux, et l’autre moitié a été chassée par de vaillants militaires de l’Union, comme Willy Tampleton, vers des territoires désertiques. Baste !…

« Le jeune Dandrige se trouvait parfaitement à l’aise et en sécurité au milieu de ces braves gens. Tellement à l’aise qu’il prit une maîtresse, une jeune fille d’une grande beauté, qui n’était autre que la fille de Bison-Gras, le chef de la tribu. Si les mœurs étaient assez libres pour les Indiennes ordinaires, il n’en allait pas de même pour les filles de chefs. Les amours de Clarence et de la belle Menth – c’était son nom – ayant fait scandale, on apprit un peu tard à notre bon jeune homme qu’un Blanc qui avait connu une fille de chef indien ne pouvait plus connaître d’autre femme. La solution habituelle était la mise à mort de l’étalon, mais Bison-Gras, ayant une grande affection pour l’amant de sa fille, commua le châtiment en émasculation majeure.

« Ces Indiens devaient être d’habiles chirurgiens, car ils pratiquaient l’énucléation des testicules au moyen de deux incisions sur le scrotum. Ils compensaient ensuite l’exérèse des gonades par l’implantation dans les bourses vidées de billes de terre cuite. Ce procédé a un avantage esthétique certain, car l’enkystement des corps étrangers remplaçant les testicules assure une conformation externe très satisfaisante.

« Tel est le traitement que subit notre jeune Dandrige, pour avoir inconsidérément forniqué avec une demoiselle indienne de l’aristocratie. Naturellement, après une telle opération, l’instinct de reproduction et même le désir de copulation se trouvent anéantis.

« Dandrige, que j’ai examiné plusieurs fois, quand Adrien l’eut recueilli à demi mort de faim, dans une pirogue qui vint s’échouer au bout de votre allée de chênes, avait bien supporté l’intervention barbare des chirurgiens pawnees, mais il est évident qu’il se trouve à jamais frustré du plaisir le plus commun. La plus belle fille du monde ne saurait l’émouvoir. Il ne peut connaître de l’amour que ce que le psychisme peut encore en retenir. C’est une bien triste histoire ! »

Virginie, qui avait écouté le médecin sans l’interrompre, ne chercha même pas à retenir ses larmes quand le récit fut achevé.

« Vous l’aimez, n’est-ce pas ? » s’enquit Murphy.

Elle approuva de la tête, comme une petite fille qui avoue un péché véniel à son confesseur.

« Vous auriez pu vous en apercevoir plus tôt. Ce n’est pas à son âge qu’on quitte la maison où l’on a passé sa vie.

— Qu’aurais-je pu lui apporter, Murphy ?

— L’occasion de s’éloigner de vous quand il était encore jeune ; maintenant il ne lui reste rien, même pas la compassion d’une seule femme.

— Si au moins je ne lui avais rien dit ! reprit Virginie. Je me suis conduite comme une idiote…

— Que lui avez-vous dit, qui ait pu le faire fuir ?

— Eh bien, hier, je lui ai demandé de passer la nuit avec moi… »

Le médecin leva les yeux vers le plafond, secoua la tête comme s’il apprenait la sottise d’une gamine, puis il se versa un nouveau verre d’alcool.

« Comme ça, tout à trac, vous lui avez ouvert votre lit… Votre santé vous jouera des tours, Virginie…

— Ne plaisantez pas. Je suis affreusement malheureuse et furieuse contre moi-même.

— Si vous lui aviez parlé sentiments, croyez-moi, sa réaction eût été différente, car l’amour pour Dandrige ne peut qu’être une sorte de tendresse désincarnée. Adrien voyait juste quand il disait : « Chez lui, tout se passe dans la tête… » Mais, comme je ne crois pas que vous l’aimiez vraiment, c’est aussi bien comme ça. Les femmes confondent souvent le désir et l’amour. Lui ne peut pas. Il est d’une lucidité prodigieuse !

— Savez-vous où il se cache maintenant ?

— Je l’ignore, mais si je le savais je ne vous le dirais pas. Il doit avoir besoin de paix et de silence. »

Murphy se leva, vida son verre, saisit sa trousse.

« J’ai fait ce qu’il me demandait. Vous êtes maintenant dépositaire de son secret. Si j’étais femme, j’y verrais une sacrée preuve d’amour… »